J119 15/09/2107 Ayodhya la religieuse bien gardée

Lorsque nous étions arrivés la veille au soir à Faizabad, nous avions l’intention de coucher dans le K6 sur le parking d’un hôtel dont nous pourrions profiter des toilettes et du wifi. Heureusement que le gérant nous a fait une réduction et que nous avons finalement couché dans une chambre, le raffut des klaxons de camions aurait été infernal.

Pas de regrets, nous partons directement après le petit déjeuner (continental???) pour Ayodhya. Ayodhya est la ville où est supposé être né le dieu hindou Rama. En 1992, une émeute a dégénéré et 2000 personnes sont mortes dans un combat des Hindous pour reprendre un site occupé depuis plusieurs siècles par une mosquée construite sur un ancien temple hindou. La ville est depuis sous étroite surveillance militaire, et il faut un permis pour accéder à certaines parties et certains temples. Il y a dans cette ville une profusion de lieux de culte, majoritairement hindous, en activité ou désaffectés. Les rues de la ville sont bordées d’anciennes maisons qui nous font comprendre qu’il y a eu ici de l’activité et de la richesse.

Nous nous mélangeons à la population qui nous entraîne vers les sites de prière, et visitons ainsi les plus grands temples. Cependant, nous ressentons nettement une ferveur et une concentration qui nous excluent de la foule environnante.

 

 

 

Il y a peu de sourires à notre rencontre, et on comprend que le souvenir des conflits violents est encore présent dans les esprits. Nous ne rencontrons pas de musulmans.

Les visages sont généralement fermés et préoccupés. Le tilak reçu par JL sur le front n’a pas été attribué en signe de bienvenue mais pour récupérer une obole. Le site partagé suite aux émeutes n’est pas accessible pendant le déjeuner, et nous décidons de l’éviter, pour ne pas avoir à faire la queue, être fouillés, laisser téléphones et appareils photo à la police, et surtout pour ne pas provoquer de réaction.

 

 

Le K6 est garé devant une école installée dans une ancienne résidence de riche.

L’après-midi est utilisée pour nous rendre à Kushinagar, ville où est décédé Bouddha. Nous arrivons en fin de journée et cherchons à nous faire héberger dans un tempe. Le temple sino-vietnamien Linh Son et son prêtre californien Tim Don Ding Accompagné de ses chiens nous accueille chaleureusement pour les 2 nuits que nous souhaitons y passer. Un groupe de Vietnamiens arrive juste derrière nous en car, et nous entendons des sonorités nous rappelant de bons souvenirs. Nuit calme mais un peu chaude dans la chambre n°1 du temple.

J118 14/09/2017 La Martinière de Lucknow

Naheed, la propriétaire de la guesthouse, héberge beaucoup de gens en lien avec la Martinière, probablement parce que ses enfants y ont fait leurs études, mais aussi parce qu’elle et son mari géraient le Lucknow Tribune, un journal qui comportait une partie pour les jeunes adultes. L’Alliance Française est installée dans les locaux de la Martinière, et nous avons fini par accepter de voir le directeur dont le chauffeur nous avait aidés à trouver un mécano. Nous voilà partis de bon matin, bien qu’un peu en retard à cause d’un petit déjeuner tardif et de détours pour y arriver.

Rachna qui a fait l’interprète et qui est professeur, Richard le directeur, une jeune femme gérant les étudiants indiens partant en France, et 3 étudiants nous attendent sous le porche. Discussions, présentations, photos, l’accueil est chaleureux. Cette Alliance Française date de fin 2016, elle ne compte aujourd’hui que 55 étudiants, mais cela va monter très vite.

Nous visitons ensuite le château de M.Martin, le fondateur de la Martinière, où se trouve encore aujourd’hui l’école de Lucknow. Cette fondation possède aussi une école à Calcutta et bien entendu le lycée de Lyon. Il y a un petit internat, mais les effectifs de jour sont impressionnants : 4000 garçons et 2000 filles, dans 2 établissements séparés. Evidemment, cette visite rappelle des souvenirs à JL…

Nous déjeunons dans un centre commercial huppé de Lucknow où nous avons fait les courses. Rencontre et partage du repas avec une jeune infirmière de Dehli qui est venue se faire référencer avant de passer une interview le lendemain à Dehli pour entrer dans l’armée. Le petit copain est médecin et suit attentivement à distance.

