04/09/2018 J31 Istamboul

Les vieilles rues d’Istamboul

 

 

Je traîne dans les rues touristiques du côté de Galatha et achète des babioles pour la famille.

Istamboul depuis la terrasse du café, avec les mosquées

 

 

 

 

 

Une limonade dans le restaurant du premier soir me met en discussion avec le chef de rang qui m’a reconnu et se rappelle même ce que j’ai mangé. Lui est Kurde, il y a une serveuse Turkmène, et un autre serveur Ouzbèque. Istamboul est à la hauteur de sa réputation.

 

Au dessus du Bosphore en allant à l’aéroport

 

Taxi ronchon vers l’aéroport, pas de problème avec le vélo, et en route pour retrouver F à Lyon St-Ex pour le retour à la maison.

03/09/2018 J30 Istamboul – Asie

Il ne faut pas oublier que le but de cette expédition, ce n’est pas Istamboul, mais la partie asiatique d’Istamboul. L’idée, c’est d’aller passer le pont sur le Bosphore. Le problème avec les cartes, c’est qu’elles n’ont que 2 dimensions, alors qu’au sol, cela peut être très différent…

Depuis Mamaray, c’est encore loin…

En essayant d’approcher du pont par le quartier Marmaray, je grimpe une fois de plus des côtes à plus de 10% (sans les bagages, il est vrai), et me retrouve plus haut que le pont. Marche arrière pour récupérer une bretelle d’accès. Manqué, la police l’a annexée et elle est fermée.

 

Mal visé, c’est trop haut.

Demi-tour donc pour revenir plus bas sur une autre bretelle qui présente l’inconvénient d’avoir une voiture de police à la jonction avec l’entrée du pont, ce que j’ai pu voir d’en haut.

La cata. Gare aux bouches d’égoûts !

 

 

Au moment de traverser l’avenue pour rejoindre la bretelle, c’est la catastrophe. Je roulais à contresens, et un taxi m’a serré contre le trottoir. Focalisé sur le taxi, je n’ai pas fait attention à une bouche d’égout et la roue avant s’encastre dedans, bloquant le vélo. Chute à gauche, roue avant en huit. A moins d’un km du pont.

 

 

Le prophète a dit : « ce que la bouche d’égout a fait, la bouche d’égout peut le défaire ». Sitôt dit, sitôt fait, je détords +/- ma roue avec la bouche d’égout, en tous cas suffisamment pour qu’elle n’accroche pas le frein et me permette d’avancer.

Heureusement, il n’y a pas beaucoup de circulation

Et je m’engage sur le pont, non sans passer à côté des pandores qui ne me prêtent aucune attention. Il est vrai qu’il y a un panneau d’interdiction aux piétons, mais rien pour les vélos. C’est quand même assez aérien, et les voitures qui passent à quelques cm rendent l’exercice assez risqué.

 

Mais je ne touche pas à mon frein avant et tout va bien.

Bienvenue en Asie !

 

Au bout du pont, un panneau me souhaite la bienvenue en Asie, et un autre me vante IHI, qui pourrait réaliser mes rêves, ce que je fais tout seul.

 

 

Passé de l’autre côté

 

 

Photo au milieu du pont et selfie pour le souvenir à l’autre bout.

 

 

 

 

Le vélo prêt à voyager

Je fais le retour en ferry, et cherche une boutique pour acheter un carton pour le vélo.

Le patron de la boutique de vélos où nous avons emballé mon vélo

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans le quartier du bazar voisin de l’hôtel, il y a des magasins de vélo et je regrette d’être limité en poids pour l’avion, j’aurais pu acquérir à peu de frais des éclairages légers et tout un tas d’accessoires bon marché.

 

 

Dîner le soir sur la partie asiatique par le ferry dans un restaurant branchouille, et retour en métro. Grande nuit bien calme, je commence à être conscient de la fin du voyage.

