J59 17/07/2017 La journée des Français

 

Les premiers véhicules passent vers 5h, mais le soleil se lève bien plus tard dans ce fond de vallée. Et nous aussi. Finalement, nous attaquons la montée vers le col. Dans la montée, Une autre jeune cycliste peine un peu, la chaussée est très dégradée. Nous nous arrêtons à sa hauteur, c’est une Française de Chambéry. Elle est partie en février de France et a suivi avec son copain le même itinéraire que nous. Un 3e larron les a rejoints à Samarcande et leur intention est de parcourir la route du Pamir et d’entrer en Chine par le col d’Irkeshtam pour rejoindre Pékin et rejoindre Hong-Kong en un mois. Les deux copains sont plus loin, et nous discutons un peu, le temps qu’elle les rejoigne. Quelques km plus loin, c’est un camion d’essence qui a failli partir dans le ravin en prenant un virage un peu court.

La chargeuse qui refait la route au dessus de lui pour le ressortir nous laisse gentiment passer. Impressionnant, et probablement plus encore pour le chauffeur. Plus haut, un 4×4 Toyota nous croise, avec une immatriculation dans la Loire. C’est un couple de notre âge qui vient du Pamir. Apparemment, la route du Pamir n’est pas pire que celle-ci. Bon, nous sommes rassurés, car le K6 a touché 2 fois, et c’était un peu juste dans 2 passages critiques. Nous passons le col à 3258m sans encombre. En bas de la descente, au barrage de police, nous rencontrons un autre couple de Français du Périgord qui voyage dans un Land-Rover avec cellule. Encore discussion sur l’état des routes, les solutions techniques adoptées, au point que les flics sont obligés de nous demander de dégager le barrage, d’autres voitures ayant la prétention de passer.

Nous nous arrêtons un peu plus avant Kalai Khum, dans un petit coin idyllique au bord du torrent. Toilette du K6, déjeuner et bain dans le torrent pour JL. L’eau est très froide évidemment, mais très propre.

A Kalai Khum, nous revoyons nos Français cyclistes et 4X4 qui nous ont doublés lors de notre arrêt déjeuner. Nous partons directement sur la M41 qui doit nous emmener jusqu’à Osh au Kirghistan. A partir de là, et pour au moins 2 jours compte tenu de la qualité de la route, nous longeons la frontière avec l’Afghanistan. Un peu émus quand même au début, nous nous étonnons du manque de communication entre les deux rives de la rivière.

Une trentaine de km de chaos et nids de poule plus loin, dans un village, un camion Renault immatriculé en Gironde est arrêté capot ouvert. C’est un couple de jeunes qui voyage depuis quelques années avec leur 2 chiens. Ils espèrent aller jusqu’en Mongolie, mais très lentement, probablement l’an prochain. Leur problème actuel est le support du vérin de commande de l’embrayage dont les vis de fixation ont cassé et qui doit donc être soudé. Peut-être tout-à-l’heure, peut-être demain. Les 2 Français en 4×4 nous ayant rejoints, la discussion se fait alors à 6.

Il est 18h30 quand nous entrons dans Laksh et trouvons rapidement le mécanicien du village pour nous aider à traiter un problème de vilain bruit à l’avant gauche.

Après 1/2h de démontage et sondage du train avant, Françoise suggère que le bruit pourrait provenir des manilles attachées à la sangle de remorquage que JL a placée sur la batterie. Bon, nous nous en tirons avec 20TJS, environ 2€. Nous verrons bien demain si c’était la solution.

Comme nous avons terminé l’investigation à 20h30, le camp est dressé dans le village, sur la place principale et unique. Il y a pas mal de vent.

Nous avons fait 138km de route défoncée.

