J70 28/07/2017 Juste à temps

Après la journée bien remplie de la veille, nous devons penser à retourner au Kygyzstan, car le visa Ouzbek se termine aujourd’hui. Une brève discussion nous permet de confirmer la décision de la veille : nous continuons vers Kokand pour voir le palais du Khan, puis nous remontons vers Namagan en vue de passer la frontière à Kurch-Urgan.

Le palais du Khan vaut bien le détour, il y a quelques plafonds très beaux, et des expositions des curiosités de la région, parmi lesquelles des outils préhistoriques trouvés sur un site proche. Moustérien, paléolithique, on aurait dit que tante Denise hantait les lieux. Des costumes, notamment de femmes, sont très beaux aussi, avec les soieries. Quelques photos du 19e siècle rappellent des coutumes locales, au temps où il y avait encore des caravanes. L’architecture du palais elle-même, ne vaut pas grand chose, tout l’extérieur a été refait.

Quelques km plus loin, nous déjeunons à Namangan, dans le parc Bubar, où ne se trouvent que des attractions foraines. La ville est entièrement moderne et montre une autre facette de l’Ouzbékistan.

Il est temps d’aller à la frontière, car nous ne sommes pas certains de son ouverture aux étrangers. Au bout d’une route tortueuse et de plus en plus cabossée, il y a une clôture en fil de fer barbelé, et c’est tout. C’est complètement fermé. Un gentil quidam nous explique qu’il faut retourner à Kokand pour passer de nouveau à Osh. Nous avons bien essayé de trouver un chemin plus court, mais en fin de compte, il faut se rendre à l’évidence : il n’y a qu’un seul passage de ce côté-là. Retour à Osh donc. 2,5h de passage, scanner, écotaxe, etc, y compris la demande de « cadeau du cœur» pour le douanier qui s’occupe de l’écotaxe. Le livre de la famille fait son office et détourne l’attention des douaniers.

Trouver un emplacement pour la nuit est beaucoup plus difficile, il y a une heure de plus à la montre. Nous finissons dans un chemin creux peu fréquenté, assez loin finalement du lac que nous visions. Grenouilles et cigales pour la nuit.

J68 26/07/2017 Ouzbékistan, le retour

Nous prenons notre petit déjeuner dans les premiers pour pouvoir partir tôt. Comme toutes les tables sont prises et que nous ne sommes que 2, un couple de Français avec deux enfants nous ayant repérés comme compatriotes nous demandent à venir manger avec nous. Et nous discutons avec ces jeunes qui ont déjà fait un voyage en vélo en Asie en 2005. Nous découvrons des points communs, ils nous donnent des idées de balades pour le 2e séjour au Kirghizstan dans 3 jours. Et soudain, nous découvrons que ce sont les voisins de Céline à Mens. Le monde est petit. Pendant le petit déjeuner, un jeune homme fait coucou de loin à JL qui n’y comprend rien jusqu’au moment du départ où le jeune Italien rappelle que nous nous sommes rencontrés en Cappadocce. Il y a d’ailleurs un autre couple qui partageait notre campement cette nuit-là au petit déjeuner ce matin. Là, rien d’anormal, nous suivons la même route. Cet Italien est arrivé dans la nuit sur une dépanneuse avec son vieux Land-Cruiser. Comme quoi, même ces engins-là peuvent tomber en panne (moteur cassé?).

Après un faux départ dû à une connection manquante à F, nous croisons les 3 4×4 Toyota hollandais rencontrés sur un gué dans le Pamir, et qui étaient nos voisins de parking la dernière nuit ici (nous avons dormi sur le parking dans le K6). Ils semblent chercher leur route dans Osh pour remonter vers le Nord du Kirghizstan. Nous avons pu constater que dans certains groupes, notamment des multiples de 3, l’harmonie n’était pas toujours présente. Un groupe de jeunes cyclistes belges semble aussi à la peine. Quelques courses avant le passage de frontière, et nous voilà repartis.

