J100 27/08/2017 Les sentiers des Margallas, la mosquée Faiçal

Le Pakistan est une république islamique, mais c’est aussi un régime parlementaire, au contraire de l’Iran dont le président a tous les pouvoirs. Et donc, le jour chômé de la semaine est le dimanche et non le vendredi. Par conséquent, nous ne pouvons pas agir sur les urgences ce jour-là. Nous décidons d’aller randonner au départ de la guesthouse dans les montagnes au nord d’Islamabad. Vue l’altitude des sommets environnants, ce n’est pas une performance, mais c’est sans compter avec la température qui flirte avec les 40°C. Bref, nous voilà partis.

Cela commence par la visite de la mosquée Faisal, ultra moderne, avec une forme de « tente de bédouin ». C’est le matin, il n’y a personne et le lieu est beau. Mais on n’entre pas, il faut se contenter de l’extérieur. La boutique de souvenirs nous permet d’acheter quelques cartes postales.

Derrière la mosquée se trouve le point de départ du sentier n°1 des Margallas. On y rencontre aussi les rangers en charge de l’entretien des sentiers, qui donnent quelques conseils. Nous avons de l’eau, et la montée se fait sous les arbres. Nous ne rencontrons pratiquement que des hommes. Il y en a même 2 qui se baignent en caleçon dans le torrent et qui sont confus de voir Françoise. Nous allons jusque sous la crête et redescendons par un autre chemin, dénivelé de 350m, cela suffira pour aujourd’hui, avec la chaleur. Retour à 16h en bas, déjeuner dans un fastfood moderne d’un hamburger (mais si!) arrosé de Coca. Après tout, c’est le J100, on peut faire un extra.

La fin d’après-midi nous sert à nous mettre à jour de nos journaux respectifs, et nous dînons dansle K6 dans la cours de la guesthouse. Nuit longue et très reposante.

J99 26/08/2017 Toyota supprime des bruits mais pas des lumières

Nous avons RV chez Toyota entre 9 et 10h. Bien que nous ne soyons pas au Japon, il faut être à l’heure. Nous avons quelques minutes de retard, mais on nous fait entrer immédiatement dans le hall d’accueil. L’ingénieur que nous avons rencontré la veille nous rejoint avec son ordinateur et se branche sur le K6. Le verdict est immédiat : le filtre à particules est déclaré HS par la machine, et il ne peut rien y faire avec cette machine qui ne peut servir qu’à tester. Si notre voiture avait été une Toyota, il pouvait utiliser le matériel de la marque et tenter de supprimer le défaut pour voir s’il s’agit d’un artefact. Mais ce n’est pas possible avec ce matériel, et il pense que le filtre est réellement HS. Il propose même de le retirer, tout en disant que cela ne fera pas revenir la puissance. Bon, on arrête là la discussion, nous n’arriverons à rien dans ce domaine au Pakistan. Le chef d’atelier arrive, intéressé par notre véhicule. JL lui explique que nous avons un bruit de craquement dû à une tôle endommagée par un caillou. Il est ravi de manœuvrer lui-même le K6 pour le lever et nous voilà dessous à regarder. Le carter que JL avait déjà identifié comme mal en point sert à cacher le chauffage stationnaire, il fait mettre un fil de fer pour rattacher la tôle de protection et retire le caillou resté dans le carter. Et pour les autres bruits qu’il a entendus, il dit de faire laver le K6 à la pression sur les articulations, surtout ne pas mettre d’huile. On nous sert la main, nous félicite pour notre équipée, se désole de n’avoir pas pu régler le problème de la puissance, refuse le paiement, et nous voilà repartis.

Le reste de la matinée est occupé frénétiquement à rassembler les documents pour la demande de visa pour l’Inde. Il faut 2 dossiers complets, avec photos au format. Nous arrivons à remplir tous les papiers et entrer dans les bureaux de TCS visas juste avant 16h, heure de fermeture. Tout le monde s’y met pour boucler les dossiers, 190€ plus tard, nous n’avons plus de passeports et nous sommes dehors. Un tour au bazar pour manger une espèce de sandwich local, admirer les vessies de moutons et absorber un jus de fruits ou un milk shake et nous voilà repartis.

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Nous trouvons un stand de lavage et réparation de pneumatiques sous une autoroute élevée. JL fait une bosse dans le pare-choc arrière du K6 en reculant dans l’axe d’une barrière non vue par les radars et par le conducteur.

Lavage haute pression et levage du K6 pour projeter l’eau par dessous., Essuyage soigné, lavage intérieur, le tout pour 700roupies (environ 6€), et miracle, il n’y a plus aucun bruit.

