J182 17/11/2017 Kerman, sur la route de la drogue

Bam a été gravement sinistrée en 2003 par un tremblement de terre qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts dans la région. Aujourd’hui encore, les maisons sont en reconstruction, bien des endroits sont vides, témoins de la gravité du séisme. Notre hôtelier doit avoir besoin d’argent pour reconstruire lui-aussi, car le dîner quasi imposé de la veille nous coûte 500000Reals, pour 2 assiettes de riz avec quelques légumes, un peu de salade et du thé, à consommer dehors, et il devait faire 10°… Cela représente quand même 10€. Nous le quittons sans regret, et filons vers la citadelle, elle aussi en cours de reconstruction. Décidément, Bam est cher. Le ticket d’entrée à la citadelle est de 200000Reals par personne. A l’intérieur de l’enceinte, tout est fermé, y compris l’accès à l’étage supérieur le plus intéressant, et la salle de la maquette qui permettrait de comprendre l’ampleur de la construction en bon état, juste avant le tremblement de terre de décembre 2003.

 

Quand même, on peut voir de ce qui est de nouveau debout, que cette construction était énorme, et représentait une ville complète. Nous faisons le tour et pouvons l’admirer depuis une autre ruine un peu plus loin. En route pour Kerman, sur la route de la drogue arrivant de l’Afghanistan. En fait, pour nous, il ne s’agit que de quelques contrôles de police où l’on doit montrer les passeports pour satisfaire la curiosité des pandores. Les camions sont plus sérieusement inspectés, et on peut penser que les voitures suspectes sont fouillées. La qualité de la route est bonne, et nous arrivons à Mahan en fin de matinée. Il y a là un mausolée avec un jardin intéressant. Rien à voir avec Ispahan pour le mausolée ni avec Shiraz pour le jardin, mais les gens sont sympas, le lieu est simple et l’ambiance familiale.

Nous décidons de déjeuner dans le restaurant traditionnel de l’ensemble et pour 200000Reals, nous nous régalons d’un grand plat régional avec de la viande et des purées de légumes variés, une salade, du yaourt avec du concombre et une pleine assiette de fines herbes avec un grand nan, le tout arrosé de thé aromatisé, dans un cadre magnifique et chauffé. Nous repartons vers Kerman que nous atteignons dans l’après-midi. Le bazar est totalement fermé, nous devons nous contenter de la grande place centrale. Les hammams anciens que nous aurions voulu voir sont fermés aussi, par contre les mosquées sont occupées par les fidèles, et nous ne souhaitons pas déranger.

La seule animation que nous trouvons est un marché au puces où l’on trouve vraiment des choses inattendues, comme des clefs plates cassées, des flexibles de douche bouchés par le tartre, etc. Nous repartons donc vers l’ouest en direction de Shiraz, mais nous devons faire halte en pleine nature pour la nuit. Un chemin menant à un signal fait l’affaire et nous éloigne de l’autoroute.

J181 16/11/2017 Le musée archéologique de Zahedan

Comme promis la veille à notre mentor, nous allons visiter le musée de Zahedan avant de repartir. A notre arrivée, nous sommes pris en charge par une jeune femme parlant très correctement anglais qui nous explique que le musée est normalement fermé à cause de travaux, mais qu’elle comprend bien que nous ne pouvons pas revenir plus tard, elle nous guide un peu, puis un garde prend le relais. Effectivement, un grand nombre de vitrines sont mal rangées, nous comprenons que nos amis les photographes sont à l’œuvre et génèrent des problèmes.

Le contenu de ce musée est intéressant, il y a beaucoup d’objets trouvés dans les environs et le Balouchistan en général. Majoritairement, ces objets datent de 3000 ans, et on peut apprécier l’avancement de la technique dans la région à l’époque. Les poteries sont fines, décorées et peintes, souvent monochromes. Les bijoux sont riches, on trouve de l’or et des pierres précieuses.