J58 16/07/2017 Le choix de la route Nord

Le soleil nous réveille tôt, la routine du matin est effectuée rapidement, il n’y a aucun point d’intérêt à considérer. Nous voilà donc partis à remonter le mauvais chemin qui nous a menés au bord du lac la veille. Reprise de la route en sens inverse jusqu’à Vahdat. Décision rapidement confirmée : nous filons sur la route dite du Nord, pour ne pas prendre le risque d’être bloqués dans le Sud à attendre les réparations suite aux inondations. C’est une grande route bien asphaltée et sans problème que nous suivons sur une trentaine de km. Peu avant Roghun, JL qui conduit est arrêté à un barrage de police. On lui reproche un excès de vitesse mesuré par radar portable. Il faut imaginer le flic avec une espèce de pistolet qu’il manœuvre comme Butch Cassidy et avec lequel il prétend viser et ajuster une voiture. Contestation vigoureuse de JL qui voit venir la demande d’argent. Et on va dans le bureau du chef. Lequel confisque le permis de conduire international de JL et réclame 120somonis. Réponse ferme : niet. Et JL retourne dans la voiture attendre que les choses évoluent. On commence à parler de déjeuner, mais il n’est que 11h30 et de toutes façons, le chef appelle JL, lui rend son permis et demande de l’argent. Réponse non moins ferme : niet. Et nous repartons sur la route qui maintenant n’est plus asphaltée et dons pleine de trous et de poussière. A un autre barrage, le flic fait signe de stopper, mais ne se déplace pas pour venir dire ce qu’il veut. JL redémarre et rien ne se passe.

Roghun, nous regardons ébahis les crassiers d’une mine et d’une carrière. Le chantier est énorme.

10km plus loin, un cycliste routard est arrêté à l’ombre d’un arbre. C’est Nigel Smith, un Australien de 60 ans qui sillonne le monde depuis 6 ans et a parcouru 65000km. Il a visiblement besoin de parler, on ne peut plus l’arrêter. Il nous donne l’info qui nous manquait : les crassiers sont dus au chantier du barrage de Roghun, qui va permettre de turbiner le Khingob et probablement d’en détourner le cours pour de l’irrigation et donc assécher encore plus l’Amou Darya et la mer d’Aral. Lui non plus n’a pas accepté de payer les flics. Il faut dire que nous sommes arrêtés au minimum tous les 50km, et qu’il y a encore plus de barrages qui ne nous stoppent pas. Les locaux sont véritablement ponctionnés. Déjeuner sur le lieu d’un marché abandonné, à l’ombre providentielle d’un arbre.

Un peu plus tard, nous doublons une jeune cycliste suisse qui peine un peu dans les chaos et la poussière. Partis de Suisse, elle et ses copains envisagent d’aller à Pékin et de retourner en Suisse avec le Transibérien. Nous doublons les copains un peu plus loin. Il y a quand même quelques passages un peu folklos quand même…

2 barrages de police plus loin, nous stoppons dans le lit très élargi du torrent pour la nuit. Un peu de circulation en début de nuit.

J57 15/07/2017 L’eau du Tadjikistan

 

Ce matin, c’est la frénésie afin de terminer les posts du blog pour que Corentin puisse les mettre en ligne. Nous allons partir sur la route du Pamir, et ne savons pas quand nous pourrons nous connecter de nouveau. Donc, piscine d’abord, petit déjeuner excellent ensuite, en compagnie d’un Allemand et d’un Chinois sismologues que nous n’avions pas remarqués au dîner la veille à la table voisine. Discussion très intéressante sur notre voyage et la route du Pamir. Confirmation nette que la route du Sud est coupée par des inondations et ne sera pas en état avant plusieurs jours. Confirmation aussi que la route de l’Est comprend une portion non asphaltée dangereuse en temps de pluie, car il y a alors des chutes de pierres en plusieurs endroits (fonds de vallées, d’après ce que nous avons compris). En, gros, sauf à faire un détour de plusieurs centaines de km -et encore- il n’y a qu’une alternative : prendre la route de l’Est ou abandonner le projet. L’Allemand, qui vient d’acheter le même véhicule que le nôtre, garantit que nous pouvons passer sans problème, avec précautions. L’Américain de la veille, rencontré sur la terrasse, reprend les mêmes discours. Au Sud, pas de passage pour l’instant, à l’Est c’est bon, mais il faut être prudent. Pour la suite, après Khorog, Il y a 2 pompes à essence à Murgob, mais personne ne sait si elles ont du gazole. Il faut demander à Khorog.

Après toilette et envoi à Corentin des posts à jour, chargement des photos à jour, et paiement de la note (CB), nous voilà repartis.

Petit tour à Auchan pour faire des courses nécessaires pour 2 jours et ce qu’on ne trouvera pas ailleurs (confiture). Le parking couvert est payant, dehors c’est gratuit. Et finalement il est midi, nous déjeunons dans une des cafeterias dans le centre commercial. Amusant de voir des parents arriver avec des enfants n’ayant jamais vu un escalator.

