J180 15/11/2017 La frontière pakistano-iranienne et les escortes

Rendez-vous avait été pris la veille pour départ à 8h, et le planning est à peu près respecté, nous voilà sur la route de nouveau à 8h15. Mais quelques km plus loin, au relais, de nouveau on nous demande de prendre le garde à bord, ils n’ont pas de voiture. Et cette fois, nous acceptons, le calcul étant que le garde ne pouvant maîtriser la vitesse, nous sommes libres de rouler plus vite que les escortes. Et cela marche. Nous pouvons monter à 100km/h sans recevoir de protestations autres que lorsque nous abordons des passages dégradés. La situation est un peu comique, nous avons exigé que l’arme soit posée au sol, sécurité engagée, et que le garde attache sa ceinture de sécurité, ce que visiblement il n’avait jamais fait de sa vie. Il s’ennuie, et nous avons droit à un concert grinçant de musique orientale à travers son téléphone.

 

Le décor est très désertique, la route est ponctuée de fortins plus ou  moins décorés. Nous atteignons Taftan en milieu de  matinée, et sommes immédiatement dirigés vers la sécurité de la frontière, engageant le processus de passage.

 

Le K6 fait des siennes en défonçant une bouche d’égoût en plein devant le bureau des douanes pakistanaises. Tout va relativement vite de ce côté-là, et nous retrouvons les fonctionnaires iraniens de l’autre côté. Fouille du K6 un peu plus poussée, mais sans trop d’insistance. Un délégué au tourisme s’empare de nos papiers, comme d’habitude, et nous mettons bien au clair que nous n’avons rien demandé, et que nous n’avons aucunement besoin de ce monsieur. Finalement, on nous demande d’attendre devant le bâtiment administratif pendant que nos passeports sont examinés. Le comique de l’histoire, c’est que les passeports sont déjà tamponnés, et que l’escorte iranienne est déjà là. Nous en profitons pour déjeuner. On finit par nous laisser aller, et nous sommes tout contents de voir que l’escorte roule à 12km/h, jusqu’à la sortie du poste frontière, quelques km plus loin. Là, on nous fait attendre « pendant l’examen de nos passeports ». L’escorte nous fait signe de partir devant, JL en profite pour partir à 95km/h, limite légale. Et bien entendu, l’escorte nous double et nous oblige à rouler à 50. En fait, nous sommes en convoi avec 3 bus pour quelques km. Là, pendant qu’on « examine nos passeports », les bus nous quittent et nous attendons. Une nouvelle escorte prend le relais et le cirque recommence, à 140km/h cette fois  jusqu’à l’entrée de Zahedan. Là nous attendons la nouvelle escorte 45mn. et au moment où nous repartons, un fonctionnaire qui n’a rien fait tout le temps de l’attente décide d' »examiner nos passeports ». Un peu d’énervement commence à se faire jour. Finalement, on nous convoie jusqu’à un hôtel où personne ne parle anglais, c’est un client qui nous sert d’interprète. Il est photographe professionnel, à Zahedan avec son équipe pour réaliser un livre sur le musée.

De fil en aiguille, nous passons la soirée avec l’équipe très sympathique qui finit par nous inviter à dîner et même nous prêter une de leurs chambres le temps d’une douche chaude avant que nous rejoignions le K6 pour la nuit.

J179 14/11/2017 Encore un blocage de portail

A 9h nous sommes prêts à partir, demandons à ce que la police soit appelée pour l ‘escorte. A 10h, rien ne s’est passé, nous attendons. JL demande ce qui se passe, réponse : il y a un VIP en ville, nous vous demandons d’attendre 3 ou 4h. Mais nous savons que le trajet vers Dalbandin prend 6h, et qu’il est difficile de conduire après 18h. Décision est donc prise de mettre un peu de pression dans le système, sous la forme d’un mouvement du K6 en direction du portail de l’hôtel afin d’empêcher les véhicules d’entrer et sortir librement puisque nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes. Le ton commence à monter avec le patron de l’hôtel qui estime à juste titre être pris en otage. Nous nous écartons pour laisser sortir une ambulance qui a passé la nuit à côté de nous, mais en profitons pour bloquer complètement le portail, seuls les piétons peuvent passer. Au moins un client part à pied à cause de nous. Nous finissons par demander au patron de l’hôtel d’appeler Munir. Le résultat est immédiat, 2 motos de police arrivent dans les 5mn pour nous escorter en dehors de la ville.

