J64 22/07/2017 Trop de poussière

Ce matin, le K6 fait un peu la grimace. Il avait déjà eu des hésitations au démarrage, mais là, cela sent le problème : le pied sur l’accélérateur pendant au moins 10 secondes avant qu’il veuille bien bouger. Le régime moteur ne monte pas dans les tours. Après quelques km, il semble que le phénomène ne se produise plus. Bon, de nouveau le voyant du filtre à particules est allumé. La route longe une barrière de fils de fer barbelé qui délimite la zone non attribuée entre la Chine et le Tadjikistan.

Il y a quelques trous qui ne semblent pas récents et font penser que cette zone n’intéresse plus la Chine. Nous profitons du paysage qui devient conforme aux cartes postales à l’arrivée sur le lac Karakul. Les eaux bleues sur fond de montagnes enneigées, magnifique. Nous nous arrêtons dans le petit village de Karakul et trempons un doigt dans le lac, même pas salé.

 

Nous refaisons le plein d’eau potable à la pompe du village, et repartons à la montée du col de Kizyl-Art où se trouve le poste frontière avec le Kirghizstan. Quelques gouttes de pluie font baisser la température. Déjeuner prudent 3km avant la barrière, devant un monument grandiloquent souhaitant probablement la bienvenue dans le Pamir.

Nous avons vu un paquet de cyclistes aujourd’hui. Certains roulent à 7 de 3 nationalités différentes. Nous avons aussi croisé des Chinois à pied parce qu’ils croyaient pouvoir utiliser des transports en commun. Or il n’y en a pas sur ce tronçon. Normal, il n’y a personne ou presque.

Le poste de douane du Tadjikistan est à quelques km du col. C’est un endroit assez vétuste et sale, même si on prend en compte que ce poste est ouvert toutes l’année donc parfois à -50° en hiver.

 

Il faut attendre que le souper (sic) des douaniers soit terminé pour qu’ils veuillent bien s’occuper de nous.

Le premier, en charge des transports, exige derechef 30 somonis parce que nous n’avons pas d’itinéraire. Refus énergique, même après qu’il ait baissé son tarif. Le Russe à moto derrière nous paie sans même négocier. Les autres intervenants sont plutôt sympas et les démarches se passent rapidement, tout est bouclé en 1/2h, et nous repartons vers l’entrée au Kirghizstan. Il faut passer le col et redescendre 20km pour atteindre le poste Kirghize. L’accueil est professionnel, pas de problème pour payer 1000 somonis (traités par 19$) le droit du K6 de passer un mois au Kirghizstan. Nous n’avons rien à payer pour nous. C’est le passage de frontière nécessitant un visa le moins cher jusqu’à maintenant, et de loin.

La descente se fait dans des paysages grandioses, les montagnes passant du vert émeraude à l’ocre, et finalement toutes les couleurs. Les torrents aussi d’ailleurs.Ce versant est plus vert et nous retrouvons les fleurs alpines dont les marguerites, les myosotis et les escholchias. Nous ne voyons pas le pic Lénine caché par les nuages. Comme d’habitude dans les cols de la route du Pamir, les derniers km avant et après le col sont épouvantables. Il n’y a plus de revêtement, et il faut même quelquefois passer des gués.

Le côté kirghize est beaucoup plus vert que le tadjik. Et immédiatement, l’habitat change. Les nomades sont là, il y a des yourtes, des yacks, des chevaux. C’est le Kirghizstan. A Sary-Tash, le premier village dans la vallée, nous changeons quelques somonis pour des soms et achetons du pain. A cette occasion, nous rencontrons de jeunes Belges qui ont achetés des vélos pour rejoindre la frontière et qui parcourront la route du Pamir à pied. Bon courage, les vélos sont bon marché, et nous connaissons la route qu’il faut monter pour aller à la douane…

Nous repartons, et cela se gâte. 2 autres voyants sont allumés au tableau de bord, ils concernent le préchauffage moteur et le pot catalytique. Mais le plus gros problème, c’est qu’il n’y a plus de puissance. Dans les côtes, le K6 doit rétrograder en 2e pour monter, et cela se fait à 30km/h maxi. Essai de rouler sans filtre à air, pas d’amélioration. Essai de régénération du filtre à particules, d°. Nous essayons d’aller jusqu’à Osh pour trouver un mécanicien capable de nous aider à régler ce problème. Finalement, nous ne pouvons pas rouler de nuit dans cet état, et nous nous arrêtons dans la descente du dernier col 60km avant Osh pour la nuit, près de la route et dans le lit de la rivière.

