J74 01/08/2017 La plus grande forêt de noyers du monde

Arslanbob est connu dans les guides touristiques pour deux choses. Son accessibilité à la montagne pour les touristes et sa forêt de noyers. Nous avons testé la montagne sans trop insister, notre forme étant moyenne, et nous ne voulons pas repartir sans nous faire une idée sur sa forêt.

Nous voilà donc partis de bon matin (enfin, presque) à travers la forêt après avoir garé le K6 à l’ombre d’un noyer généreux au début de la route qui traverse la forêt pour rejoindre Kysyl-Unkür. Cette « route » est en fait un chemin de montagne fréquenté essentiellement par de vieux camions tous terrains de l’armée soviétique qui servent aux paysans à transporter toute leur production.

Il y a énormément de poussière. Heureusement, les paysans ont créé aussi des sentiers qui coupent les virages ou plus à travers la forêt. Nous pouvons donc apprécier sans trop être gênés par ces camions. C’est la période des foins et il y a du trafic. La forêt comporte aussi (suivez le guide) des pommiers, des pruniers et des pistachiers. Les noyers occupent une grande surface de la petite montagne sur les crêtes environnant Arslanbob. Les arbres sont vieux en majorité, certains très grands. Nous avons vu quelques troncs d’un diamètre supérieur à 2m. Il semble que du temps de la Russie soviétique, il y ait eu des plantations. Cependant, aujourd’hui, cette forêt semble laissée à elle-même et on ne voit pas de signe d’entretien pour son exploitation efficace. La plupart des arbres n’a de noix que vers la cime, et en faible quantité. Il n’y a pas de traitement du sol comme en France. Il y a effectivement des pommiers, et beaucoup de pommes, mais d’un diamètre maxi de 5cm. Nous avons vu des groupes de jeunes filles à la cueillette, et elle nous ont confirmé que ces pommes ne sont pas consommées telles qu’elles. Elles sont utilisées pour faire de la compote. La compote, en langage des « stans », c’est une sorte de jus de fruit stérilisé avec la pulpe. On peut en faire avec des cerises, des pommes, et probablement d’autres fruits. C’est très bon à consommer en été. Nous avons aussi trouvé des prunes, malheureusement pas d’un diamètre supérieur au cm. Alors une fois enlevé le noyau et la peau épaisse, il ne reste pas grand-chose à manger. Pas vu de pistaches, mais nous ne savons pas quelle est l’allure d’un pistachier.

Notre but de balade était aussi de voir les lacs signalés par le GPS. Le plus bas n’était pratiquement qu’un marais avec beaucoup de joncs. Les deux autres plus haut étaient envahis par les algues mais bien remplis et la vie animale très présente. Des chevaux (troupeau d’une vingtaine de très beaux chevaux, juments et poulains) étaient en train de boire dans celui du haut, gardés par un gamin.

Nous sommes redescendus par la route et avons subi la poussière des camions. Pour nous laver, nous avons changé de vallée et sommes passés de l’autre côté de la montagne pour constater que la forêt est là encore, immense.

Campement de nouveau au bord d’un torrent, bain prolongé de nettoyage. C’est notre 7e nuit en camping sauvage, une petite lessive est nécessaire. Dîner dans le K6 après avoir changé la bouteille de gaz (il va falloir trouver de quoi la remplir).

J73 31/07/2017 Le col de la vache morte

Dans le GPS du téléphone de JL, il y a une boucle départ Arslanbob qui semble pouvoir se faire dans la journée. Donc, ceinture Suunto en place, nous voilà partis vers 10h pour effectuer ce périple. Le chemin commence dans le village, et traverse le site d’un camp d’amusement soviétique transformé en fête foraine improbable sur fond de pics enneigés et parois vertigineuses. Il y a même un dancing en plein air vide à cette heure. La route continue en montant très raide vers la montagne. Ce qui n’empêche pas des camions ex-militaires russes de monter et redescendre pleins de sable.

Plus haut, nous pouvons découvrir que ce sable est extrait des éboulis de la montagne, tamisé directement au-dessus des camions venus le collecter. La route se transforme alors en chemin « carrossable » mais non asphalté montant vers les alpages. A 2200m, ce chemin se termine et des sentiers tracés par le bétail prennent le relais. Comme la veille, nous approchons un campement, mais celui-ci est beaucoup plus rustique, il n’y a aucune plantation autour, et la femme que nous saluons ne fait aucun signe d’amitié.

Nous continuons jusqu’au col à 2400m et mangeons nos provisions de petits gâteaux en guise de déjeuner. Le chemin du GPS, au lieu de faire un tour autour d’une colline, monte directement vers la montagne. La boucle est donc beaucoup plus longue qu’anticipée et nous décidons de faire demi-tour. Au moment de se lever, nous nous rendons compte qu’une vache qui était derrière nous est couchée les 4 pattes en l’air, morte. En redescendant, JL tente d’expliquer cette situation à la femme du campement, mais elle se saisit de son Coran et commence à prier. Rien à faire.

La balade était assez longue pour nos organismes sans entraînement après 2 mois de voiture. Nous allons allonger les courses progressivement.

Retour au même campement que les nuits précédentes.

