J38 26/06/2017 Les cratères de Darzava

Lever tôt. Nous n’avons pas envie de traîner dans cet environnement. Pas de petit déjeuner à la tchaïkhana à côté de l’hôtel ou au restaurant de la veille. Rien n’ouvre avant 09h. Décision est prise d’aller se rouler dans le luxe du Sofitel (dont nous apprendrons qu’il a été cédé au gouvernement). Nous payons le même prix que pour la nuit, mais l’environnement est très différent. C’est le 5 étoiles international, buffet bien garni, et surtout WiFi très performant puisqu’une fois compris qu’il marchait à droite de la table et pas à gauche, JL a pu transférer 70 photos en quelques minutes sur le NAS de la maison, une performance. Les emails à Corentin sont partis, les estomacs sont pleins, nous pouvons prendre la route du Karakoum. C’est une traversée du désert d’environ 500km pour rejoindre le site de Kounia-Ourgentch à la frontière de l’Ouzbékistan. Sortant de l’hôtel, à côté du K6, se trouve une Transalp attelée à un side-car immatriculée en Allemagne.

C’est un couple qui a pris son petit déjeuner avec nous, elle assez élégante nous regardant de façon ostensiblement méprisante. Surprise, ce sont de vrais baroudeurs voyageant de toutes les manières possibles et ayant déjà beaucoup de pays à leur tableau de chasse, inscrits sur la tablier du side-car. Ceci mis à part, ils sont très sympathiques et communiquent assez volontiers en anglais (nous saurons plus tard que le mépris provenait du fait que JL s’occupait de son ordinateur au petit déjeuner au lieu de s’occuper de sa femme, et qu’elle n’a compris ce qu’est le K6 qu’en nous revoyant le soir). Sortie d’Ashgabat, emplettes au marché de gros où on essaie de nous vendre des cerises au double du prix (dire qu’on nous en a offert 2kg en Iran !).

Retour à l’aéroport magnifique (bravo Bouygues) pour changer 50€ et découvrir que la première fois que nous avions changé, le changeur s’était roulé lui-même. Enfin, passage à la station essence pour garantir le plein au départ, au cas où il n’y aurait pas de gazole sur le parcours du désert (mauvaise info, il y a plusieurs stations). Sortie d’Ashgabat, route à 2 chaussées bien polie et signalée, avec même des réverbères kitsh en accord avec la ville. Au fur et à mesure des km, la prestation se dégrade. Déjeuner au bord de la route, sous un arbre et même avec de l’eau, une vanne d’un tuyau fuyant pas loin. Amusant, la route traverse un lac où il y a vraiment de l’eau, parce que des lacs signalés sur les GPS, il y en a eu, mais de l’eau, point. Arrivée dans la région des cratères de Darzava, la route n’est déjà plus qu’une « chaussée » pas mal déformée et largement ponctuée de nids de poule. Pour accéder au cratère principal (celui qui brûle), il faut partir dans le désert, sur une piste de sable. Le K6 se débrouille très bien, même à la montée assez raide d’une dune. Quand on arrive au bord du cratère, c’est un peu la déception. Il n’y a rien à voir. Il faut se pencher pour voir des flammes au fond.

C’est quand la nuit tombe que la magie commence.

Le trou s’éclaire en orange, parfois rouge. C’est très spectaculaire. Ces cratères ont semble-t-il été créés par les Russes lors d’exploration pétrolière mal conduites. Les Allemands de ce matin arrivent peu après le coucher du soleil, une panne et l’ensablement inéluctable du side-car les ayant retardés. Un 4×4 les a tirés et les retirera le lendemain pour 20$. La présence du K6 les étonne. Il y a dans les environs du cratère quelques touristes, moins de 10, et tout le monde se tient assez loin, il y a des émanations de gaz toxiques inodores qu’il faut éviter d’inhaler trop longtemps.

