Petit déjeuner buffet en pleine matinée, entourés de routards plus ou moins fatigués. La guesthouse où nous sommes accepte les tentes. Il y a donc dans l’espace restaurant les gens qui sont soit en dortoir, soit sous la tente, voire qui ont couché dans leur véhicule, et qui sont installés confortablement. On trouve tous types de voyageurs, et le sujet des conversation est unique : le passage des frontières. C’est comme dans les forums sur internet, certains affirment de fausses informations avec aplomb. Nous, nous sommes préoccupés par les pannes à résoudre.
Comme l’heure ne permet pas encore de discuter avec les Français, nous partons en exploration pour voir de quel type sont les garages de la région. Et, coup de chance, nous tombons sur un spécialiste des trains roulants, orienté véhicules haut de gamme. Le chef d’atelier, Azam, jeune de 27 ans, s’intéresse à notre problème d’amortisseur et nous partons faire un tour pour qu’il se rende compte de l’importance du bruit qui ne s’est pas manifesté lorsqu’ils se sont mis à 6 pour secouer le K6. Convaincu, il attaque derechef le démontage, sans se changer, avec son pantalon blanc. Un de ses nombreux cousins l’assiste, courant d’un bout à l’autre du garage pour rapporter les outils demandés. Il a 14 ans et est en vacances.
Nous avons commencé à 10h. L’amortisseur part vers 11h30 pour un autre atelier où il sera réparé. Nous allons déjeuner dans un petit restaurant voisin, de 2 hamburgers (Ombeline et Basile vont hurler…) et de Pepsi-Cola. F retourne à la guesthouse pendant que JL supervise la réparation. L’amortisseur revient plus propre, et en meilleur état, et le remontage avance, avec quelques erreurs qui obligent parfois à démonter ce qui vient d’être remonté (l’arbre à cardans, le soufflet). Le mépris des précautions de sécurité est impressionnant : le gamin assis sous le moteur du K6 pendant que la sécurité du pont élévateur est retirée et que le K6 descend pour forcer l’amortisseur dans son logement… A 18h, on a fini. Passage à la banque pour retirer les 7000 soms demandés, et nous retournons à la guesthouse pour tenter de trouver une solution au problème de puissance.
Gros moment de solitude face au service client de Volkswagen Utilitaires France. Un technicien plutôt sympa explique bien la panne et ne donne pas d’espoir de solution simple. C’est passage à la valise obligatoire pour un protocole de régénération informatisé. Un appel plus tard, il n’est pas possible d’effectuer manuellement ledit protocole qui est inscrit dans la machine et dépend du véhicule. Pour savoir où l’on peut trouver la plus proche valise, il faut contacter un autre service. Et là, c’est grandiose. Pour l’amortisseur, de toutes façons la garantie est limitée à 6 mois, vous pouvez y aller. Elle n’a pas les informations en dehors de l’Europe, puis est certaine qu’il n’y pas d’importateur au Kirghizstan. En tous les cas, on ne peut rien pour vous. Et d’abord qu’est-ce qui nous a pris de sortir de France avec ce véhicule ?
A la fin de ces discussions démoralisantes avec Volkswagen, il est trop tard pour contacter qui que ce soit localement pour prendre une décision. Après discussion, nous arrivons à une conclusion : d’une part le technicien a dit que rouler avec forte consommation de puissance pour faire chauffer le moteur serait peut-être capable de nettoyer les filtres, d’autre part, les taux de change des somonis en soms sont ridiculement bas à Osh et normaux (comparés à l’€) à Sary Tash où nous sommes passés la veille. Alors, remonter au col pourrait être gratuit, ce serait payé par la différence de taux de change des 550 somonis que nous avions pris en précaution à Khorog. Nous décidons d’aller au bazar vérifier que le taux de change des somonis en soms a chuté de moitié avec l’altitude. Il semble en effet qu’il n’y ait qu’au bazar des changeurs acceptant les somonis mais avec un taux ridicule. Après nous verrons.
Bonne nuit.