J66 24/07/2017 La réparation de l’amortisseur

Petit déjeuner buffet en pleine matinée, entourés de routards plus ou moins fatigués. La guesthouse où nous sommes accepte les tentes. Il y a donc dans l’espace restaurant les gens qui sont soit en dortoir, soit sous la tente, voire qui ont couché dans leur véhicule, et qui sont installés confortablement. On trouve tous types de voyageurs, et le sujet des conversation est unique : le passage des frontières. C’est comme dans les forums sur internet, certains affirment de fausses informations avec aplomb. Nous, nous sommes préoccupés par les pannes à résoudre.

Comme l’heure ne permet pas encore de discuter avec les Français, nous partons en exploration pour voir de quel type sont les garages de la région. Et, coup de chance, nous tombons sur un spécialiste des trains roulants, orienté véhicules haut de gamme. Le chef d’atelier, Azam, jeune de 27 ans, s’intéresse à notre problème d’amortisseur et nous partons faire un tour pour qu’il se rende compte de l’importance du bruit qui ne s’est pas manifesté lorsqu’ils se sont mis à 6 pour secouer le K6. Convaincu, il attaque derechef le démontage, sans se changer, avec son pantalon blanc. Un de ses nombreux cousins l’assiste, courant d’un bout à l’autre du garage pour rapporter les outils demandés. Il a 14 ans et est en vacances.

Nous avons commencé à 10h. L’amortisseur part vers 11h30 pour un autre atelier où il sera réparé. Nous allons déjeuner dans un petit restaurant voisin, de 2 hamburgers (Ombeline et Basile vont hurler…) et de Pepsi-Cola. F retourne à la guesthouse pendant que JL supervise la réparation. L’amortisseur revient plus propre, et en meilleur état, et le remontage avance, avec quelques erreurs qui obligent parfois à démonter ce qui vient d’être remonté (l’arbre à cardans, le soufflet). Le mépris des précautions de sécurité est impressionnant : le gamin assis sous le moteur du K6 pendant que la sécurité du pont élévateur est retirée et que le K6 descend pour forcer l’amortisseur dans son logement… A 18h, on a fini. Passage à la banque pour retirer les 7000 soms demandés, et nous retournons à la guesthouse pour tenter de trouver une solution au problème de puissance.

Gros moment de solitude face au service client de Volkswagen Utilitaires France. Un technicien plutôt sympa explique bien la panne et ne donne pas d’espoir de solution simple. C’est passage à la valise obligatoire pour un protocole de régénération informatisé. Un appel plus tard, il n’est pas possible d’effectuer manuellement ledit protocole qui est inscrit dans la machine et dépend du véhicule. Pour savoir où l’on peut trouver la plus proche valise, il faut contacter un autre service. Et là, c’est grandiose. Pour l’amortisseur, de toutes façons la garantie est limitée à 6 mois, vous pouvez y aller. Elle n’a pas les informations en dehors de l’Europe, puis est certaine qu’il n’y pas d’importateur au Kirghizstan. En tous les cas, on ne peut rien pour vous. Et d’abord qu’est-ce qui nous a pris de sortir de France avec ce véhicule ?

A la fin de ces discussions démoralisantes avec Volkswagen, il est trop tard pour contacter qui que ce soit localement pour prendre une décision. Après discussion, nous arrivons à une conclusion : d’une part le technicien a dit que rouler avec forte consommation de puissance pour faire chauffer le moteur serait peut-être capable de nettoyer les filtres, d’autre part, les taux de change des somonis en soms sont ridiculement bas à Osh et normaux (comparés à l’€) à Sary Tash où nous sommes passés la veille. Alors, remonter au col pourrait être gratuit, ce serait payé par la différence de taux de change des 550 somonis que nous avions pris en précaution à Khorog. Nous décidons d’aller au bazar vérifier que le taux de change des somonis en soms a chuté de moitié avec l’altitude. Il semble en effet qu’il n’y ait qu’au bazar des changeurs acceptant les somonis mais avec un taux ridicule. Après nous verrons.

Bonne nuit.