J63 21/07/2017 Randonnée vers les lacs

Après nos deux essais infructueux de la veille, nous avons décidé de faire la randonnée à pied pour aller voir les lacs que nous croyons plus hauts que nous. A 9h10, nous voilà partis. Et voici ce que nous avons évité au K6

 

C’est ce que l’on appelle de la tôle ondulée. Ce phénomène se produit lorsque des petits véhicules mal entretenus du point de vue suspension roulent à vitesse soutenue sur un chemin en gravier ou en sable. Il se produit des ondulations d’une profondeur allant jusqu’à 10cm à une fréquence de 40cm. Lorsque les amortisseurs ne sont pas en bon état, la roue rebondit sur la bosse et plonge dans le trou suivant. C’est ce qui se passe avec la roue avant gauche du K6 dont l’amortisseur est HS. Au delà de 15km/h, les chocs sont importants, et mettent en péril la direction et d’autres composants. Il faut donc ralentir ou trouver un autre chemin. C’est pour cela que l’on peut voir sur les photos satellite de ce genre de piste un réseau de pistes parallèles. Avec une voiture en bon état, il est possible de rouler vite sans sentir les bosses. A partir d’une certaine vitesse (60km/H environ), la roue survole le trou et ne touche que les bosses. Tout va bien jusqu’au nid-de-poule suivant où il est absolument nécessaire de ralentir et là, on passe sous la vitesse critique, et les vibrations du véhicule sont très violentes. Il n’y a donc pas de bonne solution.

Alors nous sommes partis à pied, tout étonnés que la route soit horizontale. En fait, les lacs sont au même niveau que le K6. Ce qui est curieux avec ces lacs, c’est qu’ils n’ont pas de déversoir. L’eau s’évapore. Et il y a pas mal de sel sur le pourtour.

Retour comme aller, un nuage de moustiques nous enveloppe et nous comprenons pourquoi les gens du coin s’emmitouflent et ne laissent que les yeux. Ce n’est pas à cause du soleil, c’est pour se protéger des moustiques. Quand même, 5h pour 24km, à 3980m d’altitude, c’est pas mal. D’ailleurs, nous en avons plein les jambes au retour. F fera même la sieste après déjeuner.

Nous allons déjeuner ailleurs, pour éviter les moustiques.

La route monte assez fortement dans les derniers km avant le col Dak-Baital. Le revêtement disparaît et le paysage devient chaotique. Au col, la vue est magnifique au soleil couchant, mais nous ne nous attardons pas, il faut maintenant trouver un coin pour dormir. F visait un caravansérail, mais ce ne sont que des étables dont l’une porte un panneau « hotel », et un autre groupe de bâtiments abandonnés mais quelques centaines de mètres plus loin, nous trouvons un petit chemin qui nous permet de nous éloigner un peu de la route. Nuit très calme, sous les étoiles avec aucune lumière au sol pour polluer le ciel. Magique.

J62 20/07/2017 Murhgab , l’étape improbable

Lever matinal, sensation de plénitude de pouvoir faire sa toilette tout nu à côté du K6, il n’y a personne à l’horizon sur 360°. Mais quelques minutes plus tard, nous constatons que sur la route au loin, les camions ont repris leur ronde.

