J68 26/07/2017 Ouzbékistan, le retour

Nous prenons notre petit déjeuner dans les premiers pour pouvoir partir tôt. Comme toutes les tables sont prises et que nous ne sommes que 2, un couple de Français avec deux enfants nous ayant repérés comme compatriotes nous demandent à venir manger avec nous. Et nous discutons avec ces jeunes qui ont déjà fait un voyage en vélo en Asie en 2005. Nous découvrons des points communs, ils nous donnent des idées de balades pour le 2e séjour au Kirghizstan dans 3 jours. Et soudain, nous découvrons que ce sont les voisins de Céline à Mens. Le monde est petit. Pendant le petit déjeuner, un jeune homme fait coucou de loin à JL qui n’y comprend rien jusqu’au moment du départ où le jeune Italien rappelle que nous nous sommes rencontrés en Cappadocce. Il y a d’ailleurs un autre couple qui partageait notre campement cette nuit-là au petit déjeuner ce matin. Là, rien d’anormal, nous suivons la même route. Cet Italien est arrivé dans la nuit sur une dépanneuse avec son vieux Land-Cruiser. Comme quoi, même ces engins-là peuvent tomber en panne (moteur cassé?).

Après un faux départ dû à une connection manquante à F, nous croisons les 3 4×4 Toyota hollandais rencontrés sur un gué dans le Pamir, et qui étaient nos voisins de parking la dernière nuit ici (nous avons dormi sur le parking dans le K6). Ils semblent chercher leur route dans Osh pour remonter vers le Nord du Kirghizstan. Nous avons pu constater que dans certains groupes, notamment des multiples de 3, l’harmonie n’était pas toujours présente. Un groupe de jeunes cyclistes belges semble aussi à la peine. Quelques courses avant le passage de frontière, et nous voilà repartis.

A la frontière, la traversée à pied des passagers ne se fait pas facilement, il y a un couloir de filtration et une queue importante en plein soleil. Les policiers et les douaniers sont finalement sympas, et le passage nous prend 2,5h. Nous pouvons aller déjeuner dans un restaurant au bord de la route un peu plus loin (3€).

Nous sommes surpris de trouver à Kuvah un supermarché tout neuf, moderne et bien approvisionné. A Ferghana, nous pouvons profiter du bazar immense pour faire quelques achats.

Recherche un peu tardive du lieu de couchage, le propriétaire des champs vient nous rendre une visite avant que nous soyons couchés. Tout semble aller bien. Extinction des feux à 23h locales (nous avons repris une heure sur le décalage).

J67 25/07/2017 Toujours croiser les informations…

Une grande part des informations que nous avions était fausse. JL rencontre de nouveau l’interprète de la conférence sur l’agriculture qui se déroule dans la guesthouse, et il insiste pour que nous rencontrions un de ses copains spécialiste des moteurs. Bien que nous ayons eu l’information hier que rien n’est possible à Osh, nous acceptons son offre et nous voilà partis pour des ateliers plus ou moins informels (globalement, des tas de moteurs démontés, de pièces détachées plus ou moins identifiées, et beaucoup de cambouis). L’un deux nous oriente vers un spécialiste dont il dit qu’il peut avoir la solution au problème. Et JL découvre soudainement que ces gens qui importent des voitures de partout connaissent le problème du K6 pour le rencontrer chaque fois qu’ils s’occupent d’une voiture européenne de moins de 8 ans : les systèmes anti-pollution sont détruits en moins d’un mois au Kirghizstan. Donc ils ont les moyens de supprimer tous ces contrôles et obtenir que ces voitures fonctionnent normalement sans. Et pour 500 soms (6,4€ environ), le spécialiste supprime les défauts et le K6 retrouve toute sa puissance instantanément. Évidemment, il y a une contrepartie qu’il explique franchement. Il ne sait pas combien de temps cette manipulation peut durer, et le filtre n’étant plus actif, le K6 va fumer bleu. Il recommande de nouveau de rouler en consommant le plus de puissance possible pour faire chauffer le moteur et essayer de brûler les scories, mais semble penser que le filtre est mort de toutes façons et qu’il faut le changer. Le clou, c’est qu’il recommande de passer par le centre technique de Volkswagen à Bishkek pour passer le K6 à une valise du constructeur qui donnera la situation exacte du filtre. Merci à Volkswagen Utilitaires Service pour les mauvaises informations transmises. En tous cas, nous pouvons maintenant considérer l’avenir sous un jour nouveau, même si notre K6 n’est plus au top de l’anti-pollution, il peut rouler et continuer son chemin dans ces pays où, de toutes façons, personne ne s’occupe de pollution, le pays est très grand et la densité de voitures plus faible qu’en Europe. Pourquoi confier le service clients à des personnes qui ne veulent que se débarrasser des clients qui appellent plutôt que de fournir une aide adaptée à leurs problèmes. Nous décidons donc de passer une nuit supplémentaire à Osh et continuer le voyage comme prévu par l’Ouzbékistan brièvement pour voir la vallée de Ferghana et les chevaux, puis retourner au Kighizstan. A Bishkek, nous pourrons voir l’agence de voyage du trek Minier et peut-être faire quelque chose avec eux. De toutes façons, nous irons chez l’importateur VW pour évaluer la situation et essayer d’éviter le retour d’un blocage. Ce repos nous permet de rencontrer de nombreux cyclistes et routards de toutes catégories dans cette guesthouse et partager de nombreuses expériences multinationales.