La cause d’un pneu un peu dégonflé est identifiée comme étant une bosse sur la jante que le mécano martèle et redresse pour 150PR (environ 1€). (à suivre)

Nous sommes alors très en retard pour le Skype avec Corentin, Gabriel et Yumi qui attendent à Die pour que nous puissions leur parler. La communication est particulièrement faible, il faut écourter, mais nous avons eu le temps d’apercevoir Yumi, et de nous faire voir.

La journée a été particulièrement fatigante, le coucher est rapide, le sommeil immédiat.

J98 25/08/2017 Islamabad au bout de la route

Nous sommes au cœur de la plus belle région du Pakistan, et aimerions bien rester quelques jours ici pour faire un peu de montagne et en profiter.

Mais nous sommes préoccupés par la situation du K6 et nous ne savons pas combien de temps va prendre l’obtention du visa indien. Notre stratégie est donc d’aller rapidement à Islamabad, de demander immédiatement le visa et pendant l’attente, de profiter du délai pour obtenir les pièces détachées éventuellement nécessaires. Nos informations nous avaient fait croire qu’il y a un centre de service de classe internationale VW à Islamabad, mais comme depuis 2 jours que nous sommes au Pakistan, nous n’avons vu aucune VW, nous savons que c’est faux. Par contre, Toyota occupe 90 % du parc avec notamment des véhicules d’occasion en provenance directe du Japon. Il doit donc bien y avoir un gros centre de service, car nous voyons de beaux Land Cruiser récents. Rapidement, cela veut dire à une vitesse de 50 km/h. Et là, ce n’est pas le K6 qui est en cause, mais la circulation. On trouve toutes sortes de véhicules sur les routes ici.

Les Pakistanais ne respectent aucune des règles internationales de sécurité automobile. On voit des dépassements en sommets de côte, en 3e position, avec un véhicule en face voire 2, il faut être très attentif. Et ce manque de discipline résulte en un manque de fluidité du trafic qui ralentit considérablement la vitesse de croisière. Sans parler des troupeaux.

Nous sommes vendredi, et nous savons que les consulats n’ouvrent souvent le service des visas que le matin. Nous essayons donc d’arriver à Islamabad avant midi. Mais c’est mission impossible. Bien qu’il soit près de 14h quand nous sommes à l’entrée de l’enclave diplomatique, nous tentons notre chance. Entrée de l’ambassade, fouille, confiscation des téléphones, nous passons, mais à l’intérieur de la clôture, dans un interphone, nous apprenons que l’entrée consulaire est à l’arrière du bâtiment. Rebelote de l’autre côté, fouille etc. Au guichet, l’employé nous informe que les demandes de visas ne peuvent pas être faites à l’ambassade, mais chez un prestataire à l’extérieur de l’enclave. Le tout a duré près d’une heure. Il est plus de 15h quand nous arrivons chez le prestataire qui nous dit que nous devons remplir un document sur internet, mais que ce document est inaccessible du Pakistan ce jour-là sine die. Vérification faite, c’est exact. Le truc pour nous consiste donc à faire remplir le document à l’étranger et à se le faire envoyer par email. C’est fichu pour aujourd’hui. Le seul bon point, c’est que nous pouvons revenir le lendemain, car ils travaillent le samedi. Nous passons chez Toyota. Le chef du service maintenance nous appelle le technicien formé pour le « passage à la valise » qui arrive avec une mauvaise nouvelle : ce centre n’est équipé que pour les véhicules de la marque. Mais il peut obtenir une valise universelle pour le lendemain. Décidément, tout se passera le samedi. Il faut remarquer que le Pakistan est une république islamique, et bien que le jour chômé de la semaine soit officiellement le dimanche, beaucoup de commerces sont fermés le vendredi jour de prière.

Reste à trouver une guesthouse confortable et pas trop chère. Il ne faut pas se montrer trop difficile, car celles indiquées par le guide sont toutes fermées. Nous en trouvons une grâce au GPS de la tablette de F, et nous pouvons enfin nous reposer.

