J38 26/06/2017 Les cratères de Darzava

Lever tôt. Nous n’avons pas envie de traîner dans cet environnement. Pas de petit déjeuner à la tchaïkhana à côté de l’hôtel ou au restaurant de la veille. Rien n’ouvre avant 09h. Décision est prise d’aller se rouler dans le luxe du Sofitel (dont nous apprendrons qu’il a été cédé au gouvernement). Nous payons le même prix que pour la nuit, mais l’environnement est très différent. C’est le 5 étoiles international, buffet bien garni, et surtout WiFi très performant puisqu’une fois compris qu’il marchait à droite de la table et pas à gauche, JL a pu transférer 70 photos en quelques minutes sur le NAS de la maison, une performance. Les emails à Corentin sont partis, les estomacs sont pleins, nous pouvons prendre la route du Karakoum. C’est une traversée du désert d’environ 500km pour rejoindre le site de Kounia-Ourgentch à la frontière de l’Ouzbékistan. Sortant de l’hôtel, à côté du K6, se trouve une Transalp attelée à un side-car immatriculée en Allemagne.

C’est un couple qui a pris son petit déjeuner avec nous, elle assez élégante nous regardant de façon ostensiblement méprisante. Surprise, ce sont de vrais baroudeurs voyageant de toutes les manières possibles et ayant déjà beaucoup de pays à leur tableau de chasse, inscrits sur la tablier du side-car. Ceci mis à part, ils sont très sympathiques et communiquent assez volontiers en anglais (nous saurons plus tard que le mépris provenait du fait que JL s’occupait de son ordinateur au petit déjeuner au lieu de s’occuper de sa femme, et qu’elle n’a compris ce qu’est le K6 qu’en nous revoyant le soir). Sortie d’Ashgabat, emplettes au marché de gros où on essaie de nous vendre des cerises au double du prix (dire qu’on nous en a offert 2kg en Iran !).

Retour à l’aéroport magnifique (bravo Bouygues) pour changer 50€ et découvrir que la première fois que nous avions changé, le changeur s’était roulé lui-même. Enfin, passage à la station essence pour garantir le plein au départ, au cas où il n’y aurait pas de gazole sur le parcours du désert (mauvaise info, il y a plusieurs stations). Sortie d’Ashgabat, route à 2 chaussées bien polie et signalée, avec même des réverbères kitsh en accord avec la ville. Au fur et à mesure des km, la prestation se dégrade. Déjeuner au bord de la route, sous un arbre et même avec de l’eau, une vanne d’un tuyau fuyant pas loin. Amusant, la route traverse un lac où il y a vraiment de l’eau, parce que des lacs signalés sur les GPS, il y en a eu, mais de l’eau, point. Arrivée dans la région des cratères de Darzava, la route n’est déjà plus qu’une « chaussée » pas mal déformée et largement ponctuée de nids de poule. Pour accéder au cratère principal (celui qui brûle), il faut partir dans le désert, sur une piste de sable. Le K6 se débrouille très bien, même à la montée assez raide d’une dune. Quand on arrive au bord du cratère, c’est un peu la déception. Il n’y a rien à voir. Il faut se pencher pour voir des flammes au fond.

C’est quand la nuit tombe que la magie commence.

Le trou s’éclaire en orange, parfois rouge. C’est très spectaculaire. Ces cratères ont semble-t-il été créés par les Russes lors d’exploration pétrolière mal conduites. Les Allemands de ce matin arrivent peu après le coucher du soleil, une panne et l’ensablement inéluctable du side-car les ayant retardés. Un 4×4 les a tirés et les retirera le lendemain pour 20$. La présence du K6 les étonne. Il y a dans les environs du cratère quelques touristes, moins de 10, et tout le monde se tient assez loin, il y a des émanations de gaz toxiques inodores qu’il faut éviter d’inhaler trop longtemps.

J49 07/07/2017 La vallée des merveilles d’Ouzbékistan

 

Nous avons pu nous baigner dans le canal d’irrigation voisin, est ça, c’est un vrai luxe. La nuit a été calme, bercée par le bruit de l’eau et sous la lune presque pleine.