A la frontière, la traversée à pied des passagers ne se fait pas facilement, il y a un couloir de filtration et une queue importante en plein soleil. Les policiers et les douaniers sont finalement sympas, et le passage nous prend 2,5h. Nous pouvons aller déjeuner dans un restaurant au bord de la route un peu plus loin (3€).

Nous sommes surpris de trouver à Kuvah un supermarché tout neuf, moderne et bien approvisionné. A Ferghana, nous pouvons profiter du bazar immense pour faire quelques achats.

Recherche un peu tardive du lieu de couchage, le propriétaire des champs vient nous rendre une visite avant que nous soyons couchés. Tout semble aller bien. Extinction des feux à 23h locales (nous avons repris une heure sur le décalage).

J52 10/07/2017 Une boucle, un trou, une boucle, un trou (MP.Belle)

Aujourd’hui, il faut s’occuper de faire le plein du K6 avant de s’engager plus loin. Nous n’avons que 300km d’autonomie, et ne savons pas quelle est la situation au Tadjikistan. Chaqir, sournoisement consulté, offre 2 solutions : la pompe utilisée par la société de transport du groupe familial, ou directement l’atelier du groupe. Nous voilà donc partis pour la pompe où nous sommes refusés. L’atelier est juste à côté, le chef d’entretien accepte de nous céder 40l à 5000TJS/l. Il faut comprendre que ces 40l font partie d’une réserve transportée par l’un de leurs cars pour ses propres besoins. JL n’en négocie pas moins et obtient 4500TJS/l. Et nous voilà dans la rue, à 3 pour porter cette nourrice et la vider dans le réservoir du K6 sans problème, on voit que les Ouzbeks ont l’habitude de cette gymnastique. Nous apprenons à l’occasion que les stations affichent des prix obligatoires, mais que si l’on demande à payer ce prix, il n’y a plus de carburant dans la cuve…L’essence normale, affichée 2800TJS/l est en fait vendue couramment 6000TJS/l !

Nous prenons congé de notre sympathique et très serviable Chaqir après avoir dûment rempli le livre d’or, et allons voir le dernier monument à notre programme : l’observatoire d’Ulug Beg, du moins ce qu’il en reste. Pas grand-chose, en fait, mais le musée d’à côté renferme des trésors de miniatures et de photos et documents concernant l’astrologie.

 

 

 

 

 

 

 

Quant à l’observatoire, il reste un double rail courbe en marbre gradué taillé dans la roche directement.

Déjeuner local dans un petit restaurant à proximité.

Départ vers la frontière.

Arrivés à Bekobod qui est une ville très industrielle, nous errons dans les faubourgs proches de la frontière dans des rues pleines de trous pour trouver le passage. Il se trouve au fin fond de la ville, et nous comprenons rapidement qu’il est réservé aux locaux. En fait, pour nous, il faut encore remonter 42km plus au nord pour passer à Chanak. Le détour fera en fait au moins 84km de plus…

A Chanak, on nous fait poireauter 1/2h devant la grille, mais nous savons que la frontière est ouverte 24h/24. Les Ouzbeks ne sont pas intéressés d’examiner en détail la voiture, et veulent aller vite (un douanier vient même chercher dans nos papiers le document dont il a besoin et que nous ne trouvions pas). Entre les 2 postes-frontières, il y un magasin duty-free assez folklorique.

Du côté Tadjik, le plus long est l’inspection du véhicule, plus par curiosité comme d’habitude, que par soupçon. On nous fait ouvrir le toit, et un teckel renifleur vient monter partout dans le K6. Tous les papiers sont remplis en cyrillique par les fonctionnaire, et JL signe tout sans rien comprendre. 27$ plus tard, nous sommes dehors, il fait nuit et nous avons faim. Les fonctionnaires nous font comprendre que nous pouvons coucher n’importe où, il n’y a aucun problème ni risque.

25km plus loin, nous trouvons une zone en développement et nous cachons au bout d’une avenue dans un chemin. Il n’y a personne, nous n’entendons que le bruit lointain des camions sur la grande route.

