J58 16/07/2017 Le choix de la route Nord

Le soleil nous réveille tôt, la routine du matin est effectuée rapidement, il n’y a aucun point d’intérêt à considérer. Nous voilà donc partis à remonter le mauvais chemin qui nous a menés au bord du lac la veille. Reprise de la route en sens inverse jusqu’à Vahdat. Décision rapidement confirmée : nous filons sur la route dite du Nord, pour ne pas prendre le risque d’être bloqués dans le Sud à attendre les réparations suite aux inondations. C’est une grande route bien asphaltée et sans problème que nous suivons sur une trentaine de km. Peu avant Roghun, JL qui conduit est arrêté à un barrage de police. On lui reproche un excès de vitesse mesuré par radar portable. Il faut imaginer le flic avec une espèce de pistolet qu’il manœuvre comme Butch Cassidy et avec lequel il prétend viser et ajuster une voiture. Contestation vigoureuse de JL qui voit venir la demande d’argent. Et on va dans le bureau du chef. Lequel confisque le permis de conduire international de JL et réclame 120somonis. Réponse ferme : niet. Et JL retourne dans la voiture attendre que les choses évoluent. On commence à parler de déjeuner, mais il n’est que 11h30 et de toutes façons, le chef appelle JL, lui rend son permis et demande de l’argent. Réponse non moins ferme : niet. Et nous repartons sur la route qui maintenant n’est plus asphaltée et dons pleine de trous et de poussière. A un autre barrage, le flic fait signe de stopper, mais ne se déplace pas pour venir dire ce qu’il veut. JL redémarre et rien ne se passe.

Roghun, nous regardons ébahis les crassiers d’une mine et d’une carrière. Le chantier est énorme.

10km plus loin, un cycliste routard est arrêté à l’ombre d’un arbre. C’est Nigel Smith, un Australien de 60 ans qui sillonne le monde depuis 6 ans et a parcouru 65000km. Il a visiblement besoin de parler, on ne peut plus l’arrêter. Il nous donne l’info qui nous manquait : les crassiers sont dus au chantier du barrage de Roghun, qui va permettre de turbiner le Khingob et probablement d’en détourner le cours pour de l’irrigation et donc assécher encore plus l’Amou Darya et la mer d’Aral. Lui non plus n’a pas accepté de payer les flics. Il faut dire que nous sommes arrêtés au minimum tous les 50km, et qu’il y a encore plus de barrages qui ne nous stoppent pas. Les locaux sont véritablement ponctionnés. Déjeuner sur le lieu d’un marché abandonné, à l’ombre providentielle d’un arbre.

Un peu plus tard, nous doublons une jeune cycliste suisse qui peine un peu dans les chaos et la poussière. Partis de Suisse, elle et ses copains envisagent d’aller à Pékin et de retourner en Suisse avec le Transibérien. Nous doublons les copains un peu plus loin. Il y a quand même quelques passages un peu folklos quand même…

2 barrages de police plus loin, nous stoppons dans le lit très élargi du torrent pour la nuit. Un peu de circulation en début de nuit.

J57 15/07/2017 L’eau du Tadjikistan

 

Ce matin, c’est la frénésie afin de terminer les posts du blog pour que Corentin puisse les mettre en ligne. Nous allons partir sur la route du Pamir, et ne savons pas quand nous pourrons nous connecter de nouveau. Donc, piscine d’abord, petit déjeuner excellent ensuite, en compagnie d’un Allemand et d’un Chinois sismologues que nous n’avions pas remarqués au dîner la veille à la table voisine. Discussion très intéressante sur notre voyage et la route du Pamir. Confirmation nette que la route du Sud est coupée par des inondations et ne sera pas en état avant plusieurs jours. Confirmation aussi que la route de l’Est comprend une portion non asphaltée dangereuse en temps de pluie, car il y a alors des chutes de pierres en plusieurs endroits (fonds de vallées, d’après ce que nous avons compris). En, gros, sauf à faire un détour de plusieurs centaines de km -et encore- il n’y a qu’une alternative : prendre la route de l’Est ou abandonner le projet. L’Allemand, qui vient d’acheter le même véhicule que le nôtre, garantit que nous pouvons passer sans problème, avec précautions. L’Américain de la veille, rencontré sur la terrasse, reprend les mêmes discours. Au Sud, pas de passage pour l’instant, à l’Est c’est bon, mais il faut être prudent. Pour la suite, après Khorog, Il y a 2 pompes à essence à Murgob, mais personne ne sait si elles ont du gazole. Il faut demander à Khorog.

Après toilette et envoi à Corentin des posts à jour, chargement des photos à jour, et paiement de la note (CB), nous voilà repartis.

Petit tour à Auchan pour faire des courses nécessaires pour 2 jours et ce qu’on ne trouvera pas ailleurs (confiture). Le parking couvert est payant, dehors c’est gratuit. Et finalement il est midi, nous déjeunons dans une des cafeterias dans le centre commercial. Amusant de voir des parents arriver avec des enfants n’ayant jamais vu un escalator.

Un dernier tour des grandes avenues de Douchanbé pour prendre quelques photos, et nous voilà en train de chercher une pompe à essence. Nous payons nos 82 litres de gazole 6 TS/l, l’équivalent de 0,61€/l, 15 % plus cher que 100km plus au Nord. Combien paierons-nous dans le Pamir ?

Nous filons vers la retenue de Nourek, un peu en dehors de l’itinéraire, mais qui semble sympa. Arrivés dans le village de Nourek, c’est la déception, il y a bien un lac, mais sans grand intérêt et les maisons ex-soviétiques du village sont des repoussoirs. En regardant plus attentivement, nous voyons un geyser en amont du lac.

Il s’agit du déversoir du barrage. Quelle énergie perdue ! JL en revient tout trempé. Et nous découvrons qu’il y a un grand lac au dessus du petit. Au 3e essai, nous trouvons un chemin très poussiéreux qui descend jusqu’au lac, la vue est magnifique. Il y a là des pêcheurs, dont un parlant anglais parce qu’il a effectué une mission de 2 ans pour les Nations Unies dans le Darfour. Des troupeaux viennent s’abreuver et un berger vient nous parler avec sa mère. Anglais un peu hésitant, mais nous nous comprenons. Photo obligatoire avec un de ses amis de passage. La mère, 49 ans, n’a plus de dents de devant, et ne vient pas pour la photo.

Nuit calme, bercée par les grenouilles.