Au matin, beaucoup moins de monde pour nous voir partir. Cap au Nord, nous allons chercher les hommes préhistoriques cette fois. Trente km de route moyenne nous amènent à l’entrée d’un centre de vacances pour enfants au beau milieu d’une oasis. Le problème réside dans le fait que le centre de vacances est à cheval sur le chemin et qu’il est clôturé avec des gardes incompréhensifs. Il y en a même un qui se prend pour la police et demande nos passeports. Au bout d’une bonne demi-heure de palabres, nous finissons par retourner au K6 dépités quand les gardes nous rappellent et nous comprenons que le chef a dit ok finalement. Nous traversons donc le camp de vacances à pied sous bonne escorte et nous retrouvons de l’autre côté en plein cagnard. Il y a 2 km de marche, il fait au moins 45°C à l’ombre. Et le long du chemin, il y a effectivement 3 sites de gravures magnifiques sur des rochers sombres. Nous n’avons pas tout vu, il y en a sur 10km, nous nous sommes limités à 1km, mais nous avons vu des animaux à cornes, les félins en chasse, des hommes en chasse, un homme bien pourvu, et des femmes dansant. C’est très émouvant.

 

 

 

 

Retour sous le soleil, traversée sous escorte, même pas vu le chef. Déjeuner sur place à l’ombre dans le K6 au bord du ruisseau.

Nous retournons à Navoy et arrivons même à trouver un moyen pour traverser la voie de chemin de fer pour prendre la route de Tim, petit village à une centaine de km au Sud où se trouve un mausolée intéressant. Mais après 40km de très mauvaise piste, nous jetons l’éponge. Si nous continuons de ce train, nous allons casser quelque chose. C’est trop défoncé, il y a des pistes parallèles à la route dans le sable qui ne sont pas moins difficiles (on plonge dans les trous), la poussière entre partout malgré l’air conditionné. Nous rebroussons chemin.

2h de route plus tard, nous entrons à Samarcande, la ville la plus célèbre de la route de la soie. Empoussiérés, fourbus, cabossés (une jante arrière du K6 a un choc important sur la lèvre), nous sommes ravis de trouver Chakir qui tient l’hôtel Marokand, et parle et comprend le français.

J37 26/06/2017 Rencontres et visite de Merv

Mots-clefs : Turkménistan, Merv, Turmens, russe, histoire,

Dans la nuit, un tracteur a erré dans les plantations, probablement pour traiter quelque chose d’inaccessible de jour. Nous nous réveillons tôt, et avalons notre petit déjeuner, un jeune homme lave une voiture devant l’un des bâtiments. Quand nous nous décidons à partir, il vient vers nous et nous invite à prendre le thé. Nous acceptons, dans l’idée de peut-être pouvoir visiter les immeubles et comprendre où nous sommes. Perdu et gagné, cette petite invitation se déroule dehors, sur un tapis sous les arbres, mais Françoise peut revoir sa copine de la veille au soir, et la discussion s’anime autour des enfants, des voyages, etc, le tout sur base de « dictionnaire » franco-russe et du livre de photos que F a fait tirer avant notre départ.

Le jeune homme est surtout intéressé par le K6. J’échange la visite du K6 contre la visite de la maison, et nous voilà partis. En fait, ces trois bâtiments sont des maisons construites par le père que nous voyons à peine, pour lui celle du milieu, pour 2 de ses fils les autres. Le fils qui nous guide est le n°4 et dernier de la fratrie qui compte aussi 4 filles. Tatiana, la « mère » n’est que la nouvelle épouse du père. Elle a 58 ans, le père 64. Nous visitons la maison, extraordinaire par les dimensions des pièces, et les arrangements, l’entrée majestueuse avec un escalier central qui se dédouble à mi-hauteur, une cuisine complète, la pièce à vivre d’au moins 70m2 et une seule chambre. Au 2e étage, une pièce pour lire au centre de la terrasse qui permet de voir le site archéologique et toute la région (mais pas de livres à l’intérieur), et au dernier étage, la salle de prière surmontée d’un dôme en plexiglas vert. En fait, le fils et sa femme vivent avec les parents du fils. Eux couchent dans la chambre, et les parents sur la terrasse. Dommage que les finitions ne soient pas au niveau, la maison serait parfaite. Nous avons du mal à partir, il faut accepter des abricots, des pommes et des prunes, des conserves et des concombres. Nous échangeons les adresses. Et nous quittons cette famille très accueillante. Peut-être aurons-nous des nouvelles.

Le site de Merv est très ancien. Il a été détruit et reconstruit plusieurs fois. Il en reste peu de chose par rapport à la grandeur passée, mais on peut se rendre compte de la taille de la ville et des monuments par les ruines des murs croulants existants. Depuis le site, on peut apercevoir les maisons de Tatiana avec leur dôme vert.

Il y a plusieurs enceintes qui restent, et faire le tour prend du temps. Quelques mausolées sont encore debout, probablement parce qu’ils font l’objet d’un culte constant, notamment ceux de 2 compagnons du prophète.