Un dernier tour des grandes avenues de Douchanbé pour prendre quelques photos, et nous voilà en train de chercher une pompe à essence. Nous payons nos 82 litres de gazole 6 TS/l, l’équivalent de 0,61€/l, 15 % plus cher que 100km plus au Nord. Combien paierons-nous dans le Pamir ?

Nous filons vers la retenue de Nourek, un peu en dehors de l’itinéraire, mais qui semble sympa. Arrivés dans le village de Nourek, c’est la déception, il y a bien un lac, mais sans grand intérêt et les maisons ex-soviétiques du village sont des repoussoirs. En regardant plus attentivement, nous voyons un geyser en amont du lac.

Il s’agit du déversoir du barrage. Quelle énergie perdue ! JL en revient tout trempé. Et nous découvrons qu’il y a un grand lac au dessus du petit. Au 3e essai, nous trouvons un chemin très poussiéreux qui descend jusqu’au lac, la vue est magnifique. Il y a là des pêcheurs, dont un parlant anglais parce qu’il a effectué une mission de 2 ans pour les Nations Unies dans le Darfour. Des troupeaux viennent s’abreuver et un berger vient nous parler avec sa mère. Anglais un peu hésitant, mais nous nous comprenons. Photo obligatoire avec un de ses amis de passage. La mère, 49 ans, n’a plus de dents de devant, et ne vient pas pour la photo.

Nuit calme, bercée par les grenouilles.

J56 14/07/2017 Les musées, pour une fois

Puisqu’il n’y a pas de réception à l’ambassade, nous regardons une partie du défilé à la télévision, sevrés que nous sommes depuis presque 2 mois, nous attrapons aussi une partie de la conférence de presse Trump-Macron, très intéressante pour le choix des termes de la langue de bois. Macron apprend vite…

Matinée dans le musée d’anthropologie de Douchanbé, guidé par une jeune femme parlant anglais et souhaitant pratiquer. Très intéressant, beaucoup d’originaux et surtout la discussion avec cette jeune femme montrant facilement le nationalisme dans le pays, l’aide de certains pays étrangers, l’histoire chahutée du siècle dernier.

 

 

 

 

 

 

 

Déjeuner dans une pizzeria ouvrière voisine tenue par Marcia, une Brésilienne très dynamique.

Après-midi repos au bord de la piscine (comment avons-nous pu faire sans durant tout ce temps?)

Dîner dans un restaurant de classe, très smart pour une fois.

Nuit calme sous la couette chez Marian.

J55 13/07/2017 Allons enfants…

 

Debout dès l’aube, nous sommes réveillés par les voitures qui montent la route pour le probable établissement de repos qui se trouve là-haut et que nous n’irons pas voir. Les camions sur la route dans la vallée se sont calmés, nous n’entendons plus rien. Nous redescendons et faisons faire une toilette au K6 crotté jusqu’au toit. Haha, très bien, il commence à pleuvoir, vous imaginez la suite, car il reste une bonne cinquantaine de km jusqu’à la capitale, et les camions qui transportent de la terre, cela fait de la boue. Douchanbé, quelques objectifs à remplir. Trouver l’ambassade pour s’enregistrer sur Ariane car nous n’avons pas pu le faire par téléphone. Nous enregistrer à l’OVIR et trouver du gazole dont le prix n’a pas cessé d’augmenter au fil des km de la veille. Trouver un hôtel acceptable pour 2 nuits que nous voulons passer ici, Françoise ayant besoin de repos (légère tourista). Ambassade (nous avions le secret espoir d’être invités pour la garden party du 14/07) : chou blanc. Il n’y a là que 2 Français, pas de réception le lendemain pour les Français, et pas de communauté française à laquelle se rattacher. Quant à Ariane, comme il n’y a plus de consulat, il faut simplement oublier. OVIR : chou blanc. Nos infos étaient erronées, puisque nous bénéficions d’un visa électronique, rien à faire avant 45 jours. Nous décidons de laisser le problème du gazole pour le départ et jetons notre dévolu sur la guesthouse Marian’s pour le séjour (piscine et lessive incluses dans le prix négocié de 75€/nuit, y compris wifi et petit déj). C’est les vacances, nous ne ressortons que pour les courses avant le dîner dans la chambre. Les courses à Auchan voisin (tout neuf, bizarre dans son environnement) pour une salade grecque et des yaourts, dîner rapide et nuit confortable dans un lit de 200 et l’air conditionné.