J37 26/06/2017 Rencontres et visite de Merv

Mots-clefs : Turkménistan, Merv, Turmens, russe, histoire,

Dans la nuit, un tracteur a erré dans les plantations, probablement pour traiter quelque chose d’inaccessible de jour. Nous nous réveillons tôt, et avalons notre petit déjeuner, un jeune homme lave une voiture devant l’un des bâtiments. Quand nous nous décidons à partir, il vient vers nous et nous invite à prendre le thé. Nous acceptons, dans l’idée de peut-être pouvoir visiter les immeubles et comprendre où nous sommes. Perdu et gagné, cette petite invitation se déroule dehors, sur un tapis sous les arbres, mais Françoise peut revoir sa copine de la veille au soir, et la discussion s’anime autour des enfants, des voyages, etc, le tout sur base de « dictionnaire » franco-russe et du livre de photos que F a fait tirer avant notre départ.

Le jeune homme est surtout intéressé par le K6. J’échange la visite du K6 contre la visite de la maison, et nous voilà partis. En fait, ces trois bâtiments sont des maisons construites par le père que nous voyons à peine, pour lui celle du milieu, pour 2 de ses fils les autres. Le fils qui nous guide est le n°4 et dernier de la fratrie qui compte aussi 4 filles. Tatiana, la « mère » n’est que la nouvelle épouse du père. Elle a 58 ans, le père 64. Nous visitons la maison, extraordinaire par les dimensions des pièces, et les arrangements, l’entrée majestueuse avec un escalier central qui se dédouble à mi-hauteur, une cuisine complète, la pièce à vivre d’au moins 70m2 et une seule chambre. Au 2e étage, une pièce pour lire au centre de la terrasse qui permet de voir le site archéologique et toute la région (mais pas de livres à l’intérieur), et au dernier étage, la salle de prière surmontée d’un dôme en plexiglas vert. En fait, le fils et sa femme vivent avec les parents du fils. Eux couchent dans la chambre, et les parents sur la terrasse. Dommage que les finitions ne soient pas au niveau, la maison serait parfaite. Nous avons du mal à partir, il faut accepter des abricots, des pommes et des prunes, des conserves et des concombres. Nous échangeons les adresses. Et nous quittons cette famille très accueillante. Peut-être aurons-nous des nouvelles.

Le site de Merv est très ancien. Il a été détruit et reconstruit plusieurs fois. Il en reste peu de chose par rapport à la grandeur passée, mais on peut se rendre compte de la taille de la ville et des monuments par les ruines des murs croulants existants. Depuis le site, on peut apercevoir les maisons de Tatiana avec leur dôme vert.

Il y a plusieurs enceintes qui restent, et faire le tour prend du temps. Quelques mausolées sont encore debout, probablement parce qu’ils font l’objet d’un culte constant, notamment ceux de 2 compagnons du prophète.

En repartant, nous traversons un marché aux bestiaux. On y traite de chameaux (pardon, de dromadaires), de vaches, de moutons, de chèvres et de poules. Il y a un monde fou, les transactions vont bon train, on peut lire le stress des vendeurs, et l’agressivité des acquéreurs. Finalement, les animaux sont traînés par les cornes ou tout autre partie saisissable dans le véhicule de l’acquéreur. Nous avons surtout vu des chariots tirés par des mules, mais aussi un veau entre les sièges de la Toyota Camry standard ici. Les chameaux sont les seuls à repartir libres d’entraves.

Pour déjeuner, nous stoppons près d’un lac alors que nous ne sommes pas encore revenus sur notre itinéraire imposé. JL ne peut pas s’empêcher de se baigner, et au moment où il se rhabille, des policiers arrivent. Nous ne comprenons pas ce qu’ils demandent, les remercions pour leur aide et faisons signe que nous partons. On en reste là. En route pour Ashgabat, la route est bonne, et les contrôles routiers ne nous tracassent pas.

