J43 01/07/2017 Pastèques, nécropoles et 50 khalas

Réveil à 5h40 par un vieux side-car. C’est le gardien qui nous découvre avec un grand sourire de ses dents en or (grande mode pour hommes et femmes en Ouzbékistan). JL doit sortir impérativement. Et comprendre assez rapidement que notre homme est ivre, ce qui ne l’empêche pas de nous inviter pour le petit déjeuner. Il nous embrasse, et même sur la bouche pour Françoise qui n’apprécie pas du tout. L’haleine chargée sans doute…Le petit déjeuner se résume à une pastèque pour ce qui est de l’alimentation, du thé et…de la bière pour les boissons. Notre homme vide rapidement une demi bouteille de 2l de bière, et nous ne pensons plus qu’à fuir.

Pendant que JL occupe notre hôte en mangeant une demi-pastèque, F met le K6 en mode route, et nous levons le camp à 6h30, ce qui est, convenons-en, assez inhabituel.

Sur le chemin, apparaît encore une fois une arche à l’entrée d’une route transversale. Nous nous engageons et trouvons une nécropole ou plutôt un immense cimetière, avec services. La vue est étonnante. Il y a beaucoup de visiteurs qui viennent par minibus. Nous pouvons monter plus haut et la route finit au pied d’une montagne au sommet de laquelle est installée une buvette. Le lieu est sacré et sert aux pèlerinages. A la descente, nous trouvons les marchands de souvenirs et bondieuseries. On nous offre de la pastèque, du coca fait sur place (déjà vu en Amérique Centrale) et des graines de quelque chose que nous n’avons pas identifié.

Nous enchaînons les Khalas (châteaux forts), tous plus ou moins en ruines, mais les sites sont très beaux :

Topirak khala
Qizil khala

Sur Topirak khala, nous rencontrons des touristes européens et asiatiques. Les chauffeurs nous posent des questions sur le K6. En échange, nous glanons des informations sur le gazole qui pose problème en Ouzbékistan, car il n’est théoriquement pas en vente libre. Nous apprenons qu’il y a quelques pompes maintenant autorisées à en vendre et qu’il y a deux qualités, le noir à 2800OS/l à éviter et l’autre à 3500OS/l (moins de 0,5€). Encore faut-il trouver les pompes.

Déjeuner au bord d’un village, un villageois vient nous proposer des débris de poterie que nous déclinons. Les gamins pataugent un peu plus loin dans l’eau d’un tuyau d’irrigation.

L’après-midi, d’autres khalas, toujours intéressants :

Ayaz khala dont les 3 forteresses successives ne sont pas sur les mêmes emplacements, ce qui nous fait marcher un peu…avec 42°C, il faut boire.

Nous posons notre K6 dans un « camping sanatorium », c’est un lieu de villégiature du parti au bord d’un bras de l’Amou Darya qui sert aujourd’hui de lieu de convalescence. Les petites maisons sont très peu occupées et les bâtiments de service complètement abandonnés. Un policier vient nous saluer et tailler une bavette avec un copain, et nous rassure, tout va très bien. Mais Monsieur le Directeur du site arrive avec des papiers,et tient des discours que nous ne comprenons pas. Au début, il nous fait signe de partir. Devant le refus tout net, il s’assied dans un de nos fauteuils, pousse un soupir admiratif et reste là. De temps en temps, il essaie de communiquer mais comme il ne parle que ouzbèque et russe, cela ne passe pas. Au bout d’une heure et demi de ce jeu, nous nous mettons à table et il comprend, s’écarte, mais ne s’en va pas. Puis une voiture arrive et quelqu’un lui tend une demi-pastèque qu’il nous apporte tout fier. Bilan : il a empoché le paquet de chewing-gums de JL et n’a pas signé de papiers d’enregistrement pour l’OVIR comme promis. L’OVIR est un organisme de contrôle des étrangers qui nous impose de nous faire enregistrer au moins tous les 3 jours. Si nous ne couchons pas à l’hôtel, il est très difficile de se faire enregistrer. JL s’empiffre de pastèque puisque F n’en mange pas. Comme le Directeur nous a interdit d’aller nous baigner (il y a des gros poissons qui mordent – sic) et que de toutes façons, il fait nuit, nous allons prendre une douche sous la fuite du château d’eau et allons nous coucher. Nuit très calme.