Ce sont d’énormes camions à 3 ou 4 essieux et tirant une remorque. Les volumes sont très grands et probablement calculés au départ pour le transport de charges creuses, comme des voitures par exemple. Les Tadjiks les remplissent au maximum avec n’importe quoi et ils roulent en surcharge. Pas de problème avec la police qui contrôle les bascules réparties régulièrement le long de la route : ils doivent considérer cela comme un péage. Un petit billet et cela repart avec parfois 70T de poids total sur les ponts limités à 60, voire 40T. On comprend pourquoi des ponts sont effondrés et nous obligent à passer des gués, et pourquoi les routes sont défoncées. Nous repartons donc en petite vitesse, la route est parfois bonne, c’est à dire avec de profondes ondulations, mais sans trous, ce qui permet d’être un peu moins vigilant. Et hop, un premier couple de cyclistes, des Allemands partis depuis un an et qui vont jusqu’en Australie. Ils rêvent de parcourir la route stratégique du Tibet, mais ce ne sera pas possible, il leur faudrait payer un guide qui voyagerait avec eux dans une voiture avec un chauffeur. Ils rêvaient de passer la frontière entre Lhassa et Katmandou, ce qui ne peut se faire actuellement, elle est toujours fermée après le tremblement de terre d’il y a deux ans. Nous échangeons nos adresses de sites internet (le leur : www.von-hier-nach-da.de), et repartons à nos allures respectives. Plus loin, c’est un Roumain que nous croisons et qui s’arrête pour tailler une bavette et se reposer un peu du vent qu’il a de face. Il était parti de Bangkok pour visiter l’Asie du Sud-Est avec des copains, mais le voyage fini à Hanoï, il a décidé de continuer tout seul vers la Chine, le Kazakhstan, la route du Pamir et rentre à la maison de cette façon. Très sympa, le plus en forme de tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici. Nous croisons plusieurs groupes de motos européennes reconnaissables à leur phare allumé. Et doublons un autre couple de cyclistes qui ne s’arrêtent pas, alors que nous les attendions au bord de la route.

Murghab. Il y a effectivement des pompes à essence, mais elles distribuent au seau tiré directement à la citerne. Il y a du gazole, et l’information était exacte, il coûte 7,5YJS/l. Nous en prenons 20l par sécurité, le K6 annonçant fièrement qu’il peut boucler la route avec le reste du réservoir jusqu’à Sary-Tash. S’il y a une chose à voir à Murghab, c’est le bazar. Rien à voir avec les bazars d’Ispahan et de Téhéran. Ici, il s’agit d’un double alignement de conteneurs à la réforme avec une allée de circulation au milieu. Seules la boucherie et la fromagerie font exception avec une yourte en métal.

Nous envisageons de faire une petite randonnée demain, alors nous cherchons un village en relation. Échec avec Ak Tal dans la vallée Madiyan, et les sources chaudes de Gumbezkul. La route est trop mauvaise, le K6 tremble de toutes ses roues et menace de tomber en ruines. Echec de nouveau avec le lac Shurkul (ici, il y a un pléonasme, car Kul veut dire lac). C’est pareil, les microbus que les Tadjiks utilisent pour transporter n’importe quoi sont très souvent en mauvais état et font vaillamment de la tôle ondulée. Nous ne pouvons pas rouler sur la tôle ondulée trop longtemps. Nous nous promenons un peu alentours, et ce faisant, le K6 décide que nous en avons fait assez, et éteint le voyant du filtre à particules. Petite balade à pied pour aller voir une bergerie inutilisée. On voit que les bergers viennent avec leur yourte.

Finalement, nous décidons que nous monterons au lac à pied, et ferons ce que nous pourrons en haut. Nous dressons le camp dans la plaine (3886m quand même) et pas trop près du ruisseau pour éviter les moustiques très agressifs.