Ashgabat, c’est très curieux. Au premier abord, on a l’impression d’entrer dans un décor hollywoodien pour une série aseptisée et irréelle. Tout est blanc. Puis on se rend compte que chaque bâtiment a une fonction que nous avons de la peine à percevoir, les mots nous étant totalement inconnus. Et enfin, on voit le reste du décor, qui est constitué de vieux bâtiments soviétiques alignés et en mauvais état. Il y a peu de circulation, et pourtant des policiers à tous les carrefours. Les voitures respectent le code à la lettre.

Au bout d’une heure de visite en voiture de cet environnement, nous cherchons un hôtel, sachant que nous n’aurons pas de WiFi cette fois-ci. Le Dayan fait l’affaire à 40$ la nuit pour deux dans des lits crasseux séparés, avec une salle de bains indigne mais dont les WC et la douche sont utilisables.

Dîner dans le jardin de l’hôtel, un lieu branché où les femmes turkmènes si élégantes dans leurs robes traditionnelles sont habillées comme des occidentales, jupes courtes ou jeans. Étonnant. Ce restaurant a un WiFi mais il est utilisé uniquement par les serveuses pour transmettre les commandes. Dîner turkmène, avec des soupes et des boulettes de viande arrosées de bière locale dans une ambiance musicale disco où se succèdent Dylan, les Beatles, des locaux, et même Nathalie de Bécaud, 100dB au moins.

Nuit calme après avoir débranché l’air conditionné.

J41 29/06/2017 Entrée en Ouzbékistan et Noukous

A 9h, ouverture de la douane, cela fait déjà 1h que nous avons avancé le K6 devant la barrière. Accueil plutôt agréable, mais cela reste professionnel. Les papiers se font un peu bizarrement, nous sommes seuls face aux formulaires pas très clairs. Nous ne déclarons que les devises que nous avons sur nous. La carte grise du K6 est examinée sous toutes les coutures, les passeports tripotés dans tous les sens. En jetant un coup d’oeil sur le registre des entrées, on ne voit que très peu de gens. Il n’y a aucun véhicule. La veille aus soir, peu avant la fermeture de la douane, 2 femmes sont passées, faisant du trafic à la frontière. Aujourd’hui, une seule dans l’autre sens. Ces douaniers ne sont pas surchargés par le travail. Inspection du véhicule, nous avons affaire à des curieux plus qu’à des inspecteurs. Pourtant, l’un plus rusé que les autres demande ce qu’il y a dans le caisson du côté droit du K6 (la marquise), JL se méprend et ouvre le toit. Ébahissement, c’est tout juste si le chef des douaniers n’est pas monté dans le toit pour voir. Il a fallu tout sortir cu coffre, mais ils n’ont pas vu les médicaments, donc pas posé de questions. Appareils photos examinés aussi, les photos les ont beaucoup intéressés. L’un dans l’autre, nous y passons 2h.

Quelques km après la douane, visite d’un site ancien en ruines.

Au premier village, nous longeons un marché. Après réflexion, nous entrons avec le K6 pour faire quelques achats de fruits et changer l’argent. Au fond de la 3e cours, un vendeur de vêtements accepte de reprendre les manats. Il change les 104 manats restants pour 83000sums, donc 1€=3192soms et nous sommes contents, le taux officiel que JL a noté est 3500, il ne semble pas y avoir de perte.

Pour le déjeuner, nous achetons 1 sumsa sur le même marché pour 5000 sums, et cela fait le repas (1,5€) avec quelques abricots. Puis nous roulons vers Noukous, capitale de la république du Karakalpakstan, nous visons l’hôtel le plus vite possible. Les activités de l’après-midi : douche et rattrapage retards CR et photos, la connection est rapide et stable.

JL essaie de traiter le pb des frais pour la Chine. Il faut appeler le service clients d’HSBC qui refuse de répondre aux appels via Skype ou Viber. La dernière solution consiste à imprimer un document, le signer, le scanner et le renvoyer par fax (obligatoire!??) à Paris. On y arrive avec 1$.