J42 30/06/2017 Noukous, Itchan Kala

Ce matin, nous retournons au bazar, nous avons besoin de change 100€, dont nous tirons 840000sums, ce qui met en évidence la perte de change de la veille. Mais la veille, nous avions changé des manats en sums. Bon…

Midi, nous cherchons un petit restaurant pour manger un kebab. Comme toutes les tables sont occupées, nous nous invitons à la table d’une femme seule (elle attend sa sœur). Nous commandons quelques chose qui ressemble à ce que nous voulons. La femme et la sœur parlent derrière nous. A la fin, la note est de 24000sums au lieu de 14500 anticipés. C’est elles qui ont modifié la commande parce qu’elles savaient qu’il n’y aurait pas assez. Inutile pourtant de protester : on parle de 2,8€. Il faut s’adapter. Et la femme qui se prétend prof d’anglais mais qui ne nous comprend qu’à peine, nous paie 2 glaces. Son salaire est de 1500000sums/mois, soit 200€ environ, mais impossible de refuser. Elle et sa sœur sont à Noukous pour une formation continue. Nous comprenons qu’elle est veuve depuis peu de temps et qu’en fait, elle garde des enfants à la maison.

Il nous faut nous dépêcher, au musée ce matin, une étudiante a fixé RV à JL à 14h30 pour pratiquer son anglais. Nous sommes 10mn en retard, mais il faut encore attendre mademoiselle pendant 20mn. Après qq mn d’entretien, elle comprend que JL n’est pas anglais. Frustration de s’être fait tromper et vexation de ne pas s’en être rendue compte, elle perd un peu d’intérêt à cette entretien jusqu’au moment où l’on parle de ses aspirations pour son futur job : chercheuse en mathématiques appliquées à l’informatique. Cela ne s’invente pas…

Le musée de Noukous est un peu particulier. Il a été démarré par un peintre polonais, Savitsky et il a été soutenu par une fondation. Il semble qu’il ait eu tant d’argent que décision a été prise de construire un bâtiment pour l’abriter. Dans ce groupe de bâtiment seront rassemblées toutes les collections des 3 musées de Noukous, mais pour l’instant, nous ne pouvons voir qu’une partie du musée ethnographique et du musée d’art contemporain soviétique monté par Savitsky. Il y a du bon et du moins bon. Des objets récupérés sur les sites archéologiques voisins lorsqu’ils n’ont pas été envoyés à l’étranger, des collections de bijoux et de vêtements locaux. Quelques bons tableaux.

Nous quittons Noukous après avoir visité le site d’un village féodal (sic) abandonné à Itchan kala.

Intérêt pour les techniques de construction à base d’argile et de paille. Peu d’information concernant l’organisation du village lui-même, le plan n’est pas lisible. Mais quand on voit les maisons actuelles, on se demande pourquoi les habitants ont quitté le vieux village pour en construire un juste à côté. Il y a sûrement quelque chose qui nous échappe.

Coucher de soleil sur le « fleuve » Amou Daria qui ne se jette plus nulle part par manque d’eau pompée abondamment et aveuglément tout au long de son parcours. La mer d’Aral ne recevant plus d’eau de ses sources se meurt depuis seulement trente ans. Notre projet prévoyait d’aller voir la situation de la mer d’Aral depuis Noukous, mais nous avons laissé tomber. Il faut maintenant 2 jours pour faire l’aller/retour, et un 4×4 puissant, car il y a des sables profonds à passer. Le tout pour plus de 500$ par personne. Les photos des bateaux échoués en pleine terre et complètement attaqués par le sel ont fait le tour de la terre. D’ici 10 ans si l’Ouzbékistan et le Turkménistan ne font rien, cette mer ne sera plus qu’un souvenir,et l’on parlera du sel. Un désastre.

Nous longeons l’Amou Daria vers l’Est pour nous rapprocher de Khiva. Mais avant d’aller à Khiva, nous voulons voir les châteaux qui défendaient les caravanes au nord de la ville. Après avoir grimpé les pentes de la forteresse Chilpik Dakhma surplombant le fleuve, nous choisissons de nous poser près d’une maisonnette vide proche d’un cimetière au bord du fleuve.

