J180 15/11/2017 La frontière pakistano-iranienne et les escortes

Rendez-vous avait été pris la veille pour départ à 8h, et le planning est à peu près respecté, nous voilà sur la route de nouveau à 8h15. Mais quelques km plus loin, au relais, de nouveau on nous demande de prendre le garde à bord, ils n’ont pas de voiture. Et cette fois, nous acceptons, le calcul étant que le garde ne pouvant maîtriser la vitesse, nous sommes libres de rouler plus vite que les escortes. Et cela marche. Nous pouvons monter à 100km/h sans recevoir de protestations autres que lorsque nous abordons des passages dégradés. La situation est un peu comique, nous avons exigé que l’arme soit posée au sol, sécurité engagée, et que le garde attache sa ceinture de sécurité, ce que visiblement il n’avait jamais fait de sa vie. Il s’ennuie, et nous avons droit à un concert grinçant de musique orientale à travers son téléphone.

 

Le décor est très désertique, la route est ponctuée de fortins plus ou  moins décorés. Nous atteignons Taftan en milieu de  matinée, et sommes immédiatement dirigés vers la sécurité de la frontière, engageant le processus de passage.

 

Le K6 fait des siennes en défonçant une bouche d’égoût en plein devant le bureau des douanes pakistanaises. Tout va relativement vite de ce côté-là, et nous retrouvons les fonctionnaires iraniens de l’autre côté. Fouille du K6 un peu plus poussée, mais sans trop d’insistance. Un délégué au tourisme s’empare de nos papiers, comme d’habitude, et nous mettons bien au clair que nous n’avons rien demandé, et que nous n’avons aucunement besoin de ce monsieur. Finalement, on nous demande d’attendre devant le bâtiment administratif pendant que nos passeports sont examinés. Le comique de l’histoire, c’est que les passeports sont déjà tamponnés, et que l’escorte iranienne est déjà là. Nous en profitons pour déjeuner. On finit par nous laisser aller, et nous sommes tout contents de voir que l’escorte roule à 12km/h, jusqu’à la sortie du poste frontière, quelques km plus loin. Là, on nous fait attendre “pendant l’examen de nos passeports”. L’escorte nous fait signe de partir devant, JL en profite pour partir à 95km/h, limite légale. Et bien entendu, l’escorte nous double et nous oblige à rouler à 50. En fait, nous sommes en convoi avec 3 bus pour quelques km. Là, pendant qu’on “examine nos passeports”, les bus nous quittent et nous attendons. Une nouvelle escorte prend le relais et le cirque recommence, à 140km/h cette fois  jusqu’à l’entrée de Zahedan. Là nous attendons la nouvelle escorte 45mn. et au moment où nous repartons, un fonctionnaire qui n’a rien fait tout le temps de l’attente décide d'”examiner nos passeports”. Un peu d’énervement commence à se faire jour. Finalement, on nous convoie jusqu’à un hôtel où personne ne parle anglais, c’est un client qui nous sert d’interprète. Il est photographe professionnel, à Zahedan avec son équipe pour réaliser un livre sur le musée.

De fil en aiguille, nous passons la soirée avec l’équipe très sympathique qui finit par nous inviter à dîner et même nous prêter une de leurs chambres le temps d’une douche chaude avant que nous rejoignions le K6 pour la nuit.

J179 14/11/2017 Encore un blocage de portail

A 9h nous sommes prêts à partir, demandons à ce que la police soit appelée pour l ‘escorte. A 10h, rien ne s’est passé, nous attendons. JL demande ce qui se passe, réponse : il y a un VIP en ville, nous vous demandons d’attendre 3 ou 4h. Mais nous savons que le trajet vers Dalbandin prend 6h, et qu’il est difficile de conduire après 18h. Décision est donc prise de mettre un peu de pression dans le système, sous la forme d’un mouvement du K6 en direction du portail de l’hôtel afin d’empêcher les véhicules d’entrer et sortir librement puisque nous ne pouvons pas le faire nous-mêmes. Le ton commence à monter avec le patron de l’hôtel qui estime à juste titre être pris en otage. Nous nous écartons pour laisser sortir une ambulance qui a passé la nuit à côté de nous, mais en profitons pour bloquer complètement le portail, seuls les piétons peuvent passer. Au moins un client part à pied à cause de nous. Nous finissons par demander au patron de l’hôtel d’appeler Munir. Le résultat est immédiat, 2 motos de police arrivent dans les 5mn pour nous escorter en dehors de la ville.

Nous partons de l’hôtel vers 12h, on nous fait faire une halte dans une station service pour faire le plein, attendre un peu la nouvelle escorte devant un tas d’ordures, et nous voilà partis enfin, avec l’espoir d’atteindre Dalbandin en fin d’après-midi.

La routine a repris, alternance de motos, de voitures de police et des Levies, mais globalement, la vitesse de croisière est faible, 50 à 60km/h, ponctuée d’arrêts fréquents pour changer d’escorte, voire prier en plein désert.

 

Nous nous arrêtons à 13h pour déjeuner, mais l’escorte râle parce que nous n’allons pas assez vite !