J61 19/07/2017 Le Pamir

En fait, la connection était assez bonne, quoique instable. JL a pu télécharger les photos des 2 jours et mettre à jour le blog. Par contre, pas de skype avec Tiphaine ou le n° qui a appelé JL dans la journée sur l’iPhone. Petite surprise, nous ne payons pas le WiFi. Nous partons à la recherche d’un DAB qui marche, et cela nous ramène près de l’hôtel, dans un bâtiment qui était fermé la veille et dont le DAB est à l’intérieur. Et il marche. Nous pensons fortement à ce problème de bruit à l’avant gauche du K6 et recherchons un mécanicien avant de nous lancer sur la route. Nous trouvons un Tadjik sympa (Chafkat?)qui nous emmène à 8km de Khorog, nous fait passer les barrages de police sans ralentir et fait dégager 3 micro bus pour que le JK6 passe sur la fosse. Inspection rigoureuse par le mécano et JL, de nouveau on ne voit rien. Et donc, nous pouvons repartir tranquilles, rien de grave n’est en jeu. Après 20km, le bruit étant quand même gênant, JL glisse la tête dans le passage de roue, et constate que le souffet de protection de la tige d’amortisseur est tassé sur le corps du vérin. Il y a eu un coup important qui a écrasé complètement et violemment la suspension, le soufflet s’est tassé, et il y a eu des dégâts dans le corps de l’amortisseur. Bilan : on peut rouler, mais la roue va rebondir sur les chaos, faisant vibrer l’arbre à cardans. Il faut donc éviter les chocs de ce côté-là et rouler doucement. En effet, il est hors de question de trouver un amortisseur compatible à Khorog, et nous ne voulons pas nous engager dans la procédure d’urgence en demandant à l’assistance de nous envoyer la pièce. Il paraît que le service est correct à Osh au Kirigizstan où nous allons, nous traiterons le problème là-bas. Et nous voilà repartis sur 700km de route défoncée avec un amortisseur HS.

Les premiers 50km sont impeccables, nous remontons la vallée du Donj, le temps est au beau, et le paysage de plus en plus sauvage, même si les cultures continuent le long de la rivière. Après, cela se gâte, la route se dégrade, et il faut ralentir. Nous avons une chance. Comme la route du sud est inondée, la police stoppe les gros camions aux barrages pour éviter un engorgement massif à l’endroit de l’inondation. Nous n’avons donc pas ces énormes bahuts sur la route en face de nous, et nous ne les verrons pas dans notre sens. Restent les 4×4 fous furieux des touristes et des taxis locaux.

Nous faisons une petite escapade pour visiter un hameau pour lequel une ONG suisse a payé une passerelle sur le torrent.

La route monte régulièrement et à midi, nous mangeons à 3200m d’altitude au bord du torrent. Les paysages traversés sont fantastiques, les montagnes alentours impressionnantes. Un peu plus loin, nous expérimentons la source chaude de Jelandy. Cela vaut la source chaude dans laquelle nous étions allés au Tibet. Pas très propre, c’est un euphémisme. Mais il y a un petit effort de présentation avec un chalet en bois et une baraque dans laquelle on peut manger et dormir.L’eau est très chaude (45°C?) et sent le souffre. 20mn dans le bain et nous sommes ravis. L’ascension se termine dans le champ de bosses de la route non asphaltée à 4272m d’altitude.

Tout va bien, il y a un grand soleil, du vent et nous ne ressentons pas de malaise particulier. Ce col ne présente aucun intérêt, pas de vue. Nous ne nous arrêtons pas, et allons planter le K6 à côté du lac Sasy, 300m plus bas. Il n’y a personne à l’horizon, le ciel est magnifique grâce à l’absence totale de pollution visuelle.

Seul petit problème : le K6 signale que puisque nous utilisons du gazole de mauvaise qualité, le filtre à particules est encrassé et doit être nettoyé par 15mn au moins de route à minimum 70km/h en 4e ! Ben voyons, nous ne dépassons pas 50km/h en pointe, et 15mn, c’est totalement illusoire. Ce ne sera pas avant longtemps…

Comme nous avons passé notre 100e nuit dans le K6, nous fêtons cela avec une bouteille de bière locale. Grandiose. Il a quand même fallu ressortir la couette et même une couverture supplémentaire pour ne pas avoir trop froid. F a quelques problèmes de maux de tête dus à l’altitude et doit se relever dans la nuit pour prendre de l’aspirine.