02/09/2018 J29 Gumusyaka – Istamboul 100km, 875m+

Lever de soleil du grand jour

Départ avant 7h en reculant d’un km pour reprendre la route. Montées, descentes, la mécanique maintenant habituelle de cette grande route côtière.

 

 

 

A l’approche d’Istamboul, les problèmes s’accumulent. Il n’y a plus de file d’arrêt d’urgence, je suis contraint dans une bande de 30 à 40 cm où je cohabite avec une forte bande blanche, la saignée qui me suit depuis des centaines de km (câble de communication ?) et les bourrelets du goudron. Tout cela crée une certaine instabilité…Les voitures et surtout les petits cars me serrent. Il y a aussi une prolifération d’entrées/sorties qui m’obligent à couper des voies entrantes et sortantes pour garder le cap. A chaque fois, il faut se démonter le cou pour anticiper les trajectoires des voitures qui peuvent changer au dernier moment. Bref, tout cela est fatigant.

Arrêt à midi à Büyükcekmece où se tient une exposition internationale et se tourne un film. Je m’installe sur un trottoir à l’ombre et un homme s’arrête pour me donner un donut en m’expliquant qu’il fait aussi du vélo itinérant, et une femme me tient la jambe en allemand pour m’expliquer qu’elle a vécu 15ans en Allemagne. Marrant. Je repars et me trouve rapidement à court d’eau. Expérience renouvelée du refus de la part d’un pompiste de donner de l’eau. Je finis par m’arrêter dans un café de luxe pour prendre un café et obtenir de l’eau (que je paie plus cher que le café) après avoir reçu de l’eau chaude et du café plein un de mes bidons. Je ne m’en rends pas compte avant l’arrivée, mais ma montre a cessé d’enregistrer mes mouvements à cet endroit-là. J’ai fait 65km depuis le départ ce matin.

Je décide de quitter la route express et entrer en ville. Achat d’une cannette de Coca, conversation intéressante avec 2 soeurs étudiantes, à la suite de quoi je me fais vider par le cousin boutiquier qui a probablement des vues sur l’une d’elles.

Première vue d’Istamboul au loin, de l’autre côté de la baie

Plus loin, surprise agréable, il y a une piste cyclable le long du littoral, qu’il faut suivre avec prudence car les pelouses sont envahies par une foule de Stambouliotes endimanchés et barbecueteurs qui empiètent allègrement sur la piste.

 

 

Le pont Galatha depuis Eminönü

L’arrivée sur l’hôtel est un peu sportive, je me retrouve dans le capharnaüm du pont de Galatha, de la gare ferroviaire, du terminal des ferries. La distance totale du jour est probablement d’environ 100km, ce qui porte le voyage à plus ou moins 3000km depuis la maison.

Le quartier est très populaire, touristique, mais local. L’hôtel est simple et sympa, on remise le vélo à l’arrière en traversant le restaurant. Le personnel me reçoit avec le sourire.

La mosquée depuis la terrasse du restaurant
Ce pont, c’est pour demain…

 

Super dîner (13€) sur une terrasse dans une rue voisine, vue magnifique.

 

 

 

 

Nuit très calme, mais je me réveille plusieurs fois.

01/09/2018 J28 Cavuskoy – Gumusyaka 108km, 975m+

Départ tôt juste après 7h, le vent est absent, je veux en profiter avant qu’il se lève. Ce qu’il fait vers 9h, rendant la progression plus lente. La route monte et descend, un vrai bonheur. J’attends la descente définitive vers la mer et Tekirdag. La 11e montée est la plus tuante, 2,8km à plus de 7%. Mais c’est aussi la dernière et la descente se fait à fond la caisse. Je n’ai plus de compteur, pour le réinitialiser, il me faudrait mesurer la circonférence de la roue et surtout savoir comment entrer les paramètres dans la boîte.

Développement intéressant de l’architecture moderne turque en station balnéaire

Je rejoins la mer de Marmara à Suleymanpasa, l’entrée de Tekirdag, la station balnéaire avec une drôle d’architecture.