En repartant, nous traversons un marché aux bestiaux. On y traite de chameaux (pardon, de dromadaires), de vaches, de moutons, de chèvres et de poules. Il y a un monde fou, les transactions vont bon train, on peut lire le stress des vendeurs, et l’agressivité des acquéreurs. Finalement, les animaux sont traînés par les cornes ou tout autre partie saisissable dans le véhicule de l’acquéreur. Nous avons surtout vu des chariots tirés par des mules, mais aussi un veau entre les sièges de la Toyota Camry standard ici. Les chameaux sont les seuls à repartir libres d’entraves.

Pour déjeuner, nous stoppons près d’un lac alors que nous ne sommes pas encore revenus sur notre itinéraire imposé. JL ne peut pas s’empêcher de se baigner, et au moment où il se rhabille, des policiers arrivent. Nous ne comprenons pas ce qu’ils demandent, les remercions pour leur aide et faisons signe que nous partons. On en reste là. En route pour Ashgabat, la route est bonne, et les contrôles routiers ne nous tracassent pas.

Ashgabat, c’est très curieux. Au premier abord, on a l’impression d’entrer dans un décor hollywoodien pour une série aseptisée et irréelle. Tout est blanc. Puis on se rend compte que chaque bâtiment a une fonction que nous avons de la peine à percevoir, les mots nous étant totalement inconnus. Et enfin, on voit le reste du décor, qui est constitué de vieux bâtiments soviétiques alignés et en mauvais état. Il y a peu de circulation, et pourtant des policiers à tous les carrefours. Les voitures respectent le code à la lettre.

Au bout d’une heure de visite en voiture de cet environnement, nous cherchons un hôtel, sachant que nous n’aurons pas de WiFi cette fois-ci. Le Dayan fait l’affaire à 40$ la nuit pour deux dans des lits crasseux séparés, avec une salle de bains indigne mais dont les WC et la douche sont utilisables.

Dîner dans le jardin de l’hôtel, un lieu branché où les femmes turkmènes si élégantes dans leurs robes traditionnelles sont habillées comme des occidentales, jupes courtes ou jeans. Étonnant. Ce restaurant a un WiFi mais il est utilisé uniquement par les serveuses pour transmettre les commandes. Dîner turkmène, avec des soupes et des boulettes de viande arrosées de bière locale dans une ambiance musicale disco où se succèdent Dylan, les Beatles, des locaux, et même Nathalie de Bécaud, 100dB au moins.

Nuit calme après avoir débranché l’air conditionné.

J48 06/07/2017 Comment la Chine nous a empêchés de visiter le minaret Kalon

 

Nous sommes encore à Boukhara qui devient plus attachante avec le temps. Les Ouzbeks sont très curieux et nous arrêtent beaucoup pour être pris en photo avec nous. Il y a aussi de moins en moins de touristes étrangers. Ce qui fait que nous rencontrons pour la 3e fois un jeune couple d’Anglais rencontré à Noukous au départ.

Le matin, après le cimetière juif, nous visitons la maison khodjaiev, très intéressante par sa disposition, mais aussi pour le petit musée du propriétaire qui a été un communiste de la première heure en Ouzbékistan, président du pays, et qui a fini par être décapité par Staline.

Suite au bazar, nous recherchons le caravansérail indien, mais il n’existe plus (bulldozers, poussière…). Pour la première fois, nous faisons le plein d’eau en achetant des bonbonnes, nous n’avons pas confiance dans les eaux proposées pour la boisson au bout d’un tuyau. Enfin, avant de partir, nous ne pouvons pas manquer d’aller voir la tour Eiffel de Boukhara, le mausolée d’Ismaël Samani , un cube dont l’architecture, compte tenu de son âge, a montré la voie à de nombreuses réalisations ultérieures.

C’est l’occasion de faire la rencontre d’Israéliens venus voir la maison de leur grand-mère en famille.

Déjeuner dans un restaurant voisin de salade de pâtes, brochettes, arrosées de coca, à côté d’une maman allaitante.

Notre dernière visite est pour les médersas de Modar-i-khan (où JL monte sur la toiture) et Abdullah Khan, un peu délabrées.

 

Une centaine de km plus à l’Est, nous dînons d’un melon, salade et yaourt et posons le camp près d’un canal d’irrigation proche d’une ruine de caravansérail dont il ne reste que le porche d’entrée et le puits de l’autre côté de la route. Des gamins nous ont repérés, ils ont droit à quelques Carambars, les ados qui leur succèdent à des sourires, les adultesà des remerciements, et nous nous couchons. Mais évidemment, le policier de service veut montrer à ses copains ce qu’il est capable de faire et vient nous « contrôler ». Il veut que nous allions ailleurs parce que les gens du coin pourraient venir nous boxer et frapper le K6. Nous ne savons qu’un seul mot compréhensible pour lui : niet. Et if finit par s’en aller avec ses copains et un grand sourire. La bonne blague !