J51 09/07/2017 2 mariages et pas d’enterrement

Ce matin, c’est parti avant 7h, nous étions sur le chemin du bazar qui est le plus animé le dimanche. Il n’y a pas de frontière entre le bazar et le marché. Il s’agit juste de zones différentes d’un même espace commercial organisé par secteurs et produits. A l’entrée, les producteurs apportent leurs fruits et légumes, soignent leur étalage et interpellent les clients. Les allées sont très resserrées, on se côtoie, se bouscule joyeusement en tâtant les fruits, argumentant. Ici, c’est le domaine des femmes. Et les femmes ouzbèkes tiennent de la place. On pense à Georges Brassens…Nous sommes souvent identifiés comme Français, les gens ont de grands sourires, les références citées sont, dans l’ordre, Zidane, Macron, Miterrand. Ensuite, on trouve les graines et épices, plus loin les viandes et dans un bâtiment séparé les produits laitiers. Une grande zone abrite les quincailleries, les outillages, tous les produits non périssables. C’est immense, l’activité est intense, tout Samarcande se retrouve au bazar, y compris des profs de français qui font leurs courses pour aller fêter le 10e anniversaire de l’université dans la montagne.

Le petit déjeuner n’en a que plus de saveur.

Ensuite, il est temps de s’occuper du K6. Chaqir m’accompagne pour aller faire réparer la jante cabossée. Nous nous retrouvons dans une rue de Samarcande où l’on trouve des mécaniciens et tout le nécessaire pour l’entretien des voitures sur au moins 2 km. Chaqir se renseigne, choisit finalement un petit garage. En quelques minutes, la roue est déposée, et redressée en 2 coups de masse directement sur la jante. L’étanchéité du pneu est vérifiée, et la roue remontée sur le K6. Le tout n’a pas duré 10mn et coûte 0,70€.

Chaqir tient à ce que le K6 soit lavé immédiatement. Là, cela dure plus longtemps, lance à eau sous pression, shampoing, rinçage et essuyage, 1/2h et 2,5€. Là, nous comprenons que Chaqir est très fier de cette grosse voiture élégante devant son hôtel. Effectivement, le K6 attire les badauds maintenant qu’il est propre. Le voisin patron de la buvette du coin, va même jusqu’à nous offrir un verre d’une décoction fleurant le coca, la cerise, l’abricot.

Mais sur notre chemin, un restaurant très kitsch fait beaucoup de bruit, nous entrons pour voir, et tombons en pleine fête de mariage. Tout le monde danse, c’est très joyeux, et nous sommes immédiatement invités. Nous ne sommes pas habillés pour cette circonstance et devons refuser une nouvelle fois cette occasion de vivre un événement local (en plus, JL a cassé une bride de ses sandales).

Nous poursuivons nos visites par le mausolée de Tamerlan. Très fin, décoration sobre, c’est la dignité et la grandeur. C’est très beau, surtout lorsque l’on compare à l’état dans lequel il était à la fin du XIXe siècle.

Pas de déjeuner aujourd’hui, nous sommes décalés. Une tasse de thé prise dans le hall de l’hôtel nous met en contact avec le dernier client de Chaqir arrivé le matin, un Allemand en vélo venant de Boukhara en 3 jours (280km). Épuisé par la chaleur et une dysenterie tenace, il va directement se coucher après avoir mangé 3 bananes.

Nous allons voir une nécropole dans le nord de Samarcande. Cela passe par le bazar, bonne occasion de faire réparer la bride de sandale.

Au dessus de la nécropole, face au Régistan, un nouveau bâtiment est en construction, c’est le futur mausolée de Karimov, le président Ouzbek qui a proclamé l’indépendance du pays, décédé fin 2016. Le chantier montre comment l’architecture « ancienne » est ravivée par l’activité touristique. La partie réellement ancienne de la nécropole comporte un grand nombre de tombes de personnalités célèbres dans l’histoire de l’Ouzbékistan. Ces tombes sont en fait de grands mausolées plus ou moins bien alignés, et l’ensemble sous la lumière du soleil couchant a une grande allure.