 

A Tekirdag, courses pour le déjeuner, et déjeuner dans un kiosque sur l’esplanade de la plage avec un gamin Turc qui bulle. Sieste sur place, je dors réellement au point que j’ai du mal à me retrouver au réveil. Et ça repart, le long de la côte, il n’y a plus de grandes dénivelées. Arrivée à Marmara vers 16h30, je ne trouve pas de super-marché et je continue. Je finis par trouver un petit épicier qui me vend du pain et de la viande séchée, super bonne. J’ai des difficultés pour trouver un endroit correct pour poser la tente. Finalement, je me glisse dans une résidence et essaie de me poser sur une plage privée, mais on me déloge gentiment en m’indiquant qu’il y a « un camping gratuit 1km plus loin ». C’est une zone de travaux abandonnés squattée et « administrée » par une harpie et sa famille. Je fuis et atterris sur une plateforme entre la route et la mer. Je monte la tente pour la dernière fois . Ce sera très bruyant et dur, mais c’est local et c’est la dernière nuit. A côté de ma tente, un petit monospace turc est garé, avec une tente sur le toit. Il y a un couple et 3 enfants qui n’arrêtent pas de monter et descendre l’échelle. La femme est voilée et porte un chador jusqu’aux pieds. Mais tout le monde se baigne plus ou moins habillé. Ils prennent un repas rapide et repartent après avoir replié la tente. Je reste seul sur ma plateforme.

Les panneaux indiquent Istamboul à moins de 80km, mais je pense qu’il ne s’agit que de l’entrée, car un calcul fait sur Google Maps avec le gamin à midi donnait Istamboul à 147km, et je n’en ai fait que 50 depuis. En tous cas, j’ai repéré l’hôtel sur mon GPS, et je sais à peu près comment y aller via l’aéroport Attaturk. ça sent la fin du voyage.
Nuit bruyante à cause de la route, et je me réveille avant la sonnerie.

31/08/2018 J27 Alexandroupoli – Cavuskoy 109km, 830m+

Départ tôt à 7h20, un peu retardé par le check-out du camping. La route est très confortable, et les pentes relativement aisées. Je suis à la frontière dans les temps (10h30), après avoir emprunté l’autoroute malgré moi sur 6km avant la douane, ce que le douanier ne relève pas « l’autoroute s’arrête de toutes façons avant le poste de douane, donc vous n’étiez pas sur l’autoroute ». Passage rapide aux deux postes, les douaniers sont sympas pour les pédaleurs. Du côté Turc, je ressens le vent du nord, de plus en plus présent. Les pentes de la route sont plus fortes, et la fatigue vient vite. Je déjeune sous une tonnelle d’un restaurant inoccupé avec la bénédiction du patron, et fais la sieste à l’ombre des pampres. Je repars, mais dois m’arrêter un peu plus loin pour acheter un Coca. Le cafetier, « Mike », a passé 25 ans aux USA, et nous parlons pendant une bonne heure. Courses du soir à Marsala, où je bataille pour trouver un distributeur de billets. Trop difficile de trouver le vendeur d’or qui pourrait changer des Euros, et sans Lires Turques, pas de fruits sur le bord de la route. Je suis interviewé par une équipe de reporters locaux amusés par ma présence. Bilan, il est urgent de trouver un lieu de couchage, il n’est plus question d’avancer aussi loin que prévu dans l’itinéraire bâti à Lin qui prévoit d’aller jusqu’à Cavuskoy. En fait, je m’arrête à 2km de Cavuskoy, dans un petit chemin menant aux champs, à 200m de la route dont j’ai toujours le bruit porté par le vent du nord. Il y a une auge, je peux me laver et faire la vaisselle. En principe, pas de troupeau à prévoir, il n’y a pas de crottes autour de l’auge très propre.

Je découvre que les photos prises hier et aujourd’hui sont absentes de mon téléphone. Ah, la technologie me lâche petit à petit, le compteur de mon vélo s’étant aussi réinitialisé sans prévenir. Bon, je pense bien que c’est l’opérateur qui est nul dans ces deux cas.
Nuit très calme, sauf le bruit de la route porté par le vent. Boules d’oreilles en fin de nuit.

