J194 29/11/2017 Les Phrygiens

Fin de soirée un peu mouvementée hier : la police a débarqué et nous a fait déménager. Zone interdite paraît-il. Sauf qu’ils insistaient pour que nous allions en centre-ville. Finalement, nous avons couché au pied du site que nous voulions visiter ce matin : Gordion. Ce nom vient de Gordias, le père de Midas qui serait enterré dans un tumulus non loin de là. On se rappelle que c’est ici qu’Alexandre trancha un nœud qu’il n’arrivait pas à dénouer. A vos livres d’histoire !

 

Il y avait là une ville fortifiée développée par les Phrygiens plusieurs siècles avant JC. Il reste peu de choses de cette forteresse. Mais les soubassements des murs donnent une idée de sa taille et du système de défense.

Dans le village voisin, un petit musée présente les trouvailles du site avec notamment une mosaïque intéressante, mais malheureusement fort malmenée par les intempéries et les archéologues.

 

 

Nous visitons aussi au passage la tombe de Gordias, une construction en boie enterrée dans un gros tumulus. Nous sommes impressionnés par la taille des troncs d’arbres utilisés pour ce « chalet » enterré. Il n’y a plus d’arbres de cette dimension dans la région à des centaines de km à la ronde.

 

Il y a beaucoup de km pour rallier notre but du jour, Izmir, et nous nous remettons en route. Pour le déjeuner, nous visons un caravansérail au nord d’Afion. Mais après 15km, la route est en réfection et suite aux grosses pluies des derniers jours, les déviations sont impraticables. Il va encore falloir laver le K6, boueux jusqu’au toit. Et le voyant du pot catalytique s’est encore allumé bien que nous choisissions un des gazoles les plus chers.

Déjeuner sur un tertre au milieu d’installations de panneaux solaires, puis des km d’autoroute jusqu’à Izmir. Nous tournons dans les embouteillages d’Izmir pour atteindre le bord de mer. Des travaux pour une ligne de tram nous empêchent de rallier l’hôtel que nous visons, nous nous faisons rabrouer plusieurs fois par la police pour infractions répétées, et finissons par enfiler un sens interdit pour arriver. Dîner de poisson grillé arrosé de vin blanc local très bon, nous nous retrouvons en milieu connu. Un wifi providentiel nous permet de reprendre contact avec les enfants qui nous pensaient perdus depuis une semaine.

 

La connection ultra rapide de l’hôtel autorise une mise à jour du blog qui attendait depuis 10 jours.

J47 05/07/2017 Boukhara, grande étape de la route de la soie

Bien que Abdul nous ait recommandé de nous lever tôt, d’aller faire un tour en ville et de revenir pour le petit déjeuner, nous n’avons pas pu nous extraire du lit avant 7h, et donc, nous sommes allés directement profiter du petit déjeuner préparé par la mère d’Abdul. A retenir, les crêpes impeccables (technique russe, dit-elle, nous sommes désolés pour les Bretons). Et donc ensuite, au lieu de paresser sur les tapis d’Abdul, nous nous sommes immergés dans la fournaise de Boukhara. 2e jour, c’est un jour chaud. Comprendre, la température montera au dessus de 43°C. A l’ombre bien sûr. Nous déplaçons le K6 pour qu’il soit à l’ombre le matin au moins. Les monuments de Boukhara sont nombreux et tous intéressants pour l’histoire de la ville, l’architecture originale, les évènements de la vie politique de la région.

Avant de de pouvoir consacrer notre temps à la visite de la ville, nous devons encore envoyer un fax à Paris pour la partie chinoise du voyage, et poster des cartes postales. Ce type d’activité triviale en France prend un temps fou à l’étranger si l’on ne connaît pas le langage et les coutumes.

Je laisse de côté des descriptions dignes des guides touristiques que l’on peut trouver partout. Notre hôtel était près du complexe Liab-i-Haouz qui semble être le centre de la ville, au moins de la vieille ville. Il y a là tout autour une mosquée, un mausolée, des bazars, et beaucoup de restaurants et de boutiques pour les touristes.Il y a aussi le bassin alimenté par le Chah Roud, un canal qui alimente la ville. L’ambiance est là, s’il n’y avait pas les voitures sur les parkings, on pourrait imaginer voir les chameaux au repos, les marchands discuter.