J60 18/07/2017 La frontière afghane

Nous repartons tôt ce matin, l’objectif étant de tester notre vitesse sur un parcours particulièrement difficile, la chaussée étant très dégradée. Les manilles n’y étaient pour rien, le bruit est toujours là, et c’est surprenant, car les attaches de la roue avant gauche sont toutes en parfait état. Dons, nous continuons comme cela, et voyons comment cela évolue. Il nous reste Khorog pour revoir le problème. La rivière que nous longeons est café au lait. Et maintenant nous savons pourquoi. La rive s’effondre toute seule dans le lit de la rivière, alimentant en permanence le limon qui la charge. Dans les endroits d’étiage, le limon se dépose et la rivière augmente de largeur. Dans les rapides, elle arrache de la terre à la rive, et cela recommence.

De temps en temps, les rives s’aplatissent et nous voyons de la vie de l’autre côté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Afghans construisent une nouvelle route. C’est très impressionnant car la paroi est généralement à-pic, et rocheuse. Les techniques employées sont extrêmement rustiques. Marteau-piqueur et barre à mine, ce chantier va durer des années. Mais il est réparti sur plusieurs km et progresse. Depuis l’autre côté, les Afghans qui nous ont vus prendre des photos nous font de grands signes. Nous les applaudissons, et pour nous remercier, l’un d’eux se met à danser. Il est sur un sentier creusé dans la falaise, au dessus du torrent très tumultueux à cet endroit.

 

 

 

 

Khorog n’est pas une ville très intéressante, mais on y fait des rencontres sympathiques. Un Allemand qui nous a vus sur la route bien à l’abri dans son Land-Cruiser nous offre un demi-melon pour le dîner. Ce couple est allé d’Allemagne à Khorog en scooter, à raison de 10 jours par an depuis 2008. L’aventure s’arrête là puisque le scooter a été détruit cet hiver par la chute d’un arbre. Ils repartent en avion, n’ayant aucune envie de repasser 16h dans une Toyota lancée à 70km/h dans les nids-de-poule.

J59 17/07/2017 La journée des Français

 

Les premiers véhicules passent vers 5h, mais le soleil se lève bien plus tard dans ce fond de vallée. Et nous aussi. Finalement, nous attaquons la montée vers le col. Dans la montée, Une autre jeune cycliste peine un peu, la chaussée est très dégradée. Nous nous arrêtons à sa hauteur, c’est une Française de Chambéry. Elle est partie en février de France et a suivi avec son copain le même itinéraire que nous. Un 3e larron les a rejoints à Samarcande et leur intention est de parcourir la route du Pamir et d’entrer en Chine par le col d’Irkeshtam pour rejoindre Pékin et rejoindre Hong-Kong en un mois. Les deux copains sont plus loin, et nous discutons un peu, le temps qu’elle les rejoigne. Quelques km plus loin, c’est un camion d’essence qui a failli partir dans le ravin en prenant un virage un peu court.

La chargeuse qui refait la route au dessus de lui pour le ressortir nous laisse gentiment passer. Impressionnant, et probablement plus encore pour le chauffeur. Plus haut, un 4×4 Toyota nous croise, avec une immatriculation dans la Loire. C’est un couple de notre âge qui vient du Pamir. Apparemment, la route du Pamir n’est pas pire que celle-ci. Bon, nous sommes rassurés, car le K6 a touché 2 fois, et c’était un peu juste dans 2 passages critiques. Nous passons le col à 3258m sans encombre. En bas de la descente, au barrage de police, nous rencontrons un autre couple de Français du Périgord qui voyage dans un Land-Rover avec cellule. Encore discussion sur l’état des routes, les solutions techniques adoptées, au point que les flics sont obligés de nous demander de dégager le barrage, d’autres voitures ayant la prétention de passer.

Nous nous arrêtons un peu plus avant Kalai Khum, dans un petit coin idyllique au bord du torrent. Toilette du K6, déjeuner et bain dans le torrent pour JL. L’eau est très froide évidemment, mais très propre.

A Kalai Khum, nous revoyons nos Français cyclistes et 4X4 qui nous ont doublés lors de notre arrêt déjeuner. Nous partons directement sur la M41 qui doit nous emmener jusqu’à Osh au Kirghistan. A partir de là, et pour au moins 2 jours compte tenu de la qualité de la route, nous longeons la frontière avec l’Afghanistan. Un peu émus quand même au début, nous nous étonnons du manque de communication entre les deux rives de la rivière.

