J96 23/08/2017 Le Karakorum

Il est 10h, nous nous présentons directement à l’entrée du site réservée aux piétons, et il faut attendre un petit quart d’heure pour que l’on nous admette à l’intérieur avec le K6. Pas de scanner des bagages à l’entrée, bonne surprise. Haha, mais c’est parce que l’on nous l’impose au niveau du bâtiment de sortie du territoire. Et nous charrions nos housses de couette, sacs de couchage, cartons de chaussures à travers le bâtiment d’un côté à l’autre. C’est hallucinant. Finalement, on voit que des ordres ont été donnés, mais l’efficacité n’est toujours pas là, il faut suivre des procédures faites pour les Pakistanais qui trimbalent des gros paquets mal ficelés contenant leurs pauvres affaires lors de transhumances qu’ils ne maîtrisent pas. On nous avait dit une demi-heure, et nous mettons presque 2 heures pour en sortir. Avec un militaire dans les bagages. C’est pour notre sécurité, Ali ne peut pas aller au col avec nous, donc on nous impose ce soldat qui ne parle pas un mot d’anglais. Nous comprenons qu’en fait, ils ont besoin que ce soldat monte au col et ils nous le fourguent comme laissez-passer. Cela nous sert une fois à doubler une courte file de voitures à un barrage. Il a dormi la plus grande partie du temps de la montée au col. Pas passionné par le paysage qui lui est imposé. D’où est-il ? Probablement d’une province du sud, les autorités n’aiment pas que les gardiens se rapprochent trop près de la population. Entre Tashkorgan et le col, le paysage se minéralise, les arbres disparaissent, et les pentes se verticalisent. La neige apparaît, les montagnes se montrent plus aiguës, agressives. La route monte régulièrement, le K6 ne souffre pas, le soldat dort et tout est calme. C’est une sorte de progression initiatique, les choses se révèlent petit à petit, et les hauteurs sont impressionnantes.

Noman’s land de 100m entre le dernier poste chinois et l’arche du col. Le fonctionnaire de service à la porte de sortie nous considère perplexe, mais finit par ouvrir et nous passons, direction le Pakistan, nous sommes à 4700m, c’est la frontière sur route la plus haute du monde.

Et le paysage est grandiose, même si des nuages obscurcissent les sommets. Ces sommets, ils paraissent aussi hauts que ceux que l’on voit depuis Chamonix. Sauf qu’ici, nous sommes 3700m plus haut. Si par exemple, on considère l’aiguille du midi à 3800m, les sommets peuvent être évalués à plus de 7000m. Et c’est beau., les glaciers sont partout autour, les pentes sont gothiques, les élancements vertigineux. Le souffle un peu court, nous ne restons pas, et passons la porte. Un fonctionnaire pakistanais nous accueille immédiatement derrière et nous ouvre un autre portail. Sourire de bienvenue. Dialogue comique. From here, we have to drive on the left, right ? Right. Oh, left or right ? Yes, right. What, right ? Is that left or right driving, here ?. Ha, our driving wheel is on the right, but we ride the road on the left. So you drive on the left. Thanks a lot…La descente commence, nous sommes contents parce que la montée s’est bien passée, le K6 n’a pas été trop poussif, et la route est globalement bonne, parfois excellente.

Immédiatement, le paysage change. La verdure est partout, il y a de l’eau, et beaucoup.

Le passage de la douane est une formalité rapidement expédiée, nous avons tous les documents nécessaires, le carnet de passage en douane est familier aux douaniers, en moins de 2 heures nous sommes réellement libres dans le pays, notre choix de dormir dans la voiture ne les a pas fait frémir. Le seul problème auquel nous faisons face est un péage quelques mètres après un poste de contrôle de police. En fait, comme nous venons de Chine, nous devons acquitter le droit d’entrée dans le parc national du Karakorum, et en roupies pakistanaises. Or, des roupies pakistanaises, nous n’en avons encore pas vu la couleur. Nous proposons des RMB chinois. Il fait un discount et accepte un billet de 100RMB pour nous deux. Notre but est de ne pas rester trop longtemps à cette altitude, nous continuons notre route le long de la rivière Gilgit vers le sud. D’ailleurs, des routes, il n’y en a pas tant que cela. Nous voudrions faire halte à Karimabad, un joli village station. Un panneau nous l’indique à gauche, nous croyions que c’était à droite. Bon, Françoise au volant s’engage sur le pont suspendu étroit qui y mène.

