J52 10/07/2017 Une boucle, un trou, une boucle, un trou (MP.Belle)

Aujourd’hui, il faut s’occuper de faire le plein du K6 avant de s’engager plus loin. Nous n’avons que 300km d’autonomie, et ne savons pas quelle est la situation au Tadjikistan. Chaqir, sournoisement consulté, offre 2 solutions : la pompe utilisée par la société de transport du groupe familial, ou directement l’atelier du groupe. Nous voilà donc partis pour la pompe où nous sommes refusés. L’atelier est juste à côté, le chef d’entretien accepte de nous céder 40l à 5000TJS/l. Il faut comprendre que ces 40l font partie d’une réserve transportée par l’un de leurs cars pour ses propres besoins. JL n’en négocie pas moins et obtient 4500TJS/l. Et nous voilà dans la rue, à 3 pour porter cette nourrice et la vider dans le réservoir du K6 sans problème, on voit que les Ouzbeks ont l’habitude de cette gymnastique. Nous apprenons à l’occasion que les stations affichent des prix obligatoires, mais que si l’on demande à payer ce prix, il n’y a plus de carburant dans la cuve…L’essence normale, affichée 2800TJS/l est en fait vendue couramment 6000TJS/l !

Nous prenons congé de notre sympathique et très serviable Chaqir après avoir dûment rempli le livre d’or, et allons voir le dernier monument à notre programme : l’observatoire d’Ulug Beg, du moins ce qu’il en reste. Pas grand-chose, en fait, mais le musée d’à côté renferme des trésors de miniatures et de photos et documents concernant l’astrologie.

 

 

 

 

 

 

 

Quant à l’observatoire, il reste un double rail courbe en marbre gradué taillé dans la roche directement.

Déjeuner local dans un petit restaurant à proximité.

Départ vers la frontière.

Arrivés à Bekobod qui est une ville très industrielle, nous errons dans les faubourgs proches de la frontière dans des rues pleines de trous pour trouver le passage. Il se trouve au fin fond de la ville, et nous comprenons rapidement qu’il est réservé aux locaux. En fait, pour nous, il faut encore remonter 42km plus au nord pour passer à Chanak. Le détour fera en fait au moins 84km de plus…

A Chanak, on nous fait poireauter 1/2h devant la grille, mais nous savons que la frontière est ouverte 24h/24. Les Ouzbeks ne sont pas intéressés d’examiner en détail la voiture, et veulent aller vite (un douanier vient même chercher dans nos papiers le document dont il a besoin et que nous ne trouvions pas). Entre les 2 postes-frontières, il y un magasin duty-free assez folklorique.

Du côté Tadjik, le plus long est l’inspection du véhicule, plus par curiosité comme d’habitude, que par soupçon. On nous fait ouvrir le toit, et un teckel renifleur vient monter partout dans le K6. Tous les papiers sont remplis en cyrillique par les fonctionnaire, et JL signe tout sans rien comprendre. 27$ plus tard, nous sommes dehors, il fait nuit et nous avons faim. Les fonctionnaires nous font comprendre que nous pouvons coucher n’importe où, il n’y a aucun problème ni risque.

25km plus loin, nous trouvons une zone en développement et nous cachons au bout d’une avenue dans un chemin. Il n’y a personne, nous n’entendons que le bruit lointain des camions sur la grande route.

J51 09/07/2017 2 mariages et pas d’enterrement

Ce matin, c’est parti avant 7h, nous étions sur le chemin du bazar qui est le plus animé le dimanche. Il n’y a pas de frontière entre le bazar et le marché. Il s’agit juste de zones différentes d’un même espace commercial organisé par secteurs et produits. A l’entrée, les producteurs apportent leurs fruits et légumes, soignent leur étalage et interpellent les clients. Les allées sont très resserrées, on se côtoie, se bouscule joyeusement en tâtant les fruits, argumentant. Ici, c’est le domaine des femmes. Et les femmes ouzbèkes tiennent de la place. On pense à Georges Brassens…Nous sommes souvent identifiés comme Français, les gens ont de grands sourires, les références citées sont, dans l’ordre, Zidane, Macron, Miterrand. Ensuite, on trouve les graines et épices, plus loin les viandes et dans un bâtiment séparé les produits laitiers. Une grande zone abrite les quincailleries, les outillages, tous les produits non périssables. C’est immense, l’activité est intense, tout Samarcande se retrouve au bazar, y compris des profs de français qui font leurs courses pour aller fêter le 10e anniversaire de l’université dans la montagne.

Le petit déjeuner n’en a que plus de saveur.