On peut s’installer au bord du bassin dans la chaïkana, siroter son thé en regardant les joueurs de dominos et les gamins qui escaladent joyeusement la statue de Nasredin (Tartarin version ouzbek)

Matin : forteresse, prison, jardin, la mosquée Bolo Haouz,

Pour refroidir une peu, déjeuner dans un restaurant high class dont la patrone, jeune blonde dynamique parle plusieurs langues : lasagnes au chou, salades.

Après-midi  : médersas Abdul Aziz Khan, et Ouloug beg. Nous avons aussi pu visiter l’ensemble Po-i-Kalon, 2 médersas se faisant face, l’une étant probablement la Normale Sup. de l’enseignement islamique.

Est-il utile de dire que ces monuments sont magnifiques, et laissent une impression de richesse. Il y a quelques fois peu de différence entre une médersa, une mosquée ou un caravansérail. La structure de base est la même, une enceint avec de hauts murs, une seule porte, un plan carré avec des tours aux angles, et tous les espaces intérieurs ouvrant sur la cour. Certains bâtiments ont même eu des fonctions variés au fil des siècles. Ce qui impressionne aussi, c’est le nombre de ces bâtiments qui reflète le rayonnement qu’ils avaient sur la région.

Nous avons fait la connaissance d’un musicien pratiquant une foultitude d’instruments, y compris certains qu’il a inventés et fabriqués. Un brodeur d’or travaillant pour le musée, un miniaturiste inventant lui aussi les histoires que ses œuvres racontent, et Timur le vendeur de cartes postales (8 ans).

En fin de journée, les couleurs chatoyantes et chaudes, c’est féérique.

Dîner chambre melon, petits gâteaux

J45 03/07/2017 Pourquoi les muezzins ne montent plus dans les minarets

 

Debout dès le matin, nous sommes en route pour visiter le minaret. 44M de haut, on peut monter dedans par un escalier de 118 marches. Oui, mais (vous avez fait le calcul) des marches de 40cm. 60Cm de large. C’est très étroit, et il n’y a pratiquement pas de lumière, juste un petit fenestron de 20x20cm tous les demis tours. Voilà. Vous avez compris pourquoi les muezzins se sont équipés de haut-parleurs, et font l’appel à la prière depuis le bas. Et à la descente, c’est pire, car on a la tête dans les marches du dessus, il faut se contorsionner pour y arriver. Pas question de tomber, la pente est telle que l’on ne pourrait pas s’arrêter. Mais il faut le dire, la vue d’en haut vaut cet effort.

Le volume du WiFi utilisé toute la nuit n’a pas permis le chargement des 67 photos prévues. Il faudra recommencer. Le volume du petit déjeuner semble être prévu pour compenser. Œufs sur le plat, pancakes, pain, croissants locaux, confiture, fromage, jus de fruits, thé, nous n’arrivons pas à finir.

La forteresse est un lieu qui permet de s’imaginer dans la vie des dirigeants de l’époque. Il y a plus de 100 pièces, la plupart fermées au public et à l’état d’abandon. Mais on peut y voir de beaux plafonds et des céramiques toujours époustouflantes : chaque carreau est unique puisque les motifs ne se répètent pas. Ils sont d’ailleurs numérotés.

Il est l’heure de reprendre la route, en commençant par le lavage du K6 car des gamins l’ont tagué dans la poussière avec des petits cœurs et des inscriptions incompréhensibles.

A la sortie de Khiva, la route est barrée, il y a des travaux routiers. Les routes de contournement sont épouvantables, pleines de nids de poule. Nous naviguons une heure pour visiter un mausolée sans intérêt, puis la maison Chadra Khouli de 4 étages en pleine campagne, accompagnés de 2 gamines délurées qui courent partout.

Nous déjeunons sur place avant de reprendre l’enfer des routes défoncées de cette région. Le raccord avec l’autoroute A380 est particulièrement défoncé et déprimant : nous faisons une douzaine de km en longeant un canal sachant que l’autoroute est juste derrière. Mais il faut aller chercher le pont !

Une fois sur l’autoroute, c’est la surprise : qualité internationale, la chaussée est parfaite, des glissières de protection existent. Manquent cependant la signalisation et les pompes à essence. Pour nous, le prochain plein est à Boukhara, nous avons même 100km d’autonomie en plus. Il faut seulement faire attention, car les troupeaux sont prioritaires dans ce pays.

Le paysage est désertique, il n’y a rien autour. Le fleuve Amou Darya est à notre droite, il fait des méandres qui ne sont pas pris en compte par les frontières, il est donc de temps en temps entre la frontière et nous, de temps en temps c’est l’inverse. Nous ne le voyons pas, il est dans un creux de terrain en permanence.