Il y a des outils en bronze, et 2 objets attirent notre attention : un œil en métal pour cacher un problème à un œil d’une jeune femme de 25/30 ans, et des forets manuels en bronze. L’étage supérieur anthropologique présente moins d’intérêt, avec les scènes utilisant des mannequins pour illustrer la vie quotidienne, les pièces de monnaie, les armes et la vaisselle plus récentes.Pour les photos, il n’est pas question de rivaliser avec celles que nous a montré notre ami la veille au soir. Nous quittons la jeune femme qui est en fait le conservateur du musée, et notre équipe de photographes et nous mettons en quête de change, et de denrées alimentaires avant de prendre la route.

 

Nous quittons Zahedan  par la vieille ville. Il nous faut ensuite 4h pour rejoindre Bam à 300km par de bonnes routes.

 

 

Petit excès de vitesse de F, non sanctionné par la police pour cause d’impossibilité de communication. Nous passons la nuit dans une guesthouse un peu chère pour la qualité de la prestation.

J180 15/11/2017 La frontière pakistano-iranienne et les escortes

Rendez-vous avait été pris la veille pour départ à 8h, et le planning est à peu près respecté, nous voilà sur la route de nouveau à 8h15. Mais quelques km plus loin, au relais, de nouveau on nous demande de prendre le garde à bord, ils n’ont pas de voiture. Et cette fois, nous acceptons, le calcul étant que le garde ne pouvant maîtriser la vitesse, nous sommes libres de rouler plus vite que les escortes. Et cela marche. Nous pouvons monter à 100km/h sans recevoir de protestations autres que lorsque nous abordons des passages dégradés. La situation est un peu comique, nous avons exigé que l’arme soit posée au sol, sécurité engagée, et que le garde attache sa ceinture de sécurité, ce que visiblement il n’avait jamais fait de sa vie. Il s’ennuie, et nous avons droit à un concert grinçant de musique orientale à travers son téléphone.

 

Le décor est très désertique, la route est ponctuée de fortins plus ou  moins décorés. Nous atteignons Taftan en milieu de  matinée, et sommes immédiatement dirigés vers la sécurité de la frontière, engageant le processus de passage.

 

Le K6 fait des siennes en défonçant une bouche d’égoût en plein devant le bureau des douanes pakistanaises. Tout va relativement vite de ce côté-là, et nous retrouvons les fonctionnaires iraniens de l’autre côté. Fouille du K6 un peu plus poussée, mais sans trop d’insistance. Un délégué au tourisme s’empare de nos papiers, comme d’habitude, et nous mettons bien au clair que nous n’avons rien demandé, et que nous n’avons aucunement besoin de ce monsieur. Finalement, on nous demande d’attendre devant le bâtiment administratif pendant que nos passeports sont examinés. Le comique de l’histoire, c’est que les passeports sont déjà tamponnés, et que l’escorte iranienne est déjà là. Nous en profitons pour déjeuner. On finit par nous laisser aller, et nous sommes tout contents de voir que l’escorte roule à 12km/h, jusqu’à la sortie du poste frontière, quelques km plus loin. Là, on nous fait attendre “pendant l’examen de nos passeports”. L’escorte nous fait signe de partir devant, JL en profite pour partir à 95km/h, limite légale. Et bien entendu, l’escorte nous double et nous oblige à rouler à 50. En fait, nous sommes en convoi avec 3 bus pour quelques km. Là, pendant qu’on “examine nos passeports”, les bus nous quittent et nous attendons. Une nouvelle escorte prend le relais et le cirque recommence, à 140km/h cette fois  jusqu’à l’entrée de Zahedan. Là nous attendons la nouvelle escorte 45mn. et au moment où nous repartons, un fonctionnaire qui n’a rien fait tout le temps de l’attente décide d'”examiner nos passeports”. Un peu d’énervement commence à se faire jour. Finalement, on nous convoie jusqu’à un hôtel où personne ne parle anglais, c’est un client qui nous sert d’interprète. Il est photographe professionnel, à Zahedan avec son équipe pour réaliser un livre sur le musée.