Au moment de retourner au K6 pour repartir, la mousson se rappelle à nous. Il pleut des seaux. La voiture est à 10m, mais il faut faire le tour d’une longue clôture. Attente, aubaine pour les commerçants. Nous achetons 2 glaces qui nous coûtent plus cher que le déjeuner. Finalement, nous pouvons repartir, en passant par le mécano pour commander un capteur de température défectueux que nous voulons changer avant de nous engager dans le retour à travers le Pakistan. Boulevard périphérique de Lucknow, et autoroute, objectif Faizabad, à côté d’Ayodhya où se trouve beaucoup de temples et un site tristement renommé pour une émeute mortelle liée à un conflit entre religieux.

Nous passons la nuit dans un hôtel de mariages au bord de l’autoroute avec pour berceuses les klaxons stridents des camions.

J117 13/09/2017 Repos et filtre à gazole

Aujourd’hui, c’est officiellement repos et soins du K6. F reste à la guesthouse, et JL part s’occuper de faire changer le filtre à gazole du K6. C’est une opération dont on a parlé avec VW à Dehli, que JL peut faire lui-même, mais Rachna, une jeune Indienne travaillant comme professeur de français à l’Alliance Française nous a mis en relation avec le chauffeur du directeur de l’AF qui connaît un mécano compétent et pas cher qui veut bien opérer. En route donc, et rencontre sur place avec Mohammed, un ingénieur avocat (si!) qui a apporté sa voiture à réparer (du moins c’est ce que JL croit, mais en fait, c’est le mécano qui l’a appelé). Mohammed va faire l’interprète tout au long des opérations. Le filtre est changé dans des conditions adequates (il faut vider le précédent filtre de son GO pour juger de son état de comatage) et le K6 redémarré proprement. A cette occasion, on reparle du filtre à particules, et le mécano propose de changer le capteur de température qui est en défaut. Cela prend du temps, il faut faire venir la pièce probablement de Dubhaï. Décision est prise d’approvisionner la pièce et elle sera changée lors du retour après le Népal. Retour à la guesthouse où F a passé la journée. Naheed, la propriétaire nous a attribué la chambre de sa fille partie travailler à Mumbai car les autres chambres avec salle de bain sont prises. Nous sommes vraiment bien traités.

Pour varier un peu les sujets, en voici quelques-uns attrapés dans les rues de Lucknow la veille.

J116 12/09/2017 Le labyrinthe de Lucknow

A Lucknow, les monuments historiques ne manquent pas. Les nababs ont érigé des mausolées pour eux, pour leurs mères, leurs enfants, et comme d’habitude, ils ont agrandi les monuments de leurs prédécesseurs, construit des lieux de culte ou autre extravagances. Nous choisissons de retourner à Imambara pour visiter le labyrinthe. Il s’agit d’un dédale de corridors, escaliers, terrasses imbriquées les uns dans les autres partiellement à l’intérieur même des murs. Aspect comique de cette visite : les couples hétérosexuels doivent impérativement être accompagnés par un guide. On se demande bien ce qui peut se passer dans ces couloirs sombres. Les Indiens ont une imagination…Bref, nous voilà partis à pied pour trouver un ATM dans l’environnement immédiat de la guesthouse, et il faut transpirer beaucoup, avaler beaucoup de poussière et être assourdis par beaucoup de klaxons pour arriver à trouver enfin une cabine réfrigérée où se trouve une machine qui veut bien accepter notre carte. Le passage de la rue à cette cabine est suffocant, l’écart de température devant avoisiner 30°C. Nous finissons le parcours dans un taxi électrique à 3 roues, totalement inconfortable, il n’y a aucune suspension.

Après avoir goûté à la vue depuis les terrasses supérieures du bâtiment, et essayé bravement de trouver notre chemin, F ressent une certaine réticence à s’engager dans les couloirs et escaliers noirs. Cela tombe bien, un groupe de 3 jeunes Indiens s’engage avec nous sur la voie inverse de l’aller.