Un court séjour au bazar pour évaluer le taux de change entre somonis du Tadjikistan et USD (nous ne voulons pas tricher avec l’Anglais avec qui nous allons traiter le change de nos somonis en excès contre des dollars). Nous en profitons pour faire les courses des jours à venir. Déjeuner dans un petit restaurant à côté du bazar.

De retour à la guesthouse, nous nous installons en vacances pour l’après-midi. Des cyclistes rencontrés sur la route du Pamir nous rejoignent, exténués mais contents.

J66 24/07/2017 La réparation de l’amortisseur

Petit déjeuner buffet en pleine matinée, entourés de routards plus ou moins fatigués. La guesthouse où nous sommes accepte les tentes. Il y a donc dans l’espace restaurant les gens qui sont soit en dortoir, soit sous la tente, voire qui ont couché dans leur véhicule, et qui sont installés confortablement. On trouve tous types de voyageurs, et le sujet des conversation est unique : le passage des frontières. C’est comme dans les forums sur internet, certains affirment de fausses informations avec aplomb. Nous, nous sommes préoccupés par les pannes à résoudre.

Comme l’heure ne permet pas encore de discuter avec les Français, nous partons en exploration pour voir de quel type sont les garages de la région. Et, coup de chance, nous tombons sur un spécialiste des trains roulants, orienté véhicules haut de gamme. Le chef d’atelier, Azam, jeune de 27 ans, s’intéresse à notre problème d’amortisseur et nous partons faire un tour pour qu’il se rende compte de l’importance du bruit qui ne s’est pas manifesté lorsqu’ils se sont mis à 6 pour secouer le K6. Convaincu, il attaque derechef le démontage, sans se changer, avec son pantalon blanc. Un de ses nombreux cousins l’assiste, courant d’un bout à l’autre du garage pour rapporter les outils demandés. Il a 14 ans et est en vacances.

Nous avons commencé à 10h. L’amortisseur part vers 11h30 pour un autre atelier où il sera réparé. Nous allons déjeuner dans un petit restaurant voisin, de 2 hamburgers (Ombeline et Basile vont hurler…) et de Pepsi-Cola. F retourne à la guesthouse pendant que JL supervise la réparation. L’amortisseur revient plus propre, et en meilleur état, et le remontage avance, avec quelques erreurs qui obligent parfois à démonter ce qui vient d’être remonté (l’arbre à cardans, le soufflet). Le mépris des précautions de sécurité est impressionnant : le gamin assis sous le moteur du K6 pendant que la sécurité du pont élévateur est retirée et que le K6 descend pour forcer l’amortisseur dans son logement… A 18h, on a fini. Passage à la banque pour retirer les 7000 soms demandés, et nous retournons à la guesthouse pour tenter de trouver une solution au problème de puissance.

Gros moment de solitude face au service client de Volkswagen Utilitaires France. Un technicien plutôt sympa explique bien la panne et ne donne pas d’espoir de solution simple. C’est passage à la valise obligatoire pour un protocole de régénération informatisé. Un appel plus tard, il n’est pas possible d’effectuer manuellement ledit protocole qui est inscrit dans la machine et dépend du véhicule. Pour savoir où l’on peut trouver la plus proche valise, il faut contacter un autre service. Et là, c’est grandiose. Pour l’amortisseur, de toutes façons la garantie est limitée à 6 mois, vous pouvez y aller. Elle n’a pas les informations en dehors de l’Europe, puis est certaine qu’il n’y pas d’importateur au Kirghizstan. En tous les cas, on ne peut rien pour vous. Et d’abord qu’est-ce qui nous a pris de sortir de France avec ce véhicule ?

A la fin de ces discussions démoralisantes avec Volkswagen, il est trop tard pour contacter qui que ce soit localement pour prendre une décision. Après discussion, nous arrivons à une conclusion : d’une part le technicien a dit que rouler avec forte consommation de puissance pour faire chauffer le moteur serait peut-être capable de nettoyer les filtres, d’autre part, les taux de change des somonis en soms sont ridiculement bas à Osh et normaux (comparés à l’€) à Sary Tash où nous sommes passés la veille. Alors, remonter au col pourrait être gratuit, ce serait payé par la différence de taux de change des 550 somonis que nous avions pris en précaution à Khorog. Nous décidons d’aller au bazar vérifier que le taux de change des somonis en soms a chuté de moitié avec l’altitude. Il semble en effet qu’il n’y ait qu’au bazar des changeurs acceptant les somonis mais avec un taux ridicule. Après nous verrons.

