J183 18/11/2017 Le climat des déserts

Ce matin, nous nous réveillons un peu transis. Pourtant, nous avons monté d’un cran nos protections nocturnes : au lieu de la couette habituelle, nous avons sorti nos sacs de couchage grand froid, censés nous protéger jusqu’à -15°C. En fait, nous n’en sommes pas loin : le soleil est déjà levé et il fait -10,5°C au thermomètre du K6. C’est probablement descendu vers -11, -12 au petit matin. Évidemment, dans ces conditions, le chauffage stationnaire du K6 ne fonctionne pas, le gazole est figé dans les tuyauteries. Et il ne démarre pas non plus, ce qui est plus embêtant. Nous essayons de le pousser pour l’orienter côté gauche au soleil, mais c’est trop lourd pour nous. Il ne reste plus qu’à attendre en buvant un bon thé chaud (nous avons encore un peu de gaz).

Nous décidons de monter au col qui domine notre campement pour voir ce qu’il y a derrière.

 

 

 

Le désert, agrémenté de quelques villages épars, à chaque point d’eau. Au retour, le K6 veut bien repartir et nous avec. La route vers Shiraz est de bonne qualité, et nous arrivons vers 17h sans encombre, après avoir longé le lac Maharloo qui est en fait totalement asséché et d’où l’on récolte le sel en abondance.

 

 

 

 

 

Il fait 20°C à Shiraz en cette fin d’après-midi et nous sommes en t-shirts. Nous choisissons un hôtel du centre où l’on puisse garer le K6.

J182 17/11/2017 Kerman, sur la route de la drogue

Bam a été gravement sinistrée en 2003 par un tremblement de terre qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts dans la région. Aujourd’hui encore, les maisons sont en reconstruction, bien des endroits sont vides, témoins de la gravité du séisme. Notre hôtelier doit avoir besoin d’argent pour reconstruire lui-aussi, car le dîner quasi imposé de la veille nous coûte 500000Reals, pour 2 assiettes de riz avec quelques légumes, un peu de salade et du thé, à consommer dehors, et il devait faire 10°… Cela représente quand même 10€. Nous le quittons sans regret, et filons vers la citadelle, elle aussi en cours de reconstruction. Décidément, Bam est cher. Le ticket d’entrée à la citadelle est de 200000Reals par personne. A l’intérieur de l’enceinte, tout est fermé, y compris l’accès à l’étage supérieur le plus intéressant, et la salle de la maquette qui permettrait de comprendre l’ampleur de la construction en bon état, juste avant le tremblement de terre de décembre 2003.

 

Quand même, on peut voir de ce qui est de nouveau debout, que cette construction était énorme, et représentait une ville complète. Nous faisons le tour et pouvons l’admirer depuis une autre ruine un peu plus loin. En route pour Kerman, sur la route de la drogue arrivant de l’Afghanistan. En fait, pour nous, il ne s’agit que de quelques contrôles de police où l’on doit montrer les passeports pour satisfaire la curiosité des pandores. Les camions sont plus sérieusement inspectés, et on peut penser que les voitures suspectes sont fouillées. La qualité de la route est bonne, et nous arrivons à Mahan en fin de matinée. Il y a là un mausolée avec un jardin intéressant. Rien à voir avec Ispahan pour le mausolée ni avec Shiraz pour le jardin, mais les gens sont sympas, le lieu est simple et l’ambiance familiale.

Nous décidons de déjeuner dans le restaurant traditionnel de l’ensemble et pour 200000Reals, nous nous régalons d’un grand plat régional avec de la viande et des purées de légumes variés, une salade, du yaourt avec du concombre et une pleine assiette de fines herbes avec un grand nan, le tout arrosé de thé aromatisé, dans un cadre magnifique et chauffé. Nous repartons vers Kerman que nous atteignons dans l’après-midi. Le bazar est totalement fermé, nous devons nous contenter de la grande place centrale. Les hammams anciens que nous aurions voulu voir sont fermés aussi, par contre les mosquées sont occupées par les fidèles, et nous ne souhaitons pas déranger.