Nous partons à pied vers le centre commercial Jinnah voisin, et choisissons d’aller dans un restaurant de pizzas pour changer de l’alimentation « sur la route ». Euh, mauvaise pioche, il y la dedans une trentaine de mâles qui regardent F bizarrement car elle n’est pas correctement voilée. Un Pakistanais sympa nous oriente vers un autre restaurant un peu lointain et nous prenons un « taxi » (Suzuki Cuore) pour y aller. Grandes jambes s’abstenir. Le restaurant est beaucoup plus moderne, ce n’est pas le même standard. Nous étions en train de nous demander comment nous y prendre, car il faut payer d’abord et attendre pour être servi. JL entend parler français derrière lui, se retourne et fait face à 4 jeunes Pakistanais. En fait, ce sont des Français immigrés de 2e génération qui sont en vacances ici. Grande discussion pour comprendre la situation exacte de ces jeunes, 3 femmes légèrement voilées et un homme. Très sympathiques, ils sont tous plus ou moins étudiants et passent leurs vacances chez des parents qui sont d’ailleurs avec eux dans le restaurant. F, un peu surprise, apprend que contrairement à ce que nous pensions, les jeunes femmes ne sont pas frustrées d’être légèrement voilées ici, parce qu’en France, elles portent le tchador. Photo souvenir, puis elles nous aident à commander notre (énorme) pizza.

Pizza que nous mangeons à l’extérieur sur la terrasse. Mais elle est trop grande, il faut se résigner à en laisser la moitié (Fabien et Corentin devraient penser à Bondi beach à ce sujet…). Pas de problème, on nous met le reste dans une belle boîte que nous emportons… et donnons une dizaine de mètres plus loin à un travesti qui mendie de la nourriture et la reçoit, ravi, car c’est encore chaud. Des travestis au Pakistan, nous en avons vus déjà quelques-uns, généralement mendiant et très méfiants du contact avec nous. Apparemment, ils n’ont pas la vie facile.

On nous rappelle notre chauffeur de taxi qui nous remmène à la guesthouse. Nuit confortable sans trouble.

J97 24/08/2017 Confluent de l’Himalaya, du Karakorum et de l’Indou-kouch

Départ tôt le matin, après des adieux circonstanciés à la famille Zaraf qui va dans l’autre sens : ils espèrent voir le paysage au col du Khunjerab. Le problème, c’est que le temps est épouvantable, la pluie menace, et ils ne verront probablement rien. Et nous non plus d’ailleurs, car nous sommes dans le même couloir, la vallée de la rivière Gilgit.

La route se déroule, cela ressemble de temps en temps à Combe Laval, et à d’autres moments aux gorges de l’Arly, mais l’échelle est différente, cela dure des centaines de km.

Il y a des camions pakistanais, très décorés, quelquefois très vieux, avec des portes en bois, des clochettes partout, des candélabres sur le pare-choc avant, des bouquets d’antennes en fibre de verres aux angles, des sentences religieuses peintes de tous les côtés, et des conducteurs qui nous saluent, le pouce levé, nous, le petit van tout crotté et poussif (enfin, dans la descente, ça va).

En fin de matinée, la vallée s’élargit brusquement, et un petit parking nous accueille. Nous sommes à un point singulier du Pakistan, et même du sous-continent : le confluent des rivières Gilgit et Indus. Ici se rencontrent l’Himalaya, le Karakorum et l’Indou-Kouch, 3 des plus hautes chaînes montagneuses du monde. Ces chaînes qui s’abaissent devant nous viennent de centaines et même milliers de km pour converger ici. Et l’eau qui en découle va aller se jeter dans le golfe persique à 2500 km de là, après avoir arrosé le Pakistan et l’Inde. L’Indus est l’un des trois grands fleuves indiens avec le Gange et le Brahmapoutre. Ces mots qui reviennent de nos mémoires d’écoliers sont magiques, nous voyons leur réalité ici.

La route est parfois très dégradée, il n’y a plus de revêtement, une seule file et les camions prennent la priorité.

Les villages, au début de la journée, sont typiques de la haute altitude : petits espaces clos, hauts murs épais pour se protéger du vent et du froid.

En fin de journée, après avoir fait des courses alimentaires à Naran, nous choisissons un camping pour passer la nuit. En fait, il n’y a pas de camping, c’est un espace pour pique-niquer et s’abriter du mauvais temps. Nous négocions avec le patron l’usage d’un espace sur une dalle en béton pour la nuit, avec accès aux toilettes en échange d’un dîner. Le gardien de nuit de cet espace voudrait bien nous voir plus près de lui et de son chien, mais nous ne sommes pas fanatiques du chien, nous restons sur notre dalle en béton. Ce qui est important, c’est de ne pas entendre la route (nous sommes dessous) et de ne pas être trop visibles. Nuit calme et presque sèche, il tombe quelques gouttes en milieu de nuit.