Ensuite, il est temps de s’occuper du K6. Chaqir m’accompagne pour aller faire réparer la jante cabossée. Nous nous retrouvons dans une rue de Samarcande où l’on trouve des mécaniciens et tout le nécessaire pour l’entretien des voitures sur au moins 2 km. Chaqir se renseigne, choisit finalement un petit garage. En quelques minutes, la roue est déposée, et redressée en 2 coups de masse directement sur la jante. L’étanchéité du pneu est vérifiée, et la roue remontée sur le K6. Le tout n’a pas duré 10mn et coûte 0,70€.

Chaqir tient à ce que le K6 soit lavé immédiatement. Là, cela dure plus longtemps, lance à eau sous pression, shampoing, rinçage et essuyage, 1/2h et 2,5€. Là, nous comprenons que Chaqir est très fier de cette grosse voiture élégante devant son hôtel. Effectivement, le K6 attire les badauds maintenant qu’il est propre. Le voisin patron de la buvette du coin, va même jusqu’à nous offrir un verre d’une décoction fleurant le coca, la cerise, l’abricot.

Mais sur notre chemin, un restaurant très kitsch fait beaucoup de bruit, nous entrons pour voir, et tombons en pleine fête de mariage. Tout le monde danse, c’est très joyeux, et nous sommes immédiatement invités. Nous ne sommes pas habillés pour cette circonstance et devons refuser une nouvelle fois cette occasion de vivre un événement local (en plus, JL a cassé une bride de ses sandales).

Nous poursuivons nos visites par le mausolée de Tamerlan. Très fin, décoration sobre, c’est la dignité et la grandeur. C’est très beau, surtout lorsque l’on compare à l’état dans lequel il était à la fin du XIXe siècle.

Pas de déjeuner aujourd’hui, nous sommes décalés. Une tasse de thé prise dans le hall de l’hôtel nous met en contact avec le dernier client de Chaqir arrivé le matin, un Allemand en vélo venant de Boukhara en 3 jours (280km). Épuisé par la chaleur et une dysenterie tenace, il va directement se coucher après avoir mangé 3 bananes.

Nous allons voir une nécropole dans le nord de Samarcande. Cela passe par le bazar, bonne occasion de faire réparer la bride de sandale.

Au dessus de la nécropole, face au Régistan, un nouveau bâtiment est en construction, c’est le futur mausolée de Karimov, le président Ouzbek qui a proclamé l’indépendance du pays, décédé fin 2016. Le chantier montre comment l’architecture « ancienne » est ravivée par l’activité touristique. La partie réellement ancienne de la nécropole comporte un grand nombre de tombes de personnalités célèbres dans l’histoire de l’Ouzbékistan. Ces tombes sont en fait de grands mausolées plus ou moins bien alignés, et l’ensemble sous la lumière du soleil couchant a une grande allure.

Dîner léger d’une salade dans la chambre après une grande discussion avec Roger Michel, le cycliste arrivé plus tôt qui se remet rapidement.

J50 08/07/2017 Samarcande, la perle de la route de la soie

 

Le petit déjeuner de Chaqir est pantagruélique, il faudrait 3 convives pour absorber ce qui est servi pour un seul. Nous avions prévu de partir en découverte au petit matin, et de revenir pour un petit déjeuner tardif, mais la paresse en a décidé autrement. Nous récupérons de tous les km dans le sable et la poussière et la chaleur.

L’hôtel Markorand est une affaire de famille. Nous hésitions entre l’hôtel Bibi Khanoun et celui-ci, eh bien ils appartiennent tous les deux à la même famille, qui possède en fait un groupe de sociétés liées au tourisme, agence de voyage, société de transport (10 cars), et plusieurs hôtels à Samarcande, Boukhara et bientôt Tashkent. Le patron est le grand frère de Chaqir. Chaqir, lui, a 27 ans, il est marié et a un garçon et une fille. Il n’est pas de Samarcande, il vient d’un petit village des environs où il a maison, famille et voiture (qu’il n’a pas le droit de conduire à Samarcande maintenant, mais, Inch’Allah, peut-être l’an prochain).

Chaqir nous recommande de partir à pied, et tourner dans le sens des aiguilles d’une montre : le bazar, la mosquée Bibi Khanoun et enfin le complexe du Reghistan. Ce que nous suivons scrupuleusement. Nous passons rapidement par le bazar, en cherchant une raquette tue-moustiques électrique pour le K6, sans succès. La mosquée Bibi Khanoun est un grand bâtiment dont on voit assez rapidement qu’il a été consolidé de bric et de broc et que les fissures sont encore là. On ne visite en principe pas l’intérieur, et cela vaut mieux, bonjour le béton !