Nuit très calme, avec le bruit de l’eau qui coule à côté.

J47 05/07/2017 Boukhara, grande étape de la route de la soie

Bien que Abdul nous ait recommandé de nous lever tôt, d’aller faire un tour en ville et de revenir pour le petit déjeuner, nous n’avons pas pu nous extraire du lit avant 7h, et donc, nous sommes allés directement profiter du petit déjeuner préparé par la mère d’Abdul. A retenir, les crêpes impeccables (technique russe, dit-elle, nous sommes désolés pour les Bretons). Et donc ensuite, au lieu de paresser sur les tapis d’Abdul, nous nous sommes immergés dans la fournaise de Boukhara. 2e jour, c’est un jour chaud. Comprendre, la température montera au dessus de 43°C. A l’ombre bien sûr. Nous déplaçons le K6 pour qu’il soit à l’ombre le matin au moins. Les monuments de Boukhara sont nombreux et tous intéressants pour l’histoire de la ville, l’architecture originale, les évènements de la vie politique de la région.

Avant de de pouvoir consacrer notre temps à la visite de la ville, nous devons encore envoyer un fax à Paris pour la partie chinoise du voyage, et poster des cartes postales. Ce type d’activité triviale en France prend un temps fou à l’étranger si l’on ne connaît pas le langage et les coutumes.

Je laisse de côté des descriptions dignes des guides touristiques que l’on peut trouver partout. Notre hôtel était près du complexe Liab-i-Haouz qui semble être le centre de la ville, au moins de la vieille ville. Il y a là tout autour une mosquée, un mausolée, des bazars, et beaucoup de restaurants et de boutiques pour les touristes.Il y a aussi le bassin alimenté par le Chah Roud, un canal qui alimente la ville. L’ambiance est là, s’il n’y avait pas les voitures sur les parkings, on pourrait imaginer voir les chameaux au repos, les marchands discuter.

On peut s’installer au bord du bassin dans la chaïkana, siroter son thé en regardant les joueurs de dominos et les gamins qui escaladent joyeusement la statue de Nasredin (Tartarin version ouzbek)

Matin : forteresse, prison, jardin, la mosquée Bolo Haouz,

Pour refroidir une peu, déjeuner dans un restaurant high class dont la patrone, jeune blonde dynamique parle plusieurs langues : lasagnes au chou, salades.

Après-midi  : médersas Abdul Aziz Khan, et Ouloug beg. Nous avons aussi pu visiter l’ensemble Po-i-Kalon, 2 médersas se faisant face, l’une étant probablement la Normale Sup. de l’enseignement islamique.

Est-il utile de dire que ces monuments sont magnifiques, et laissent une impression de richesse. Il y a quelques fois peu de différence entre une médersa, une mosquée ou un caravansérail. La structure de base est la même, une enceint avec de hauts murs, une seule porte, un plan carré avec des tours aux angles, et tous les espaces intérieurs ouvrant sur la cour. Certains bâtiments ont même eu des fonctions variés au fil des siècles. Ce qui impressionne aussi, c’est le nombre de ces bâtiments qui reflète le rayonnement qu’ils avaient sur la région.

Nous avons fait la connaissance d’un musicien pratiquant une foultitude d’instruments, y compris certains qu’il a inventés et fabriqués. Un brodeur d’or travaillant pour le musée, un miniaturiste inventant lui aussi les histoires que ses œuvres racontent, et Timur le vendeur de cartes postales (8 ans).

En fin de journée, les couleurs chatoyantes et chaudes, c’est féérique.