J61 19/07/2017 Le Pamir

En fait, la connection était assez bonne, quoique instable. JL a pu télécharger les photos des 2 jours et mettre à jour le blog. Par contre, pas de skype avec Tiphaine ou le n° qui a appelé JL dans la journée sur l’iPhone. Petite surprise, nous ne payons pas le WiFi. Nous partons à la recherche d’un DAB qui marche, et cela nous ramène près de l’hôtel, dans un bâtiment qui était fermé la veille et dont le DAB est à l’intérieur. Et il marche. Nous pensons fortement à ce problème de bruit à l’avant gauche du K6 et recherchons un mécanicien avant de nous lancer sur la route. Nous trouvons un Tadjik sympa (Chafkat?)qui nous emmène à 8km de Khorog, nous fait passer les barrages de police sans ralentir et fait dégager 3 micro bus pour que le JK6 passe sur la fosse. Inspection rigoureuse par le mécano et JL, de nouveau on ne voit rien. Et donc, nous pouvons repartir tranquilles, rien de grave n’est en jeu. Après 20km, le bruit étant quand même gênant, JL glisse la tête dans le passage de roue, et constate que le souffet de protection de la tige d’amortisseur est tassé sur le corps du vérin. Il y a eu un coup important qui a écrasé complètement et violemment la suspension, le soufflet s’est tassé, et il y a eu des dégâts dans le corps de l’amortisseur. Bilan : on peut rouler, mais la roue va rebondir sur les chaos, faisant vibrer l’arbre à cardans. Il faut donc éviter les chocs de ce côté-là et rouler doucement. En effet, il est hors de question de trouver un amortisseur compatible à Khorog, et nous ne voulons pas nous engager dans la procédure d’urgence en demandant à l’assistance de nous envoyer la pièce. Il paraît que le service est correct à Osh au Kirigizstan où nous allons, nous traiterons le problème là-bas. Et nous voilà repartis sur 700km de route défoncée avec un amortisseur HS.

Les premiers 50km sont impeccables, nous remontons la vallée du Donj, le temps est au beau, et le paysage de plus en plus sauvage, même si les cultures continuent le long de la rivière. Après, cela se gâte, la route se dégrade, et il faut ralentir. Nous avons une chance. Comme la route du sud est inondée, la police stoppe les gros camions aux barrages pour éviter un engorgement massif à l’endroit de l’inondation. Nous n’avons donc pas ces énormes bahuts sur la route en face de nous, et nous ne les verrons pas dans notre sens. Restent les 4×4 fous furieux des touristes et des taxis locaux.

Nous faisons une petite escapade pour visiter un hameau pour lequel une ONG suisse a payé une passerelle sur le torrent.

La route monte régulièrement et à midi, nous mangeons à 3200m d’altitude au bord du torrent. Les paysages traversés sont fantastiques, les montagnes alentours impressionnantes. Un peu plus loin, nous expérimentons la source chaude de Jelandy. Cela vaut la source chaude dans laquelle nous étions allés au Tibet. Pas très propre, c’est un euphémisme. Mais il y a un petit effort de présentation avec un chalet en bois et une baraque dans laquelle on peut manger et dormir.L’eau est très chaude (45°C?) et sent le souffre. 20mn dans le bain et nous sommes ravis. L’ascension se termine dans le champ de bosses de la route non asphaltée à 4272m d’altitude.

Tout va bien, il y a un grand soleil, du vent et nous ne ressentons pas de malaise particulier. Ce col ne présente aucun intérêt, pas de vue. Nous ne nous arrêtons pas, et allons planter le K6 à côté du lac Sasy, 300m plus bas. Il n’y a personne à l’horizon, le ciel est magnifique grâce à l’absence totale de pollution visuelle.

Seul petit problème : le K6 signale que puisque nous utilisons du gazole de mauvaise qualité, le filtre à particules est encrassé et doit être nettoyé par 15mn au moins de route à minimum 70km/h en 4e ! Ben voyons, nous ne dépassons pas 50km/h en pointe, et 15mn, c’est totalement illusoire. Ce ne sera pas avant longtemps…

Comme nous avons passé notre 100e nuit dans le K6, nous fêtons cela avec une bouteille de bière locale. Grandiose. Il a quand même fallu ressortir la couette et même une couverture supplémentaire pour ne pas avoir trop froid. F a quelques problèmes de maux de tête dus à l’altitude et doit se relever dans la nuit pour prendre de l’aspirine.