De fil en aiguille, nous passons la soirée avec l’équipe très sympathique qui finit par nous inviter à dîner et même nous prêter une de leurs chambres le temps d’une douche chaude avant que nous rejoignions le K6 pour la nuit.

J179 14/11/2017 Encore un blocage de portail

A 9h nous sommes prêts à partir, demandons à ce que la police soit appelée pour l ‘escorte. A 10h, rien ne s’est passé, nous attendons. JL demande ce qui se passe, réponse : il y a un VIP en ville, nous vous demandons d’attendre 3 ou 4h. Mais nous savons que le trajet vers Dalbandin prend 6h, et qu’il est difficile de conduire après 18h. Décision est donc prise de mettre un peu de pression dans le système, sous la forme d’un mouvement du K6 en direction du portail de l’hôtel afin d’empêcher les véhicules d’entrer et sortir librement puisque nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes. Le ton commence à monter avec le patron de l’hôtel qui estime à juste titre être pris en otage. Nous nous écartons pour laisser sortir une ambulance qui a passé la nuit à côté de nous, mais en profitons pour bloquer complètement le portail, seuls les piétons peuvent passer. Au moins un client part à pied à cause de nous. Nous finissons par demander au patron de l’hôtel d’appeler Munir. Le résultat est immédiat, 2 motos de police arrivent dans les 5mn pour nous escorter en dehors de la ville.

Nous partons de l’hôtel vers 12h, on nous fait faire une halte dans une station service pour faire le plein, attendre un peu la nouvelle escorte devant un tas d’ordures, et nous voilà partis enfin, avec l’espoir d’atteindre Dalbandin en fin d’après-midi.

La routine a repris, alternance de motos, de voitures de police et des Levies, mais globalement, la vitesse de croisière est faible, 50 à 60km/h, ponctuée d’arrêts fréquents pour changer d’escorte, voire prier en plein désert.

 

Nous nous arrêtons à 13h pour déjeuner, mais l’escorte râle parce que nous n’allons pas assez vite !

 

 

 

Le paysage est de plus en plus désertique, même si pendant quelques km, nous longeons le lit d’une rivière. A un relais, le conducteur de la voiture d’escorte nous avertit que nous allons rouler plus vite. Effectivement, nous roulons maintenant à 100km/h et plus, alors que la route est dégradée et que nous n’avancions pas quand la route était bonne ! Nous arrivons quand même dans les temps à Dalbandin. On nous propose de dormir dans la voiture dans la cour d’un hôtel. Mais là, le chef des Levies nous informe qu’il a un problème de voiture et que nous devrons prendre à notre bord le soldat d’escorte le lendemain matin. Refus catégorique d’avoir une personne armée à bord. L’autre proposition est de continuer 55km plus loin et de coucher dans le camp des Levies, ce que nous choisissons. La voiture d’escorte nous emmène à un train de sénateur jusqu’à Yakmach où nous arrivons la nuit tombée. On nous demande de coucher dans une chambre fermée. Refus de nouveau, nous insistons pour dormir dans le K6 dans la cour. Yakmach est juste un barrage de contrôle sur la route de Taftan, il n’y a rien d’autre que le camp des Levies. Un garde est nommé pour veiller