Nous partons de l’hôtel vers 12h, on nous fait faire une halte dans une station service pour faire le plein, attendre un peu la nouvelle escorte devant un tas d’ordures, et nous voilà partis enfin, avec l’espoir d’atteindre Dalbandin en fin d’après-midi.

La routine a repris, alternance de motos, de voitures de police et des Levies, mais globalement, la vitesse de croisière est faible, 50 à 60km/h, ponctuée d’arrêts fréquents pour changer d’escorte, voire prier en plein désert.

 

Nous nous arrêtons à 13h pour déjeuner, mais l’escorte râle parce que nous n’allons pas assez vite !

 

 

 

Le paysage est de plus en plus désertique, même si pendant quelques km, nous longeons le lit d’une rivière. A un relais, le conducteur de la voiture d’escorte nous avertit que nous allons rouler plus vite. Effectivement, nous roulons maintenant à 100km/h et plus, alors que la route est dégradée et que nous n’avancions pas quand la route était bonne ! Nous arrivons quand même dans les temps à Dalbandin. On nous propose de dormir dans la voiture dans la cour d’un hôtel. Mais là, le chef des Levies nous informe qu’il a un problème de voiture et que nous devrons prendre à notre bord le soldat d’escorte le lendemain matin. Refus catégorique d’avoir une personne armée à bord. L’autre proposition est de continuer 55km plus loin et de coucher dans le camp des Levies, ce que nous choisissons. La voiture d’escorte nous emmène à un train de sénateur jusqu’à Yakmach où nous arrivons la nuit tombée. On nous demande de coucher dans une chambre fermée. Refus de nouveau, nous insistons pour dormir dans le K6 dans la cour. Yakmach est juste un barrage de contrôle sur la route de Taftan, il n’y a rien d’autre que le camp des Levies. Un garde est nommé pour veiller

J176 11/11/2017 Bloqués à Quetta

Nous avons eu tort d’y croire. Le consulat n’est jamais ouvert le samedi, il suffit d’aller sur son site internet pour le savoir. Et donc, petite balade avec l’escorte pour constater que rien ne se fera avant lundi matin. Et c’est pire que cela : le NOC délivré hier ne vaut plus rien, il en faut un nouveau qui sera rédigé lundi et ne sera valable qu’à partir de mardi matin. Nous sommes bloqués à Quetta 4 jours. Autre balade avec escorte pour aller tirer de l’argent d’un ATM.

Chou blanc, les ATM refusent obstinément de sortir un petit billet. Il paraît que ce sera meilleur lundi… La seule chose que nous puissions faire, c’est acheter des fruits et du pain. Retour dans la cour de l’hôtel, parce que nous avons décidé de ne pas payer 4000 roupies par nuit (36€) et que nous allons vivre dans le K6. Il parait qu’il y a 2 mois, un couple de Parisiens de notre âge a passé 4 jours dans la cour dans un Mercedes très semblable à notre K6.

Ce « camping » coûte quand même 18€ la nuit, en pleine lumière, sans petit déjeuner et avec douche froide. Nous passons le temps comme nous pouvons, F fait du nettoyage, JL du bricolage. Il s’est lancé dans une quête consistant à trouver un usineur capable de fabriquer un raccord permettant de relier nos bouteilles de gaz à celles du Pakistan. Tâche difficile…

J175 10/11/2017 Sur la route de Quetta

La nuit a été frustrante dans la cour du poste de police. D’abord, il nous a fallu nous équiper d’un officier de police et d’un porte-flingue pour aller acheter du pain et une bouteille de coca. Mais surtout, nous avions vu dans le guide que le jeudi soir dans la région du Singh, les fidèles soufis se rassemblent pour chanter et danser accompagnés par des tambours, jusqu’à tomber en transe et s’évanouir. Dans la mosquée voisine, après l’appel strident et long de la prière du soir, nous entendons les tambours battre toute la nuit. Cela dure jusqu’à 5h du matin. Et pas moyen de nous déplacer pour aller voir. Il ne reste que le gardien au portail, inutile de rien lui demander. Et humiliation ultime, nous finissons par nous endormir, et c’est un policier qui nous réveille et nous demande le programme de la journée ! Il reste 170km pour rejoindre Quetta. Le paysage change plusieurs fois, pendant quelques km, nous naviguons même plein sud, alors que notre direction générale est nord-ouest.

Nous suivons le lit d’une rivière, et les montagnes sont apparues autour de nous. Nous montons vers Quetta, l’altimètre dépasse les 2000m.