30/08/2018 J26 Porto Lagos – Alexandroupoli 97km, 530m+

Départ peu après 7h, après un joli lever de soleil. Je roule bien, vent travers arrière. Depuis quelques jours, de temps en temps et de plus en plus souvent, le pédalier grogne. Je n’arrive pas à déterminer s’il s’agit d’une bille cassée ou d’usure des chemins de roulements. Déjeuner dans une cabane et sieste à l’ombre d’un arbre, pas très confortable. La suite est moins drôle, la route que je suis serpente autour de l’autoroute. On remonte à 350m. Par contre, le paysage est magnifique, la garrigue et les incidentes sur la mer très belles. Arrivée à Alexandroupoli vers 15h30. Je m’arrête au camping municipal qui est à l’entrée. Je dois déloger la voiture du Slovaque d’en face qui squattait l’ombre de l’emplacement que l’on vient de m’attribuer. Bain dans l’eau peu profonde de la plage du camping. Grande lessive (et probablement dernière) du cuissard, des tee-shirts et du sac à viande. Je m’accorde un Coca au bar et une douche. Après avoir attendu le temps réglementaire de repos (c’est elle qui pilote), la femme de l’accueil prend contact avec une super boutique pour vélos pour que je puisse faire un état des lieux du pédalier. Je peux m’y rendre, le gars essaie le vélo et me dit qu’il faut ouvrir le boîtier pédalier, il ne sait pas ce qu’il y a. Je dois laisser mon vélo et venir le reprendre le lendemain à midi. J’avance une autre hypothèse : la chaîne. Il sort la jauge et le verdict tombe, sec, la chaîne est morte, trop longue. La changer seulement est possible immédiatement, mais c’est une source sûre d’ennuis rapides. Il faut aussi changer plateaux et pignons. Nous tombons d’accord pour dire que cela devrait aller jusqu’à Istamboul, mais que les derniers km vont être pénibles. Un coup de compresseur, et je repars. Courses du soir dans un supermarché et une vraie boulangerie, dîner au camping et dodo malgré les buveurs de bière voisins qui se transformeront en ronfleurs sonores.
Quelques bruits dans la nuit, dont des compétitions violentes de motos sur la grande route, mais pas de dancing comme la dernière fois en revenant du Népal.

29/08/2018 J25 Ofrinou – Porto Lagos 132km, 575m+

Réveil avant l’heure, il fait frais, j’ai dormi dans le sac à viande. Départ avant 7h, vent de face d’entrée. La matinée est un peu dure à cause de ce vent, mais cela avance.

Istamboul à 460km

 

Tellement bien qu’à Kavala, je vois mon premier panneau indiquant Istamboul. Bon, il y a encore presque 500km quand même…

 

 

Je déjeune dans une usine jamais finie, très bien ventilée, sieste au sol. 1km plus loin, un jeune Suédois est allongé dans un abri-bus. Il est parti de Stockholm depuis 2 mois, et le moral n’est pas fameux. On se dit qu’on se reverra, puisqu’il va aussi à Istamboul (jamais revu, je pense qu’il n’allait pas assez vite).

J’ai une très mauvaise expérience dans un restaurant de station-service Shell où l’on me refuse de l’eau. Le patron m’insulte et m’arrose après m’avoir proposé de boire dans le seau destiné au lavage des pare-brises. Charmant. Puis une autre expérience bizarre. Une vieille FIAT Punto s’arrête de l’autre côté de la route et le conducteur me braille en anglais de téléphoner à ma famille. Au sud de Xanthi, le patron du restaurant Bion est plus accueillant et me donne de l’eau avec des glaçons. Je prends la déviation vers Porto Lagos. A Porto Lagos, achats du soir sur le port, et retour en arrière d’un km pour coucher sur la plage. Sympa, un peu sale et la mer est impraticable, il n’y a pas d’eau. Mais il y a de l’herbe, c’est confortable. Une voiture se gare à côté de ma tente pendant mon dîner, et s’en va avant que je me couche.
Une autre voiture vers minuit fait un tour d’honneur et va se cacher dans les bois, repart vers 2h.