Dîner chambre melon, petits gâteaux

J46 04/07/2017 L’épopée des prospecteurs de pétrole

Mots-clefs :  Ouzbékistan, Boukhara, gazole

De bon matin, retour sur l’A380 et nous défilons les km. Brusquement et sans avertissement, elle se termine par une route à une chaussée , « normale »sauf que cela sonne le retour des nids de poules. Les 100 derniers km vers Boukhara sont un enfer. De plus, lorsque la route est défoncée et qu’il faut freiner, accélérer sans arrêt et rouler avec vitres fermées à cause de la poussière, le K6 consomme plus que prévu et l’autonomie diminue rapidement. Dès l’entrée dans Boukhara, nous nous mettons en quête de LA station délivrant du GO. Et découvrons rapidement que personne ne sait, car on nous envoie à droite et à gauche vers des stations ayant une pompe mais pas de GO. Finalement, nous revenons à l’idée de départ : s’adresser à un utilisateur de GO. C’est le cas d’un garage qui vend des camions MAN et ISUZU. Le patron rigolard me dit que la pompe juste à côté, que nous avons questionnée déjà 2 fois, en vend. Au vu de nos doutes, il monte dans le K6, nous y emmène et nous sert pendant que le patron de la station pilote la pompe depuis la guérite. Seul problème : le prix a sauté de 3500 à 4500OS/l. Cela met le plein de 85 litres (il restait 10km d’autonomie…) à 380000OS, soit moins de 50€. Nous ne nous plaignons pas et avons compris une chose. En Ouzbékistan, c’est comme ailleurs. C’est le réseau qui ouvre les portes. Cette recherche nous a quand même pris 2h30. Nous nous arrêtons donc dans un restaurant au bord de la route pour le déjeuner, il est 15h.

L’accès au centre de Boukhara n’est pas aisé. Pourtant, nous ne pouvons pas laisser le K6 trop loin. Nous optons pour une guesthouse et découvrons en route que le centre est truffé de petits hôtels et maisons d’hôtes. La notre est moderne, mais on peut en trouver dans des maisons anciennes rénovées. Abdul nous accepte très jovialement et nous faisons partie de la famille immédiatement. C’est les vacances, la maison est pleine d’enfants qui jouent. Nous partons en exploration.

Boukhara est différente de Khiva. La ville est plus grande, et les monuments sont dispersés, car la vieille ville n’existe plus. L’histoire de Boukhara aussi est différente. Elle se situe plus tard dans le temps, et le rayonnement de Boukhara a été plus important que celui de Khiva. Aujourd’hui, Boukhara est active et en développement. Le tourisme n’est important que dans le centre. Nous constatons que les prix sont en forte inflation, le coefficient multiplicateur étant parfois de 2 à 3. Le change est aussi plus favorable à Boukhara (9000OS/€).

Après une petite sieste un peu obligatoire à cause de la chaleur, nous repartons en exploration. Françoise se fait un tas de copines à l’occasion d’une photo de groupe.

Nous découvrons que les touristes ouzbeks ne sont pas intéressés par les mêmes choses que nous, et qu’il y en a beaucoup à Boukhara qui sont en fait en pèlerinage sur des lieux sacrés. Mosquées, madrasas, caravansérails, bazars sont noyés dans les monuments anciens transformés en hôtels, salons de thé ou restaurants.

On dirait que Boukhara est toujours sur la route de la soie, et que les visiteurs d’aujourd’hui ont pris le relais des caravanes d’hier.

Dîner au restaurant à côté duquel est garé le K6 pour sensibiliser le personnel à la garde du véhicule. Beaucoup d’étrangers, mais aussi quelques Ouzbeks.

J45 03/07/2017 Pourquoi les muezzins ne montent plus dans les minarets

 

Debout dès le matin, nous sommes en route pour visiter le minaret. 44M de haut, on peut monter dedans par un escalier de 118 marches. Oui, mais (vous avez fait le calcul) des marches de 40cm. 60Cm de large. C’est très étroit, et il n’y a pratiquement pas de lumière, juste un petit fenestron de 20x20cm tous les demis tours. Voilà. Vous avez compris pourquoi les muezzins se sont équipés de haut-parleurs, et font l’appel à la prière depuis le bas. Et à la descente, c’est pire, car on a la tête dans les marches du dessus, il faut se contorsionner pour y arriver. Pas question de tomber, la pente est telle que l’on ne pourrait pas s’arrêter. Mais il faut le dire, la vue d’en haut vaut cet effort.

Le volume du WiFi utilisé toute la nuit n’a pas permis le chargement des 67 photos prévues. Il faudra recommencer. Le volume du petit déjeuner semble être prévu pour compenser. Œufs sur le plat, pancakes, pain, croissants locaux, confiture, fromage, jus de fruits, thé, nous n’arrivons pas à finir.

La forteresse est un lieu qui permet de s’imaginer dans la vie des dirigeants de l’époque. Il y a plus de 100 pièces, la plupart fermées au public et à l’état d’abandon. Mais on peut y voir de beaux plafonds et des céramiques toujours époustouflantes : chaque carreau est unique puisque les motifs ne se répètent pas. Ils sont d’ailleurs numérotés.