J54 12/07/2017 Douchanbé

Aujourd’hui, nous avons décidé de nous dégourdir les jambes, et de découvrir un peu plus le pays et les gens en profondeur. C’est parti de bon matin, nous allons voir le village en haut de la vallée. Et cela démarre très fort, juste à côté du K6, par une ancienne route abandonnée pour cause de glissements de terrain. Une jolie vue sur le lac Iskander, puis le passage du col nous amène à un curieux lotissement de bâtiments que l’on dirait militaires. En fait, il s’agit de baraquements pour le logement d’ouvriers à la mine qui était exploitée plus haut, beaucoup plus haut. Notre route remonte en effet haut dans la montagne et nous découvrons les crassiers en étage sur le flanc de la montagne. Tout est arrêté maintenant, et ne restent ici que deux paysans qui veulent nous vendre du miel. Nous continuons vers le village envisagé au départ, en franchissant le torrent sur un pont routier plus branlant encore que celui d’hier avec le K6. Au village, il y a quelques maisons pauvres, et un magasin paraît-il.

L’accueil est froid, voire hostile, sauf des gamins espérant quelque gain. JL donne ses habituels chewing-gums, et l’un de ces gamins se colle à lui, bricole sa montre et doit être repoussé vigoureusement pour comprendre qu’on ne veut pas de lui. Le retour vers le K6 se fait par la « route » normale. Il fait maintenant chaud et c’est l’heure du déjeuner. Nous nous décidons pour un restaurant, il faut donc redescendre dans la vallée.

Un restaurant au bord de la rivière fait l’affaire, le patron nous invite dans la cuisine et nous choisissons dans les gamelles sur le feu.

Quelques km plus loin, nous quittons de nouveau la route pour remonter une vallée vers Anzob où nous laissons le K6 de nouveau pour monter vers Margheb à pied.

Le paysage est magnifique, nous suivons par l’ancienne route de Douchanbé le torrent et nous rencontrons même des ponts de neige au pied des couloirs d’avalanche.

A Margheb, nous sommes accueillis par le patron de la guesthouse Veterok, très déçu que nous ne soyons pas des grimpeurs venus d’exercer sur la paroi de 1200m qui domine le village. Nous lui achetons une tasse de thé et des petits gâteaux et redescendons vers le K6 dans la poussière de la route. Nous aurons fait quand même une trentaine de km à pied aujourd’hui, cela nous manquait.

Direction Douchanbé par la nouvelle route. Il fait maintenant nuit, la route est ponctuée de tunnels mal chaussés et il y a énormément de camions mal éclairés qui se doublent sauvagement alors qu’ils roulent à 40km/h maximum. Les conducteurs des voitures s’impatientent et doublent aussi n’importe comment, ce serait un joyeux chaos si ce n’était pas si dangereux, la route n’ayant aucune protection contre les chutes dans les ravins. De plus, entre les tunnels, il y a des travaux sous forme de grands rectangles de revêtement enlevés, attendant 5cm plus bas que le reste de la route que quelqu’un vienne pour remettre du goudron, ce qui fait faire des écarts importants aux véhicules le tout dans le noir avec des véhicules pas ou trop éclairés, bref, l’enfer.

Nous abandonnons l’idée d’arriver à Douchanbé le même jour et quittons la grand route pour remonter vers un sanatorium (?) dans la montagne. Un virage avec un terre-plein plat nous accueille pour la nuit, calme et sans trafic, avec les étoiles dans le ciel.

J53 11/07/2017 Apprentissage du Tadjikistan

Réveil matinal, il semble qu’il y a du bruit alentour. Un coup d’œil à l’extérieur confirme que les lieux ne sont pas aussi inhabités qu’ils paraissaient la nuit. Cette zone est en fait un lotissement en cours de développement, et il y a des maisons en construction sur les terrains. Des ouvriers sont à l’œuvre dans une maison un peu plus loin et un camion arrive dans la maison voisine, il va nous falloir bouger. Nous prenons quand même le temps du petit déjeuner pendant que les voisins commencent à installer des fenêtres, et nous voilà partis. Les routes sont apparemment bien meilleures ici qu’en Ouzbékistan, et le K6 file. Nous revenons vers le sud pour accéder à la vallée du Zerafshan où nous comptons faire quelques balades dans la montagne.