Il est bien connu que plus on est nombreux, plus les décisions sont difficiles à prendre. Finalement, c’est le jeune Indien qui arrive à nous emmener dans l’escalier salvateur. Nous allons voir dans la foulée le hammam de peu d’intérêt, une grande partie ayant été amputée pour usage d’habitation privée et le puits à degrés qui ne vaut pas celui de Jelhum au Pakistan. Et bien sûr, nous sacrifions aux nombreux selfies qui nous sont demandés. Enfin, pas tous. Au bout d’un moment, on se lasse…

Le guide nous indique qu’un restaurant typique est à environ 1km de là, et nous prenons un rickshaw pour y aller. Ce restaurant est en fait dans la vieille ville, le quartier de Chowk. Et là, ça grouille d’activité dans des ruelles étroites pleines de boutiques de petits commerces. Au bout du compte, le pédaleur qui nous a bravement convoyés dans ce chaos s’arrête et nous montre une échoppe dans laquelle opèrent un cuisinier et un boulanger.

Derrière eux s’ouvre une salle rustique et mal éclairée, sans décoration, on dirait une cantine. A peine assis, nous recevons chacun deux assiettes, l’une comportant 2 nans (pain indien) et l’autre quelques boulettes de viande hachée. Pas de couverts. C’est le menu unique du restaurant, arrosé d’un pichet d’eau. Il s’agit de kebabs de buffle, la vache n’étant pas comestible en Uttar Pradesh. C’est très bon et assez épicé.

Retour sur l’avenue principale pour visiter la tour de l’horloge, fermée sans indication d’horaires. Nous nous rabattons sur le bâtiment en pierres rouges voisin et contemplons les portraits des nababs qui se sont succédés à la tête de l’Uttar Pradesh. Il semble que les règnes aient été de plus en plus courts avec le temps.

Il est temps ensuite de revenir à la guesthouse pour retrouver nos amis indiens et discuter avec Naheed la propriétaire des lieux. Ces rencontres sont conviviales et les échanges deviennent rapidement personnels et amicaux. Les pensionnaires de Naheed sont souvent en relation avec l’Alliance Française ou le collège de la Martinière. Il n’y a pas de hasard dans le nom du collège, c’est bien le même homme qui a voulu créer 3 collèges, à Lyon, Calcutta et Lucknow. Il faut croire que l’idée était bonne quand on considère la renommée de celui de Lyon et les effectifs de Lucknow : 4000 garçons et 2000 filles.

J115 11/09/2107 Lucknow, la résidence des Anglais

Pour ceux qui n’ont pas lu « Un garçon convenable » de Vikram Seth, cette ville ne dit probablement rien. Mais il y dans ce livre une description très vivante du système des castes encore en vigueur bien qu’aboli aujourd’hui. Et un amour pour cette ville. L’accueil pour nous est extrêmement rugueux. Il y a des travaux pour une ligne de métro, et il n’est pas difficile de s’imaginer que le chaos habituel de la circulation indienne est multiplié par 10. Voies rétrécies, revêtement absent, poussière, bruit, et surtout embouteillages monstres, avec une majorité de 2 roues très agressifs. Résultat, le K6 mène son combat valeureusement, mais la tâche est difficile, comme d’habitude, nous hésitons souvent sur les directions à prendre, et nous nous faisons bourrer de tous les côtés, étant bien moins manœuvrant qu’une moto. Et donc, bien que nous prenions toutes les précautions possibles, un scooter se vautre sur l’avant gauche du K6 et en se relevant, érafle le pare-choc. Un autre se cale volontairement devant au dernier moment et se fait pousser, éraflure sur les phares. En 2 jours de Dehli et Lucknow, nous avons eu plus de dégâts de carrosserie que pour le reste du voyage. Nous décidons de parquer le K6 à la guesthouse et de ne plus le bouger. Nous refusons même une invitation à venir montrer notre véhicule à l’Alliance Française pour ne pas avoir à naviguer encore dans ce flot sauvage de 2 et 3 roues. Arrivés vers 13h à la guesthouse, nous partons rapidement à la découverte de la ville, à pied pour nous dégourdir les jambes.

La chaleur est accablante, l’humidité extrême. Les T-shirts sont trempés, rapidement couverts de traces de sel. Nous achetons des jus de fruits, grand plaisir des rues en Inde. Nous avons 2 grands verres (300cc) de jus d’ananas et d’orange (les fruits pressés devant nous, sans eau ni glace) pour moins d’un €. Comment ne pas saliver ?

En cours de chemin, nous sommes attirés par un mausolée bien abîmé mais dans un jolli parc plein d’amoureux, le mausolée de Saadad Ali Khan. Octogonal, il est coiffé d’une coupole en pierre. La particularité réside dans le fait que la coupole extérieure est en fait une sur-coupole. Il y a une voûte en coupole à l’intérieur, et on a accès à l’espace entre les deux voûtes. Dans le même parc, un autre mausolée pour les 3 femmes du même Saadad qui d’ailleurs a construit une grande partie de la Résidence.

