J152 18/10/2017 Mohammed sauve la journée

Le matin, c’est mise en ordre des journaux, lessive, nettoyage K6. Vers 11h, nous nous acheminons vers le garage. Il y a deux contacts possibles en Europe pour nous aider. Nous commençons par le Français. D’abord réticent, il cite ensuite son chiffre : 450€ pour la partie électronique qui nous intéresse. JL fait remarquer que nous avons déjà lâché plus de 500€ pour arriver jusque là. Il raccroche brusquement en nous souhaitant de trouver quelqu’un d’autre. Nous nous tournons vers le Belge. Il échange avec Shubbham, l’ingénieur opérateur du système, et revient vers moi, catégorique. Nous n’avons pas le bon matériel pour extraire le logiciel système de la voiture. Nous n’avons qu’un outil de diagnostic là où il faudrait un outil de programmation. Fin de l’histoire à Lucknow. La dernière chance de pouvoir modifier ce programme Volkswagen se trouve à Dehli. Après concertation avec Mohammed, nous décidons de ne pas modifier notre itinéraire et d’aller d’abord au Rajasthan puis finir à Dehli. Là, si rien ne marche, nous prendrons la décision de continuer à travers le Pakistan comme prévu ou d’arrêter le voyage du K6 en Inde, et de le renvoyer par bateau en Europe.

 

 

Nous rentrons piteux à la guesthouse, et allons nous noyer dans la foule des Indiens frénétiques au shopping pour la fête de Deepavali.

 

 

 

 

 

 

Nous avons essayé d’inviter Mohammed à dîner, mais c’est lui qui finalement nous emmène dans un restaurant Hallal du centre ville. Nous nous régalons et la soirée avec Mohammed et sa femme nous fait oublier nos soucis. Nous échangeons beaucoup sur la politique, la famille et les religions, conversation sans contrainte et passionnante. Promesse est faite par les Indiens de venir en France en 2019. Mohammed va s’occuper de nous arranger le rendez-vous à Dehli dans un grand garage entretenant des grosses voitures importées. Il devrait avoir l’équipement et le savoir-faire pour modifier le logiciel système du K6.

J151 17/10/2017 Lucknow : les illusions perdues

Aujourd’hui, nous avons passé notre journée au garage de Lucknow où nous aurions dû voir changer le capteur de température et la mise à jour du système du K6 faite en 1/4h. Bien sûr, pour le capteur, cela a été fait en un clin d’oeil. Mais pour le système, pas moyen. Dans l’après-midi, nous avons commencé à téléphoner en France pour prendre des contacts afin d’obtenir une intervention à distance. Peu de réponse à nos appels, les garages se méfient de ces demandes téléphoniques, après tout, cette opération est à la limite de la légalité. Nous rentrons à la guesthouse, dînons dans le K6 rapidement et JL drague sur internet avec l’aide de Fabien. 2 contacts acceptent de nous aider, mais mettent des conditions. Il faut attendre le lendemain pour avoir une liaison intelligente avec le jeune ingénieur du garage. Du temps perdu pour tout le monde, le garage, l’ingénieur, Mohammed, qui devient un ami au fil des heures, et nous qui nous demandons ce que nous faisons là. Volkswagen est exclu de la discussion, les expériences des uns et des autres du service réalisé excluent un recours de ce côté-là.

J150 16/10/2017 Au revoir Népal

Bien qu’un poste frontière existe au sud de Lumbini, nous devons rebrousser chemin et passer plus à l’Est, car ce poste n’est pas ouvert aux étrangers.

La sortie du Népal est déjà assez informelle (il faut un peu secouer les fonctionnaires pour qu’ils s’occupent de nous). Mais le côté indien est un vrai poème.