Déjeuner dans un restaurant au bord de la route avant les grandes montées d’un col. Les clients de la table voisine qui voyagent dans une grande Mercedes (c’est un peu comme en Albanie ici, on trouve tout un tas de Mercedes assez âgées) et une grosse Nissan nous offrent de la viande, de la salade et de la pastèque. Il faut se laisser prendre en photos et accepter ces cadeaux, c’est un peu embarrassant. A la fin, ils semblent abandonner leur demande d’une lettre d’invitation pour un voyage en France, et nous pouvons repartir.

La route monte en grands virages avec un grand tunnel mal éclairé et très étroit. Nous pensons à nos amis cyclistes ou motards qui sont comme nous obligés d’emprunter cette route pour rejoindre Douchanbé.

Nous montons vers Iskander Kul, le lac envisagé pour la nuit qui est un lieu apprécié de l’élite Tadjik : la présidence y a une villa au bord de l’eau.

Nous nous demandons comment alors se fait-il que la route soit si mauvaise, jusqu’au moment de découvrir le site de la villa et son héliport…En tous cas, le site vaut le détour, car nous sommes à 2000m d’altitude, et les sommets avoisinants nous semblent très hauts, c’est impressionnant. Les montagnes sont désertiques et abruptes. Nous posons le K6 au bord du torrent pour la nuit, après avoir acquitté un péage pour entrer aux abords du lac.

J52 10/07/2017 Une boucle, un trou, une boucle, un trou (MP.Belle)

Aujourd’hui, il faut s’occuper de faire le plein du K6 avant de s’engager plus loin. Nous n’avons que 300km d’autonomie, et ne savons pas quelle est la situation au Tadjikistan. Chaqir, sournoisement consulté, offre 2 solutions : la pompe utilisée par la société de transport du groupe familial, ou directement l’atelier du groupe. Nous voilà donc partis pour la pompe où nous sommes refusés. L’atelier est juste à côté, le chef d’entretien accepte de nous céder 40l à 5000TJS/l. Il faut comprendre que ces 40l font partie d’une réserve transportée par l’un de leurs cars pour ses propres besoins. JL n’en négocie pas moins et obtient 4500TJS/l. Et nous voilà dans la rue, à 3 pour porter cette nourrice et la vider dans le réservoir du K6 sans problème, on voit que les Ouzbeks ont l’habitude de cette gymnastique. Nous apprenons à l’occasion que les stations affichent des prix obligatoires, mais que si l’on demande à payer ce prix, il n’y a plus de carburant dans la cuve…L’essence normale, affichée 2800TJS/l est en fait vendue couramment 6000TJS/l !

Nous prenons congé de notre sympathique et très serviable Chaqir après avoir dûment rempli le livre d’or, et allons voir le dernier monument à notre programme : l’observatoire d’Ulug Beg, du moins ce qu’il en reste. Pas grand-chose, en fait, mais le musée d’à côté renferme des trésors de miniatures et de photos et documents concernant l’astrologie.

 

 

 

 

 

 

 

Quant à l’observatoire, il reste un double rail courbe en marbre gradué taillé dans la roche directement.

Déjeuner local dans un petit restaurant à proximité.

Départ vers la frontière.

Arrivés à Bekobod qui est une ville très industrielle, nous errons dans les faubourgs proches de la frontière dans des rues pleines de trous pour trouver le passage. Il se trouve au fin fond de la ville, et nous comprenons rapidement qu’il est réservé aux locaux. En fait, pour nous, il faut encore remonter 42km plus au nord pour passer à Chanak. Le détour fera en fait au moins 84km de plus…

A Chanak, on nous fait poireauter 1/2h devant la grille, mais nous savons que la frontière est ouverte 24h/24. Les Ouzbeks ne sont pas intéressés d’examiner en détail la voiture, et veulent aller vite (un douanier vient même chercher dans nos papiers le document dont il a besoin et que nous ne trouvions pas). Entre les 2 postes-frontières, il y un magasin duty-free assez folklorique.