La seule animation que nous trouvons est un marché au puces où l’on trouve vraiment des choses inattendues, comme des clefs plates cassées, des flexibles de douche bouchés par le tartre, etc. Nous repartons donc vers l’ouest en direction de Shiraz, mais nous devons faire halte en pleine nature pour la nuit. Un chemin menant à un signal fait l’affaire et nous éloigne de l’autoroute.

J181 16/11/2017 Le musée archéologique de Zahedan

Comme promis la veille à notre mentor, nous allons visiter le musée de Zahedan avant de repartir. A notre arrivée, nous sommes pris en charge par une jeune femme parlant très correctement anglais qui nous explique que le musée est normalement fermé à cause de travaux, mais qu’elle comprend bien que nous ne pouvons pas revenir plus tard, elle nous guide un peu, puis un garde prend le relais. Effectivement, un grand nombre de vitrines sont mal rangées, nous comprenons que nos amis les photographes sont à l’œuvre et génèrent des problèmes.

Le contenu de ce musée est intéressant, il y a beaucoup d’objets trouvés dans les environs et le Balouchistan en général. Majoritairement, ces objets datent de 3000 ans, et on peut apprécier l’avancement de la technique dans la région à l’époque. Les poteries sont fines, décorées et peintes, souvent monochromes. Les bijoux sont riches, on trouve de l’or et des pierres précieuses.

Il y a des outils en bronze, et 2 objets attirent notre attention : un œil en métal pour cacher un problème à un œil d’une jeune femme de 25/30 ans, et des forets manuels en bronze. L’étage supérieur anthropologique présente moins d’intérêt, avec les scènes utilisant des mannequins pour illustrer la vie quotidienne, les pièces de monnaie, les armes et la vaisselle plus récentes.Pour les photos, il n’est pas question de rivaliser avec celles que nous a montré notre ami la veille au soir. Nous quittons la jeune femme qui est en fait le conservateur du musée, et notre équipe de photographes et nous mettons en quête de change, et de denrées alimentaires avant de prendre la route.

 

Nous quittons Zahedan  par la vieille ville. Il nous faut ensuite 4h pour rejoindre Bam à 300km par de bonnes routes.

 

 

Petit excès de vitesse de F, non sanctionné par la police pour cause d’impossibilité de communication. Nous passons la nuit dans une guesthouse un peu chère pour la qualité de la prestation.

J179 14/11/2017 Encore un blocage de portail

A 9h nous sommes prêts à partir, demandons à ce que la police soit appelée pour l ‘escorte. A 10h, rien ne s’est passé, nous attendons. JL demande ce qui se passe, réponse : il y a un VIP en ville, nous vous demandons d’attendre 3 ou 4h. Mais nous savons que le trajet vers Dalbandin prend 6h, et qu’il est difficile de conduire après 18h. Décision est donc prise de mettre un peu de pression dans le système, sous la forme d’un mouvement du K6 en direction du portail de l’hôtel afin d’empêcher les véhicules d’entrer et sortir librement puisque nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes. Le ton commence à monter avec le patron de l’hôtel qui estime à juste titre être pris en otage. Nous nous écartons pour laisser sortir une ambulance qui a passé la nuit à côté de nous, mais en profitons pour bloquer complètement le portail, seuls les piétons peuvent passer. Au moins un client part à pied à cause de nous. Nous finissons par demander au patron de l’hôtel d’appeler Munir. Le résultat est immédiat, 2 motos de police arrivent dans les 5mn pour nous escorter en dehors de la ville.

Nous partons de l’hôtel vers 12h, on nous fait faire une halte dans une station service pour faire le plein, attendre un peu la nouvelle escorte devant un tas d’ordures, et nous voilà partis enfin, avec l’espoir d’atteindre Dalbandin en fin d’après-midi.

La routine a repris, alternance de motos, de voitures de police et des Levies, mais globalement, la vitesse de croisière est faible, 50 à 60km/h, ponctuée d’arrêts fréquents pour changer d’escorte, voire prier en plein désert.