J178 13/11/2017 Les procédures administratives du Balouchistan

Il a plu dans la nuit et la température s’est rafraîchie. C’est lundi matin, et nous pouvons repartir en chasse aux documents administratifs. La police appelée est bien instruite que nous souhaitons aller d’abord au consulat d’Iran, puis au gouvernement local. Donc on nous conduit d’abord au gouvernement local où, comme il fait froid dehors, les fonctionnaires se chauffent. Ils sont à 10 par bureau, bien carrés dans les fauteuils d’où invariablement nous les délogeons quand nous arrivons. Car nous suivons notre demande de NOC (Non Objection Certificate) d’un bureau à l’autre, religieusement. Un motard italien en panne de visa nous accompagne. Le marathon dure 2h, nous en sortons peu après midi, et commençons à nous dire que pour le visa iranien, cela commence à sentir le roussi, parce que la prière a lieu de 13h à 14h30. Nous secouons l’escorte qui avait tendance à la nonchalance, et arrivons à 12h40 devant le consulat. Là, nous passons en priorité, et ressortons 10mn plus tard avec 2 bons à payer sur la banque HBL pour le prix des visas (6350PR chaque, un peu plus de 100€ pour 2). Évidemment, nous ne trouvons pas d’ATM (DAB en français) capable d’accepter notre carte bancaire, et devons finalement mettre à contribution des dollars US.

Le tout, avec un déjeuner sur le pouce dans un faux McDo, nous a pris encore 2h, mais Munir, notre ange-gardien nous assure que de toutes façons, le consulat ne rouvre en fait qu’à 16h. Et il avait raison. Là, on nous échange nos documents contre un reçu valable pour le retrait des visas le lendemain. Nous protestons et obtenons de rencontrer le consul. Après délibérations, il nous promet les passeports pour 17h. Nous les recevons avec beaucoup de gratitude (sinon, il fallait recommencer le marathon du NOC le lendemain) à 18h15. En tout, nous avons passé plus de 9h à courir après 2 papiers.

Cela nous a permis de faire quelques courses alimentaires escortés par une Kalachnikov et d’avoir des conversations intéressantes avec Munir, d’apprendre par exemple qu’un officier de police de 38 ans, 16 ans de service, parlant anglais et qualifié pour le contact avec les étrangers gagne 38000PR par mois, soit un peu plus de 300€. Une moto standard coûte 42000 cash et 60000 si elle s’appelle « cash deposit » (achat à crédit). Munir a une seule femme qui est professeur, et 3 filles. Il est très chaleureux, évite la langue de bois, et souhaite nous offrir le dîner qu’il apporterait de sa maison après son service, ce que nous avons beaucoup de mal à refuser. Enfin, le résultat est que nous sommes prêts pour la traversée du Balouchistan et que nous pourrons partir dès demain matin.

J176 11/11/2017 Bloqués à Quetta

Nous avons eu tort d’y croire. Le consulat n’est jamais ouvert le samedi, il suffit d’aller sur son site internet pour le savoir. Et donc, petite balade avec l’escorte pour constater que rien ne se fera avant lundi matin. Et c’est pire que cela : le NOC délivré hier ne vaut plus rien, il en faut un nouveau qui sera rédigé lundi et ne sera valable qu’à partir de mardi matin. Nous sommes bloqués à Quetta 4 jours. Autre balade avec escorte pour aller tirer de l’argent d’un ATM.

Chou blanc, les ATM refusent obstinément de sortir un petit billet. Il paraît que ce sera meilleur lundi… La seule chose que nous puissions faire, c’est acheter des fruits et du pain. Retour dans la cour de l’hôtel, parce que nous avons décidé de ne pas payer 4000 roupies par nuit (36€) et que nous allons vivre dans le K6. Il parait qu’il y a 2 mois, un couple de Parisiens de notre âge a passé 4 jours dans la cour dans un Mercedes très semblable à notre K6.