 

D’abord 2 hommes en chemise blanche nous demandent nos papiers. JL demande qui ils sont, réponse : des douaniers. Mais pas de carte, pas d’uniforme. Donc, pas de papiers, et nous passons notre chemin. C’étaient des agents en douane chargés de rédiger les formulaires de déclaration. Il auraient bien trouvé des choses à déclarer, des taxes à payer et surtout des commissions à encaisser. Ensuite, contrôle de sécurité. On extrait le K6 de la file et 2 hommes en uniforme tentent d’ouvrir les portes, y compris l’un avec un chien. Protestation. Ils battent en retraite, et un officier arrive, s’excuse et donne l’ordre à ses hommes de procéder une porte après l’autre et c’est nous qui ouvrons. Le chien ne trouve rien d’intéressant, et c’est tout. Il faut ensuite trouver le bureau de la douane pour faire entrer le K6. Caché au milieu de toutes les boutiques, il est peu visible. Il faut en fait regarder en l’air : il y a une barrière ouverte dans tout ce chaos. Le bureau est au pied de la barrière. Nous passons là une bonne heure, JL à l’intérieur sirotant thé et dégustant les petits gâteaux du chef de la douane la plus importante d’Inde qui voit passer 600 à 700 camions dans les 2 sens par jour. F attend en plein soleil. Finalement, le CPD du K6 est accepté à distance (échange d’emails), tamponné, et nous voilà repartis. Un homme nous stoppe in extremis dans la cohue, c’est l’immigration. Nous avions oublié de faire tamponner nos passeports. Toujours pas d’uniforme… Enfin nous voilà sortis, finalement pas si longtemps après l’arrivée, environ 5h de temps de passage, nous avons vu pire. La file de camions s’étire à notre droite, sur une ou deux files.

15km plus loin, nous finissons par en voir le bout. Là, par contre, c’est un record. Même aux frontières turques ou chinoises, la queue n’était pas si longue. On comprend la dépendance du Népal de l’Inde. Tout passe par les camions.

Il nous reste 4 heures d’autoroute pour rejoindre Lucknow qui vont se transformer en plus de 5h à cause d’une station service acceptant les cartes visa, mais pas les internationales. Retour chez Nahid qui nous accueille avec les chats et un grand sourire.

J121 17/09/2017 La route infernale vers la frontière népalaise

Nous voulons essayer de rallier Kathmandu dans la journée, alors nous sommes à l’heure au petit déjeuner du temple. Mais au moment du départ, notre hôte a un doute sur le fait que nous puissions franchir la frontière à Birgunj. Discussion animée avec les ouvriers du temple, tous nous disent que ce n’est pas possible. Nous finissons donc sur internet, et la frontière est ouverte tous les jours de 6h à 22h. Nous sommes soulagés, car cela nous permet de couvrir un tiers du parcours sur l’autoroute. Encore un adieu un peu ému, nous avons bien aimé le lieu et l’homme. Peut-être repasserons-nous par là au retour ?

En tous cas, la route se déroule rapidement comme prévu jusqu’au moment de quitter la NH27 pour obliquer vers l’ouest puis le nord. 10km après la bifurcation, c’est Motihari que l’on contourne par l’est.

Ce contournement traverse les décharges d’ordures de la ville sur plusieurs km. L’odeur est épouvantable et il faut slalomer entre les tas qui débordent sur la chaussée. La route continue, assez bonne entre les zones de travaux inévitables et certaines traversées de village visiblement abandonnées des cantonniers. Nous trouvons même un endroit agréable à l’ombre d’un petit bois, pas trop sale pour déjeuner, environ 10km avant la frontière. Les gamins du coin qui doivent travailler dans la boue si l’on en croit l’odeur qu’ils dégagent, nous considèrent de près et finissent par se mettre d’accord sur l’origine de notre plaque d’immatriculation : nous venons de Darjeeling. Petite constatation sur le fait que les résultats trouvés sont étroitement fonction de l’étendue de nos connaissances…

Après ce déjeuner rapide, nous déchantons.

La route se dégrade complètement et devient un champ de poussière, bordé sur le côté gauche de 2 files de camions arrêtés. Sur 10km. Il y a des moments, il faut s’arrêter, il est tout bonnement impossible de voir à 2m devant la voiture. La progression est difficile, la place laissée par les camions arrêtés tellement étroite qu’on ne peut pas se croiser. Nous roulons au pas. Et soudain, quelqu’un tape sur la voiture. C’est un douanier qui nous fait signe que nous venons de passer la frontière sans nous arrêter. Marche arrière. Peu d’uniformes. Il faut attendre le chef. Et l’on nous dit que nous ne passerons pas parce qu’il y a des élections au Népal. Curieux, nous avons déjà entendu cela en 2013. En fait, la frontière sera ouverte pour nous seulement, et certains camions sensibles. La paperasse prend du temps…Arrivés à 13h30 à la frontière, nous en repartons après 17h, il n’est plus question d’atteindre Kathmandu dans la soirée.