 

Les camions ont du  mal à grimper les côtes, même les derniers Hino, modernes mais toujours décorés de la façon très kitsch pakistanaise.

 

 

Nous arrivons à l’entrée de la ville vers 11h30, dans les fumées des usines. Mais d’embouteillage à attente de l’escorte urbaine, nous arrivons à l’hôtel seulement une heure après. Déjeuner dans le K6, puis nous attendons notre nouvelle escorte pour aller au consulat iranien récupérer les visas, et au département de l’intérieur pour obtenir le certificat de non-objection à notre traversée du Balouchistan pour rejoindre la frontière à Taftan. L’escorte arrive vers 15h15, nous sommes furieux car les bureaux ferment à 16h. Nouveau mode d’escorte : nous allons dans les bureaux du gouvernement en tuktuk, escortés par une moto. Le certificat est rapidement obtenu, le fonctionnaire comprend l’urgence. Nouveau mode d’escorte : nous sommes dans la voiture d’escorte, et là nous comprenons que ce n’est pas un job agréable : dans la benne du pick-up, nous respirons tous les gaz d’échappement, et il n’y a ni filtre à particules ni pot catalytique ! Au consulat iranien, on nous dit qu’il a été fermé toute la journée pour cause de jour férié. Mais nous pouvons revenir demain samedi, il sera ouvert à partir de 10h. Il nous faut y croire, parce que sinon, il nous faudra attendre lundi…

J174 09/11/2017 La « sécurité » policière

Petits déjeuner, ablutions, nous démarrons le K6 et nous apprêtons à partir. C’est quand le K6 commence à bouger que les policiers de la voiture à côté se rendent compte que nous partons. Ils manœuvrent rapidement leur voiture et nous barrent le chemin de la sortie de la station service. De nouveau, conflit, discussions…Il nous faut accepter l’« escorte ». Alors que nous pensions être tranquilles au moins jusqu’à l’entrée au Balouchistan, cela nous tombe dessus 500km plus tôt.

 

 

Nous suivons donc cette voiture. Au bout de quelques km, une station essence nous tente, nous nous arrêtons, après avoir fait des appels de phares aux pandores qui n’ont rien vu. La pompe ne prend pas les cartes de crédit, il faut aller plus loin. Les policiers qui sont revenus nous assurent que la prochaine pompe à 2km prend les cartes, ce qui n’est évidemment pas vrai.

Nous changeons de véhicule d’escorte. Les nouveaux ont des idées différentes des nôtres sur l’itinéraire, il nous faut bloquer le système une fois de plus pour être entendus. Ils oublient le besoin en carburant. Cela se termine évidemment dans une autre marque de carburant que celle que nous souhaitions, et paiement en cash. Les policiers changent une nouvelle fois notre itinéraire. Cette fois, nous cédons.

Mal nous en a pris, la nouvelle route passe dans les villages, alors que nous privilégions l’autoroute, même avec un détour de plusieurs dizaines de km. La route est défoncée. Nous changeons de véhicule d’escorte pour une moto.

Puis une autre, puis une autre voiture, puis encore des motos, et nous arrêtons de faire le compte. En gros, nous changeons d’escorte tous les 7 à 8km. Rapidement, les policiers ne savent pas qui nous sommes, ni même où nous allons ! Arrêt déjeuner, à l’ombre dans un petit chemin. Cela ne plaît pas à nos accompagnateurs qui veulent nous voir aller au restaurant. On nous met la pression pour terminer notre repas plus vite. A la fin de la journée, nous avons parcouru 425km et donc changé d’escorte environ 50 fois en 10h. Il est 18h quand nous nous rendons compte que nous n’atteindrons pas Quetta aujourd’hui. Nous sommes à côté de Sibi. Les policiers nous « invitent » à dormir là et nous installent dans la cour du commissariat. Nous ne pouvons même pas sortir pour aller acheter du pain.

J173 08/11/2017 Invités par le Khan, arrêtés par la police

Objectif le maximum de km dans la journée, nous repartons dès le petit déjeuner avalé. Il n’y a pas grand-chose à dire de la route, c’est une 2 chaussées semi-fermée. Il faut être attentif aux traversées de villages et aux connections entre les 2 chaussées qui permettent aux locaux de communiquer d’un côté à l’autre de la route.

 

 

On côtoie tous les types de transports routiers, des vélos aux gros poids-lourds de transport de carburant, en passant par les tracteurs agricoles, les charrettes à âne, les camions de transport de voitures très longs, même un troupeau de chameaux.