Nous allons donc ensuite voir cette Résidence qui était l’enclave anglaise pendant le gouvernement de l’Inde. Au moment de la révolte des Cipayes, les résistants à l’occupant ont assiégé cette résidence pendant plus de 4 mois, et il y a eu des milliers de morts, y compris le gouverneur anglais. Les bâtiments restant debout ont été laissés en état depuis, les autres ont été rasés. Il en résulte un grand parc où se trouvent des bâtiments en ruine dont les murs sont criblés de trous d’obus et de balles. C’est assez impressionnant.

C’est aussi très agréable, cet espace de paix au milieu du chaos urbain.

Nous continuons notre balade jusqu’au mausolée Imambara, en sachant que nous ne pourrons pas visiter l’intérieur, il est déjà trop tard. Mais nous entrons dans le parc et c’est magnifique au soleil couchant. Les touristes indiens se pressent autour de nous pour prendre des selfies, c’est très amusant.

 

Pour revenir à la guesthouse, nous optons pour une voiture à cheval, malgré les km. Dîner dans un café branché près de la guesthouse et au lit, cette nuit notre chambre a l’air conditionné et une salle de bain, demain nous changerons pour plus rustique.

J114 10/09/2017 Remise à la route indienne

Au moment de payer, les Indiens ont toujours une petite surprise désagréable pour le client. C’est souvent les taxes, non mentionnées nulle part et surtout pas incluses dans le prix d’origine, c’est parfois des trucs non inclus, la bouteille d’eau ou autre. Ce matin, c’est une commission de 3 % parce que nous payons par carte de crédit. En tous les cas, il faut être préparé à négocier, car sinon, cela casse l’ambiance. Dix petites minutes de coups de téléphone ici et là, de conciliabules, et finalement, nous arrivons à lever cet obstacle. Le paiement effectué, nous voilà repartis.

L’Inde, c’est probablement les pires conditions de circulation que nous ayons connues. Il n’y a pas de règle, même non écrites. C’est du « SCP » partout. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un terme d’hôtellerie qui signifie « si c’est possible ». Alors, des dépassements en triple position, des circulations à l’envers, même sur l’autoroute, et même par des tracteurs, ou par des chars à bœufs, il faut être préparés à les confronter.

Par exemple, nous arrivons à un péage de l’autoroute. Apparemment, la barrière est cassée, il y a un préposé pour faire signe de s’arrêter. Mais c’est possible de passer à côté, il ne va pas se faire tuer pour quelques roupies. Et donc la moitié des véhicules ignorent ses gestes et passent. C’est tellement possible qu’au moment où nous passons, il se préoccupe déjà de la voiture qui suit. Là, nous avons quand même économisé 30 roupies (moins d’un demi Euro). Bon, comparé à ce que nous avons payé hier…

Notre ambition était d’aller jusqu’à Lucknow pour visiter les palais des maharadjahs, mais il a fallu ce contenter de Shahjahanpur, petite ville sans intérêt aux 2/3 du chemin.

Nuit dans un hôtel sans charme avec le bruit des klaxons des camions en toile de fond, dans une chambre sans fenêtre.

J113 09/09/2017 Sans commentaires

Pour notre dernier jour à Dehli, nous avons décidé que, quelque soit le sort du K6, nous allons quand même faire un peu de tourisme et visiter le fort rouge. En 2013 nous avions manqué de temps et seulement fait le tour. Nous voilà donc partis en tuctuc pour la place Connaught afin de poster les cartes postales et de prendre le métro. JL fait une tentative de conduite mais le chauffeur est trop mal à l’aise.

Et là, il se passe un truc incroyable, JL se fait harponner par un soit-disant agent de sécurité (il montre sa carte) qui lui explique que le fort n’est ouvert qu’à partir de midi, et qu’il y a un bien meilleur plan que de prendre le métro. Il commande un tuctuc qui doit nous emmener pour une somme modique dans un grand centre commercial près du fort où nous pourrons perdre notre temps puis aller à pied jusqu’au fort. En fait, le tuctuc nous ramène à proximité de notre hôtel, ce qui n’est pas précisément dans la région du fort. Et le centre commercial est évidemment une boutique de souvenirs plus ou moins antiques et très chers. Il faut croire que 15 ans d’Asie ne nous a pas encore guéri de la naïveté naturelle…Métro donc, et ballade dans la cohue de l’avenue qui mène au fort.