La route n’est pas bonne, la nuit tombe rapidement, les voitures, motos et camions roulent souvent en pleins phares, et il y a un trafic monstre. Nous trouvons un hôtel à Hetauda un peu éloigné de la route et bonne nuit.

J120 16/09/2017 Kushinagar, pélerinage bouddhiste

Réveil à 5h du matin par les pèlerins vietnamiens. Nous pensons qu’ils vont prier avec notre ami californien, mais en fait, ils s’en vont. Ce sont des agences de voyage qui vendent une ville par jour, comme les japonais qui « font » une capitale par jour.

A propos du multiculturalisme, nous avons appris hier soir que la maison-mère de notre temple sino-vietnamien établi en Inde se trouve à Joinville-le-pont dans la banlieue parisienne. Nous prenons plus tard notre petit déjeuner dans le K6 devant les yeux ébahis des jardiniers du temple. La ville n’est pas là. Nous sommes dans la partie religieuse et c’est très calme. La visite commence par le portail voisin qui nous ouvre le site archéologique de Kushinagar.

On a retrouvé là des bases de stupas et de pagodes très anciennes. Il en reste un stupa en forme de lingam (pénis) et une nef contenant une statue de Bouddha couché très belle. Ces bâtiments sont dans un parc bien soigné (pelouses tondues à la main, si, si) et aménagé avec un chemin ombragé menant à une cloche impressionnante commandée par le Dalaï-lama. 15cm d’épaisseur, inscriptions en relief, très beau travail, on a vraiment envie de la faire sonner…

 

Nous continuons à pied pour voir les temples au long de la route qui emmène au stupa qui aurait servi de sépulture à Bouddha, mais où l’on n’a pas retrouvé de restes humains (bah, c’était un dieu, non?).

On trouve là des temples d’origine birmane, thaïlandaise, japonaise, et d’autres à venir car le site est en plein développement.

Au bout de la route, le site du stupa est aussi très bien tenu et invite à la méditation. Le stupa ne vaut pas le détour, mais c’est un monument important dans la culture bouddhique, et même tôt le matin,les pèlerins se bousculent pour venir se recueillir. Beaucoup de collégiens en groupes défilent aussi, téléphone en main, et nous sommes mitraillés abondamment.

Retour vers le temple en riskshaw égoïstement, car c’est le pédaleur qui transpire. Nous calmons notre conscience en ne négociant pas trop le prix de la course.

Après-midi de repos à cause de la chaleur et qui permet de mettre à jour le blog, voilà qui est fait !

J119 15/09/2107 Ayodhya la religieuse bien gardée

Lorsque nous étions arrivés la veille au soir à Faizabad, nous avions l’intention de coucher dans le K6 sur le parking d’un hôtel dont nous pourrions profiter des toilettes et du wifi. Heureusement que le gérant nous a fait une réduction et que nous avons finalement couché dans une chambre, le raffut des klaxons de camions aurait été infernal.

Pas de regrets, nous partons directement après le petit déjeuner (continental???) pour Ayodhya. Ayodhya est la ville où est supposé être né le dieu hindou Rama. En 1992, une émeute a dégénéré et 2000 personnes sont mortes dans un combat des Hindous pour reprendre un site occupé depuis plusieurs siècles par une mosquée construite sur un ancien temple hindou. La ville est depuis sous étroite surveillance militaire, et il faut un permis pour accéder à certaines parties et certains temples. Il y a dans cette ville une profusion de lieux de culte, majoritairement hindous, en activité ou désaffectés. Les rues de la ville sont bordées d’anciennes maisons qui nous font comprendre qu’il y a eu ici de l’activité et de la richesse.

Nous nous mélangeons à la population qui nous entraîne vers les sites de prière, et visitons ainsi les plus grands temples. Cependant, nous ressentons nettement une ferveur et une concentration qui nous excluent de la foule environnante.

 

 

 

Il y a peu de sourires à notre rencontre, et on comprend que le souvenir des conflits violents est encore présent dans les esprits. Nous ne rencontrons pas de musulmans.