J96 23/08/2017 Le Karakorum

Il est 10h, nous nous présentons directement à l’entrée du site réservée aux piétons, et il faut attendre un petit quart d’heure pour que l’on nous admette à l’intérieur avec le K6. Pas de scanner des bagages à l’entrée, bonne surprise. Haha, mais c’est parce que l’on nous l’impose au niveau du bâtiment de sortie du territoire. Et nous charrions nos housses de couette, sacs de couchage, cartons de chaussures à travers le bâtiment d’un côté à l’autre. C’est hallucinant. Finalement, on voit que des ordres ont été donnés, mais l’efficacité n’est toujours pas là, il faut suivre des procédures faites pour les Pakistanais qui trimbalent des gros paquets mal ficelés contenant leurs pauvres affaires lors de transhumances qu’ils ne maîtrisent pas. On nous avait dit une demi-heure, et nous mettons presque 2 heures pour en sortir. Avec un militaire dans les bagages. C’est pour notre sécurité, Ali ne peut pas aller au col avec nous, donc on nous impose ce soldat qui ne parle pas un mot d’anglais. Nous comprenons qu’en fait, ils ont besoin que ce soldat monte au col et ils nous le fourguent comme laissez-passer. Cela nous sert une fois à doubler une courte file de voitures à un barrage. Il a dormi la plus grande partie du temps de la montée au col. Pas passionné par le paysage qui lui est imposé. D’où est-il ? Probablement d’une province du sud, les autorités n’aiment pas que les gardiens se rapprochent trop près de la population. Entre Tashkorgan et le col, le paysage se minéralise, les arbres disparaissent, et les pentes se verticalisent. La neige apparaît, les montagnes se montrent plus aiguës, agressives. La route monte régulièrement, le K6 ne souffre pas, le soldat dort et tout est calme. C’est une sorte de progression initiatique, les choses se révèlent petit à petit, et les hauteurs sont impressionnantes.

Noman’s land de 100m entre le dernier poste chinois et l’arche du col. Le fonctionnaire de service à la porte de sortie nous considère perplexe, mais finit par ouvrir et nous passons, direction le Pakistan, nous sommes à 4700m, c’est la frontière sur route la plus haute du monde.

Et le paysage est grandiose, même si des nuages obscurcissent les sommets. Ces sommets, ils paraissent aussi hauts que ceux que l’on voit depuis Chamonix. Sauf qu’ici, nous sommes 3700m plus haut. Si par exemple, on considère l’aiguille du midi à 3800m, les sommets peuvent être évalués à plus de 7000m. Et c’est beau., les glaciers sont partout autour, les pentes sont gothiques, les élancements vertigineux. Le souffle un peu court, nous ne restons pas, et passons la porte. Un fonctionnaire pakistanais nous accueille immédiatement derrière et nous ouvre un autre portail. Sourire de bienvenue. Dialogue comique. From here, we have to drive on the left, right ? Right. Oh, left or right ? Yes, right. What, right ? Is that left or right driving, here ?. Ha, our driving wheel is on the right, but we ride the road on the left. So you drive on the left. Thanks a lot…La descente commence, nous sommes contents parce que la montée s’est bien passée, le K6 n’a pas été trop poussif, et la route est globalement bonne, parfois excellente.

Immédiatement, le paysage change. La verdure est partout, il y a de l’eau, et beaucoup.

Le passage de la douane est une formalité rapidement expédiée, nous avons tous les documents nécessaires, le carnet de passage en douane est familier aux douaniers, en moins de 2 heures nous sommes réellement libres dans le pays, notre choix de dormir dans la voiture ne les a pas fait frémir. Le seul problème auquel nous faisons face est un péage quelques mètres après un poste de contrôle de police. En fait, comme nous venons de Chine, nous devons acquitter le droit d’entrée dans le parc national du Karakorum, et en roupies pakistanaises. Or, des roupies pakistanaises, nous n’en avons encore pas vu la couleur. Nous proposons des RMB chinois. Il fait un discount et accepte un billet de 100RMB pour nous deux. Notre but est de ne pas rester trop longtemps à cette altitude, nous continuons notre route le long de la rivière Gilgit vers le sud. D’ailleurs, des routes, il n’y en a pas tant que cela. Nous voudrions faire halte à Karimabad, un joli village station. Un panneau nous l’indique à gauche, nous croyions que c’était à droite. Bon, Françoise au volant s’engage sur le pont suspendu étroit qui y mène.