Dîner léger d’une salade dans la chambre après une grande discussion avec Roger Michel, le cycliste arrivé plus tôt qui se remet rapidement.

J50 08/07/2017 Samarcande, la perle de la route de la soie

 

Le petit déjeuner de Chaqir est pantagruélique, il faudrait 3 convives pour absorber ce qui est servi pour un seul. Nous avions prévu de partir en découverte au petit matin, et de revenir pour un petit déjeuner tardif, mais la paresse en a décidé autrement. Nous récupérons de tous les km dans le sable et la poussière et la chaleur.

L’hôtel Markorand est une affaire de famille. Nous hésitions entre l’hôtel Bibi Khanoun et celui-ci, eh bien ils appartiennent tous les deux à la même famille, qui possède en fait un groupe de sociétés liées au tourisme, agence de voyage, société de transport (10 cars), et plusieurs hôtels à Samarcande, Boukhara et bientôt Tashkent. Le patron est le grand frère de Chaqir. Chaqir, lui, a 27 ans, il est marié et a un garçon et une fille. Il n’est pas de Samarcande, il vient d’un petit village des environs où il a maison, famille et voiture (qu’il n’a pas le droit de conduire à Samarcande maintenant, mais, Inch’Allah, peut-être l’an prochain).

Chaqir nous recommande de partir à pied, et tourner dans le sens des aiguilles d’une montre : le bazar, la mosquée Bibi Khanoun et enfin le complexe du Reghistan. Ce que nous suivons scrupuleusement. Nous passons rapidement par le bazar, en cherchant une raquette tue-moustiques électrique pour le K6, sans succès. La mosquée Bibi Khanoun est un grand bâtiment dont on voit assez rapidement qu’il a été consolidé de bric et de broc et que les fissures sont encore là. On ne visite en principe pas l’intérieur, et cela vaut mieux, bonjour le béton !

Le Reghistan est plus imposant, constitué de plusieurs bâtiments, notamment 2 medersas qui se font face. A ce sujet, nous nous demandons si le fait que les médersas aient sensiblement la même architecture que les caravansérails qui les ont précédées ne vient pas du fait tout simplement que les caravansérails ont été recyclés en médersas…Les 2 médersas sont cependant intéressantes, car celle de Chir Dor a un portail avec ce qui est devenu l’emblème de Samarcande, des lions en tête de la façade.

De même qu’à Boukhara avec les cigognes, ces animaux représentent une entorse à la règle musulmane d’interdiction de représentation du vivant. Les autres bâtiments sont moins importants par leur contenu, mais la taille de celle de Tilla Kari est impressionnante,tandis que celle attribuée à Ulug Beg a une très belle coupole vue de l’intérieur.

Nous mangeons des Somsa dans la chambre avec des fruits achetés au marché, et après une sieste majoritairement consacrée à la rédaction des divers documents que nous suivons, et les tentatives de téléchargement de photos, nous repartons à travers la ville pour retrouver un jeune couple d’Anglais que nous avons déjà vus à Noukous et Boukhara. Sur le parcours, de la musique nous attire et nous voilà invités à un mariage, que nous refusons, étant déjà engagés. Vraiment dommage, l’ambiance avait l’air chaleureuse. Nous avions cru reconnaître Basile, mais c’était une erreur.

Dîner dans un restaurant « international » où nous avons pu comparer nos points de vues de vieux Français et de jeunes Irlandais et Écossaise (ils ont tous deux voté remain). AU cours de la discussion, nous découvrons que non seulement la frontière directe entre Samarcande et Pendjikent est fermée, mais la route de détour que nous envisagions de prendre est trop défoncée, il faut aller jusqu’à Thermez, à la frontière avec l’Afghanistan puis remonter au nord pour rejoindre Douchanbé. C’est donc un détour de 600km en tout. A comparer avec à peu près la même chose par le nord si nous passons la frontière à Bekobod. Décision est prise de passer par le nord dont la route semble plus fréquentable.

Retour à l’hôtel en « taxi », 6000OS, environ 0,7€ pour 5km.