Du côté Tadjik, le plus long est l’inspection du véhicule, plus par curiosité comme d’habitude, que par soupçon. On nous fait ouvrir le toit, et un teckel renifleur vient monter partout dans le K6. Tous les papiers sont remplis en cyrillique par les fonctionnaire, et JL signe tout sans rien comprendre. 27$ plus tard, nous sommes dehors, il fait nuit et nous avons faim. Les fonctionnaires nous font comprendre que nous pouvons coucher n’importe où, il n’y a aucun problème ni risque.

25km plus loin, nous trouvons une zone en développement et nous cachons au bout d’une avenue dans un chemin. Il n’y a personne, nous n’entendons que le bruit lointain des camions sur la grande route.

J51 09/07/2017 2 mariages et pas d’enterrement

Ce matin, c’est parti avant 7h, nous étions sur le chemin du bazar qui est le plus animé le dimanche. Il n’y a pas de frontière entre le bazar et le marché. Il s’agit juste de zones différentes d’un même espace commercial organisé par secteurs et produits. A l’entrée, les producteurs apportent leurs fruits et légumes, soignent leur étalage et interpellent les clients. Les allées sont très resserrées, on se côtoie, se bouscule joyeusement en tâtant les fruits, argumentant. Ici, c’est le domaine des femmes. Et les femmes ouzbèkes tiennent de la place. On pense à Georges Brassens…Nous sommes souvent identifiés comme Français, les gens ont de grands sourires, les références citées sont, dans l’ordre, Zidane, Macron, Miterrand. Ensuite, on trouve les graines et épices, plus loin les viandes et dans un bâtiment séparé les produits laitiers. Une grande zone abrite les quincailleries, les outillages, tous les produits non périssables. C’est immense, l’activité est intense, tout Samarcande se retrouve au bazar, y compris des profs de français qui font leurs courses pour aller fêter le 10e anniversaire de l’université dans la montagne.

Le petit déjeuner n’en a que plus de saveur.

Ensuite, il est temps de s’occuper du K6. Chaqir m’accompagne pour aller faire réparer la jante cabossée. Nous nous retrouvons dans une rue de Samarcande où l’on trouve des mécaniciens et tout le nécessaire pour l’entretien des voitures sur au moins 2 km. Chaqir se renseigne, choisit finalement un petit garage. En quelques minutes, la roue est déposée, et redressée en 2 coups de masse directement sur la jante. L’étanchéité du pneu est vérifiée, et la roue remontée sur le K6. Le tout n’a pas duré 10mn et coûte 0,70€.

Chaqir tient à ce que le K6 soit lavé immédiatement. Là, cela dure plus longtemps, lance à eau sous pression, shampoing, rinçage et essuyage, 1/2h et 2,5€. Là, nous comprenons que Chaqir est très fier de cette grosse voiture élégante devant son hôtel. Effectivement, le K6 attire les badauds maintenant qu’il est propre. Le voisin patron de la buvette du coin, va même jusqu’à nous offrir un verre d’une décoction fleurant le coca, la cerise, l’abricot.

Mais sur notre chemin, un restaurant très kitsch fait beaucoup de bruit, nous entrons pour voir, et tombons en pleine fête de mariage. Tout le monde danse, c’est très joyeux, et nous sommes immédiatement invités. Nous ne sommes pas habillés pour cette circonstance et devons refuser une nouvelle fois cette occasion de vivre un événement local (en plus, JL a cassé une bride de ses sandales).

Nous poursuivons nos visites par le mausolée de Tamerlan. Très fin, décoration sobre, c’est la dignité et la grandeur. C’est très beau, surtout lorsque l’on compare à l’état dans lequel il était à la fin du XIXe siècle.

Pas de déjeuner aujourd’hui, nous sommes décalés. Une tasse de thé prise dans le hall de l’hôtel nous met en contact avec le dernier client de Chaqir arrivé le matin, un Allemand en vélo venant de Boukhara en 3 jours (280km). Épuisé par la chaleur et une dysenterie tenace, il va directement se coucher après avoir mangé 3 bananes.

Nous allons voir une nécropole dans le nord de Samarcande. Cela passe par le bazar, bonne occasion de faire réparer la bride de sandale.

Au dessus de la nécropole, face au Régistan, un nouveau bâtiment est en construction, c’est le futur mausolée de Karimov, le président Ouzbek qui a proclamé l’indépendance du pays, décédé fin 2016. Le chantier montre comment l’architecture « ancienne » est ravivée par l’activité touristique. La partie réellement ancienne de la nécropole comporte un grand nombre de tombes de personnalités célèbres dans l’histoire de l’Ouzbékistan. Ces tombes sont en fait de grands mausolées plus ou moins bien alignés, et l’ensemble sous la lumière du soleil couchant a une grande allure.