Les visages sont généralement fermés et préoccupés. Le tilak reçu par JL sur le front n’a pas été attribué en signe de bienvenue mais pour récupérer une obole. Le site partagé suite aux émeutes n’est pas accessible pendant le déjeuner, et nous décidons de l’éviter, pour ne pas avoir à faire la queue, être fouillés, laisser téléphones et appareils photo à la police, et surtout pour ne pas provoquer de réaction.

 

 

Le K6 est garé devant une école installée dans une ancienne résidence de riche.

L’après-midi est utilisée pour nous rendre à Kushinagar, ville où est décédé Bouddha. Nous arrivons en fin de journée et cherchons à nous faire héberger dans un tempe. Le temple sino-vietnamien Linh Son et son prêtre californien Tim Don Ding Accompagné de ses chiens nous accueille chaleureusement pour les 2 nuits que nous souhaitons y passer. Un groupe de Vietnamiens arrive juste derrière nous en car, et nous entendons des sonorités nous rappelant de bons souvenirs. Nuit calme mais un peu chaude dans la chambre n°1 du temple.

J118 14/09/2017 La Martinière de Lucknow

Naheed, la propriétaire de la guesthouse, héberge beaucoup de gens en lien avec la Martinière, probablement parce que ses enfants y ont fait leurs études, mais aussi parce qu’elle et son mari géraient le Lucknow Tribune, un journal qui comportait une partie pour les jeunes adultes. L’Alliance Française est installée dans les locaux de la Martinière, et nous avons fini par accepter de voir le directeur dont le chauffeur nous avait aidés à trouver un mécano. Nous voilà partis de bon matin, bien qu’un peu en retard à cause d’un petit déjeuner tardif et de détours pour y arriver.

Rachna qui a fait l’interprète et qui est professeur, Richard le directeur, une jeune femme gérant les étudiants indiens partant en France, et 3 étudiants nous attendent sous le porche. Discussions, présentations, photos, l’accueil est chaleureux. Cette Alliance Française date de fin 2016, elle ne compte aujourd’hui que 55 étudiants, mais cela va monter très vite.

Nous visitons ensuite le château de M.Martin, le fondateur de la Martinière, où se trouve encore aujourd’hui l’école de Lucknow. Cette fondation possède aussi une école à Calcutta et bien entendu le lycée de Lyon. Il y a un petit internat, mais les effectifs de jour sont impressionnants : 4000 garçons et 2000 filles, dans 2 établissements séparés. Evidemment, cette visite rappelle des souvenirs à JL…

Nous déjeunons dans un centre commercial huppé de Lucknow où nous avons fait les courses. Rencontre et partage du repas avec une jeune infirmière de Dehli qui est venue se faire référencer avant de passer une interview le lendemain à Dehli pour entrer dans l’armée. Le petit copain est médecin et suit attentivement à distance.

Au moment de retourner au K6 pour repartir, la mousson se rappelle à nous. Il pleut des seaux. La voiture est à 10m, mais il faut faire le tour d’une longue clôture. Attente, aubaine pour les commerçants. Nous achetons 2 glaces qui nous coûtent plus cher que le déjeuner. Finalement, nous pouvons repartir, en passant par le mécano pour commander un capteur de température défectueux que nous voulons changer avant de nous engager dans le retour à travers le Pakistan. Boulevard périphérique de Lucknow, et autoroute, objectif Faizabad, à côté d’Ayodhya où se trouve beaucoup de temples et un site tristement renommé pour une émeute mortelle liée à un conflit entre religieux.

Nous passons la nuit dans un hôtel de mariages au bord de l’autoroute avec pour berceuses les klaxons stridents des camions.

J117 13/09/2017 Repos et filtre à gazole

Aujourd’hui, c’est officiellement repos et soins du K6. F reste à la guesthouse, et JL part s’occuper de faire changer le filtre à gazole du K6. C’est une opération dont on a parlé avec VW à Dehli, que JL peut faire lui-même, mais Rachna, une jeune Indienne travaillant comme professeur de français à l’Alliance Française nous a mis en relation avec le chauffeur du directeur de l’AF qui connaît un mécano compétent et pas cher qui veut bien opérer. En route donc, et rencontre sur place avec Mohammed, un ingénieur avocat (si!) qui a apporté sa voiture à réparer (du moins c’est ce que JL croit, mais en fait, c’est le mécano qui l’a appelé). Mohammed va faire l’interprète tout au long des opérations. Le filtre est changé dans des conditions adequates (il faut vider le précédent filtre de son GO pour juger de son état de comatage) et le K6 redémarré proprement. A cette occasion, on reparle du filtre à particules, et le mécano propose de changer le capteur de température qui est en défaut. Cela prend du temps, il faut faire venir la pièce probablement de Dubhaï. Décision est prise d’approvisionner la pièce et elle sera changée lors du retour après le Népal. Retour à la guesthouse où F a passé la journée. Naheed, la propriétaire nous a attribué la chambre de sa fille partie travailler à Mumbai car les autres chambres avec salle de bain sont prises. Nous sommes vraiment bien traités.