J49 07/07/2017 La vallée des merveilles d’Ouzbékistan

 

Nous avons pu nous baigner dans le canal d’irrigation voisin, est ça, c’est un vrai luxe. La nuit a été calme, bercée par le bruit de l’eau et sous la lune presque pleine.

Au matin, beaucoup moins de monde pour nous voir partir. Cap au Nord, nous allons chercher les hommes préhistoriques cette fois. Trente km de route moyenne nous amènent à l’entrée d’un centre de vacances pour enfants au beau milieu d’une oasis. Le problème réside dans le fait que le centre de vacances est à cheval sur le chemin et qu’il est clôturé avec des gardes incompréhensifs. Il y en a même un qui se prend pour la police et demande nos passeports. Au bout d’une bonne demi-heure de palabres, nous finissons par retourner au K6 dépités quand les gardes nous rappellent et nous comprenons que le chef a dit ok finalement. Nous traversons donc le camp de vacances à pied sous bonne escorte et nous retrouvons de l’autre côté en plein cagnard. Il y a 2 km de marche, il fait au moins 45°C à l’ombre. Et le long du chemin, il y a effectivement 3 sites de gravures magnifiques sur des rochers sombres. Nous n’avons pas tout vu, il y en a sur 10km, nous nous sommes limités à 1km, mais nous avons vu des animaux à cornes, les félins en chasse, des hommes en chasse, un homme bien pourvu, et des femmes dansant. C’est très émouvant.

 

 

 

 

Retour sous le soleil, traversée sous escorte, même pas vu le chef. Déjeuner sur place à l’ombre dans le K6 au bord du ruisseau.

Nous retournons à Navoy et arrivons même à trouver un moyen pour traverser la voie de chemin de fer pour prendre la route de Tim, petit village à une centaine de km au Sud où se trouve un mausolée intéressant. Mais après 40km de très mauvaise piste, nous jetons l’éponge. Si nous continuons de ce train, nous allons casser quelque chose. C’est trop défoncé, il y a des pistes parallèles à la route dans le sable qui ne sont pas moins difficiles (on plonge dans les trous), la poussière entre partout malgré l’air conditionné. Nous rebroussons chemin.

2h de route plus tard, nous entrons à Samarcande, la ville la plus célèbre de la route de la soie. Empoussiérés, fourbus, cabossés (une jante arrière du K6 a un choc important sur la lèvre), nous sommes ravis de trouver Chakir qui tient l’hôtel Marokand, et parle et comprend le français.

J47 05/07/2017 Boukhara, grande étape de la route de la soie

Bien que Abdul nous ait recommandé de nous lever tôt, d’aller faire un tour en ville et de revenir pour le petit déjeuner, nous n’avons pas pu nous extraire du lit avant 7h, et donc, nous sommes allés directement profiter du petit déjeuner préparé par la mère d’Abdul. A retenir, les crêpes impeccables (technique russe, dit-elle, nous sommes désolés pour les Bretons). Et donc ensuite, au lieu de paresser sur les tapis d’Abdul, nous nous sommes immergés dans la fournaise de Boukhara. 2e jour, c’est un jour chaud. Comprendre, la température montera au dessus de 43°C. A l’ombre bien sûr. Nous déplaçons le K6 pour qu’il soit à l’ombre le matin au moins. Les monuments de Boukhara sont nombreux et tous intéressants pour l’histoire de la ville, l’architecture originale, les évènements de la vie politique de la région.

Avant de de pouvoir consacrer notre temps à la visite de la ville, nous devons encore envoyer un fax à Paris pour la partie chinoise du voyage, et poster des cartes postales. Ce type d’activité triviale en France prend un temps fou à l’étranger si l’on ne connaît pas le langage et les coutumes.