Le reste de la nuit, je dors comme un loir.

28/08/2018 J24 Thessalonique – Ofrinou 122km, 786m+

Il a plu au moins 2 fois dans la nuit, et je m’inquiète pour le départ. Petit déjeuner chez les chats, toilette rapide dans les communs où l’on trouve les restes des autres. Je récupère un fond de tube dentifrice, ce qui m’évitera d’en porter un plein. Et à 7h30, c’est parti.

Le fort de Thessalonique, en haut de la ville

 

Pas pour longtemps : les côtes sont très raides et j’en fais une bonne part à pied. Sortir de Thessalonique par mon itinéraire, c’est 10km de côtes abruptes et des meutes de chiens plus ou moins agressifs. Cela me prend 2h et de l’énergie.

 

Il faut dire un mot de ces chiens qui traînent dans les faubourgs de Thessalonique. Ils attendent au bord de la route, et se jettent sur le cycliste au moment où il passe au plus près, en aboyant furieusement. C’est très impressionnant, surtout qu’à cet endroit-là, ils sont nombreux, et que si l’un se lève et commence à aboyer, tous les autres s’y mettent. La technique que j’avais mise au point jusque là, c’est à dire ralentir et parler au chien, ne marche que s’il y en a un, maximum deux. Quand ils sont dix ou quinze, il faut pour s’en débarrasser utiliser les voitures en se mettant au milieu de la route, obligeant les voitures à venir au contact. Les chiens ont peur des voitures, pas des cyclistes. Et contrairement à ce que m’avait dit un Albanais, ils sont dangereux : l’un deux a raté mon mollet et a mordu la sacoche, l’arrachant du porte-bagages. J’ai plusieurs fois shooté dans le chien pour m’en débarrasser. J’en ai vu depuis le sud de la Croatie jusqu’en Grèce.

Le lac Limni Koronia à l’est de Thessalonique

 

Une fois sorti de la ville, c’est un parcours en crêtes, et la descente vers le premier lac. Au bout d’une trentaine de km, je rejoins la route « normale », et cela roule beaucoup plus vite.

 

Finalement, la météo est bonne et tout se passe bien. Déjeuner vers midi au bord du lac Limni Volvi, sieste impossible pour cause de mouches. En fin d’après-midi, j’arrive à la station balnéaire d’Ofrinou, but de la journée. Je m’offre un gâteau (le premier du voyage) dans une pâtisserie, et la gentille patronne me donne des petits pains pour 2 jours.

Coucher de soleil sur la mer Egée

 

Je continue quelques km, et trouve un endroit superbe au bord de la mer pour poser la tente. Un terrain plat un peu au-dessus de la mer, il y a bien quelques camping-cars, mais tout va bien, je me trouve un coin tout seul.

 

La route est loin, la nuit est calme avec juste le bruit de la mer.

27/08/2018 J23 Edessa – Thessalonique 76km, 165m+

A 5h15, il fait encore noir ici. J’attends un peu. A 6h, je me lève, le plafond est très bas, et il y a des éclairs. Puis il pleut, assez fort pour que je puisse prendre une douche sous une gouttière. A 8h30, je me décide et c’est parti. Pas pour longtemps. 1km plus loin, c’est le déluge. Je continue sous la cape. Il y a 75km à faire. J’en fais les 2/3 sous une pluie diluvienne. Tout est trempé par les giclures des camions et des voitures, il va falloir trouver un endroit pour faire sécher. Arrivé à Thessalonique vers 12h30, je dois aller au centre, les vélos sont interdits sur tous les grands axes. Je déjeune à la terrasse d’un café de la rue Egnatia, la grande avenue bruyante du centre. La météo n’est pas bonne pour la fin de journée et la nuit. Je prends la décision de trouver un abri pas cher pour la nuit. A peu de distance, je repère un « hôtel » proposant des hébergements décalés : l’Urban Donkey. Je prends un lit dans un dortoir pour 21€ sans repas. Il faut descendre le vélo au sous-sol où se trouve le dortoir, par l’ascenseur. Chacun des 6 lits est équipé de son rideau d’isolement, c’est très propre. Les autres occupants sont dehors, je peux faire sécher mon barda et prendre une grande douche. Comme la pente de la rue est très raide, ce sous-sol est en fait à niveau côté jardin, et je bénéficie de la proximité d’une grande fenêtre sur le garage d’à côté. Je ressors pour me promener dans Thessalonique et faire les courses pour le dîner.