 

Nous nous arrêtons à 13h pour déjeuner, mais l’escorte râle parce que nous n’allons pas assez vite !

 

 

 

Le paysage est de plus en plus désertique, même si pendant quelques km, nous longeons le lit d’une rivière. A un relais, le conducteur de la voiture d’escorte nous avertit que nous allons rouler plus vite. Effectivement, nous roulons maintenant à 100km/h et plus, alors que la route est dégradée et que nous n’avancions pas quand la route était bonne ! Nous arrivons quand même dans les temps à Dalbandin. On nous propose de dormir dans la voiture dans la cour d’un hôtel. Mais là, le chef des Levies nous informe qu’il a un problème de voiture et que nous devrons prendre à notre bord le soldat d’escorte le lendemain matin. Refus catégorique d’avoir une personne armée à bord. L’autre proposition est de continuer 55km plus loin et de coucher dans le camp des Levies, ce que nous choisissons. La voiture d’escorte nous emmène à un train de sénateur jusqu’à Yakmach où nous arrivons la nuit tombée. On nous demande de coucher dans une chambre fermée. Refus de nouveau, nous insistons pour dormir dans le K6 dans la cour. Yakmach est juste un barrage de contrôle sur la route de Taftan, il n’y a rien d’autre que le camp des Levies. Un garde est nommé pour veiller

J178 13/11/2017 Les procédures administratives du Balouchistan

Il a plu dans la nuit et la température s’est rafraîchie. C’est lundi matin, et nous pouvons repartir en chasse aux documents administratifs. La police appelée est bien instruite que nous souhaitons aller d’abord au consulat d’Iran, puis au gouvernement local. Donc on nous conduit d’abord au gouvernement local où, comme il fait froid dehors, les fonctionnaires se chauffent. Ils sont à 10 par bureau, bien carrés dans les fauteuils d’où invariablement nous les délogeons quand nous arrivons. Car nous suivons notre demande de NOC (Non Objection Certificate) d’un bureau à l’autre, religieusement. Un motard italien en panne de visa nous accompagne. Le marathon dure 2h, nous en sortons peu après midi, et commençons à nous dire que pour le visa iranien, cela commence à sentir le roussi, parce que la prière a lieu de 13h à 14h30. Nous secouons l’escorte qui avait tendance à la nonchalance, et arrivons à 12h40 devant le consulat. Là, nous passons en priorité, et ressortons 10mn plus tard avec 2 bons à payer sur la banque HBL pour le prix des visas (6350PR chaque, un peu plus de 100€ pour 2). Évidemment, nous ne trouvons pas d’ATM (DAB en français) capable d’accepter notre carte bancaire, et devons finalement mettre à contribution des dollars US.

Le tout, avec un déjeuner sur le pouce dans un faux McDo, nous a pris encore 2h, mais Munir, notre ange-gardien nous assure que de toutes façons, le consulat ne rouvre en fait qu’à 16h. Et il avait raison. Là, on nous échange nos documents contre un reçu valable pour le retrait des visas le lendemain. Nous protestons et obtenons de rencontrer le consul. Après délibérations, il nous promet les passeports pour 17h. Nous les recevons avec beaucoup de gratitude (sinon, il fallait recommencer le marathon du NOC le lendemain) à 18h15. En tout, nous avons passé plus de 9h à courir après 2 papiers.

Cela nous a permis de faire quelques courses alimentaires escortés par une Kalachnikov et d’avoir des conversations intéressantes avec Munir, d’apprendre par exemple qu’un officier de police de 38 ans, 16 ans de service, parlant anglais et qualifié pour le contact avec les étrangers gagne 38000PR par mois, soit un peu plus de 300€. Une moto standard coûte 42000 cash et 60000 si elle s’appelle « cash deposit » (achat à crédit). Munir a une seule femme qui est professeur, et 3 filles. Il est très chaleureux, évite la langue de bois, et souhaite nous offrir le dîner qu’il apporterait de sa maison après son service, ce que nous avons beaucoup de mal à refuser. Enfin, le résultat est que nous sommes prêts pour la traversée du Balouchistan et que nous pourrons partir dès demain matin.