En fin d’après-midi, en allant voir le bazar, nous repérons 2 routards sortant du musée. Ce sont 2 jeunes Anglais (lui Irlande du nord, elle anglaise) à motos, 2 Honda 400 monocylindres surchargées. Ils viennent de la mer d’Aral et elle est tombée sur la piste. Mais le moral va bien, ils sont sur la même route que nous. Visite du bazar, puis nous rentrons à pied pour un dîner dans le K6. Mais sur le chemin du retour à l’hôtel, un homme qui prépare le dîner sur son trottoir nous invite à manger le plov familial. Comme nous sommes intéressés de manger un plov,nous acceptons. L’accueil est très chaleureux, la communication facile, le fils parle très bien l’anglais. Une bouteille de vin fait son apparition, et du coup, il faut rentrer pour manger et boire, occasion de visiter la maison. 2 grandes pièces de réception immenses, totalement vides, à l’exception des tapis et de futons. Décoration super kitsch. Dîner entre hommes avec Françoise. Cet homme est commissaire de police et a été muté de Tachkent à Noukous il y a moins d’un an.

C’est un peu le portrait du commissaire Maigret. Détail amusant : il est né le 8 mai. Le plov est excellent, le reste du dîner aussi, le vin ouzbek par contre…

Quelques informations glanées au fil de repas : il y des pompes qui vendent du gazole, contrairement à ce qui est communément dit. Nous saurons plus tard qu’il y a 2 types de GO, et qu’il faut choisir le plus cher pour le K6. L’eau est définitivement imbuvable en Ouzbékistan. Il faut acheter des bouteilles ou des bonbonnes recyclées. Nous nous quittons sur le trottoir, après avoir découvert que le dîner des femmes (sans alcool) se déroulait en même temps dehors.

J40 28/06/2017 Kounia-Ourgentch et la sortie du Turkménistan.

 

Lever tôt, réveillés par le muezzin. En route pour le site archéologique qui est dispersé sur une assez grande surface. Nous décidons de marcher car il ne fait pas encore très chaud.

De mausolée en ruines de mosquées et un minaret impressionnant de hauteur et en virgule au sommet, nous essayons de nous figurer ce qui a fait que cette ville a été rasée 2 fois et que les habitants l’ont reconstruite à chaque fois. Il y a de l’eau, c’est un peu la porte nord du désert du Karakoum. Ce n’est pas une ville, il n’y a aucune infrastructure, un seul hôtel minable, une mosquée en reconstruction.Du caravansérail du 13e siècle ne reste que le portail d’entrée, bien abîmé et squatté par les chauve-souris et les hirondelles. Les dimensions du lieu semblent avoir été importantes, mais il n’y a plus que de vagues tas de terre. Tout le site abrite des tombes. Gengis Khan avait liquidé là les habitants qui n’avaient pas voulu laisser leur ville et avaient brûlé les barbes des émissaires du chef mongol. A partir de 10h, le site se peuple de Turkmènes qui vont en pèlerinage et prient près de tous les monuments. Pour les aider dans leurs prières, un diseur de textes religieux se trouve toujours là pour réciter des versets du Coran et récolter quelques manats. Nous partons en quête de gazole, d’eau pour le réservoir et d’air pour les pneus avant qui ont bien souffert la veille. Pour ces trois consommables que l’on trouve dans un même lieu en France, il nous faut trouver le fournisseur adequat. Le gazole est à la station hors la ville. L’air chez un « vulkanizer » qui pour 1 manat regonfle nos pneus. Pour l’eau, c’est à la Police que se trouve le tuyau d’eau buvable, test à l’appui. Au retour, en passant devant le site, nous retrouvons nos amis de la veille.

Puis nous visitons le marché et déjeunons dans un tchaïkana pour 4 manats (1€).

Ensuite, force est de constater que nous n’avons plus rien à faire ici et nous nous acheminons vers le lieu de notre nuit : la frontière. Nous allons dormir dans la zone franche dont un policier nous a dit la veille qu’elle comporte tout ce dont on a besoin, toilettes, eau, etc.