C’est juste, très juste, le pont se déforme sous le poids…mais ça passe. Par contre, de l’autre côté, il n’y a qu’un hameau, le chemin s’arrête là. Fausse route, nous avons même des difficultés pour faire demi-tour. Le pont ne s’effondre pas, et nous repartons, nous ne verrons pas Karimabad. Il faut dire que les panneaux de signalisation sont rares et souvent illisibles, soit parce qu’ils sont en ourdou, soit parce qu’ils sont vieux et usés. Un peu échaudés, nous cherchons un lieu desservi par une route asphaltée pour la nuit. Et c’est à Sekanderabad que nous apercevons depuis la route un terrain de sport près de la rivière qui pourrait peut-être faire un emplacement pour la nuit. Petite rue asphaltée presque jusqu’au bout, chemin menant au terrain trop occupé, mais à côté, il y a un endroit au dessus de la rivière, pelouse, arbres, horizontal, parfait. Le K6 à peine arrêté, deux hommes se dirigent vers nous, JL descend pour demander si nous pouvons rester là pour la nuit. La réponse arrive, attendue : ma maison est ici, vous pouvez entrer dans le jardin avec la voiture, soyez les bienvenus. Nous remercions, déclinons, mais acceptons l’offre d’une tasse de thé dans le grand jardin. Là, il y a 3 femmes qui accueillent Françoise chaleureusement, et l’une d’entre elles parle très bien anglais. Nous passons ainsi la fin de l’après-midi à discuter avec la famille de Zaraf, membre éminent de la famille royale de la province de Gilgit.

Le jardin est super, et on capte le wifi du bureau de l’éducation non loin. On nous presse de venir dans la maison que nous visitons et qui est fort confortable, mais nous insistons pour rester dans le K6 devant la porte, près de la rivière.

Nuit confortable dans le K6, malgré quelques gouttes de pluie en milieu de nuit.

J95 22/08/2017 9h d’attente pour rien à la douane chinoise

Petit déjeuner avec les clients de MeiXiLi, et c’est vrai qu’ils sont bizarres. C’est en nous voyant revenir du buffet avec des assiettes pleines qu’ils ont compris qu’il fallait aller se servir. Sinon, ils se seraient contentés des 2 toasts avec beurre ou confiture attribués d’entrée par le personnel.

Nous sommes pressés d’en finir et activons la manœuvre. Mais avant de nous présenter à la douane, comme nous ignorons ce qui va suivre, comment nous allons pouvoir aller jusqu’au col qui est quand même à plus de 100km de Tashkorgan, nous allons prendre du carburant. Et mal nous en prend, car au retour, Ali qui devait être piloté par le chauffeur de MeiXiLi a perdu son guide : le car est parti. Et nous aussi, dans un labyrinthe de problèmes que nous ne comprenons pas, car Ali n’est pas compétent, c’est la première fois qu’il fait ce parcours. Nous nous présentons à l’heure aux douanes, il est 10h, et nous savons qu’il faut finir avant 13h, heure de la pause déjeuner. Nous tournons plusieurs fois autour du site avant qu’Ali comprenne par où il faut entrer. On nous fait attendre plusieurs fois au même endroit avant de nous faire aller ailleurs et revenir. A 12h45, nous avons compris que les services administratifs se lancent Ali et le font danser, mais que faire ? A 13h, c’est cuit, le site est bouclé, le K6 et nous à l’intérieur. Nous décidons que nous n’avons plus d’argent, mangeons dans le K6 et envoyons Ali manger ailleurs. Il faut attendre maintenant 16h, le retour de la pause déjeuner (c’est authentique, pause déjeuner de 3h). A 16h, il ne se passe rien. Ali pense que c’est 16h30. A 16h30, il ne se passe rien. Ali entre et sort du bâtiment, des officiels viennent nous voir, posent quelques questions, demandent les passeports, s’en vont. D’autres reviennent, font la même chose. On nous fait nous garer ici et là. Rien n’avance. À 18h, JL finit par entrer dans le bâtiment, constater qu’il y a là une dizaine de fonctionnaires plus ou moins en uniforme et que personne ne fiche rien. JL prend le chef à partie et commence à lui expliquer que cela fait 8h que nous attendons, et que ce n’est pas possible, que se passe-t-il ? Il y a un problème de carte électronique mal configurée qui nous a été donnée au col de Torugart, et c’est de la faute de l’agence qui pilote notre passage. Orage. JL explique qu’il se fiche bien de qui est responsable, il veut une solution. De plus il assène qu’il n’apprécie pas du tout la façon dont ces gens-là parlent à son guide. Et il commence à faire comprendre que si la solution ne vient pas rapidement, il va faire ce qu’il faut pour qu’elle vienne. En une demi-heure, un fonctionnaire parlant anglais fait l’intermédiaire, et une solution est trouvée puisque la carte est oubliée, et le dossier avance d’une case. Et là, il ne reste plus que les tampons à mettre sur nos passeports. Mais on nous explique que l’immigration ne travaille sur la sortie du territoire que le matin, et l’entrée que l’après-midi. Il n’y a donc personne pour mettre le tampon sur les passeports avant le lendemain. Point. Conflit avec l’agence de voyage qui finalement propose une nuit d’hôtel sans les repas.