Il est l’heure de reprendre la route, en commençant par le lavage du K6 car des gamins l’ont tagué dans la poussière avec des petits cœurs et des inscriptions incompréhensibles.

A la sortie de Khiva, la route est barrée, il y a des travaux routiers. Les routes de contournement sont épouvantables, pleines de nids de poule. Nous naviguons une heure pour visiter un mausolée sans intérêt, puis la maison Chadra Khouli de 4 étages en pleine campagne, accompagnés de 2 gamines délurées qui courent partout.

Nous déjeunons sur place avant de reprendre l’enfer des routes défoncées de cette région. Le raccord avec l’autoroute A380 est particulièrement défoncé et déprimant : nous faisons une douzaine de km en longeant un canal sachant que l’autoroute est juste derrière. Mais il faut aller chercher le pont !

Une fois sur l’autoroute, c’est la surprise : qualité internationale, la chaussée est parfaite, des glissières de protection existent. Manquent cependant la signalisation et les pompes à essence. Pour nous, le prochain plein est à Boukhara, nous avons même 100km d’autonomie en plus. Il faut seulement faire attention, car les troupeaux sont prioritaires dans ce pays.

Le paysage est désertique, il n’y a rien autour. Le fleuve Amou Darya est à notre droite, il fait des méandres qui ne sont pas pris en compte par les frontières, il est donc de temps en temps entre la frontière et nous, de temps en temps c’est l’inverse. Nous ne le voyons pas, il est dans un creux de terrain en permanence.

Nous nous arrêtons et progressons dans le désert en direction du fleuve pour voir la situation. F hésite à lancer le K6 dans un chemin en sable mou, nous terminons donc à pied pour constater que de toutes façons, nous ne pourrons pas accéder au fleuve, il y a une marche à franchir. Nous décidons de camper entre l’autoroute et l’Amou Darya, dans une zone où la frontière est sur l’autre rive. Nous sommes cachés de l’autoroute par une dune, et personne n’est en vue. Nuit calme avec le bruit lointain des camions.

J44 02/07/2017 Khiva l’esclavagiste

Dès le lever du soleil, nous sommes debout. Pour une fois que nous pouvons nous adonner à notre réveil favori (bain dans la nature avant le petit déjeuner), pas question de la rater. Et hop trempette dans l’Amou Darya malgré les gros poissons (haha). Quel plaisir et quel rafraîchissement ! Petit déjeuner dehors sur le parking du « camping », petit au-revoir à Monsieur le Directeur qui apparaît magiquement au moment du départ, et en route.
A l’entrée de Khiva, un minibus nous arrête et nous vante la Guesthouse Alibek qui se trouve comme par hasard à l’entrée Ouest de la ville, là où l’on vend les tickets pour 2 jours. L’endroit est sympathique, l’offre généreuse : 20$ pour la chambre pour 2 avec un grand lit et une douche, le wifi et les petits déjeuners. Bon, c’est petit, mais cela fait très local.
Et nous voilà partis pour visiter la ville des esclavagistes, ceux qui ont dévalisé les caravanes dans la région pendant des siècles, et réduit en esclavage un peu toutes les nationalités. Cette ville a été déclarée ville-musée par l’Unesco, ce qui est probablement une erreur car avec des habitants revenant dans les murs, la ville redevient vivante, et on s’y sent intégré à l’humanité environnante. Il y a à Itchan Khala (la ville intérieure) une profusion de monuments intéressants pour se sentir dans l’ambiance du Moyen-Age et des marchés ouverts.

Très peu de touristes (quelques couples de jeunes), nous sommes immergés dans la foule des Ouzbeks qui nous accueillent avec le sourire, demandent à être pris en photo avec nous et nous offrent souvent des fruits ou du thé.
Nous en profitons pour déjeuner sur le marché de quelques brochettes et des sumsas (chaussons fourrés de viande). Nous buvons au moins 2 bouteilles d’1,5l d’eau par jour.
Retour à Khiva vieille ville, déambulations dans les rues, visites de musées, de mosquées, de mausolées et nous oublions le caravansérail qui a été couvert pour devenir un marché. Dommage, car le lendemain, il est fermé et nous repartons. Nous sommes fascinés par les poteaux soutenant les avant-toits dans les maisons, les palais.

A la base, il y a un cône en pierre sur lequel repose le poteau par un cylindre de bois gaîné de tôle de 10cm de diamètre. Très impressionnant quand le poteau fait une dizaine de mètres de haut. Ces poteaux sont sculptés et les plafonds sont peints à la main de manière très fine. Évidemment, les céramiques sont magnifiques. A Khiva, on a l’impression que l’on va rencontrer des chameaux lorsque l’on sort d’une maison.
Réparation des sandales de JL qui perdent la bride arrière.
Dîner dans un restaurant pour touristes sur une terrasse abritée, entourés d’Européens. Retour à la pension de Charboss où nous couchons dans une chambre qui donne directement sur la rue.