Une trentaine de km de chaos et nids de poule plus loin, dans un village, un camion Renault immatriculé en Gironde est arrêté capot ouvert. C’est un couple de jeunes qui voyage depuis quelques années avec leur 2 chiens. Ils espèrent aller jusqu’en Mongolie, mais très lentement, probablement l’an prochain. Leur problème actuel est le support du vérin de commande de l’embrayage dont les vis de fixation ont cassé et qui doit donc être soudé. Peut-être tout-à-l’heure, peut-être demain. Les 2 Français en 4×4 nous ayant rejoints, la discussion se fait alors à 6.

Il est 18h30 quand nous entrons dans Laksh et trouvons rapidement le mécanicien du village pour nous aider à traiter un problème de vilain bruit à l’avant gauche.

Après 1/2h de démontage et sondage du train avant, Françoise suggère que le bruit pourrait provenir des manilles attachées à la sangle de remorquage que JL a placée sur la batterie. Bon, nous nous en tirons avec 20TJS, environ 2€. Nous verrons bien demain si c’était la solution.

Comme nous avons terminé l’investigation à 20h30, le camp est dressé dans le village, sur la place principale et unique. Il y a pas mal de vent.

Nous avons fait 138km de route défoncée.

J58 16/07/2017 Le choix de la route Nord

Le soleil nous réveille tôt, la routine du matin est effectuée rapidement, il n’y a aucun point d’intérêt à considérer. Nous voilà donc partis à remonter le mauvais chemin qui nous a menés au bord du lac la veille. Reprise de la route en sens inverse jusqu’à Vahdat. Décision rapidement confirmée : nous filons sur la route dite du Nord, pour ne pas prendre le risque d’être bloqués dans le Sud à attendre les réparations suite aux inondations. C’est une grande route bien asphaltée et sans problème que nous suivons sur une trentaine de km. Peu avant Roghun, JL qui conduit est arrêté à un barrage de police. On lui reproche un excès de vitesse mesuré par radar portable. Il faut imaginer le flic avec une espèce de pistolet qu’il manœuvre comme Butch Cassidy et avec lequel il prétend viser et ajuster une voiture. Contestation vigoureuse de JL qui voit venir la demande d’argent. Et on va dans le bureau du chef. Lequel confisque le permis de conduire international de JL et réclame 120somonis. Réponse ferme : niet. Et JL retourne dans la voiture attendre que les choses évoluent. On commence à parler de déjeuner, mais il n’est que 11h30 et de toutes façons, le chef appelle JL, lui rend son permis et demande de l’argent. Réponse non moins ferme : niet. Et nous repartons sur la route qui maintenant n’est plus asphaltée et dons pleine de trous et de poussière. A un autre barrage, le flic fait signe de stopper, mais ne se déplace pas pour venir dire ce qu’il veut. JL redémarre et rien ne se passe.

Roghun, nous regardons ébahis les crassiers d’une mine et d’une carrière. Le chantier est énorme.

10km plus loin, un cycliste routard est arrêté à l’ombre d’un arbre. C’est Nigel Smith, un Australien de 60 ans qui sillonne le monde depuis 6 ans et a parcouru 65000km. Il a visiblement besoin de parler, on ne peut plus l’arrêter. Il nous donne l’info qui nous manquait : les crassiers sont dus au chantier du barrage de Roghun, qui va permettre de turbiner le Khingob et probablement d’en détourner le cours pour de l’irrigation et donc assécher encore plus l’Amou Darya et la mer d’Aral. Lui non plus n’a pas accepté de payer les flics. Il faut dire que nous sommes arrêtés au minimum tous les 50km, et qu’il y a encore plus de barrages qui ne nous stoppent pas. Les locaux sont véritablement ponctionnés. Déjeuner sur le lieu d’un marché abandonné, à l’ombre providentielle d’un arbre.

