Aujourd’hui, nous avons décidé de nous dégourdir les jambes, et de découvrir un peu plus le pays et les gens en profondeur. C’est parti de bon matin, nous allons voir le village en haut de la vallée. Et cela démarre très fort, juste à côté du K6, par une ancienne route abandonnée pour cause de glissements de terrain. Une jolie vue sur le lac Iskander, puis le passage du col nous amène à un curieux lotissement de bâtiments que l’on dirait militaires. En fait, il s’agit de baraquements pour le logement d’ouvriers à la mine qui était exploitée plus haut, beaucoup plus haut. Notre route remonte en effet haut dans la montagne et nous découvrons les crassiers en étage sur le flanc de la montagne. Tout est arrêté maintenant, et ne restent ici que deux paysans qui veulent nous vendre du miel. Nous continuons vers le village envisagé au départ, en franchissant le torrent sur un pont routier plus branlant encore que celui d’hier avec le K6. Au village, il y a quelques maisons pauvres, et un magasin paraît-il.
L’accueil est froid, voire hostile, sauf des gamins espérant quelque gain. JL donne ses habituels chewing-gums, et l’un de ces gamins se colle à lui, bricole sa montre et doit être repoussé vigoureusement pour comprendre qu’on ne veut pas de lui. Le retour vers le K6 se fait par la « route » normale. Il fait maintenant chaud et c’est l’heure du déjeuner. Nous nous décidons pour un restaurant, il faut donc redescendre dans la vallée.
Un restaurant au bord de la rivière fait l’affaire, le patron nous invite dans la cuisine et nous choisissons dans les gamelles sur le feu.
Quelques km plus loin, nous quittons de nouveau la route pour remonter une vallée vers Anzob où nous laissons le K6 de nouveau pour monter vers Margheb à pied.
Le paysage est magnifique, nous suivons par l’ancienne route de Douchanbé le torrent et nous rencontrons même des ponts de neige au pied des couloirs d’avalanche.
A Margheb, nous sommes accueillis par le patron de la guesthouse Veterok, très déçu que nous ne soyons pas des grimpeurs venus d’exercer sur la paroi de 1200m qui domine le village. Nous lui achetons une tasse de thé et des petits gâteaux et redescendons vers le K6 dans la poussière de la route. Nous aurons fait quand même une trentaine de km à pied aujourd’hui, cela nous manquait.
Direction Douchanbé par la nouvelle route. Il fait maintenant nuit, la route est ponctuée de tunnels mal chaussés et il y a énormément de camions mal éclairés qui se doublent sauvagement alors qu’ils roulent à 40km/h maximum. Les conducteurs des voitures s’impatientent et doublent aussi n’importe comment, ce serait un joyeux chaos si ce n’était pas si dangereux, la route n’ayant aucune protection contre les chutes dans les ravins. De plus, entre les tunnels, il y a des travaux sous forme de grands rectangles de revêtement enlevés, attendant 5cm plus bas que le reste de la route que quelqu’un vienne pour remettre du goudron, ce qui fait faire des écarts importants aux véhicules le tout dans le noir avec des véhicules pas ou trop éclairés, bref, l’enfer.
Nous abandonnons l’idée d’arriver à Douchanbé le même jour et quittons la grand route pour remonter vers un sanatorium (?) dans la montagne. Un virage avec un terre-plein plat nous accueille pour la nuit, calme et sans trafic, avec les étoiles dans le ciel.