J176 11/11/2017 Bloqués à Quetta

Nous avons eu tort d’y croire. Le consulat n’est jamais ouvert le samedi, il suffit d’aller sur son site internet pour le savoir. Et donc, petite balade avec l’escorte pour constater que rien ne se fera avant lundi matin. Et c’est pire que cela : le NOC délivré hier ne vaut plus rien, il en faut un nouveau qui sera rédigé lundi et ne sera valable qu’à partir de mardi matin. Nous sommes bloqués à Quetta 4 jours. Autre balade avec escorte pour aller tirer de l’argent d’un ATM.

Chou blanc, les ATM refusent obstinément de sortir un petit billet. Il paraît que ce sera meilleur lundi… La seule chose que nous puissions faire, c’est acheter des fruits et du pain. Retour dans la cour de l’hôtel, parce que nous avons décidé de ne pas payer 4000 roupies par nuit (36€) et que nous allons vivre dans le K6. Il parait qu’il y a 2 mois, un couple de Parisiens de notre âge a passé 4 jours dans la cour dans un Mercedes très semblable à notre K6.

Ce “camping” coûte quand même 18€ la nuit, en pleine lumière, sans petit déjeuner et avec douche froide. Nous passons le temps comme nous pouvons, F fait du nettoyage, JL du bricolage. Il s’est lancé dans une quête consistant à trouver un usineur capable de fabriquer un raccord permettant de relier nos bouteilles de gaz à celles du Pakistan. Tâche difficile…

J174 09/11/2017 La « sécurité » policière

Petits déjeuner, ablutions, nous démarrons le K6 et nous apprêtons à partir. C’est quand le K6 commence à bouger que les policiers de la voiture à côté se rendent compte que nous partons. Ils manœuvrent rapidement leur voiture et nous barrent le chemin de la sortie de la station service. De nouveau, conflit, discussions…Il nous faut accepter l’« escorte ». Alors que nous pensions être tranquilles au moins jusqu’à l’entrée au Balouchistan, cela nous tombe dessus 500km plus tôt.

 

 

Nous suivons donc cette voiture. Au bout de quelques km, une station essence nous tente, nous nous arrêtons, après avoir fait des appels de phares aux pandores qui n’ont rien vu. La pompe ne prend pas les cartes de crédit, il faut aller plus loin. Les policiers qui sont revenus nous assurent que la prochaine pompe à 2km prend les cartes, ce qui n’est évidemment pas vrai.

Nous changeons de véhicule d’escorte. Les nouveaux ont des idées différentes des nôtres sur l’itinéraire, il nous faut bloquer le système une fois de plus pour être entendus. Ils oublient le besoin en carburant. Cela se termine évidemment dans une autre marque de carburant que celle que nous souhaitions, et paiement en cash. Les policiers changent une nouvelle fois notre itinéraire. Cette fois, nous cédons.

Mal nous en a pris, la nouvelle route passe dans les villages, alors que nous privilégions l’autoroute, même avec un détour de plusieurs dizaines de km. La route est défoncée. Nous changeons de véhicule d’escorte pour une moto.

Puis une autre, puis une autre voiture, puis encore des motos, et nous arrêtons de faire le compte. En gros, nous changeons d’escorte tous les 7 à 8km. Rapidement, les policiers ne savent pas qui nous sommes, ni même où nous allons ! Arrêt déjeuner, à l’ombre dans un petit chemin. Cela ne plaît pas à nos accompagnateurs qui veulent nous voir aller au restaurant. On nous met la pression pour terminer notre repas plus vite. A la fin de la journée, nous avons parcouru 425km et donc changé d’escorte environ 50 fois en 10h. Il est 18h quand nous nous rendons compte que nous n’atteindrons pas Quetta aujourd’hui. Nous sommes à côté de Sibi. Les policiers nous « invitent » à dormir là et nous installent dans la cour du commissariat. Nous ne pouvons même pas sortir pour aller acheter du pain.