 

 

 

 

Arrêt à midi à Multan pour visiter un mausolée et un musée. Le temps est terriblement brumeux, on ne voit pas grand-chose de la ville. La curiosité, c’est nous. Aucun touriste. Nous faisons des courses dans un supermarché qui vend de l’eau en bonbonnes de 20l consignées. En repartant, JL explose une nouvelle fois le rétroviseur droit en traversant le bazar. F prend le volant et roule jusque dans la région de Bahawalpur, arrêt à la traversée de la rivière Sutlej sur le chemin d’accès à une propriété. Pendant notre déjeuner, le propriétaire arrive et propose des plats que nous nous sentons obligés d’accepter. Nous finissons pas accepter aussi une invitation à prendre le thé et visiter la maison, et voir les antiquités de la famille : un gros coffre-fort anglais et une caravane.

C’est un gros propriétaire terrien, tout fier de nous montrer son domaine, et présenter sa famille, 2 femmes, 4 fils et 3 filles. Un neveu est aussi présent , il parle anglais et vit en Arabie Saoudite. 2 des filles reviennent de l’école et prennent des photos avec F, on échange des cadeaux. Nous reprenons la route en direction de Khanpur, et nous choisissons un chemin qui s’écarte de la route pour nous installer dans les champs de canne à sucre à la nuit tombante. Évidemment, quelques minutes plus tard, des motos passent dans le chemin, et un peu plus tard, un paysan ouvre la portière de la voiture, créant un incident. La police arrive ensuite et nous retire nos passeports. S’ensuit un chantage aux passeports. Et au bout de 2h de tractations visant comme d’habitude à montrer que la police a l’autorité, nous finissons par atterrir dans une station service au bord de l’autoroute. Le bruit est énorme, avec les moteurs des camions, les klaxons extrêmement stridents, et l’odeur de carburant. Au moment où nous arrivons plus ou moins à nous endormir, une voiture de police vient se mettre à côté du K6 et reste là, tous phares allumés et moteur en route. Il faut que JL aille protester pour que les policiers arrêtent le moteur et éteignent les phares. Le vacarme se calme étrangement vers 5h du matin.

J172 07/11/2017 Wagah border dans l’autre sens

Il est 09h quand nous franchissons le portail de la guesthouse de Mme Bhandari en direction de la frontière directement. La circulation est plutôt fluide, et nous atteignons la barrière rapidement.

Nous reconnaissons l’endroit : il n’y a qu’une seule salle pour accueillir les passagers dans les 2 sens, et la situation est confuse. Priorité est donnée au carnet de passage en douane, puis à l’inspection de sécurité, l’immigration et enfin les douanes. Les fonctionnaires nous considèrent avec bienveillance, le passage se fait assez rapidement, le chef des douaniers monte dans le K6 après avoir retiré ses chaussures.

 

Après une heure environ, nous sommes invités à passer à travers la porte double entre les 2 pays qui vient juste d’être repeinte. Moment émouvant, lieu historique.

Les Pakistanais nous accueillent aussi avec le sourire, nous sommes les bienvenus, d’autant qu’ils nous retrouvent rapidement dans les registres. Recherche habituelle maintenant du n° de moteur, rapidement abandonnée. Le K6 n’est même pas inspecté, les formalités vont vite. Un fonctionnaire nous pousse vigoureusement à changer les roupies indiennes pour des roupies pakistanaises, il donne son taux qui est inférieur de moitié à ce qu’il nous a offert à l’aller. Déclinaison polie…
Nous voilà donc partis à Lahore sur la route encore non finie qui se promène sous l’autoroute urbaine en construction. Recherche d’un changeur, et il s’avère que c’était à l’aller que nous nous étions fait rouler, car on nous propose le même taux qu’à la frontière, ce que nous finissons pas accepter.

 

Un restaurant « familial » au look intéressant se trouve à côté, nous en profitons pour déjeuner, avec du poulet ! Cela faisait 2 mois que nous n’avions pas mangé de viande. A 3h, nous reprenons la route en direction de Sukkur qui se trouve bien trop loin pour être atteint aujourd’hui, voire même demain.

 

 

Ce n’est pas l’autoroute, mais une route à 2 chaussées très fréquentée, camions, buses, voiture, le K6 déroule…

Vers 17h, allumage du voyant du pot catalytique, sans perte de puissance, c’est agaçant à la fin. Nous continuons, nous verrons demain si le défaut persiste, il nous semble que ce défaut s’était produit une fois et avait disparu de lui-même. A 18h, autour de Chichawatni, un site de développement d’une ville-modèle nous tente, nous nous faufilons et nous installons tout au fond. Le propriétaire vient assez rapidement se rendre compte de qui sont les squatters, et nous laisse dormir là sans problème.