Ce “camping” coûte quand même 18€ la nuit, en pleine lumière, sans petit déjeuner et avec douche froide. Nous passons le temps comme nous pouvons, F fait du nettoyage, JL du bricolage. Il s’est lancé dans une quête consistant à trouver un usineur capable de fabriquer un raccord permettant de relier nos bouteilles de gaz à celles du Pakistan. Tâche difficile…

J175 10/11/2017 Sur la route de Quetta

La nuit a été frustrante dans la cour du poste de police. D’abord, il nous a fallu nous équiper d’un officier de police et d’un porte-flingue pour aller acheter du pain et une bouteille de coca. Mais surtout, nous avions vu dans le guide que le jeudi soir dans la région du Singh, les fidèles soufis se rassemblent pour chanter et danser accompagnés par des tambours, jusqu’à tomber en transe et s’évanouir. Dans la mosquée voisine, après l’appel strident et long de la prière du soir, nous entendons les tambours battre toute la nuit. Cela dure jusqu’à 5h du matin. Et pas moyen de nous déplacer pour aller voir. Il ne reste que le gardien au portail, inutile de rien lui demander. Et humiliation ultime, nous finissons par nous endormir, et c’est un policier qui nous réveille et nous demande le programme de la journée ! Il reste 170km pour rejoindre Quetta. Le paysage change plusieurs fois, pendant quelques km, nous naviguons même plein sud, alors que notre direction générale est nord-ouest.

Nous suivons le lit d’une rivière, et les montagnes sont apparues autour de nous. Nous montons vers Quetta, l’altimètre dépasse les 2000m.

 

Les camions ont du  mal à grimper les côtes, même les derniers Hino, modernes mais toujours décorés de la façon très kitsch pakistanaise.

 

 

Nous arrivons à l’entrée de la ville vers 11h30, dans les fumées des usines. Mais d’embouteillage à attente de l’escorte urbaine, nous arrivons à l’hôtel seulement une heure après. Déjeuner dans le K6, puis nous attendons notre nouvelle escorte pour aller au consulat iranien récupérer les visas, et au département de l’intérieur pour obtenir le certificat de non-objection à notre traversée du Balouchistan pour rejoindre la frontière à Taftan. L’escorte arrive vers 15h15, nous sommes furieux car les bureaux ferment à 16h. Nouveau mode d’escorte : nous allons dans les bureaux du gouvernement en tuktuk, escortés par une moto. Le certificat est rapidement obtenu, le fonctionnaire comprend l’urgence. Nouveau mode d’escorte : nous sommes dans la voiture d’escorte, et là nous comprenons que ce n’est pas un job agréable : dans la benne du pick-up, nous respirons tous les gaz d’échappement, et il n’y a ni filtre à particules ni pot catalytique ! Au consulat iranien, on nous dit qu’il a été fermé toute la journée pour cause de jour férié. Mais nous pouvons revenir demain samedi, il sera ouvert à partir de 10h. Il nous faut y croire, parce que sinon, il nous faudra attendre lundi…

J174 09/11/2017 La « sécurité » policière

Petits déjeuner, ablutions, nous démarrons le K6 et nous apprêtons à partir. C’est quand le K6 commence à bouger que les policiers de la voiture à côté se rendent compte que nous partons. Ils manœuvrent rapidement leur voiture et nous barrent le chemin de la sortie de la station service. De nouveau, conflit, discussions…Il nous faut accepter l’« escorte ». Alors que nous pensions être tranquilles au moins jusqu’à l’entrée au Balouchistan, cela nous tombe dessus 500km plus tôt.

 

 

Nous suivons donc cette voiture. Au bout de quelques km, une station essence nous tente, nous nous arrêtons, après avoir fait des appels de phares aux pandores qui n’ont rien vu. La pompe ne prend pas les cartes de crédit, il faut aller plus loin. Les policiers qui sont revenus nous assurent que la prochaine pompe à 2km prend les cartes, ce qui n’est évidemment pas vrai.

Nous changeons de véhicule d’escorte. Les nouveaux ont des idées différentes des nôtres sur l’itinéraire, il nous faut bloquer le système une fois de plus pour être entendus. Ils oublient le besoin en carburant. Cela se termine évidemment dans une autre marque de carburant que celle que nous souhaitions, et paiement en cash. Les policiers changent une nouvelle fois notre itinéraire. Cette fois, nous cédons.