Je laisse de côté des descriptions dignes des guides touristiques que l’on peut trouver partout. Notre hôtel était près du complexe Liab-i-Haouz qui semble être le centre de la ville, au moins de la vieille ville. Il y a là tout autour une mosquée, un mausolée, des bazars, et beaucoup de restaurants et de boutiques pour les touristes.Il y a aussi le bassin alimenté par le Chah Roud, un canal qui alimente la ville. L’ambiance est là, s’il n’y avait pas les voitures sur les parkings, on pourrait imaginer voir les chameaux au repos, les marchands discuter.

On peut s’installer au bord du bassin dans la chaïkana, siroter son thé en regardant les joueurs de dominos et les gamins qui escaladent joyeusement la statue de Nasredin (Tartarin version ouzbek)

Matin : forteresse, prison, jardin, la mosquée Bolo Haouz,

Pour refroidir une peu, déjeuner dans un restaurant high class dont la patrone, jeune blonde dynamique parle plusieurs langues : lasagnes au chou, salades.

Après-midi  : médersas Abdul Aziz Khan, et Ouloug beg. Nous avons aussi pu visiter l’ensemble Po-i-Kalon, 2 médersas se faisant face, l’une étant probablement la Normale Sup. de l’enseignement islamique.

Est-il utile de dire que ces monuments sont magnifiques, et laissent une impression de richesse. Il y a quelques fois peu de différence entre une médersa, une mosquée ou un caravansérail. La structure de base est la même, une enceint avec de hauts murs, une seule porte, un plan carré avec des tours aux angles, et tous les espaces intérieurs ouvrant sur la cour. Certains bâtiments ont même eu des fonctions variés au fil des siècles. Ce qui impressionne aussi, c’est le nombre de ces bâtiments qui reflète le rayonnement qu’ils avaient sur la région.

Nous avons fait la connaissance d’un musicien pratiquant une foultitude d’instruments, y compris certains qu’il a inventés et fabriqués. Un brodeur d’or travaillant pour le musée, un miniaturiste inventant lui aussi les histoires que ses œuvres racontent, et Timur le vendeur de cartes postales (8 ans).

En fin de journée, les couleurs chatoyantes et chaudes, c’est féérique.

Dîner chambre melon, petits gâteaux

J46 04/07/2017 L’épopée des prospecteurs de pétrole

Mots-clefs :  Ouzbékistan, Boukhara, gazole

De bon matin, retour sur l’A380 et nous défilons les km. Brusquement et sans avertissement, elle se termine par une route à une chaussée , « normale »sauf que cela sonne le retour des nids de poules. Les 100 derniers km vers Boukhara sont un enfer. De plus, lorsque la route est défoncée et qu’il faut freiner, accélérer sans arrêt et rouler avec vitres fermées à cause de la poussière, le K6 consomme plus que prévu et l’autonomie diminue rapidement. Dès l’entrée dans Boukhara, nous nous mettons en quête de LA station délivrant du GO. Et découvrons rapidement que personne ne sait, car on nous envoie à droite et à gauche vers des stations ayant une pompe mais pas de GO. Finalement, nous revenons à l’idée de départ : s’adresser à un utilisateur de GO. C’est le cas d’un garage qui vend des camions MAN et ISUZU. Le patron rigolard me dit que la pompe juste à côté, que nous avons questionnée déjà 2 fois, en vend. Au vu de nos doutes, il monte dans le K6, nous y emmène et nous sert pendant que le patron de la station pilote la pompe depuis la guérite. Seul problème : le prix a sauté de 3500 à 4500OS/l. Cela met le plein de 85 litres (il restait 10km d’autonomie…) à 380000OS, soit moins de 50€. Nous ne nous plaignons pas et avons compris une chose. En Ouzbékistan, c’est comme ailleurs. C’est le réseau qui ouvre les portes. Cette recherche nous a quand même pris 2h30. Nous nous arrêtons donc dans un restaurant au bord de la route pour le déjeuner, il est 15h.

L’accès au centre de Boukhara n’est pas aisé. Pourtant, nous ne pouvons pas laisser le K6 trop loin. Nous optons pour une guesthouse et découvrons en route que le centre est truffé de petits hôtels et maisons d’hôtes. La notre est moderne, mais on peut en trouver dans des maisons anciennes rénovées. Abdul nous accepte très jovialement et nous faisons partie de la famille immédiatement. C’est les vacances, la maison est pleine d’enfants qui jouent. Nous partons en exploration.