Pour varier un peu les sujets, en voici quelques-uns attrapés dans les rues de Lucknow la veille.

J116 12/09/2017 Le labyrinthe de Lucknow

A Lucknow, les monuments historiques ne manquent pas. Les nababs ont érigé des mausolées pour eux, pour leurs mères, leurs enfants, et comme d’habitude, ils ont agrandi les monuments de leurs prédécesseurs, construit des lieux de culte ou autre extravagances. Nous choisissons de retourner à Imambara pour visiter le labyrinthe. Il s’agit d’un dédale de corridors, escaliers, terrasses imbriquées les uns dans les autres partiellement à l’intérieur même des murs. Aspect comique de cette visite : les couples hétérosexuels doivent impérativement être accompagnés par un guide. On se demande bien ce qui peut se passer dans ces couloirs sombres. Les Indiens ont une imagination…Bref, nous voilà partis à pied pour trouver un ATM dans l’environnement immédiat de la guesthouse, et il faut transpirer beaucoup, avaler beaucoup de poussière et être assourdis par beaucoup de klaxons pour arriver à trouver enfin une cabine réfrigérée où se trouve une machine qui veut bien accepter notre carte. Le passage de la rue à cette cabine est suffocant, l’écart de température devant avoisiner 30°C. Nous finissons le parcours dans un taxi électrique à 3 roues, totalement inconfortable, il n’y a aucune suspension.

Après avoir goûté à la vue depuis les terrasses supérieures du bâtiment, et essayé bravement de trouver notre chemin, F ressent une certaine réticence à s’engager dans les couloirs et escaliers noirs. Cela tombe bien, un groupe de 3 jeunes Indiens s’engage avec nous sur la voie inverse de l’aller.

Il est bien connu que plus on est nombreux, plus les décisions sont difficiles à prendre. Finalement, c’est le jeune Indien qui arrive à nous emmener dans l’escalier salvateur. Nous allons voir dans la foulée le hammam de peu d’intérêt, une grande partie ayant été amputée pour usage d’habitation privée et le puits à degrés qui ne vaut pas celui de Jelhum au Pakistan. Et bien sûr, nous sacrifions aux nombreux selfies qui nous sont demandés. Enfin, pas tous. Au bout d’un moment, on se lasse…

Le guide nous indique qu’un restaurant typique est à environ 1km de là, et nous prenons un rickshaw pour y aller. Ce restaurant est en fait dans la vieille ville, le quartier de Chowk. Et là, ça grouille d’activité dans des ruelles étroites pleines de boutiques de petits commerces. Au bout du compte, le pédaleur qui nous a bravement convoyés dans ce chaos s’arrête et nous montre une échoppe dans laquelle opèrent un cuisinier et un boulanger.

Derrière eux s’ouvre une salle rustique et mal éclairée, sans décoration, on dirait une cantine. A peine assis, nous recevons chacun deux assiettes, l’une comportant 2 nans (pain indien) et l’autre quelques boulettes de viande hachée. Pas de couverts. C’est le menu unique du restaurant, arrosé d’un pichet d’eau. Il s’agit de kebabs de buffle, la vache n’étant pas comestible en Uttar Pradesh. C’est très bon et assez épicé.

Retour sur l’avenue principale pour visiter la tour de l’horloge, fermée sans indication d’horaires. Nous nous rabattons sur le bâtiment en pierres rouges voisin et contemplons les portraits des nababs qui se sont succédés à la tête de l’Uttar Pradesh. Il semble que les règnes aient été de plus en plus courts avec le temps.