Nous avons attendu en tout 9h, dont 6 pour rien, les douaniers le savaient depuis le début et n’ont absolument rien fait pour nous éviter ce calvaire en plein soleil au milieu des camions. Avant même les formalités du lendemain, ce parcours est de loin le plus inefficace de tout le voyage.

Nous repartons donc en ville coucher dans un autre hôtel. Dîner dans le K6 sur le parking.

Bizarrement, il n’y a aucune photo dans l’ordinateur à cette date-là.

J94 21/08/2017 Filtre à particules, épisode n°3

C’est le grand départ, ou du moins, c’est prévu comme cela. MeiShiLi arrive comme annoncé à 9h, heure de Pékin, ce qui fait quand même que nous devons être prêts à 7h, heure locale. Lever tôt donc, petit déjeuner dans le K6 sur le parking, et les voilà. En fait, il n’est pas seul. Ali l’accompagne, MeiShiLi ayant un autre groupe ne peut nous accompagner à Tashkorgan. Mais Ali est chevronné et parle anglais, tout devrait bien se passer.

Première étape chez le mécanicien recommandé par Abdul. Même scénario. Finalement, il se déclare non compétent, mais son patron nous convoie vers un autre garage qui doit régler le problème. Ce n’est pas très loin. On nous prend en charge immédiatement, et les ordinateurs sortent, confirment la panne d’un capteur, et le patron du garage, en t-shirt blanc et pantalon clair, se glisse sous la voiture et ressort avec 2 capteurs, dont il me montre que l’électrode de l’un est dessoudée, impossible à réparer. Là, ils sortent un seau de capteurs visiblement d’occasion, et choisissent l’un dont la résistance est proche de celle du capteur qui fonctionne, et le pas de vis identique. Et hop, magie, les voyants s’éteignent presque tous (le filtre à particules reste obstinément allumé), et la puissance semble être là. 200RMB, et nous voilà repartis.

Deuxième étape chez un photographe pour tirer les photos du potier, puis épisode potier, guidés par Ali qui a passé toute son enfance dans la vieille ville en dessous de ce potier. Émotion, congratulations, le tout un peu édulcoré par une équipe de reportage qui fait prendre des poses à notre potier. On comprend qu’il fait un peu d’argent en vendant des photos de son art. Le fabricant de loukoums voisin n’est pas là, mais sa femme reçoit nos photos sans trop comprendre de quoi il s’agit.

Quelques courses, et nous voilà au déjeuner. Ali nous trouve un « bon » restaurant local dans le coin, et nous nous retrouvons devant un pilaf et une soupe rouge non identifiée mais super épicée (cela a eu probablement des conséquences…).

Et nous prenons la route, tous contents d’avoir fait tout ce que nous avions prévu de faire dans le temps imparti. A 20km de Kashgar, les 3 voyants se rallument tout guillerets, et la puissance disparaît…Question à Ali ; si nous retardons notre départ de 24h, que se passe-t-il ? Réponse : You Wenqi (gros problème). Nous comprenons que nous avons probablement épuisé nos possibilités de traitement du cas particules, et décidons de continuer jusqu’au Pakistan (après tout, cela devrait descendre jusqu’à Islamabad…).

La montée au lac de Karakul ne nous rappelle rien, et pour cause, la route a été complètement refaite, et évite tous les endroits encaissés. Le spectacle est bien là, les montagnes de tous les côtés, le lac de sable, les chameaux, c’est magnifique et enthousiasmant.

Soudain, barrage, il faut s’arrêter. La raison ? Vous êtes fatigués par la montée et devez vous reposer. La police nous impose un arrêt d’un quart d’heure d’acclimatation à l’altitude. Nous avions le projet de retrouver une jeune femme qui nous avait vendu du raisin dans un village kyrgyze à côté du lac Karaku et de lui donner une photo d’il y a dix ans, mais Ali nous informe qu’il faut oublier ce projet car ce village est maintenant interdit aux étrangers. C’est une zone sensible, il y a eu des troubles. Nous discuterons de la façon de faire parvenir cette photo à la jeune femme à Tashkorgan, Ali peut peut-être trouver un chauffeur kyrgyze là-bas.