Nous nous arrêtons et progressons dans le désert en direction du fleuve pour voir la situation. F hésite à lancer le K6 dans un chemin en sable mou, nous terminons donc à pied pour constater que de toutes façons, nous ne pourrons pas accéder au fleuve, il y a une marche à franchir. Nous décidons de camper entre l’autoroute et l’Amou Darya, dans une zone où la frontière est sur l’autre rive. Nous sommes cachés de l’autoroute par une dune, et personne n’est en vue. Nuit calme avec le bruit lointain des camions.

J40 28/06/2017 Kounia-Ourgentch et la sortie du Turkménistan.

 

Lever tôt, réveillés par le muezzin. En route pour le site archéologique qui est dispersé sur une assez grande surface. Nous décidons de marcher car il ne fait pas encore très chaud.

De mausolée en ruines de mosquées et un minaret impressionnant de hauteur et en virgule au sommet, nous essayons de nous figurer ce qui a fait que cette ville a été rasée 2 fois et que les habitants l’ont reconstruite à chaque fois. Il y a de l’eau, c’est un peu la porte nord du désert du Karakoum. Ce n’est pas une ville, il n’y a aucune infrastructure, un seul hôtel minable, une mosquée en reconstruction.Du caravansérail du 13e siècle ne reste que le portail d’entrée, bien abîmé et squatté par les chauve-souris et les hirondelles. Les dimensions du lieu semblent avoir été importantes, mais il n’y a plus que de vagues tas de terre. Tout le site abrite des tombes. Gengis Khan avait liquidé là les habitants qui n’avaient pas voulu laisser leur ville et avaient brûlé les barbes des émissaires du chef mongol. A partir de 10h, le site se peuple de Turkmènes qui vont en pèlerinage et prient près de tous les monuments. Pour les aider dans leurs prières, un diseur de textes religieux se trouve toujours là pour réciter des versets du Coran et récolter quelques manats. Nous partons en quête de gazole, d’eau pour le réservoir et d’air pour les pneus avant qui ont bien souffert la veille. Pour ces trois consommables que l’on trouve dans un même lieu en France, il nous faut trouver le fournisseur adequat. Le gazole est à la station hors la ville. L’air chez un « vulkanizer » qui pour 1 manat regonfle nos pneus. Pour l’eau, c’est à la Police que se trouve le tuyau d’eau buvable, test à l’appui. Au retour, en passant devant le site, nous retrouvons nos amis de la veille.

Puis nous visitons le marché et déjeunons dans un tchaïkana pour 4 manats (1€).

Ensuite, force est de constater que nous n’avons plus rien à faire ici et nous nous acheminons vers le lieu de notre nuit : la frontière. Nous allons dormir dans la zone franche dont un policier nous a dit la veille qu’elle comporte tout ce dont on a besoin, toilettes, eau, etc.

Le K6 est fouillé cette fois-ci de fond en comble, il a fallu tout sortir. La raison est que le douanier a trouvé un Coran qui nous a été donné en Turquie et qu’il soupçonne que nous sommes des porteurs de propagande islamique, ce qui nous surprend. Ils cherchent donc des armes et des bouquins. Finalement, cela se termine comme d’habitude, avec des sourires, tout va bien. Sauf qu’en passant la barrière vers l’Ouzbékistan, pour éviter le trou énorme à droite, JL tourne le volant légèrement à gauche et érafle le bas de caisse du K6 avec une grosse borne qui dépassait du trottoir. 50m plus loin, il faut s’arrêter, les douaniers Ouzbèques consultés refusent le passage, il faut bel et bien dormir dans ce marécage de 100m de large qui constitue la zone franche et où, bien entendu, il n’y a rien, que 3 épaves de voitures russes qui n’ont pu aller plus loin, et nous.

Nous aurons la visite d’un chien qui passe la frontière sans passeport et sans visa puis d’un lapin, itou, tout gris un peu effarouché, vers 20h un ouzbèque nous interpellera, nous venons juste d’ouvrir le toit, il échangera quelques mots avec JL Est-ce le gardien de nuit ? Sans doute et il s’ennuie déjà mais une grande grille nous sépare. Des chiens jappent ils semblent enfermés dans un enclos, bienvenue au club les chiens, pourvu que cela ne dure pas toute la nuit. Le soleil se couche il est temps de préparer un repas.