J107 03/09/2107 Wagah poste frontière historique entre Inde et Pakistan

Avant de quitter Lahore, nous voudrions visiter la cathédrale qui se trouve non loin de l’hôtel. Ce matin, les cloches ont sonné 2 fois, annonçant qu’il y a de l’activité là-bas. C’est un peu difficile à trouver, et quand on s’en rapproche, les barrages de police se font plus sérieux. A l’entrée du jardin, fouille au corps. A l’entrée de l’enceinte de kla cathédrale, fouille au corps. Les motos sont garées très loin, et la rue est interdite à tous véhicule, des barrages physiques sont en place. Et nous découvrons qu’il y a une célébration en cours, avec des communiants, majoritairement des filles, toutes de blanc vêtues. Musique, chœurs, et grands discours dans les haut-parleurs, l’église est pleine et il y une atmosphère de fête.

Un passage à une pompe à essence Total qui prend les cartes visa, et nous voilà partis en direction de la frontière. En route, nous cherchons un vendeur de gaz, imaginant que les 500 roupies qui nous restent pourraient passer dans une charge de notre bouteille vide. En fait, tous ceux que nous avons consultés ont la même réponse ; la bouteille est importée, ils n’ont pas le raccord pour le remplissage. Mais le gaz vendu est du GPL, et le détendeur 30mb du K6 est compatible avec ce gaz. Donc, il ne nous reste plus qu’à faire fabriquer un raccord permettant de connecter la bouteille à leurs installations et le remplissage est une affaire de minutes, car ils utilisent une pompe pour transférer le gaz liquide. La sécurité est assurée par une balance sur laquelle est posée la bouteille à remplir, le poids est mesuré en direct. Nous entrons dans le poste frontière sans avoir résolu ce sujet. La sortie se fait rapidement, mais le fonctionnaire nous fait remarquer que notre CPD n’est pas correctement visé par le poste d’entrée au Pakistan, il manque un tampon. Mais il nous accorde une faveur ; il va mettre une mention expliquant la situation en échange de nos 500 roupies qu’il va nous changer en roupies indiennes. Il applique un taux inconnu pour nous, et nous repartons vers l’Inde. Il n’y a pas d’espace entre les 2 barrières, il ne serait pas possible de dormir dans le K6 entre les 2 postes. C’est là que va se dérouler la parade de clôture de la frontière ce soir. C’est F qui se charge de superviser la fouille du K6 côté indien. Le passage en Inde est un peu plus long, mais globalement, tout se déroule en moins de 2h. Nous devons ressortir du poste et accéder à un « parking » pour pouvoir assister à la parade. Encore une occasion de mettre de la boue partout sur le K6. Déjeuner rapide dans la voiture. Bain de foule pour aller sur les gradins attendre le début de la parade 1h30 avant l’heure. Ensuite, c’est l’hystérie. Il y a un animateur qui fait crier les gens, et ce, de chaque côté de la frontière. Et de la musique à très haut volume

A un moment, les femmes sont invitées à venir danser sur la route.

La parade elle-même dure 1/2h pendant laquelle les soldats des 2 côtés se font des mines et agitent les jambes.

La foule suit et hurle en rythme. Finalement, les drapeaux sont rangés et les grilles fermées, nous pouvons repartir vers Amristar, à condition évidemment de pouvoir sortir du parking, ce qui nécessite un peu d’aide des Indiens. Rouler la nuit à gauche, en Inde…cela demande pas mal de concentration, et avec le manque du puissance du K6, il faut vraiment être attentif. F trouve une guesthouse avec piscine, et avec l’aide de la police, nous arrivons à dîner, prendre un bain et nous coucher pas trop tard.

J106 02/09/2107 Lendemain de fête

Hier soir, c’était l’Asie telle que nous la connaissons, exubérante, gouailleuse, bruyante, extrêmement mobile. Ce matin, c’est fini. Plus de voitures ou motos garées dans tous les sens, plus de coups de klaxon, de bruits de moteurs. Le calme, étrange, inhabituel. Seuls les muezzins se répondent à grands coups de haut-parleurs durant de longues minutes. Le fête est finie ? Nous prenons notre petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel, appréciant un niveau de bruit reposé. Après avoir fait quelques travaux d’écriture, toilette et rangement, nous partons pour la visite du château de Lahore. Il nous faut repasser par les mêmes rues que la veille au soir.