Mal nous en a pris, la nouvelle route passe dans les villages, alors que nous privilégions l’autoroute, même avec un détour de plusieurs dizaines de km. La route est défoncée. Nous changeons de véhicule d’escorte pour une moto.

Puis une autre, puis une autre voiture, puis encore des motos, et nous arrêtons de faire le compte. En gros, nous changeons d’escorte tous les 7 à 8km. Rapidement, les policiers ne savent pas qui nous sommes, ni même où nous allons ! Arrêt déjeuner, à l’ombre dans un petit chemin. Cela ne plaît pas à nos accompagnateurs qui veulent nous voir aller au restaurant. On nous met la pression pour terminer notre repas plus vite. A la fin de la journée, nous avons parcouru 425km et donc changé d’escorte environ 50 fois en 10h. Il est 18h quand nous nous rendons compte que nous n’atteindrons pas Quetta aujourd’hui. Nous sommes à côté de Sibi. Les policiers nous « invitent » à dormir là et nous installent dans la cour du commissariat. Nous ne pouvons même pas sortir pour aller acheter du pain.

J173 08/11/2017 Invités par le Khan, arrêtés par la police

Objectif le maximum de km dans la journée, nous repartons dès le petit déjeuner avalé. Il n’y a pas grand-chose à dire de la route, c’est une 2 chaussées semi-fermée. Il faut être attentif aux traversées de villages et aux connections entre les 2 chaussées qui permettent aux locaux de communiquer d’un côté à l’autre de la route.

 

 

On côtoie tous les types de transports routiers, des vélos aux gros poids-lourds de transport de carburant, en passant par les tracteurs agricoles, les charrettes à âne, les camions de transport de voitures très longs, même un troupeau de chameaux.

 

 

 

 

Arrêt à midi à Multan pour visiter un mausolée et un musée. Le temps est terriblement brumeux, on ne voit pas grand-chose de la ville. La curiosité, c’est nous. Aucun touriste. Nous faisons des courses dans un supermarché qui vend de l’eau en bonbonnes de 20l consignées. En repartant, JL explose une nouvelle fois le rétroviseur droit en traversant le bazar. F prend le volant et roule jusque dans la région de Bahawalpur, arrêt à la traversée de la rivière Sutlej sur le chemin d’accès à une propriété. Pendant notre déjeuner, le propriétaire arrive et propose des plats que nous nous sentons obligés d’accepter. Nous finissons pas accepter aussi une invitation à prendre le thé et visiter la maison, et voir les antiquités de la famille : un gros coffre-fort anglais et une caravane.

C’est un gros propriétaire terrien, tout fier de nous montrer son domaine, et présenter sa famille, 2 femmes, 4 fils et 3 filles. Un neveu est aussi présent , il parle anglais et vit en Arabie Saoudite. 2 des filles reviennent de l’école et prennent des photos avec F, on échange des cadeaux. Nous reprenons la route en direction de Khanpur, et nous choisissons un chemin qui s’écarte de la route pour nous installer dans les champs de canne à sucre à la nuit tombante. Évidemment, quelques minutes plus tard, des motos passent dans le chemin, et un peu plus tard, un paysan ouvre la portière de la voiture, créant un incident. La police arrive ensuite et nous retire nos passeports. S’ensuit un chantage aux passeports. Et au bout de 2h de tractations visant comme d’habitude à montrer que la police a l’autorité, nous finissons par atterrir dans une station service au bord de l’autoroute. Le bruit est énorme, avec les moteurs des camions, les klaxons extrêmement stridents, et l’odeur de carburant. Au moment où nous arrivons plus ou moins à nous endormir, une voiture de police vient se mettre à côté du K6 et reste là, tous phares allumés et moteur en route. Il faut que JL aille protester pour que les policiers arrêtent le moteur et éteignent les phares. Le vacarme se calme étrangement vers 5h du matin.