J43 01/07/2017 Pastèques, nécropoles et 50 khalas

Réveil à 5h40 par un vieux side-car. C’est le gardien qui nous découvre avec un grand sourire de ses dents en or (grande mode pour hommes et femmes en Ouzbékistan). JL doit sortir impérativement. Et comprendre assez rapidement que notre homme est ivre, ce qui ne l’empêche pas de nous inviter pour le petit déjeuner. Il nous embrasse, et même sur la bouche pour Françoise qui n’apprécie pas du tout. L’haleine chargée sans doute…Le petit déjeuner se résume à une pastèque pour ce qui est de l’alimentation, du thé et…de la bière pour les boissons. Notre homme vide rapidement une demi bouteille de 2l de bière, et nous ne pensons plus qu’à fuir.

Pendant que JL occupe notre hôte en mangeant une demi-pastèque, F met le K6 en mode route, et nous levons le camp à 6h30, ce qui est, convenons-en, assez inhabituel.

Sur le chemin, apparaît encore une fois une arche à l’entrée d’une route transversale. Nous nous engageons et trouvons une nécropole ou plutôt un immense cimetière, avec services. La vue est étonnante. Il y a beaucoup de visiteurs qui viennent par minibus. Nous pouvons monter plus haut et la route finit au pied d’une montagne au sommet de laquelle est installée une buvette. Le lieu est sacré et sert aux pèlerinages. A la descente, nous trouvons les marchands de souvenirs et bondieuseries. On nous offre de la pastèque, du coca fait sur place (déjà vu en Amérique Centrale) et des graines de quelque chose que nous n’avons pas identifié.

Nous enchaînons les Khalas (châteaux forts), tous plus ou moins en ruines, mais les sites sont très beaux :

Topirak khala
Qizil khala

Sur Topirak khala, nous rencontrons des touristes européens et asiatiques. Les chauffeurs nous posent des questions sur le K6. En échange, nous glanons des informations sur le gazole qui pose problème en Ouzbékistan, car il n’est théoriquement pas en vente libre. Nous apprenons qu’il y a quelques pompes maintenant autorisées à en vendre et qu’il y a deux qualités, le noir à 2800OS/l à éviter et l’autre à 3500OS/l (moins de 0,5€). Encore faut-il trouver les pompes.

Déjeuner au bord d’un village, un villageois vient nous proposer des débris de poterie que nous déclinons. Les gamins pataugent un peu plus loin dans l’eau d’un tuyau d’irrigation.

L’après-midi, d’autres khalas, toujours intéressants :

Ayaz khala dont les 3 forteresses successives ne sont pas sur les mêmes emplacements, ce qui nous fait marcher un peu…avec 42°C, il faut boire.

Nous posons notre K6 dans un « camping sanatorium », c’est un lieu de villégiature du parti au bord d’un bras de l’Amou Darya qui sert aujourd’hui de lieu de convalescence. Les petites maisons sont très peu occupées et les bâtiments de service complètement abandonnés. Un policier vient nous saluer et tailler une bavette avec un copain, et nous rassure, tout va très bien. Mais Monsieur le Directeur du site arrive avec des papiers,et tient des discours que nous ne comprenons pas. Au début, il nous fait signe de partir. Devant le refus tout net, il s’assied dans un de nos fauteuils, pousse un soupir admiratif et reste là. De temps en temps, il essaie de communiquer mais comme il ne parle que ouzbèque et russe, cela ne passe pas. Au bout d’une heure et demi de ce jeu, nous nous mettons à table et il comprend, s’écarte, mais ne s’en va pas. Puis une voiture arrive et quelqu’un lui tend une demi-pastèque qu’il nous apporte tout fier. Bilan : il a empoché le paquet de chewing-gums de JL et n’a pas signé de papiers d’enregistrement pour l’OVIR comme promis. L’OVIR est un organisme de contrôle des étrangers qui nous impose de nous faire enregistrer au moins tous les 3 jours. Si nous ne couchons pas à l’hôtel, il est très difficile de se faire enregistrer. JL s’empiffre de pastèque puisque F n’en mange pas. Comme le Directeur nous a interdit d’aller nous baigner (il y a des gros poissons qui mordent – sic) et que de toutes façons, il fait nuit, nous allons prendre une douche sous la fuite du château d’eau et allons nous coucher. Nuit très calme.