 

 

 

Le paysage est de plus en plus désertique, même si pendant quelques km, nous longeons le lit d’une rivière. A un relais, le conducteur de la voiture d’escorte nous avertit que nous allons rouler plus vite. Effectivement, nous roulons maintenant à 100km/h et plus, alors que la route est dégradée et que nous n’avancions pas quand la route était bonne ! Nous arrivons quand même dans les temps à Dalbandin. On nous propose de dormir dans la voiture dans la cour d’un hôtel. Mais là, le chef des Levies nous informe qu’il a un problème de voiture et que nous devrons prendre à notre bord le soldat d’escorte le lendemain matin. Refus catégorique d’avoir une personne armée à bord. L’autre proposition est de continuer 55km plus loin et de coucher dans le camp des Levies, ce que nous choisissons. La voiture d’escorte nous emmène à un train de sénateur jusqu’à Yakmach où nous arrivons la nuit tombée. On nous demande de coucher dans une chambre fermée. Refus de nouveau, nous insistons pour dormir dans le K6 dans la cour. Yakmach est juste un barrage de contrôle sur la route de Taftan, il n’y a rien d’autre que le camp des Levies. Un garde est nommé pour veiller

J175 10/11/2017 Sur la route de Quetta

La nuit a été frustrante dans la cour du poste de police. D’abord, il nous a fallu nous équiper d’un officier de police et d’un porte-flingue pour aller acheter du pain et une bouteille de coca. Mais surtout, nous avions vu dans le guide que le jeudi soir dans la région du Singh, les fidèles soufis se rassemblent pour chanter et danser accompagnés par des tambours, jusqu’à tomber en transe et s’évanouir. Dans la mosquée voisine, après l’appel strident et long de la prière du soir, nous entendons les tambours battre toute la nuit. Cela dure jusqu’à 5h du matin. Et pas moyen de nous déplacer pour aller voir. Il ne reste que le gardien au portail, inutile de rien lui demander. Et humiliation ultime, nous finissons par nous endormir, et c’est un policier qui nous réveille et nous demande le programme de la journée ! Il reste 170km pour rejoindre Quetta. Le paysage change plusieurs fois, pendant quelques km, nous naviguons même plein sud, alors que notre direction générale est nord-ouest.

Nous suivons le lit d’une rivière, et les montagnes sont apparues autour de nous. Nous montons vers Quetta, l’altimètre dépasse les 2000m.

 

Les camions ont du  mal à grimper les côtes, même les derniers Hino, modernes mais toujours décorés de la façon très kitsch pakistanaise.

 

 

Nous arrivons à l’entrée de la ville vers 11h30, dans les fumées des usines. Mais d’embouteillage à attente de l’escorte urbaine, nous arrivons à l’hôtel seulement une heure après. Déjeuner dans le K6, puis nous attendons notre nouvelle escorte pour aller au consulat iranien récupérer les visas, et au département de l’intérieur pour obtenir le certificat de non-objection à notre traversée du Balouchistan pour rejoindre la frontière à Taftan. L’escorte arrive vers 15h15, nous sommes furieux car les bureaux ferment à 16h. Nouveau mode d’escorte : nous allons dans les bureaux du gouvernement en tuktuk, escortés par une moto. Le certificat est rapidement obtenu, le fonctionnaire comprend l’urgence. Nouveau mode d’escorte : nous sommes dans la voiture d’escorte, et là nous comprenons que ce n’est pas un job agréable : dans la benne du pick-up, nous respirons tous les gaz d’échappement, et il n’y a ni filtre à particules ni pot catalytique ! Au consulat iranien, on nous dit qu’il a été fermé toute la journée pour cause de jour férié. Mais nous pouvons revenir demain samedi, il sera ouvert à partir de 10h. Il nous faut y croire, parce que sinon, il nous faudra attendre lundi…

J174 09/11/2017 La « sécurité » policière

Petits déjeuner, ablutions, nous démarrons le K6 et nous apprêtons à partir. C’est quand le K6 commence à bouger que les policiers de la voiture à côté se rendent compte que nous partons. Ils manœuvrent rapidement leur voiture et nous barrent le chemin de la sortie de la station service. De nouveau, conflit, discussions…Il nous faut accepter l’« escorte ». Alors que nous pensions être tranquilles au moins jusqu’à l’entrée au Balouchistan, cela nous tombe dessus 500km plus tôt.

 

 

Nous suivons donc cette voiture. Au bout de quelques km, une station essence nous tente, nous nous arrêtons, après avoir fait des appels de phares aux pandores qui n’ont rien vu. La pompe ne prend pas les cartes de crédit, il faut aller plus loin. Les policiers qui sont revenus nous assurent que la prochaine pompe à 2km prend les cartes, ce qui n’est évidemment pas vrai.

Nous changeons de véhicule d’escorte. Les nouveaux ont des idées différentes des nôtres sur l’itinéraire, il nous faut bloquer le système une fois de plus pour être entendus. Ils oublient le besoin en carburant. Cela se termine évidemment dans une autre marque de carburant que celle que nous souhaitions, et paiement en cash. Les policiers changent une nouvelle fois notre itinéraire. Cette fois, nous cédons.

Mal nous en a pris, la nouvelle route passe dans les villages, alors que nous privilégions l’autoroute, même avec un détour de plusieurs dizaines de km. La route est défoncée. Nous changeons de véhicule d’escorte pour une moto.

Puis une autre, puis une autre voiture, puis encore des motos, et nous arrêtons de faire le compte. En gros, nous changeons d’escorte tous les 7 à 8km. Rapidement, les policiers ne savent pas qui nous sommes, ni même où nous allons ! Arrêt déjeuner, à l’ombre dans un petit chemin. Cela ne plaît pas à nos accompagnateurs qui veulent nous voir aller au restaurant. On nous met la pression pour terminer notre repas plus vite. A la fin de la journée, nous avons parcouru 425km et donc changé d’escorte environ 50 fois en 10h. Il est 18h quand nous nous rendons compte que nous n’atteindrons pas Quetta aujourd’hui. Nous sommes à côté de Sibi. Les policiers nous « invitent » à dormir là et nous installent dans la cour du commissariat. Nous ne pouvons même pas sortir pour aller acheter du pain.