Le Reghistan est plus imposant, constitué de plusieurs bâtiments, notamment 2 medersas qui se font face. A ce sujet, nous nous demandons si le fait que les médersas aient sensiblement la même architecture que les caravansérails qui les ont précédées ne vient pas du fait tout simplement que les caravansérails ont été recyclés en médersas…Les 2 médersas sont cependant intéressantes, car celle de Chir Dor a un portail avec ce qui est devenu l’emblème de Samarcande, des lions en tête de la façade.

De même qu’à Boukhara avec les cigognes, ces animaux représentent une entorse à la règle musulmane d’interdiction de représentation du vivant. Les autres bâtiments sont moins importants par leur contenu, mais la taille de celle de Tilla Kari est impressionnante,tandis que celle attribuée à Ulug Beg a une très belle coupole vue de l’intérieur.

Nous mangeons des Somsa dans la chambre avec des fruits achetés au marché, et après une sieste majoritairement consacrée à la rédaction des divers documents que nous suivons, et les tentatives de téléchargement de photos, nous repartons à travers la ville pour retrouver un jeune couple d’Anglais que nous avons déjà vus à Noukous et Boukhara. Sur le parcours, de la musique nous attire et nous voilà invités à un mariage, que nous refusons, étant déjà engagés. Vraiment dommage, l’ambiance avait l’air chaleureuse. Nous avions cru reconnaître Basile, mais c’était une erreur.

Dîner dans un restaurant « international » où nous avons pu comparer nos points de vues de vieux Français et de jeunes Irlandais et Écossaise (ils ont tous deux voté remain). AU cours de la discussion, nous découvrons que non seulement la frontière directe entre Samarcande et Pendjikent est fermée, mais la route de détour que nous envisagions de prendre est trop défoncée, il faut aller jusqu’à Thermez, à la frontière avec l’Afghanistan puis remonter au nord pour rejoindre Douchanbé. C’est donc un détour de 600km en tout. A comparer avec à peu près la même chose par le nord si nous passons la frontière à Bekobod. Décision est prise de passer par le nord dont la route semble plus fréquentable.

Retour à l’hôtel en « taxi », 6000OS, environ 0,7€ pour 5km.

J49 07/07/2017 La vallée des merveilles d’Ouzbékistan

 

Nous avons pu nous baigner dans le canal d’irrigation voisin, est ça, c’est un vrai luxe. La nuit a été calme, bercée par le bruit de l’eau et sous la lune presque pleine.

Au matin, beaucoup moins de monde pour nous voir partir. Cap au Nord, nous allons chercher les hommes préhistoriques cette fois. Trente km de route moyenne nous amènent à l’entrée d’un centre de vacances pour enfants au beau milieu d’une oasis. Le problème réside dans le fait que le centre de vacances est à cheval sur le chemin et qu’il est clôturé avec des gardes incompréhensifs. Il y en a même un qui se prend pour la police et demande nos passeports. Au bout d’une bonne demi-heure de palabres, nous finissons par retourner au K6 dépités quand les gardes nous rappellent et nous comprenons que le chef a dit ok finalement. Nous traversons donc le camp de vacances à pied sous bonne escorte et nous retrouvons de l’autre côté en plein cagnard. Il y a 2 km de marche, il fait au moins 45°C à l’ombre. Et le long du chemin, il y a effectivement 3 sites de gravures magnifiques sur des rochers sombres. Nous n’avons pas tout vu, il y en a sur 10km, nous nous sommes limités à 1km, mais nous avons vu des animaux à cornes, les félins en chasse, des hommes en chasse, un homme bien pourvu, et des femmes dansant. C’est très émouvant.

 

 

 

 

Retour sous le soleil, traversée sous escorte, même pas vu le chef. Déjeuner sur place à l’ombre dans le K6 au bord du ruisseau.

Nous retournons à Navoy et arrivons même à trouver un moyen pour traverser la voie de chemin de fer pour prendre la route de Tim, petit village à une centaine de km au Sud où se trouve un mausolée intéressant. Mais après 40km de très mauvaise piste, nous jetons l’éponge. Si nous continuons de ce train, nous allons casser quelque chose. C’est trop défoncé, il y a des pistes parallèles à la route dans le sable qui ne sont pas moins difficiles (on plonge dans les trous), la poussière entre partout malgré l’air conditionné. Nous rebroussons chemin.

2h de route plus tard, nous entrons à Samarcande, la ville la plus célèbre de la route de la soie. Empoussiérés, fourbus, cabossés (une jante arrière du K6 a un choc important sur la lèvre), nous sommes ravis de trouver Chakir qui tient l’hôtel Marokand, et parle et comprend le français.