Elles sont désertes. Seuls des hommes de service, sales, à l’air fatigué, nous regardent passer. Nous finissons par accepter l’offre d’une moto-taxi pour éviter de faire tout ce chemin dans ce désert. Ce qui nous fait comprendre en passant la différence entre une moto-taxi et un rickshaw : le conducteur de la première cherche d’autres clients pour compléter sa charge et le second va directement et exclusivement au but indiqué. La moto-taxi est donc moins chère mais moins rapide et confortable. Au passage, malgré une négociation serrée, le conducteur nous indique les noms des monuments, et fait des commentaires que nous comprenons à moitié, à cause du bruit du moteur et d’un accent incompréhensible. Nous ramassons une passagère supplémentaire qui nous tourne le dos et voyage à l’envers.

Le fort de Lahore, c’est un peu la tour Eiffel du lieu. Tout le monde y va. Surtout les gamins, qui nous tournent autour en réclamant (ou non) des selfies que nous finissons par refuser sans distinction, agacés par ces mouches qui nous tournent autour, nous regardent avec insistance à 30cm et ricanent bêtement quand nous leur parlons.

Du fort, il ne reste que des squelettes de bâtiments. Aucune décoration n’a passé les étapes de l’histoire mouvementée de Lahore, et les irrespects récents des visiteurs. Il y a des tags partout, et surtout sur les marbres blancs. Le fort est sous juridiction des parcs de la ville, les jardins sont donc bien tenus et propres. Il y a des bâtiments qui retiennent l’attention, comme un petit hall avec un toit en forme de coque de bateau retournée constituée de plaques fines de marbre agrafées, magnifique de pureté de lignes.

Il y a des restes d’aménagements luxueux comme une immense vasque superbe au centre d’une cour avec des formes arrondies et souples, toute en marbre blanc. Il y a des rénovations en cours avec l’aide de pays étrangers, les miroirs de la salle d’audience par exemple. Il faudrait plus d’efforts, plus de contraintes au public pour sauvegarder et restaurer. Par endroits, on arrive à imaginer quel pouvait être le luxe de ce qui était plutôt un palais qu’un fort.

Déjeuner d’un hamburger local juste à la sortie du fort.

Nous ressortons en direction de la vieille ville où nous n’avons pas eu l’audace de pénétrer la veille au soir. Là aussi, les bazars sont déserts, les rideaux de fer baissés. Peu de gens, peu de circulation. Les rues étroites nous livrent des ouvertures aveugles, absentes d’activité. Nous nous rendons compte que les seuls métiers que nous rencontrons sont les équarrisseurs dont le travail n’est apparemment pas fini.

L’abattage continue. Seulement, nous ne voyons rien, tout se déroule maintenant dans les cours, derrière les façades fermées. Ce que nous pouvons voir, c’est que les rues ont été balayées et les trottoirs arrosés d’une poudre blanche que nous pouvons imaginer être du désinfectant pour éviter la prolifération des parasites. Il y a eu un réel effort de propreté. Les bennes à ordures sont cachées derrière des tentures. Cependant, quelques traces subsistent çà et là. Taches de sang ; peaux s’échappant de sacs en plastiques ; viscères débordant sur le trottoir ; l’odeur surtout de la viande, insistante, permanente. Nous nous fendons de jus de fruits frais délicieux pour nous rafraîchir. Finalement, nous profitons un peu de ce lendemain de fête : les rares passants que nous rencontrons nous sourient et acceptent ou demandent des photos.

Une petite sieste pour nous reposer de la chaleur, et nous repartons vers 17h pour aller à la frontière voir la relève de la garde. Embouteillage monstre dans les travaux du métro. Nous arrivons au bout des 25km 1h après être partis de l’hôtel. Le douanier nous informe navré que la cérémonie était à 17h30. Demain, ce sera 16h30, et pas pour nous, car la barrière ferme une heure plus tôt. Comme nous voulons passer la frontière demain, nous devons y être avant 15h30 ! Le plan sera de voir la cérémonie du côté indien.

Retour vers l’hôtel et embouteillage dans l’autre sens évidemment. Quelle galère. Où est notre voyage dans les paysages magnifiques du Karakorum ?

Un peu écœurés par cet aller et retour inutile, nous allons manger une pizza dans le fast-food du coin (pas local) et au lit. Le garde est de nouveau assis au pied du K6.