Un peu plus tard, nous doublons une jeune cycliste suisse qui peine un peu dans les chaos et la poussière. Partis de Suisse, elle et ses copains envisagent d’aller à Pékin et de retourner en Suisse avec le Transibérien. Nous doublons les copains un peu plus loin. Il y a quand même quelques passages un peu folklos quand même…

2 barrages de police plus loin, nous stoppons dans le lit très élargi du torrent pour la nuit. Un peu de circulation en début de nuit.

J57 15/07/2017 L’eau du Tadjikistan

 

Ce matin, c’est la frénésie afin de terminer les posts du blog pour que Corentin puisse les mettre en ligne. Nous allons partir sur la route du Pamir, et ne savons pas quand nous pourrons nous connecter de nouveau. Donc, piscine d’abord, petit déjeuner excellent ensuite, en compagnie d’un Allemand et d’un Chinois sismologues que nous n’avions pas remarqués au dîner la veille à la table voisine. Discussion très intéressante sur notre voyage et la route du Pamir. Confirmation nette que la route du Sud est coupée par des inondations et ne sera pas en état avant plusieurs jours. Confirmation aussi que la route de l’Est comprend une portion non asphaltée dangereuse en temps de pluie, car il y a alors des chutes de pierres en plusieurs endroits (fonds de vallées, d’après ce que nous avons compris). En, gros, sauf à faire un détour de plusieurs centaines de km -et encore- il n’y a qu’une alternative : prendre la route de l’Est ou abandonner le projet. L’Allemand, qui vient d’acheter le même véhicule que le nôtre, garantit que nous pouvons passer sans problème, avec précautions. L’Américain de la veille, rencontré sur la terrasse, reprend les mêmes discours. Au Sud, pas de passage pour l’instant, à l’Est c’est bon, mais il faut être prudent. Pour la suite, après Khorog, Il y a 2 pompes à essence à Murgob, mais personne ne sait si elles ont du gazole. Il faut demander à Khorog.

Après toilette et envoi à Corentin des posts à jour, chargement des photos à jour, et paiement de la note (CB), nous voilà repartis.

Petit tour à Auchan pour faire des courses nécessaires pour 2 jours et ce qu’on ne trouvera pas ailleurs (confiture). Le parking couvert est payant, dehors c’est gratuit. Et finalement il est midi, nous déjeunons dans une des cafeterias dans le centre commercial. Amusant de voir des parents arriver avec des enfants n’ayant jamais vu un escalator.

Un dernier tour des grandes avenues de Douchanbé pour prendre quelques photos, et nous voilà en train de chercher une pompe à essence. Nous payons nos 82 litres de gazole 6 TS/l, l’équivalent de 0,61€/l, 15 % plus cher que 100km plus au Nord. Combien paierons-nous dans le Pamir ?

Nous filons vers la retenue de Nourek, un peu en dehors de l’itinéraire, mais qui semble sympa. Arrivés dans le village de Nourek, c’est la déception, il y a bien un lac, mais sans grand intérêt et les maisons ex-soviétiques du village sont des repoussoirs. En regardant plus attentivement, nous voyons un geyser en amont du lac.

Il s’agit du déversoir du barrage. Quelle énergie perdue ! JL en revient tout trempé. Et nous découvrons qu’il y a un grand lac au dessus du petit. Au 3e essai, nous trouvons un chemin très poussiéreux qui descend jusqu’au lac, la vue est magnifique. Il y a là des pêcheurs, dont un parlant anglais parce qu’il a effectué une mission de 2 ans pour les Nations Unies dans le Darfour. Des troupeaux viennent s’abreuver et un berger vient nous parler avec sa mère. Anglais un peu hésitant, mais nous nous comprenons. Photo obligatoire avec un de ses amis de passage. La mère, 49 ans, n’a plus de dents de devant, et ne vient pas pour la photo.

Nuit calme, bercée par les grenouilles.

J56 14/07/2017 Les musées, pour une fois

Puisqu’il n’y a pas de réception à l’ambassade, nous regardons une partie du défilé à la télévision, sevrés que nous sommes depuis presque 2 mois, nous attrapons aussi une partie de la conférence de presse Trump-Macron, très intéressante pour le choix des termes de la langue de bois. Macron apprend vite…

Matinée dans le musée d’anthropologie de Douchanbé, guidé par une jeune femme parlant anglais et souhaitant pratiquer. Très intéressant, beaucoup d’originaux et surtout la discussion avec cette jeune femme montrant facilement le nationalisme dans le pays, l’aide de certains pays étrangers, l’histoire chahutée du siècle dernier.