Le K6 est fouillé cette fois-ci de fond en comble, il a fallu tout sortir. La raison est que le douanier a trouvé un Coran qui nous a été donné en Turquie et qu’il soupçonne que nous sommes des porteurs de propagande islamique, ce qui nous surprend. Ils cherchent donc des armes et des bouquins. Finalement, cela se termine comme d’habitude, avec des sourires, tout va bien. Sauf qu’en passant la barrière vers l’Ouzbékistan, pour éviter le trou énorme à droite, JL tourne le volant légèrement à gauche et érafle le bas de caisse du K6 avec une grosse borne qui dépassait du trottoir. 50m plus loin, il faut s’arrêter, les douaniers Ouzbèques consultés refusent le passage, il faut bel et bien dormir dans ce marécage de 100m de large qui constitue la zone franche et où, bien entendu, il n’y a rien, que 3 épaves de voitures russes qui n’ont pu aller plus loin, et nous.

Nous aurons la visite d’un chien qui passe la frontière sans passeport et sans visa puis d’un lapin, itou, tout gris un peu effarouché, vers 20h un ouzbèque nous interpellera, nous venons juste d’ouvrir le toit, il échangera quelques mots avec JL Est-ce le gardien de nuit ? Sans doute et il s’ennuie déjà mais une grande grille nous sépare. Des chiens jappent ils semblent enfermés dans un enclos, bienvenue au club les chiens, pourvu que cela ne dure pas toute la nuit. Le soleil se couche il est temps de préparer un repas.

J39 27/06/2017 La route du désert du Karakoum

Lever tôt le matin (6h), nous sommes bien décidés à profiter du 4×4 de remorquage des Allemands pour nous assurer la remontée d’une côte un peu raide et très brassée. Surprise, ils sont déjà partis. Nous nous lançons donc immédiatement, il reste 2 4×4 autour du cratère. Ensablement à 20m du haut de la côte. Un camion s’arrête et s’engage à nous aider à son retour (il est plein d’eau). UnTurkmen à moto s’arrête et commence à négocier. Si nous pouvons redescendre, il peut nous montrer un autre chemin moins raide. On fait le deal pour 50 manats, environ 13€. Effectivement, en poussant un peu, le K6 redescend, et nous faisons un grand tour sans problème.

Sur le reste de cette route du Karakoum, la seule chose à rapporter, c’est que si le cratère s’appelle la porte de l’enfer, c’est sur la route qu’est l’enfer. Elle est défoncée et il faut zigzaguer entre les trous pour passer sans rien casser. Déjeuner au milieu du désert, sur la « chaussée » non goudronnée de droite.

Environ 140km avant Kounia-Ourgentch, un embranchement sur la gauche signalé par une arche improbable dans ce paysage désolé nous attire, et nous nous rendons à un mausolée où un couple (?) se séparant d’un groupe nous accueille et demande d’être pris en photo.

De fil en aiguille, nous sommes invités à prendre le thé et rencontrons toute la famille. Enesh (?) est le cœur du groupe qui est là en pèlerinage à ce sanctuaire célébrant un musicien culte au Turkménistan car elle est chanteuse-danseuse. Ils ont bien pris une centaine de photos avec nous. Communication très difficile sans langue commune. JL se retrouve avec le chapeau turkmène de l’homme sur la tête sans pouvoir refuser. Visite et au revoir. Nous les reverrons le lendemain avant de quitter Kounia-Ourgentch. Grosses bises chaleureuses.

Le tronçon entre l’embranchement vers Dashoguz et Kounia-Ourgentch est le pire. 50Km/h maxi sous peine de tout casser, poussière et sable car nous utilisons la plupart du temps des pistes en terre qui longent la route. Nous arrivons fourbus et recherchons l’hôtel. On nous annonce 40$ pour une chambre à la campagne, et nous reculons. Cet hôtel n’a aucun intérêt pour nous. Un militaire rencontré sur la route de la frontière nous indique que nous pouvons loger gratuitement dans une des mosquées de la ville. Erreur, nous ne sommes ni musulmans, ni migrants, on nous refoule. Nous dormirons donc sur le parking de cette mosquée, profitant des toilettes. Dîner sur la terrasse d’un restaurant turkmène tenu par un Russe de Moscou, 13€ pour 2, avec les bières locales (moins bonnes qu’à Ashgabat).