Visite d’un temple sikh et du temple jaïn en face du fort où se trouve un hôpital pour les oiseaux. On n’en visite qu’une partie, mais c’est édifiant. Majorité d’ailes cassées, de pattes manquantes, de morsures. Ils sont en bien piteux état, chacun dans une cage de 40x40x40. Il y en a plusieurs milliers. La religion jaïn mériterait plus de développements, mais là encore, nous n’avons pas la place. Disons que en gros, c’est la compassion pour le règne animal, homme compris.

Le fort rouge, c’est le château de Versailles de Dehli. Nous avons trouvé beaucoup d’analogies avec le palais Topkapi à Istamboul. C’est un grand parc avec des bâtiments répartis sans connections entre eux. Il y a une grande sérénité dans ces lieux, même avec les foules de touristes plus ou moins respectueux des lieux, grâce à l’éloignement. Chaque bâtiment a sa fonction propre, et a sa propre architecture. On trouve beaucoup de pierre rouge, d’où le nom du fort, mais aussi du marbre, des granits colorés. Tous ces matériaux sont sculptés, engravés, polis, c’est magnifique.

Après un déjeuner rapide dans un fast-food indien dans l’enceinte du fort, nous voilà de nouveau dans le métro pour une bonne heure pour rejoindre le garage VW où nous attend le K6. Ce n’est pas l’heure de pointe, donc on nous cède des places.

A l’arrivée au garage, nous sommes reçus avec de grands sourires, visiblement les nouvelles sont bonnes. Effectivement, le K6 est lavé et astiqué à l’intérieur, et les voyants sont éteints. Un test routier confirme que la panne est résolue, tout le monde est content, nous payons sans trop râler 13500 roupies (environ 200€, oui), et repartons tous contents. ..pour 9km seulement. Le voyant du filtre à particules se rallume. Pas d’autre symptôme, mais il n’est que 17h, nous retournons au garage. Le technicien nous propose un test routier plus sévère pour voir si quelque chose se passe. Nous malmenons le K6 sur un bout de route pas encore en service, sans changement. Mine déconfite du technicien qui nous explique qu’il y a peu de chances que la réparation dure plus de 2000km. En tous cas, VW Dehli ne peut rien faire de plus à court terme, changer le filtre prendrait du temps (attention!). Nous repartons donc en appréciant le plaisir de pouvoir suivre dans les embouteillages. Et paf, à 2 pas du parlement indien, en sortie d’un rond-point, un Indien accroche l’arrière du K6. JL le coince, et demande compensation, ils veulent « effacer » la rayure. Un flic arrive pour nous faire dégager et l’Indien en profite pour se barrer. Nous décidons de reprendre la route et de réfléchir au cas K6 plus tard.

Un bon dîner dans un restaurant sympa de la place que nous aimons bien nous remet les idées en place, et bonsoir. La rue du Jyoti Mahal est toujours complètement défoncée et impraticable par aucun véhicule, ce qui n’empêche pas les habitants du quartier d’y dormir sur leurs châlits et les prêtres de psalmodier leurs prières.

J112 08/09/2017 La galère VW

Peu confiants dans les capacités du concessionnaire à régler notre problème, nous essayons une autre voie.

En fait, nous sommes perplexes devant cette situation : si nous nous présentons dans un petit garage qui ne paye pas de mine, on s’occupe de nous tout de suite, et avec les moyens du bord, les mécanos trouvent assez rapidement une solution et la mettent en œuvre. Si on se présente dans les garages censés être les plus compétents sur notre véhicule, nous sommes souvent mal reçus (Kashgar, ici), les moyens mis en œuvre sont mal adaptés, et les marges de manœuvre des opérateurs sont très limitées. Il est à peu près clair que les petits garages ont l’habitude de tricher avec l’électronique des voitures, ce qui est interdit à un concessionnaire. Nous avons donc utilisé une publicité pour un garage indépendant travaillant sur des grosses voitures qui nous paraît plus adapté à notre demande : nous ne tenons aucun compte des voyants lumineux, nous voulons simplement que la voiture retrouve sa puissance.