Arrivée à Tashkorgan assez tardive et dîner avec notre Ali et son pote MeiXiLi dans un petit restaurant très local où nous dégustons des pigeons rôtis qui nous réconcilient avec le monde. Et nous parlons de notre histoire de photo. MeiXiLi demande à voir la photo et nous déclare qu’il connaît cette jeune fille et son frère. La jeune femme est maintenant mariée, elle a 27 ans et 3 enfants. Ce sont des nomades, et ils sont en ce moment dans les Alpages du côté du col d’Irkeshtam. Il sait comment lui faire parvenir la photo et s’y engage. Au retour, le chauffeur de MeiXiLi pas mal émèché nous attend dans l’entrée de l’hôtel, et une bonne séance de rigolade nous secoue, car il nous raconte que ses clients allemands lui en ont fait voir de toutes les couleurs. Nous avions vu ces Allemands à Kashgar et les avions évités, les trouvant un peu bizarres. Nous prenons des photos d’adieu avec MeiXiLi et Ali qui nous ont bien aidés et nous pensons que dans quelques heures nous ne les verrons plus.

Nuit à peu près calme dans la chambre de l’hôtel.

J93 20/08/2017 Le marché aux bestiaux et le bazar du dimanche à Kashgar

C’est dimanche. Le dimanche à Kashgar, c’est le jour où les Kyrgyzes passent la frontière et viennent vendre les animaux sur pied au marché aux bestiaux. C’est aussi le jour du grand bazar. Nous voulons voir les deux, et le problème tient dans la localisation à chaque bout de la ville. Les Chinois nous demandent pourquoi nous ne prenons pas tout bonnement un taxi. Évidemment, ce que nous recherchons, c’est un peu d’exercice après tous ces km assis dans la voiture. Nous allons donc louer deux vélos à Abdul, et nous voilà partis.

Le marché aux bestiaux, c’est bestial. Pour nous mettre dans l’ambiance, dès l’entrée, nous tombons sur un mouton égorgé et laissé au milieu du chemin par terre. Peu de gens s’intéressent à cette scène qui leur semble normale. Mais nous, nous ne comprenons pas pourquoi ce mouton est là dans cet état-là. Et personne ne peut nous expliquer. Il y a très peu de Chinois ici, tout le monde parle Ouïgour ou Kyrgyze.

Ensuite, c’est passionnant. Le marché est organisé par séquences, puis par nature. Les séquences, c’est l’arrivée, la zone de négociation, le parc, la zone de départ puis les restaurants. Les natures, c’est les moutons, les vaches (plutôt les taureaux) et les chevaux où l’on trouve aussi les ânes et les mulets. Et les tractations vont bon train. Nous arrivons à choper quelques prix. Un veau pour 75RMB, un taureau pour 1500 et pour un bel âne, l’offre de 400 faite par l’acquéreur ont été refusées à 400. Rappel : 1€=7,5RMB. Nous sommes bien avancés, nous n’y connaissons rien, et surtout pas les prix européens.

En tous les cas, ces situations sont passionnantes, et l’ambiance très chaude. Après avoir bien tourné dans le marché, nous mangeons encore une fois comme les locaux. Et là, c’est forcément de la viande. Nous nous asseyons après avoir payé un prix forfaitaire, et on nous sert sur une table crasseuse deux gros morceaux de mouton sur un pain rond. C’est délicieux, mais on s’en met partout.

Traversée de Kashgar en vélo pour rejoindre le bazar. C’est bondé. Il faut enjamber les scooters pour pouvoir garer les vélos. Il y en a des milliers. Le bazar est plein, les gens des environs viennent vraiment faire leurs courses là. Nous demandons si un JiaLeFu existe à Kashgar, et il y en a un, dans la ville nouvelle. Et Carrefour ne peut pas vendre tout ce qui se vend au bazar. Au bazar, on trouve tout. Du riz à la perceuse à colonne, du stylo au scorpion grillé.

Tout se qui se mange bien sûr, mais aussi tout ce qui est utilisé dans la vie quotidienne ou professionnelle. C’est épuisant. Il y fait chaud, on se bouscule.

Le point commun entre ces deux endroits, c’est les Ouïgours.