Nuit très calme à part un combat de chiens à 2h et le Muezzin de 5h. Un peu perturbés cependant car nous venons de découvrir que le Turkménistan nous a rabioté un jour, et que le visa de l’Ouzbékistan n’est donc valable que le lendemain de notre dernier jour autorisé au Turkménistan…

J36 24/06/2017 Frontière Iran – Turkménistan

Lever tôt, le soleil est là, le paysage étant plat, les montagnes on disparu à l’horizon. Petit déjeuner dans le K6, nous sommes au bord d’un chemin et il y a beaucoup de poussière. Un homme à moto s’approche, puis fait demi-tour. Évidemment, quelques minutes plus tard, un gros 4×4 militaire fait son apparition. Passeports, etc. Il faut les suivre. Cette fois-ci, nous disons non. Si nous n’avons rien fait d’illégal, nous voulons terminer notre petit déjeuner. Et ils attendent, tous les 3, dont l’un avec une mitraillette. Lavage de dents, vaisselle, nous bouclons tout tranquillement. Et finissons par suivre le 4×4 qui nous emmène…à la station service à l’entrée de la route de la frontière et nous quitte avec un grand sourire. Quelques fois, il vaudrait vraiment mieux que l’on puisse se comprendre !

Sortie d’Iran, 2,5h de palabres, attentes, vas-et-vients, c’est long mais tout se passe bien, dans l’environnement habituel : bâtiment plus tout jeune, absence de mobilier, informalité des uniformes. Juste un problème, JL est enfermé dans un bureau avec un homme sans uniforme qui se prend très au sérieux, et un interprète. Beaucoup de questions sur notre itinéraire, puis viennent des questions plus gênantes. Avons-nous des contacts en Iran ? Où ? Et finalement qui ? Là, JL se lève et déclare qu’il ne veut pas répondre à ces questions, qu’il ne sait pas qui est en face de lui et que si l’on veut continuer, il veut appeler l’ambassade de France pour savoir quels sont ses droits. Immédiatement, il est poussé hors du bureau et une bonne heure d’attente commence, qui finira dans les bureaux de la police, où les mêmes questions seront posées, sauf les demandes de noms. Et nous sommes libres. Il s’agissait probablement d’un gardien de la révolution qui cherchait à se faire mousser en fournissant quelques noms de personnes en contact avec des étrangers.

Nous franchissons le pont métallique sur la rivière et nous engageons dans le chemin pour aller à la douane turkmène. Ce chemin est défoncé, les camions avancent au pas, et nous aussi. En fait, il y aune nouvelle route toute neuve avec un nouveau pont, mais elle n’est pas finie, ou pas encore inaugurée, et nous passons à côté.