J42 30/06/2017 Noukous, Itchan Kala

Ce matin, nous retournons au bazar, nous avons besoin de change 100€, dont nous tirons 840000sums, ce qui met en évidence la perte de change de la veille. Mais la veille, nous avions changé des manats en sums. Bon…

Midi, nous cherchons un petit restaurant pour manger un kebab. Comme toutes les tables sont occupées, nous nous invitons à la table d’une femme seule (elle attend sa sœur). Nous commandons quelques chose qui ressemble à ce que nous voulons. La femme et la sœur parlent derrière nous. A la fin, la note est de 24000sums au lieu de 14500 anticipés. C’est elles qui ont modifié la commande parce qu’elles savaient qu’il n’y aurait pas assez. Inutile pourtant de protester : on parle de 2,8€. Il faut s’adapter. Et la femme qui se prétend prof d’anglais mais qui ne nous comprend qu’à peine, nous paie 2 glaces. Son salaire est de 1500000sums/mois, soit 200€ environ, mais impossible de refuser. Elle et sa sœur sont à Noukous pour une formation continue. Nous comprenons qu’elle est veuve depuis peu de temps et qu’en fait, elle garde des enfants à la maison.

Il nous faut nous dépêcher, au musée ce matin, une étudiante a fixé RV à JL à 14h30 pour pratiquer son anglais. Nous sommes 10mn en retard, mais il faut encore attendre mademoiselle pendant 20mn. Après qq mn d’entretien, elle comprend que JL n’est pas anglais. Frustration de s’être fait tromper et vexation de ne pas s’en être rendue compte, elle perd un peu d’intérêt à cette entretien jusqu’au moment où l’on parle de ses aspirations pour son futur job : chercheuse en mathématiques appliquées à l’informatique. Cela ne s’invente pas…

Le musée de Noukous est un peu particulier. Il a été démarré par un peintre polonais, Savitsky et il a été soutenu par une fondation. Il semble qu’il ait eu tant d’argent que décision a été prise de construire un bâtiment pour l’abriter. Dans ce groupe de bâtiment seront rassemblées toutes les collections des 3 musées de Noukous, mais pour l’instant, nous ne pouvons voir qu’une partie du musée ethnographique et du musée d’art contemporain soviétique monté par Savitsky. Il y a du bon et du moins bon. Des objets récupérés sur les sites archéologiques voisins lorsqu’ils n’ont pas été envoyés à l’étranger, des collections de bijoux et de vêtements locaux. Quelques bons tableaux.

Nous quittons Noukous après avoir visité le site d’un village féodal (sic) abandonné à Itchan kala.

Intérêt pour les techniques de construction à base d’argile et de paille. Peu d’information concernant l’organisation du village lui-même, le plan n’est pas lisible. Mais quand on voit les maisons actuelles, on se demande pourquoi les habitants ont quitté le vieux village pour en construire un juste à côté. Il y a sûrement quelque chose qui nous échappe.

Coucher de soleil sur le « fleuve » Amou Daria qui ne se jette plus nulle part par manque d’eau pompée abondamment et aveuglément tout au long de son parcours. La mer d’Aral ne recevant plus d’eau de ses sources se meurt depuis seulement trente ans. Notre projet prévoyait d’aller voir la situation de la mer d’Aral depuis Noukous, mais nous avons laissé tomber. Il faut maintenant 2 jours pour faire l’aller/retour, et un 4×4 puissant, car il y a des sables profonds à passer. Le tout pour plus de 500$ par personne. Les photos des bateaux échoués en pleine terre et complètement attaqués par le sel ont fait le tour de la terre. D’ici 10 ans si l’Ouzbékistan et le Turkménistan ne font rien, cette mer ne sera plus qu’un souvenir,et l’on parlera du sel. Un désastre.

Nous longeons l’Amou Daria vers l’Est pour nous rapprocher de Khiva. Mais avant d’aller à Khiva, nous voulons voir les châteaux qui défendaient les caravanes au nord de la ville. Après avoir grimpé les pentes de la forteresse Chilpik Dakhma surplombant le fleuve, nous choisissons de nous poser près d’une maisonnette vide proche d’un cimetière au bord du fleuve.

Le gardien devrait revenir le lendemain, il y a un chien pas trop agressif et une chatte très maigre investigatrice de l’intérieur du K6. Un homme qui passe à vélo nous fait comprendre que nous pouvons coucher dans la maison, ce sera plus confortable que le K6. Peut-être mais il n’y a pas d’insectes indésirables dans le K6…

La nuit sous les étoiles du désert est calme.