Il est temps ensuite de revenir à la guesthouse pour retrouver nos amis indiens et discuter avec Naheed la propriétaire des lieux. Ces rencontres sont conviviales et les échanges deviennent rapidement personnels et amicaux. Les pensionnaires de Naheed sont souvent en relation avec l’Alliance Française ou le collège de la Martinière. Il n’y a pas de hasard dans le nom du collège, c’est bien le même homme qui a voulu créer 3 collèges, à Lyon, Calcutta et Lucknow. Il faut croire que l’idée était bonne quand on considère la renommée de celui de Lyon et les effectifs de Lucknow : 4000 garçons et 2000 filles.

J115 11/09/2107 Lucknow, la résidence des Anglais

Pour ceux qui n’ont pas lu « Un garçon convenable » de Vikram Seth, cette ville ne dit probablement rien. Mais il y dans ce livre une description très vivante du système des castes encore en vigueur bien qu’aboli aujourd’hui. Et un amour pour cette ville. L’accueil pour nous est extrêmement rugueux. Il y a des travaux pour une ligne de métro, et il n’est pas difficile de s’imaginer que le chaos habituel de la circulation indienne est multiplié par 10. Voies rétrécies, revêtement absent, poussière, bruit, et surtout embouteillages monstres, avec une majorité de 2 roues très agressifs. Résultat, le K6 mène son combat valeureusement, mais la tâche est difficile, comme d’habitude, nous hésitons souvent sur les directions à prendre, et nous nous faisons bourrer de tous les côtés, étant bien moins manœuvrant qu’une moto. Et donc, bien que nous prenions toutes les précautions possibles, un scooter se vautre sur l’avant gauche du K6 et en se relevant, érafle le pare-choc. Un autre se cale volontairement devant au dernier moment et se fait pousser, éraflure sur les phares. En 2 jours de Dehli et Lucknow, nous avons eu plus de dégâts de carrosserie que pour le reste du voyage. Nous décidons de parquer le K6 à la guesthouse et de ne plus le bouger. Nous refusons même une invitation à venir montrer notre véhicule à l’Alliance Française pour ne pas avoir à naviguer encore dans ce flot sauvage de 2 et 3 roues. Arrivés vers 13h à la guesthouse, nous partons rapidement à la découverte de la ville, à pied pour nous dégourdir les jambes.

La chaleur est accablante, l’humidité extrême. Les T-shirts sont trempés, rapidement couverts de traces de sel. Nous achetons des jus de fruits, grand plaisir des rues en Inde. Nous avons 2 grands verres (300cc) de jus d’ananas et d’orange (les fruits pressés devant nous, sans eau ni glace) pour moins d’un €. Comment ne pas saliver ?

En cours de chemin, nous sommes attirés par un mausolée bien abîmé mais dans un jolli parc plein d’amoureux, le mausolée de Saadad Ali Khan. Octogonal, il est coiffé d’une coupole en pierre. La particularité réside dans le fait que la coupole extérieure est en fait une sur-coupole. Il y a une voûte en coupole à l’intérieur, et on a accès à l’espace entre les deux voûtes. Dans le même parc, un autre mausolée pour les 3 femmes du même Saadad qui d’ailleurs a construit une grande partie de la Résidence.

Nous allons donc ensuite voir cette Résidence qui était l’enclave anglaise pendant le gouvernement de l’Inde. Au moment de la révolte des Cipayes, les résistants à l’occupant ont assiégé cette résidence pendant plus de 4 mois, et il y a eu des milliers de morts, y compris le gouverneur anglais. Les bâtiments restant debout ont été laissés en état depuis, les autres ont été rasés. Il en résulte un grand parc où se trouvent des bâtiments en ruine dont les murs sont criblés de trous d’obus et de balles. C’est assez impressionnant.

C’est aussi très agréable, cet espace de paix au milieu du chaos urbain.

Nous continuons notre balade jusqu’au mausolée Imambara, en sachant que nous ne pourrons pas visiter l’intérieur, il est déjà trop tard. Mais nous entrons dans le parc et c’est magnifique au soleil couchant. Les touristes indiens se pressent autour de nous pour prendre des selfies, c’est très amusant.

 

Pour revenir à la guesthouse, nous optons pour une voiture à cheval, malgré les km. Dîner dans un café branché près de la guesthouse et au lit, cette nuit notre chambre a l’air conditionné et une salle de bain, demain nous changerons pour plus rustique.