Boukhara est différente de Khiva. La ville est plus grande, et les monuments sont dispersés, car la vieille ville n’existe plus. L’histoire de Boukhara aussi est différente. Elle se situe plus tard dans le temps, et le rayonnement de Boukhara a été plus important que celui de Khiva. Aujourd’hui, Boukhara est active et en développement. Le tourisme n’est important que dans le centre. Nous constatons que les prix sont en forte inflation, le coefficient multiplicateur étant parfois de 2 à 3. Le change est aussi plus favorable à Boukhara (9000OS/€).

Après une petite sieste un peu obligatoire à cause de la chaleur, nous repartons en exploration. Françoise se fait un tas de copines à l’occasion d’une photo de groupe.

Nous découvrons que les touristes ouzbeks ne sont pas intéressés par les mêmes choses que nous, et qu’il y en a beaucoup à Boukhara qui sont en fait en pèlerinage sur des lieux sacrés. Mosquées, madrasas, caravansérails, bazars sont noyés dans les monuments anciens transformés en hôtels, salons de thé ou restaurants.

On dirait que Boukhara est toujours sur la route de la soie, et que les visiteurs d’aujourd’hui ont pris le relais des caravanes d’hier.

Dîner au restaurant à côté duquel est garé le K6 pour sensibiliser le personnel à la garde du véhicule. Beaucoup d’étrangers, mais aussi quelques Ouzbeks.

J45 03/07/2017 Pourquoi les muezzins ne montent plus dans les minarets

 

Debout dès le matin, nous sommes en route pour visiter le minaret. 44M de haut, on peut monter dedans par un escalier de 118 marches. Oui, mais (vous avez fait le calcul) des marches de 40cm. 60Cm de large. C’est très étroit, et il n’y a pratiquement pas de lumière, juste un petit fenestron de 20x20cm tous les demis tours. Voilà. Vous avez compris pourquoi les muezzins se sont équipés de haut-parleurs, et font l’appel à la prière depuis le bas. Et à la descente, c’est pire, car on a la tête dans les marches du dessus, il faut se contorsionner pour y arriver. Pas question de tomber, la pente est telle que l’on ne pourrait pas s’arrêter. Mais il faut le dire, la vue d’en haut vaut cet effort.

Le volume du WiFi utilisé toute la nuit n’a pas permis le chargement des 67 photos prévues. Il faudra recommencer. Le volume du petit déjeuner semble être prévu pour compenser. Œufs sur le plat, pancakes, pain, croissants locaux, confiture, fromage, jus de fruits, thé, nous n’arrivons pas à finir.

La forteresse est un lieu qui permet de s’imaginer dans la vie des dirigeants de l’époque. Il y a plus de 100 pièces, la plupart fermées au public et à l’état d’abandon. Mais on peut y voir de beaux plafonds et des céramiques toujours époustouflantes : chaque carreau est unique puisque les motifs ne se répètent pas. Ils sont d’ailleurs numérotés.

Il est l’heure de reprendre la route, en commençant par le lavage du K6 car des gamins l’ont tagué dans la poussière avec des petits cœurs et des inscriptions incompréhensibles.

A la sortie de Khiva, la route est barrée, il y a des travaux routiers. Les routes de contournement sont épouvantables, pleines de nids de poule. Nous naviguons une heure pour visiter un mausolée sans intérêt, puis la maison Chadra Khouli de 4 étages en pleine campagne, accompagnés de 2 gamines délurées qui courent partout.

Nous déjeunons sur place avant de reprendre l’enfer des routes défoncées de cette région. Le raccord avec l’autoroute A380 est particulièrement défoncé et déprimant : nous faisons une douzaine de km en longeant un canal sachant que l’autoroute est juste derrière. Mais il faut aller chercher le pont !