Dîner léger d’une salade dans la chambre après une grande discussion avec Roger Michel, le cycliste arrivé plus tôt qui se remet rapidement.

J50 08/07/2017 Samarcande, la perle de la route de la soie

 

Le petit déjeuner de Chaqir est pantagruélique, il faudrait 3 convives pour absorber ce qui est servi pour un seul. Nous avions prévu de partir en découverte au petit matin, et de revenir pour un petit déjeuner tardif, mais la paresse en a décidé autrement. Nous récupérons de tous les km dans le sable et la poussière et la chaleur.

L’hôtel Markorand est une affaire de famille. Nous hésitions entre l’hôtel Bibi Khanoun et celui-ci, eh bien ils appartiennent tous les deux à la même famille, qui possède en fait un groupe de sociétés liées au tourisme, agence de voyage, société de transport (10 cars), et plusieurs hôtels à Samarcande, Boukhara et bientôt Tashkent. Le patron est le grand frère de Chaqir. Chaqir, lui, a 27 ans, il est marié et a un garçon et une fille. Il n’est pas de Samarcande, il vient d’un petit village des environs où il a maison, famille et voiture (qu’il n’a pas le droit de conduire à Samarcande maintenant, mais, Inch’Allah, peut-être l’an prochain).

Chaqir nous recommande de partir à pied, et tourner dans le sens des aiguilles d’une montre : le bazar, la mosquée Bibi Khanoun et enfin le complexe du Reghistan. Ce que nous suivons scrupuleusement. Nous passons rapidement par le bazar, en cherchant une raquette tue-moustiques électrique pour le K6, sans succès. La mosquée Bibi Khanoun est un grand bâtiment dont on voit assez rapidement qu’il a été consolidé de bric et de broc et que les fissures sont encore là. On ne visite en principe pas l’intérieur, et cela vaut mieux, bonjour le béton !

Le Reghistan est plus imposant, constitué de plusieurs bâtiments, notamment 2 medersas qui se font face. A ce sujet, nous nous demandons si le fait que les médersas aient sensiblement la même architecture que les caravansérails qui les ont précédées ne vient pas du fait tout simplement que les caravansérails ont été recyclés en médersas…Les 2 médersas sont cependant intéressantes, car celle de Chir Dor a un portail avec ce qui est devenu l’emblème de Samarcande, des lions en tête de la façade.

De même qu’à Boukhara avec les cigognes, ces animaux représentent une entorse à la règle musulmane d’interdiction de représentation du vivant. Les autres bâtiments sont moins importants par leur contenu, mais la taille de celle de Tilla Kari est impressionnante,tandis que celle attribuée à Ulug Beg a une très belle coupole vue de l’intérieur.

Nous mangeons des Somsa dans la chambre avec des fruits achetés au marché, et après une sieste majoritairement consacrée à la rédaction des divers documents que nous suivons, et les tentatives de téléchargement de photos, nous repartons à travers la ville pour retrouver un jeune couple d’Anglais que nous avons déjà vus à Noukous et Boukhara. Sur le parcours, de la musique nous attire et nous voilà invités à un mariage, que nous refusons, étant déjà engagés. Vraiment dommage, l’ambiance avait l’air chaleureuse. Nous avions cru reconnaître Basile, mais c’était une erreur.

Dîner dans un restaurant « international » où nous avons pu comparer nos points de vues de vieux Français et de jeunes Irlandais et Écossaise (ils ont tous deux voté remain). AU cours de la discussion, nous découvrons que non seulement la frontière directe entre Samarcande et Pendjikent est fermée, mais la route de détour que nous envisagions de prendre est trop défoncée, il faut aller jusqu’à Thermez, à la frontière avec l’Afghanistan puis remonter au nord pour rejoindre Douchanbé. C’est donc un détour de 600km en tout. A comparer avec à peu près la même chose par le nord si nous passons la frontière à Bekobod. Décision est prise de passer par le nord dont la route semble plus fréquentable.

Retour à l’hôtel en « taxi », 6000OS, environ 0,7€ pour 5km.