Là encore, nous pataugeons pour trouver l’endroit, mais comme nous sommes partis tôt pour éviter les embouteillages, nous sommes finalement en avance d’une demi-heure sur l’ouverture. Ensuite, il faut attendre le technicien compétent. « Cela prend du temps ». Une heure. Une bonne demi-heure d’explications réciproques qui se termine dans le bureau du chef. En gros, ils ne sont pas trop chauds pour s’occuper de ce véhicule qu’ils n’ont jamais vu, et ils ne savent pas s’ils sont capables de gérer le cas. Mais ils veulent bien faire un diagnostic si on le paye (2000IR, à peu près 30€). JL part dans la zone rouge et explique que ce qu’il veut, ce n’est pas un diagnostic, mais retrouver la puissance du véhicule. Donc on ne paye que si on a la puissance (il me semble avoir déjà écrit quelque chose comme cela à Kashgar…). Fin abrupte de la conversation. Nous repartons vers le concessionnaire VW de la veille. Arrivée pendant la pause déjeuner. Décidément…Les choses vont plus vite. Mais là où un garagiste qui n’a jamais vu de VW est capable de faire tourner son PC portable sur le cas exact du K6, ce concessionnaire VW fait tourner sa « valise » officielle sur un Multivan de 2013. Bon, c’est le même moteur…Finalement, nous avons le choix entre 3 solutions cette fois : repartir comme nous sommes venus (oui, cela ne les fait pas frémir), attendre un filtre à particules venant d’Allemagne « cela va prendre du temps » (on parle d’une semaine, donc nous savons où cela risque de nous mener) ou accepter un nettoyage dudit filtre manuellement, puisque la régénération pratiquée n’a pas été suffisante. Cela aussi « va prendre du temps », mais on devrait y arriver dans l’après-midi. Oui, en commençant immédiatement, mais le préposé à l’accueil doit modifier son ordre de travaux, l’imprimer, le faire signer à son chef (qui n’a pas que ça à faire), et à JL. Une heure. On n’y arrivera pas dans l’après-midi, surtout qu’ils viennent de découvrir une résistance posée en catimini en remplacement d’un capteur pour tromper le système. On nous demande de revenir le lendemain récupérer le K6. Pas de voiture de prêt (ça nous arrange, pas fanas des embouteillages). Un chauffeur va nous déposer à la station de métro, mais « cela va prendre du temps », il est dans les embouteillages. Une heure. Après, c’est la métro de New Dehli à l’heure de pointe. Odeurs, contacts. La cohabitation hommes/femmes pose des problèmes en Inde. Même chose pour Indiens/étrangers. Là, comprimés comme des sardines en boîte, nous nous demandons où est parti notre projet de voyage en liberté sur les routes lointaines dans des paysages fantastiques.

Nous n’avons pas pris de photo aujourd’hui. Ah, si, une de l’entrée de l’hôtel pratiquement finie. Cela sent encore très fort les solvants.

J111 07/09/2017 Rebelote

Il faut croire que de temps en temps, cela ne veut pas fonctionner. Nous avons passé suffisamment de temps en Asie pour devenir un peu fatalistes et accepter les revers. Mais dans notre situation actuelle, il y a des aspects vitaux qu’il faut sauvegarder. Nous ne pouvons pas rouler indéfiniment avec un véhicule sans puissance. Donc, pleins d’espoir, nous repartons dans les rues de New Dehli vers ce nouveau concessionnaire qui doit trouver une solution au problème du filtre à particules surchargé. Une fois de plus, problème d’adresse illisible, erreur d’interprétation, sollicitation de mauvais interlocuteurs sur la route nous font perdre un temps fou et ce n’est que vers 12h30 que nous atteignons la cible idéalement située dans un champ de boue derrière une boutique de vente d’alcools et bières. Pause déjeuner (nous mangeons dans le K6 dans la cour du garage devant les Indiens surpris), reprise. Et là nous pouvons constater les dégâts de l’assurance qualité mal comprise. Il faut une heure au préposé à l’accueil des véhicules pour noter des choses aussi intéressantes qu’essentielles pour l’analyse technique de notre problème que notre adresse en France, la couleur de la voiture, etc d’abord sur papier (nous ne nous comprenons pas bien, il a un accent très prononcé et un gros défaut de prononciation qui s’accentue violemment sous stress) puis dans l’ordinateur. Ensuite, on entre le K6 dans l’atelier, et 3 à 4 opérateurs tous aussi compétents les uns que les autres bataillent avec la « valise ». JL constate avec effarement que le véhicule le plus proche du nôtre qu’ils souhaitent utiliser pour le diagnostic est une Caravelle de 2003. Le K6 n’est pas un véhicule de transport en commun et date de 2014, n’a pas la même cylindrée… Finalement, une autre heure plus tard, ils admettent que l’outil n’est pas adapté. Discussion houleuse, car on nous donne le choix entre partir ou changer des pièces importantes (par ailleurs non disponibles) sans diagnostic. On finit par nous dire qu’un autre outil de diagnostic est envoyé chercher, et qu’il devrait être à jour. Mais « cela va prendre du temps » (à ce moment-là, nous n’avons pas encore compris la signification précise de cette affirmation). Attente donc. Et à 17h30, il devient évident que l’outil arrivera trop tard, et comme ce garage refuse les heures supplémentaires, nous repartons avec un rendez-vous pour le lendemain. Non sans avoir attendu que le préposé à l’accueil ait imprimé le document de sortie et l’ait fait signer à sa hiérarchie. Moment intéressant où le K6 a servi à bloquer le portail d’accès au garage pour faire pression afin qu’il s’ouvre. Il nous faut 2h pour retourner à l’hôtel dans les embouteillages infernaux de New Dehli. Nous ne savons pas pourquoi, mais nous n’avons pas pris de photo ce jour-là…