 

 

 

 

 

 

 

Déjeuner dans une pizzeria ouvrière voisine tenue par Marcia, une Brésilienne très dynamique.

Après-midi repos au bord de la piscine (comment avons-nous pu faire sans durant tout ce temps?)

Dîner dans un restaurant de classe, très smart pour une fois.

Nuit calme sous la couette chez Marian.

J54 12/07/2017 Douchanbé

Aujourd’hui, nous avons décidé de nous dégourdir les jambes, et de découvrir un peu plus le pays et les gens en profondeur. C’est parti de bon matin, nous allons voir le village en haut de la vallée. Et cela démarre très fort, juste à côté du K6, par une ancienne route abandonnée pour cause de glissements de terrain. Une jolie vue sur le lac Iskander, puis le passage du col nous amène à un curieux lotissement de bâtiments que l’on dirait militaires. En fait, il s’agit de baraquements pour le logement d’ouvriers à la mine qui était exploitée plus haut, beaucoup plus haut. Notre route remonte en effet haut dans la montagne et nous découvrons les crassiers en étage sur le flanc de la montagne. Tout est arrêté maintenant, et ne restent ici que deux paysans qui veulent nous vendre du miel. Nous continuons vers le village envisagé au départ, en franchissant le torrent sur un pont routier plus branlant encore que celui d’hier avec le K6. Au village, il y a quelques maisons pauvres, et un magasin paraît-il.

L’accueil est froid, voire hostile, sauf des gamins espérant quelque gain. JL donne ses habituels chewing-gums, et l’un de ces gamins se colle à lui, bricole sa montre et doit être repoussé vigoureusement pour comprendre qu’on ne veut pas de lui. Le retour vers le K6 se fait par la « route » normale. Il fait maintenant chaud et c’est l’heure du déjeuner. Nous nous décidons pour un restaurant, il faut donc redescendre dans la vallée.

Un restaurant au bord de la rivière fait l’affaire, le patron nous invite dans la cuisine et nous choisissons dans les gamelles sur le feu.

Quelques km plus loin, nous quittons de nouveau la route pour remonter une vallée vers Anzob où nous laissons le K6 de nouveau pour monter vers Margheb à pied.

Le paysage est magnifique, nous suivons par l’ancienne route de Douchanbé le torrent et nous rencontrons même des ponts de neige au pied des couloirs d’avalanche.

A Margheb, nous sommes accueillis par le patron de la guesthouse Veterok, très déçu que nous ne soyons pas des grimpeurs venus d’exercer sur la paroi de 1200m qui domine le village. Nous lui achetons une tasse de thé et des petits gâteaux et redescendons vers le K6 dans la poussière de la route. Nous aurons fait quand même une trentaine de km à pied aujourd’hui, cela nous manquait.

Direction Douchanbé par la nouvelle route. Il fait maintenant nuit, la route est ponctuée de tunnels mal chaussés et il y a énormément de camions mal éclairés qui se doublent sauvagement alors qu’ils roulent à 40km/h maximum. Les conducteurs des voitures s’impatientent et doublent aussi n’importe comment, ce serait un joyeux chaos si ce n’était pas si dangereux, la route n’ayant aucune protection contre les chutes dans les ravins. De plus, entre les tunnels, il y a des travaux sous forme de grands rectangles de revêtement enlevés, attendant 5cm plus bas que le reste de la route que quelqu’un vienne pour remettre du goudron, ce qui fait faire des écarts importants aux véhicules le tout dans le noir avec des véhicules pas ou trop éclairés, bref, l’enfer.

Nous abandonnons l’idée d’arriver à Douchanbé le même jour et quittons la grand route pour remonter vers un sanatorium (?) dans la montagne. Un virage avec un terre-plein plat nous accueille pour la nuit, calme et sans trafic, avec les étoiles dans le ciel.