C’est juste, très juste, le pont se déforme sous le poids…mais ça passe. Par contre, de l’autre côté, il n’y a qu’un hameau, le chemin s’arrête là. Fausse route, nous avons même des difficultés pour faire demi-tour. Le pont ne s’effondre pas, et nous repartons, nous ne verrons pas Karimabad. Il faut dire que les panneaux de signalisation sont rares et souvent illisibles, soit parce qu’ils sont en ourdou, soit parce qu’ils sont vieux et usés. Un peu échaudés, nous cherchons un lieu desservi par une route asphaltée pour la nuit. Et c’est à Sekanderabad que nous apercevons depuis la route un terrain de sport près de la rivière qui pourrait peut-être faire un emplacement pour la nuit. Petite rue asphaltée presque jusqu’au bout, chemin menant au terrain trop occupé, mais à côté, il y a un endroit au dessus de la rivière, pelouse, arbres, horizontal, parfait. Le K6 à peine arrêté, deux hommes se dirigent vers nous, JL descend pour demander si nous pouvons rester là pour la nuit. La réponse arrive, attendue : ma maison est ici, vous pouvez entrer dans le jardin avec la voiture, soyez les bienvenus. Nous remercions, déclinons, mais acceptons l’offre d’une tasse de thé dans le grand jardin. Là, il y a 3 femmes qui accueillent Françoise chaleureusement, et l’une d’entre elles parle très bien anglais. Nous passons ainsi la fin de l’après-midi à discuter avec la famille de Zaraf, membre éminent de la famille royale de la province de Gilgit.

Le jardin est super, et on capte le wifi du bureau de l’éducation non loin. On nous presse de venir dans la maison que nous visitons et qui est fort confortable, mais nous insistons pour rester dans le K6 devant la porte, près de la rivière.

Nuit confortable dans le K6, malgré quelques gouttes de pluie en milieu de nuit.

J95 22/08/2017 9h d’attente pour rien à la douane chinoise

Petit déjeuner avec les clients de MeiXiLi, et c’est vrai qu’ils sont bizarres. C’est en nous voyant revenir du buffet avec des assiettes pleines qu’ils ont compris qu’il fallait aller se servir. Sinon, ils se seraient contentés des 2 toasts avec beurre ou confiture attribués d’entrée par le personnel.

Nous sommes pressés d’en finir et activons la manœuvre. Mais avant de nous présenter à la douane, comme nous ignorons ce qui va suivre, comment nous allons pouvoir aller jusqu’au col qui est quand même à plus de 100km de Tashkorgan, nous allons prendre du carburant. Et mal nous en prend, car au retour, Ali qui devait être piloté par le chauffeur de MeiXiLi a perdu son guide : le car est parti. Et nous aussi, dans un labyrinthe de problèmes que nous ne comprenons pas, car Ali n’est pas compétent, c’est la première fois qu’il fait ce parcours. Nous nous présentons à l’heure aux douanes, il est 10h, et nous savons qu’il faut finir avant 13h, heure de la pause déjeuner. Nous tournons plusieurs fois autour du site avant qu’Ali comprenne par où il faut entrer. On nous fait attendre plusieurs fois au même endroit avant de nous faire aller ailleurs et revenir. A 12h45, nous avons compris que les services administratifs se lancent Ali et le font danser, mais que faire ? A 13h, c’est cuit, le site est bouclé, le K6 et nous à l’intérieur. Nous décidons que nous n’avons plus d’argent, mangeons dans le K6 et envoyons Ali manger ailleurs. Il faut attendre maintenant 16h, le retour de la pause déjeuner (c’est authentique, pause déjeuner de 3h). A 16h, il ne se passe rien. Ali pense que c’est 16h30. A 16h30, il ne se passe rien. Ali entre et sort du bâtiment, des officiels viennent nous voir, posent quelques questions, demandent les passeports, s’en vont. D’autres reviennent, font la même chose. On nous fait nous garer ici et là. Rien n’avance. À 18h, JL finit par entrer dans le bâtiment, constater qu’il y a là une dizaine de fonctionnaires plus ou moins en uniforme et que personne ne fiche rien. JL prend le chef à partie et commence à lui expliquer que cela fait 8h que nous attendons, et que ce n’est pas possible, que se passe-t-il ? Il y a un problème de carte électronique mal configurée qui nous a été donnée au col de Torugart, et c’est de la faute de l’agence qui pilote notre passage. Orage. JL explique qu’il se fiche bien de qui est responsable, il veut une solution. De plus il assène qu’il n’apprécie pas du tout la façon dont ces gens-là parlent à son guide. Et il commence à faire comprendre que si la solution ne vient pas rapidement, il va faire ce qu’il faut pour qu’elle vienne. En une demi-heure, un fonctionnaire parlant anglais fait l’intermédiaire, et une solution est trouvée puisque la carte est oubliée, et le dossier avance d’une case. Et là, il ne reste plus que les tampons à mettre sur nos passeports. Mais on nous explique que l’immigration ne travaille sur la sortie du territoire que le matin, et l’entrée que l’après-midi. Il n’y a donc personne pour mettre le tampon sur les passeports avant le lendemain. Point. Conflit avec l’agence de voyage qui finalement propose une nuit d’hôtel sans les repas.

Nous avons attendu en tout 9h, dont 6 pour rien, les douaniers le savaient depuis le début et n’ont absolument rien fait pour nous éviter ce calvaire en plein soleil au milieu des camions. Avant même les formalités du lendemain, ce parcours est de loin le plus inefficace de tout le voyage.

Nous repartons donc en ville coucher dans un autre hôtel. Dîner dans le K6 sur le parking.

Bizarrement, il n’y a aucune photo dans l’ordinateur à cette date-là.