J92 19/08/2017 Un samedi dans les rues de Kashgar

Le matin a été utilisé à une discussion pour clore le litige qui nous oppose à l’agence qui a organisé notre passage en Chine. De 4 jours au moment du contrat, le temps nécessaire est passé à 5 puis à 6 pendant le voyage, alors que nous ne pouvions plus objecter. Mais nous voyons maintenant que seulement 4 jours auraient suffi s’ils avaient été bien utilisés. Et donc nous refusons de payer les 2 jours supplémentaires. Au bout de 3h de discussion, nous tombons d’accord. Nous quittons Kashgar lundi et passons la frontière mardi. Nous ne payons que 4 jours.

Réparation de la sandale droite de JL. C’est la 4e fois que cette sandale passe dans les mains d’un cordonnier. Et sans rechigner, à chaque fois, l’homme trouve un moyen de lui redonner un peu de vie. Cette fois-ci, c’est de la chirurgie, la boucle arrière est complètement retirée et remplacée par une lanière toute neuve avec une accroche Velcro, et c’est reparti, le tout pour 10RMB, un peu plus d’un €.

Ensuite, nous partons nous balader dans la ville. JL a besoin de changer sa ceinture et la lubie est de ne changer que la lanière, pas la boucle. Nous avons déjà essayé dans plusieurs pays, mais à chaque fois, on nous a proposé de couper une ceinture complète et nous avions refusé. Maintenant la ceinture est vraiment au bout du rouleau, il va falloir assouplir notre position. Et donc nous acceptons qu’un vendeur dans la rue coupe une ceinture et adapte la lanière à la boucle existante. Ce qui est fait rapidement, sans que nous nous rendions compte que la lanière est juste un peu trop large et serre dans la boucle. Par contre, raffinement, le vendeur pose des œillets métalliques sur les trous pour améliorer la longévité. Le tout pour 30RMB, à peu près 4€.

Et comme nous sommes au moment du déjeuner, nous en profitons pour manger sur place ce que mangent les gens, c’est à dire un morceau de mouton grillé sur du riz pilaf.

Et nous passons notre après-midi à nous balader dans la ville, nous amusant de retrouver des aspects particuliers de la vie chinoise, les métiers de la rue…

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Nous partons en exploration dans la vieille ville de Kashgar pour tenter de retrouver la femme à qui nous avions acheté des poteries 10 ans auparavant. Nous n’avons pour cela qu’une photo. Mais nous arrivons à retrouver sa maison, les gens la connaissant bien. Dès le premier contact, nous avions compris qu’elle était décédée. Et quand nous arrivons chez elle, c’est le fils que nous avions déjà vu la première fois qui nous accueille. Il souhaite que nous lui donnions une copie de la photo. Nous prenons de nouvelles photos de lui avec JL, et de F avec sa nièce. Les deux sont très émus de voir cette photo. Ce potier est en fait juste le potier actuel, la boutique est dans la famille depuis plusieurs générations. Il semble pourtant que les affaires ne soient pas fameuses, parce que la maison ne nous fait pas une aussi bonne impression que la première fois. Il n’y a plus de femme pour la tenir…

Nuit tranquille dans le parking de l’hôtel.

 

J91 18/08/2017 Bank of China

C’est vendredi, mais nous n’avons pas de RV. Nous prenons contact avec Abdul Wahab, patron de l’agence de voyage de l’hôtel avec lequel JL avait discuté pour organiser le passage en Chine. Il nous trouve un mécano qui veut bien de déplacer pour venir faire un diagnostic du K6 qu’on ne peut pas déplacer. Le technicien déclare qu’un fil est coupé quelque part et qu’il est nécessaire de lever la voiture pour clarifier. RV pris pour lundi après la levée d’écrou, et avant le départ pour Tashkorgan prévu mardi.

Sur le chemin se trouve la plus grosse agence de la banque de Chine à Kashgar. JL décide de faire la même tentative que pour le téléphone. Pour les mêmes raisons il faut abandonner. Mais au moins nous pouvons récupérer l’argent qui se trouvait encore sur le compte, environ 50RMB, et le fermer définitivement.

Nous prenons un grand plaisir à nous promener dans la vieille ville. Les artisans ont déserté l’endroit, mais il reste quelques vendeurs de ferblanterie ou d’objets en bois.

Il reste surtout le marché de nuit où l’on peut manger des plats que l’on ne trouve pas ailleurs, à base d’abats de mouton. Tout est préparé devant nous, et le prix est dérisoire.

Il y a une grosse affluence, et l’on se bouscule joyeusement. Nous retournons à l’hôtel pour notre dernière nuit en chambre, nous avons décidé de coucher les 3 autres nuits dans le K6 sur le parking.