J110 06/09/2017 Encore une galère d’orientation

Les priorités du jour permettent de s’immerger dans la vie trépidante de Dehli : obtenir de l’argent d’un ATM HSBC parce que nous pensons que nous pourrons en tirer plus à la fois et diminuer la commission, déposer notre demande de visas au consulat népalais, faire remettre en état le K6. Pour les deux premiers, un tuctuc suffira, pas question de se déplacer dans la ville avec le K6 qu’un employé de l’hôtel est en train de laver. Et comme d’habitude, ça ne se passe pas comme prévu. La limite du distributeur HSBC est universelle, la carte de F ne peut pas obtenir plus de 10000 roupies, ce qui ne représente que 130 €, peut-être trop peu pour les visas. En plus, la banque appelle sur son portable dans la journée pour confirmation de la transaction. Au consulat du Népal, il nous faut une copie du visa indien et des photos d’identité oubliées à l’hôtel. Trouver les boutiques, se faire prendre en photo, aller et venir. Bonnes surprises cependant : les visas ne coûtent que 2400IR chacun pour un séjour de maximum 30 jours, et ils seront rendus dans l’après-midi. Nous profitons du fait que la banque et le consulat sont voisins de Connaught place pour nous promener dans la coin très peuplé.

Sur les murs des bâtiments élégants autour de la place, des jets de salive au bétel ressemblent aux giclures de sang du Pakistan.

 

 

Déjeuner dans la rue commerçante qui mène à la gare. Beaucoup de touristes étrangers déambulent, cela nous change du Pakistan.

L’après-midi est consacré à une galère comme nous savons les organiser et qui partent en spirale toutes seules. Nous partons de l’hôtel avec uniquement la carte sur l’écran de la tablette et qui disparaît après 2 ou 3 km faute de connection internet. Nous savons à peu près où cela nous menait. Demandes aux passants y compris la police, pataugeage, finalement deux militaires nous font un wifi local avec leur téléphone, et l’adresse indiquée apparaît sur le GPS, à 180° de là où nous allions, et bien plus loin. Nous remercions, pensons qu’ils se sont trompés, et finissons par entrer dans un café hyper sélect (valet, piscine, etc) pour bénéficier du wifi en échange d’un cappuccino. Le point sur le plan fourni par VW ne correspondait pas à l’adresse exacte, seulement au centre de la ville, près du parlement indien. Il faut aller au nord-ouest. A ce moment, il est déjà plus de 16h, cela devient compliqué. Nous y allons quand même, dans le trafic qui se densifie. A l’arrivée, l’adresse non plus n’est pas exacte. Allers et retours de nouveau sur des axes à chaussées séparées… Finalement, il est 17h30 quand nous sommes reçus avec le sourire par les employés d’un concessionnaire VW. Mais ils n’ont pas l’autorisation de traiter ce type de véhicule, trop gros. Il faut aller dans un autre garage, dans une autre direction et encore plus loin. Problèmes de connection, de cartes manquantes, il faut maintenant retourner bredouilles à l’hôtel, re-parquer le K6 dans la petite rue… Dîner sur la place très commerçante en allant vers la gare, et au lit.