Le gardien devrait revenir le lendemain, il y a un chien pas trop agressif et une chatte très maigre investigatrice de l’intérieur du K6. Un homme qui passe à vélo nous fait comprendre que nous pouvons coucher dans la maison, ce sera plus confortable que le K6. Peut-être mais il n’y a pas d’insectes indésirables dans le K6…

La nuit sous les étoiles du désert est calme.

J41 29/06/2017 Entrée en Ouzbékistan et Noukous

A 9h, ouverture de la douane, cela fait déjà 1h que nous avons avancé le K6 devant la barrière. Accueil plutôt agréable, mais cela reste professionnel. Les papiers se font un peu bizarrement, nous sommes seuls face aux formulaires pas très clairs. Nous ne déclarons que les devises que nous avons sur nous. La carte grise du K6 est examinée sous toutes les coutures, les passeports tripotés dans tous les sens. En jetant un coup d’oeil sur le registre des entrées, on ne voit que très peu de gens. Il n’y a aucun véhicule. La veille aus soir, peu avant la fermeture de la douane, 2 femmes sont passées, faisant du trafic à la frontière. Aujourd’hui, une seule dans l’autre sens. Ces douaniers ne sont pas surchargés par le travail. Inspection du véhicule, nous avons affaire à des curieux plus qu’à des inspecteurs. Pourtant, l’un plus rusé que les autres demande ce qu’il y a dans le caisson du côté droit du K6 (la marquise), JL se méprend et ouvre le toit. Ébahissement, c’est tout juste si le chef des douaniers n’est pas monté dans le toit pour voir. Il a fallu tout sortir cu coffre, mais ils n’ont pas vu les médicaments, donc pas posé de questions. Appareils photos examinés aussi, les photos les ont beaucoup intéressés. L’un dans l’autre, nous y passons 2h.

Quelques km après la douane, visite d’un site ancien en ruines.

Au premier village, nous longeons un marché. Après réflexion, nous entrons avec le K6 pour faire quelques achats de fruits et changer l’argent. Au fond de la 3e cours, un vendeur de vêtements accepte de reprendre les manats. Il change les 104 manats restants pour 83000sums, donc 1€=3192soms et nous sommes contents, le taux officiel que JL a noté est 3500, il ne semble pas y avoir de perte.

Pour le déjeuner, nous achetons 1 sumsa sur le même marché pour 5000 sums, et cela fait le repas (1,5€) avec quelques abricots. Puis nous roulons vers Noukous, capitale de la république du Karakalpakstan, nous visons l’hôtel le plus vite possible. Les activités de l’après-midi : douche et rattrapage retards CR et photos, la connection est rapide et stable.

JL essaie de traiter le pb des frais pour la Chine. Il faut appeler le service clients d’HSBC qui refuse de répondre aux appels via Skype ou Viber. La dernière solution consiste à imprimer un document, le signer, le scanner et le renvoyer par fax (obligatoire!??) à Paris. On y arrive avec 1$.

En fin d’après-midi, en allant voir le bazar, nous repérons 2 routards sortant du musée. Ce sont 2 jeunes Anglais (lui Irlande du nord, elle anglaise) à motos, 2 Honda 400 monocylindres surchargées. Ils viennent de la mer d’Aral et elle est tombée sur la piste. Mais le moral va bien, ils sont sur la même route que nous. Visite du bazar, puis nous rentrons à pied pour un dîner dans le K6. Mais sur le chemin du retour à l’hôtel, un homme qui prépare le dîner sur son trottoir nous invite à manger le plov familial. Comme nous sommes intéressés de manger un plov,nous acceptons. L’accueil est très chaleureux, la communication facile, le fils parle très bien l’anglais. Une bouteille de vin fait son apparition, et du coup, il faut rentrer pour manger et boire, occasion de visiter la maison. 2 grandes pièces de réception immenses, totalement vides, à l’exception des tapis et de futons. Décoration super kitsch. Dîner entre hommes avec Françoise. Cet homme est commissaire de police et a été muté de Tachkent à Noukous il y a moins d’un an.