Au Turkménistan, le bâtiment est neuf, moderne et propre. Administratif et vide. Très peu de gens passent là, car les chauffeurs de poids-lourds discutent ailleurs. On ne s’adresse qu’à JL. Il semble que le système est moderne, écrans plats, caméras de prise de photo d’identité, capteur d’empreintes digitales,etc. Mais l’opérateur en face de JL semble ne pas savoir se servir du logiciel, il passe un temps fou à taper sur son clavier. Puis in va s’occuper de passagers dans l’autre sens, revient, hésite. Il a fallu déjà passer 2 fois à la banque, 38$ pour « immigration », puis 100$ (?), puis 10$, probablement pour usage du GPS. Enfin, nous avons les visas sur les passeports, remplaçant la lettre d’invitation obtenue via le consulat à Paris. On fait signe de passer au guichet suivant. Là, on découvre qu’il y a des fonctionnaires où tout était vide auparavant. C’était l’heure du déjeuner ! Nous aurions bien aimé manger, mais pas dans le K6 planté devant la porte en plein soleil. JL veut le déplacer à l’ombre. Interdit. JL passe de guichet en guichet, le long d’un comptoir, en faisant glisser ses papiers d’un fonctionnaire au suivant. C’est comique. IL s’agit d’enregistrer le K6 au Turkménistan et de l’assurer 5 jours. Dernier guichet, passage à la case banque de nouveau, 126$ cette fois-ci, et des beaux, pas froissés, pas déchirés, pas annotés. C’est fini. On peut avancer le K6 derrière un camion qui lui est à l’ombre sous un toit. Il y a 6 voies sous le toit, mais nous devons attendre au soleil. JL râle, le chef vient, on lui montre le thermomètre de la montre de JL (tu vois Fabien, finalement, cela sert) qui indique 46°C en hausse régulière depuis que nous sommes sortis du bâtiment. Il comprend, nous fait passer à côté, une équipe de 5 ou 6 bonshommes tournent autour du K6, les portes sont ouvertes, le chef monte dedans, JL dit sans les chaussures, il redescend et c’est fini.

6h15 en tout, c’est un record pour nous. Évidemment, pas de photo pour montrer tout cela.

Au Turkménistan, il y a des dromadaires (ils n’ont qu’une seule bosse). Nous n’avons pas compris exactement à quoi ils peuvent servir, mais il y en a.

Pas de pain, il nous faut changer vite de l’argent. La gare de Mary semble être le bon endroit pour trouver un changeur le samedi. C’est le désert. La gare est grandiose, mais il semble n’y avoir aucun train. Un homme se présente, et veut bien changer des Euros en Manats. Le guide dit 1€=3,85TM. L’homme dit 100€=3300TM. JL ne retient que les chiffres significatifs, proteste, obtient 3400. Nous partons sans changer, cette situation est incompréhensible. Dans un hôtel, le gardien veut aider et nous renvoie au même homme. Nous changeons 50€ pour 340TM. Dans les stations service, le GO est à 0,94, ce qui le met à 0,14€, conforme à ce que nous attendions avec le change appliqué par l’homme. Si vous avez compris, vous nous expliquez.

Le pain est à 1TM.

Dans les procédures d’immigration, notre séjour autorisé s’est réduit d’un jour : nous devons ressortir le 28 au lieu du 29. Et sur l’enregistrement du K6, l’itinéraire est mentionné, Mary n’y figure plus. Nous somme donc là probablement illégalement. Nous faisons en sorte de ne pas nous faire contrôler aux nombreux barrages routiers rencontrés, et allons jusqu’à Merv pour trouver un coin pour dormir. Nous suivons un chemin qui mène à des arbres, et entrons dans un endroit où se trouvent 3 bâtiments pratiquement identiques et une cabane de gardien au fond du terrain. Le gardien est là et nous accepte pour la nuit, nous invite à dîner. Sa femme est là, le dîner est rapidement servi sur le lit en bois à l’extérieur de la cabane. Deux autres femmes viennent avec un peu de nourriture pour compléter le menu, nous apportons des courgettes, des saucisses turques et un oignon, et on commence à discuter avec l’aide d’un simili dictionnaire de russe. Françoise sympathise immédiatement avec la moins jeune qui doit avoir à peu près notre âge. Les 2 femmes repartent et nous finissons à la lumière d’une ampoule, dévorés par les moustiques. Ensuite, le gardien nous montre ce que nous prenons pour son domaine, les lieux semblent peu utilisés, et nous avons compris que les 2 femmes sont des « locataires » dans l’un des bâtiments. Le domaine est utilisé comme une ferme, avec 5 vaches et 2 veaux, des poules, et beaucoup d’arbres fruitiers, abricotiers, pruniers, pommiers, etc. Il y a aussi un drôle de bassin avec des monuments (fontaines?) figurant des dauphins) Nous allons dormir après ablutions tous nus sous les arbres avec l’eau d’un tuyau.Il fait totalement nuit. C’est très calme.