Une fois sur l’autoroute, c’est la surprise : qualité internationale, la chaussée est parfaite, des glissières de protection existent. Manquent cependant la signalisation et les pompes à essence. Pour nous, le prochain plein est à Boukhara, nous avons même 100km d’autonomie en plus. Il faut seulement faire attention, car les troupeaux sont prioritaires dans ce pays.

Le paysage est désertique, il n’y a rien autour. Le fleuve Amou Darya est à notre droite, il fait des méandres qui ne sont pas pris en compte par les frontières, il est donc de temps en temps entre la frontière et nous, de temps en temps c’est l’inverse. Nous ne le voyons pas, il est dans un creux de terrain en permanence.

Nous nous arrêtons et progressons dans le désert en direction du fleuve pour voir la situation. F hésite à lancer le K6 dans un chemin en sable mou, nous terminons donc à pied pour constater que de toutes façons, nous ne pourrons pas accéder au fleuve, il y a une marche à franchir. Nous décidons de camper entre l’autoroute et l’Amou Darya, dans une zone où la frontière est sur l’autre rive. Nous sommes cachés de l’autoroute par une dune, et personne n’est en vue. Nuit calme avec le bruit lointain des camions.

J44 02/07/2017 Khiva l’esclavagiste

Dès le lever du soleil, nous sommes debout. Pour une fois que nous pouvons nous adonner à notre réveil favori (bain dans la nature avant le petit déjeuner), pas question de la rater. Et hop trempette dans l’Amou Darya malgré les gros poissons (haha). Quel plaisir et quel rafraîchissement ! Petit déjeuner dehors sur le parking du « camping », petit au-revoir à Monsieur le Directeur qui apparaît magiquement au moment du départ, et en route.
A l’entrée de Khiva, un minibus nous arrête et nous vante la Guesthouse Alibek qui se trouve comme par hasard à l’entrée Ouest de la ville, là où l’on vend les tickets pour 2 jours. L’endroit est sympathique, l’offre généreuse : 20$ pour la chambre pour 2 avec un grand lit et une douche, le wifi et les petits déjeuners. Bon, c’est petit, mais cela fait très local.
Et nous voilà partis pour visiter la ville des esclavagistes, ceux qui ont dévalisé les caravanes dans la région pendant des siècles, et réduit en esclavage un peu toutes les nationalités. Cette ville a été déclarée ville-musée par l’Unesco, ce qui est probablement une erreur car avec des habitants revenant dans les murs, la ville redevient vivante, et on s’y sent intégré à l’humanité environnante. Il y a à Itchan Khala (la ville intérieure) une profusion de monuments intéressants pour se sentir dans l’ambiance du Moyen-Age et des marchés ouverts.

Très peu de touristes (quelques couples de jeunes), nous sommes immergés dans la foule des Ouzbeks qui nous accueillent avec le sourire, demandent à être pris en photo avec nous et nous offrent souvent des fruits ou du thé.
Nous en profitons pour déjeuner sur le marché de quelques brochettes et des sumsas (chaussons fourrés de viande). Nous buvons au moins 2 bouteilles d’1,5l d’eau par jour.
Retour à Khiva vieille ville, déambulations dans les rues, visites de musées, de mosquées, de mausolées et nous oublions le caravansérail qui a été couvert pour devenir un marché. Dommage, car le lendemain, il est fermé et nous repartons. Nous sommes fascinés par les poteaux soutenant les avant-toits dans les maisons, les palais.

A la base, il y a un cône en pierre sur lequel repose le poteau par un cylindre de bois gaîné de tôle de 10cm de diamètre. Très impressionnant quand le poteau fait une dizaine de mètres de haut. Ces poteaux sont sculptés et les plafonds sont peints à la main de manière très fine. Évidemment, les céramiques sont magnifiques. A Khiva, on a l’impression que l’on va rencontrer des chameaux lorsque l’on sort d’une maison.
Réparation des sandales de JL qui perdent la bride arrière.
Dîner dans un restaurant pour touristes sur une terrasse abritée, entourés d’Européens. Retour à la pension de Charboss où nous couchons dans une chambre qui donne directement sur la rue.