C’est un peu le portrait du commissaire Maigret. Détail amusant : il est né le 8 mai. Le plov est excellent, le reste du dîner aussi, le vin ouzbek par contre…

Quelques informations glanées au fil de repas : il y des pompes qui vendent du gazole, contrairement à ce qui est communément dit. Nous saurons plus tard qu’il y a 2 types de GO, et qu’il faut choisir le plus cher pour le K6. L’eau est définitivement imbuvable en Ouzbékistan. Il faut acheter des bouteilles ou des bonbonnes recyclées. Nous nous quittons sur le trottoir, après avoir découvert que le dîner des femmes (sans alcool) se déroulait en même temps dehors.

J40 28/06/2017 Kounia-Ourgentch et la sortie du Turkménistan.

 

Lever tôt, réveillés par le muezzin. En route pour le site archéologique qui est dispersé sur une assez grande surface. Nous décidons de marcher car il ne fait pas encore très chaud.

De mausolée en ruines de mosquées et un minaret impressionnant de hauteur et en virgule au sommet, nous essayons de nous figurer ce qui a fait que cette ville a été rasée 2 fois et que les habitants l’ont reconstruite à chaque fois. Il y a de l’eau, c’est un peu la porte nord du désert du Karakoum. Ce n’est pas une ville, il n’y a aucune infrastructure, un seul hôtel minable, une mosquée en reconstruction.Du caravansérail du 13e siècle ne reste que le portail d’entrée, bien abîmé et squatté par les chauve-souris et les hirondelles. Les dimensions du lieu semblent avoir été importantes, mais il n’y a plus que de vagues tas de terre. Tout le site abrite des tombes. Gengis Khan avait liquidé là les habitants qui n’avaient pas voulu laisser leur ville et avaient brûlé les barbes des émissaires du chef mongol. A partir de 10h, le site se peuple de Turkmènes qui vont en pèlerinage et prient près de tous les monuments. Pour les aider dans leurs prières, un diseur de textes religieux se trouve toujours là pour réciter des versets du Coran et récolter quelques manats. Nous partons en quête de gazole, d’eau pour le réservoir et d’air pour les pneus avant qui ont bien souffert la veille. Pour ces trois consommables que l’on trouve dans un même lieu en France, il nous faut trouver le fournisseur adequat. Le gazole est à la station hors la ville. L’air chez un « vulkanizer » qui pour 1 manat regonfle nos pneus. Pour l’eau, c’est à la Police que se trouve le tuyau d’eau buvable, test à l’appui. Au retour, en passant devant le site, nous retrouvons nos amis de la veille.

Puis nous visitons le marché et déjeunons dans un tchaïkana pour 4 manats (1€).

Ensuite, force est de constater que nous n’avons plus rien à faire ici et nous nous acheminons vers le lieu de notre nuit : la frontière. Nous allons dormir dans la zone franche dont un policier nous a dit la veille qu’elle comporte tout ce dont on a besoin, toilettes, eau, etc.

Le K6 est fouillé cette fois-ci de fond en comble, il a fallu tout sortir. La raison est que le douanier a trouvé un Coran qui nous a été donné en Turquie et qu’il soupçonne que nous sommes des porteurs de propagande islamique, ce qui nous surprend. Ils cherchent donc des armes et des bouquins. Finalement, cela se termine comme d’habitude, avec des sourires, tout va bien. Sauf qu’en passant la barrière vers l’Ouzbékistan, pour éviter le trou énorme à droite, JL tourne le volant légèrement à gauche et érafle le bas de caisse du K6 avec une grosse borne qui dépassait du trottoir. 50m plus loin, il faut s’arrêter, les douaniers Ouzbèques consultés refusent le passage, il faut bel et bien dormir dans ce marécage de 100m de large qui constitue la zone franche et où, bien entendu, il n’y a rien, que 3 épaves de voitures russes qui n’ont pu aller plus loin, et nous.

Nous aurons la visite d’un chien qui passe la frontière sans passeport et sans visa puis d’un lapin, itou, tout gris un peu effarouché, vers 20h un ouzbèque nous interpellera, nous venons juste d’ouvrir le toit, il échangera quelques mots avec JL Est-ce le gardien de nuit ? Sans doute et il s’ennuie déjà mais une grande grille nous sépare. Des chiens jappent ils semblent enfermés dans un enclos, bienvenue au club les chiens, pourvu que cela ne dure pas toute la nuit. Le soleil se couche il est temps de préparer un repas.