Le wifi me permet d’acheter mon billet d’avion pour le retour. Il me restera à aménager la solution pour faire accepter mon vélo à bord : emballage et transport vers l’aéroport. La technologie ne suit pas ces temps-ci. Mon cardiofréquencemètre indique n’importe quoi (j’ai pourtant changé la pile au début du voyage), et l’appareil photo a quelques soucis avec l’écran tactile. Pas de photo aujourd’hui de toutes façons, à cause de la pluie.

L’hôtel n’accepte pas que les occupants fassent leur cuisine. Je vais donc dans le parc en face tenir compagnie aux chats. Curieux de voir le réchaud à gaz, des gamins viennent me tourner autour jusqu’à ce que leur mère les appelle pour le dîner.
Nuit dans un lit, je n’entends même pas les autres occupants rentrer.

26/08/21018 J22 Viglia-Pissoderi – Edessa 117km, 532m+

Départ à 7h40, une heure après la prévision : oublié de mettre la montre à l’heure. Je suis obligé de m’équiper polaire + coupe-vent, il fait frisquet. Je découvre que j’ai couché à 1410m d’altitude. Il n’y a plus personne alentour. Je monte au col en compagnie de 2 chiens sympas qui m’abandonnent juste avant la station de ski à 1540m. Je remets l’équipement et dévale jusqu’à Florina. Rien n’est ouvert, c’est trop tôt ? Non, c’est dimanche. Je reste donc avec mon petit déjeuner frugal, et j’engage la route d’Edessa. Au carrefour où il faut choisir entre la grande route rapide et l’ancienne qui se tortille dans la montagne, je choisis la grande, et attaque bientôt une grosse côte en me demandant si mon choix était le bon. Quelques km plus loin, je suis fixé : la route est coupée, on nous renvoie vers l’ancienne. Dépité, et toujours sans provisions, je m’arrête dans un restaurant au bord du lac Vegoritida. Grande conversation en allemand avec les trois papis de la table d’à côté. Poisson-frites. Je repars trop lesté. Sieste dans un parc pour enfants. Nouvelle tentative, j’arrive à repartir, mais le soleil tape, et j’ai du mal, je suis tenté de me baigner dans le lac, très propre. Je finis par chiper 2 pommes dans un verger, en manger une à l’ombre, et avancer jusqu’à Arnissa. Pour quitter le bord du lac, il faut remonter à 15% de pente pour rejoindre la grande route : à pied. A Edessa, j’opte pour le centre ville, et trouve un petit super marché ouvert. Je peux me ravitailler et envisager l’autonomie pour la nuit. Et c’est reparti dans la descente vertigineuse sur la route de Thessalonique. Je m’arrête à une dizaine de km d’Edessa dans une maison jamais finie, beaucoup squattée, et plante la tente à l’intérieur, car le ciel est bien noir, et le tonnerre se fait entendre. La maison est à 20m à peine de la route, c’est un peu bruyant. Un chien entre dans la maison, me voit mais ne fait rien, repart. Plus tard, j’entends du bruit dehors, et je vois la silhouette de 2 chiens. Un coup de frontale et ils s’en vont sans bruit.
Pas de pluie pendant la nuit, finalement pas très romantique ni même propre, mais assez confortable sur une plaque de polystyrène.