Bonne nuit.

J65 23/07/2017 Un dimanche à Osh

Au petit matin, nous repartons tôt, histoire de s’éloigner de la vache morte qui empuantissait l’atmosphère à côté du K6. Nous déjeunons dans le lit du torrent un peu plus bas dans la vallée. De très beaux chevaux sont en liberté et broutent tranquillement autour de nous. Des gamins mènent des troupeaux de vaches aux champs, juchés fièrement sur leur cheval. Ces gamins jouent avec le cheval comme s’il était une partie d’eux-mêmes, cela leur est naturel.

Nous apprécions la route lisse et en pente douce qui nous fait oublier les défaillances de notre K6, et nous roulons bon train dans la descente vers Osh. Au début, paysages de montagne, villages alpestres. Puis, arrivés en plaine, les grandes étendues avec les troupeaux de vaches, de yacks, de moutons et de chèvres. Et partout des chevaux, même à l’arrière des pick-ups, tout sellés.

Arrivés tôt à Osh, nous nous précipitons au bazar qui est en pleine animation du dimanche matin. Nous ne sommes pas déboussolés, c’est bien un bazar asiatique, beaucoup de boutiques vendant la même chose les unes à côté des autres, garantissant que l’on trouvera la meilleure marchandise au meilleur prix. C’est finalement organisé comme celui que nous avons vu à Murghab, des conteneurs alignés les uns à côté des autres. Ici, les allées sont couvertes, le tout formant un espace fermé, avec des voies de circulation étroites. Les clients se côtoient, se bousculent, les livreurs hurlent pour se frayer un chemin, les vendeurs crient pour vanter leur marchandise, tout cela bouge et vit intensément. On reconnaît les Kirghizes à leur drôle de chapeau haut, généralement blanc.

Des femmes passent entre les boutiques, agitant une poêle où brûlent des herbes, dégageant une fumée épaisse, elles sont payées pour ce geste chaque commerçant leur donne une pièce.

Il s’agit d’éloigner les moustiques et les mouches, et cela sent bon l’herbe brûlée. Ce bazar/marché occupe une énorme surface, créant une grosse activité. Nous nous acheminons vers une guesthouse pour la connection et les douches. Là, on nous informe que le dimanche est jour férié et que tout établissement sérieux sera fermé. Déjeuner rapide dans la chambre et nous partons à la découverte. A vrai dire, il n’y a pas grand chose à Osh. Alors nous optons pour la tour Eiffel du coin, la colline de Suleiman. Il s’agit d’une colline pleine de grottes plus ou moins grandes qui font l’objet de différents cultes. L’avantage, c’est qu’on peut y voir Osh de haut.

La ville est jolie avec tous ses arbres, et ses avenues bien alignées. Sur le chemin du retour, nous avisons un restaurant un peu chic où se déroule un mariage avec des petites filles en robes blanches. On nous y accepte pour le dîner, salades et shashliks (brochettes).

Nous rentrerons à pied malgré la nuit qui tombe en traversant un parc où les familles viennent prendre le frais. Des hommes des femmes et beaucoup d’enfants de tous âges. JL ira visiter une yourte à trois étages pendant que F tranquillement assise sur un banc observera la vie du lieu. Une toute petite fille haute comme trois pommes mangent consciencieusement un demi épi de maïs son visage est sérieux et concentré mais elle semble très déterminée à mener cette activité jusqu’au bout. Quand il ne reste plus que quelques grains elle éloigne l’épi de sa bouche repère ces quelques grains et finit son repas. Nous retrouvons le chemin de notre gite dans le noir il n’y a pas d’éclairage publique.

Nuit réparatrice au calme et dans le confort.

J-10

La tension s’accroît. Le visa iranien traîne par incompréhension mutuelle entre l’intermédiaire iranien et nous : il ne veut pas solliciter les codes de référence permettant d’obtenir les visas avant un mois précédant notre entrée en Iran, mais  le consulat nous demande de démarrer la procédure 2 mois avant. Cela nous a bloqués pour le visa pakistanais que nous ne sommes plus du tout certains d’obtenir dans les temps. Nous allons demain à Paris pour renvoyer la bille dans le jeu.

Côté CPD, on a fait tilt. Défaut de la SG et du LCL, il a fallu sortir l’argent. 45k€ dehors de nouveau jusqu’au retour.

Pour la logistique, nous pensons être au point. Kit de réparation de pneu, filtre gazole de secours, sangle de remorquage.

Le parcours est à peu près figé maintenant, le planning un peu moins. Passage en Chine prévu pour mi-août, et en route à travers le Pakistan et l’Inde pour rejoindre le Népal. Il y aura donc 2 parenthèses montagne, au Kirghizstan et au Népal.

Au niveau des dépenses, à part la caution du CPD, il y a aussi un problème de billets d’avion remboursables non complètement remboursés par voyages-sncf.com. LR/AR déjà en route, je prévois un passage au tribunal de Romans pour récupérer le reste (200€).

(à suivre)