J72 30/07/2017 La générosité des Kyrgyzes

Nous voilà partis, pas trop de bon matin (10h), une fois des courses faites. Objectif la grande cascade. Chaussures de montagne aux pieds, chapeau sur la tête, on ne peut pas nous prendre pour autre chose que des touristes. 1 heure de montée dans le village au milieu des jeeps et microbus chargés à mort de touristes kyrgyzes qui montent aussi vers la grande cascade. Rapidement, l’asphalte cède la place à la poussière et nous sommes dans un nuage. Au bout de la route, tout le monde est à pied, et nous voilà entourés de kyrgyzes qui courent dans tous les sens pour monter plus vite que le copain. La Cascade est une pissette qui ne vaut pas celle de l’entrée de Sallanches, ni par le débit, ni par la hauteur. Mais qu’importe, tout le monde est content et prend des photos. Nous décidons de monter plus haut voir le nez de la cascade. Il faut escalader un dièdre étroit mais sans difficulté majeure, sauf que les Kyrgyzes continuent de monter et descendre sans se soucier de savoir qui a la priorité dans ce passage serré. Nous arrivons tout de même au sommet et pouvons admirer le paysage derrière. Quelques gamins du village sont plus haut et pataugent dans le torrent en se prenant en photo. Pour redescendre, nous choisissons de partir en travers, dans la direction d’une vallée haute où l’on aperçoit un campement. Après avoir traversé plusieurs couloirs d’éboulis, nous sommes dans le vallon et arrivons au campement des bergers qui ont quelques vaches ici.

En fait, c’est une bergère de notre âge (63) qui nous accueille chaleureusement et nous offre le thé. Le thé, c’est le point de départ. Si le contact est bon, autre chose va suivre.

Et là, le contact est très bon, il vient du yaourt en grand bol, de la crème en grand pot, du pain et du plov. Nous sommes obligés de tout goûter et apprécier. Pas de mal à s’extasier devant le yaourt incroyablement frais et fin. Nous passons un bon moment avec cette famille, le fils étant remonté de la vallée avec 2 petites filles. Et pour remercier F qui donne 100 soms pour le déjeuner, nous repartons avec une bouteille de « moloko », ce fameux yaourt.

A l’entrée du village, des femmes sont assises dans un champ et trient quelque chose que nous ne pouvons pas identifier. Un gamin se détache et nous offre 4 gousses d’ail tout frais.

Retour direct au bord du torrent à la même place, nuit calme et sans histoire.

J71 29/07/2017 Caillassage à Arslanbob

Nous voici de nouveau au Kyrgyzstan, après ce passage de frontière un peu pénible. Comme nous avons repris une heure de décalage avec la France, il est une heure plus tard et le réveil est un peu tardif. Nous sommes au bord d’un chemin peu fréquenté, mais quelques voitures passent quand même de bon matin. Il y a même un homme et un jeune qui s’arrêtent pour nous demander si nous avons vu un cheval blanc. Nous n’avons rien vu, ce qui ne veut pas dire que le cheval n’est pas passé près du K6. En revenant d’exploration, ils s’embourbent et cela donne l’occasion à JL d’aider quelqu’un. On le met au volant et les 2 Kyrgyzes poussent.

Nous repartons avec pour but un réservoir qui semble un endroit sympa pour pique-niquer.

Perdu. Les berges sont douces et on pourrait y descendre, mais il y a des algues au bord. Quelques gamins se baignent pourtant, mais cela ne nous fait pas envie.

Déjeuner de poisson et somsas dans un petit restaurant derrière un garage à l’entrée d’un village. Plus cher que d’habitude, le poisson faisant les 2/3 de l’ardoise de 4€.

Puis nous attaquons la côte pour le but ultime de la journée : le village d’Arslanbob où se trouve une forêt de noyers, mais surtout qui est le point de départ de jolie balades dans la montagne. Nous installons le K6 à un croisement de chemins au bas du village et partons explorer le bazar ainsi que l’office du tourisme local qui s’avère être l’agence de vente de randonnées guidées et de séjours en guesthouse. Nous n’y trouvons pas notre compte et nous ne l’intéressons pas. Au retour au K6, nous constatons qu’une bande de gamins mal élevés a tagué dans la poussière une fois de plus, ce qui va obliger à un lavage car nous ne savons pas la signification des inscriptions. Les gamins sont fort occupés à envoyer des cailloux sur des touristes au bord de la rivière, ce qui amène ceux-ci à répliquer et les projectiles commencent à arriver près du K6. Réprimande d’abord, Carambar ensuite, JL espère avoir calmé les esprits. Peine perdue, le plus retord des gamins commence à viser le K6. Une jeune fille se joint à eux et nous fait signe de déguerpir. JL va rencontrer les parents pour prendre la température. L’un des pères vient, admire le K6 et fait signe qu’il vaut mieux s’en aller. Il n’y a plus qu’à obtempérer sous peine de se faire caillasser à notre tour. La jeune fille est même plus claire « we don’t like tourists ». Nous redescendons la vallée et trouvons le site que le BCT, un pseudo office de tourisme, nous avait indiqué comme possible : horizontal, le long du torrent, avec de l’herbe. Effectivement, nous passons une nuit tranquille.