J181 16/11/2017 Le musée archéologique de Zahedan

Comme promis la veille à notre mentor, nous allons visiter le musée de Zahedan avant de repartir. A notre arrivée, nous sommes pris en charge par une jeune femme parlant très correctement anglais qui nous explique que le musée est normalement fermé à cause de travaux, mais qu’elle comprend bien que nous ne pouvons pas revenir plus tard, elle nous guide un peu, puis un garde prend le relais. Effectivement, un grand nombre de vitrines sont mal rangées, nous comprenons que nos amis les photographes sont à l’œuvre et génèrent des problèmes.

Le contenu de ce musée est intéressant, il y a beaucoup d’objets trouvés dans les environs et le Balouchistan en général. Majoritairement, ces objets datent de 3000 ans, et on peut apprécier l’avancement de la technique dans la région à l’époque. Les poteries sont fines, décorées et peintes, souvent monochromes. Les bijoux sont riches, on trouve de l’or et des pierres précieuses.

Il y a des outils en bronze, et 2 objets attirent notre attention : un œil en métal pour cacher un problème à un œil d’une jeune femme de 25/30 ans, et des forets manuels en bronze. L’étage supérieur anthropologique présente moins d’intérêt, avec les scènes utilisant des mannequins pour illustrer la vie quotidienne, les pièces de monnaie, les armes et la vaisselle plus récentes.Pour les photos, il n’est pas question de rivaliser avec celles que nous a montré notre ami la veille au soir. Nous quittons la jeune femme qui est en fait le conservateur du musée, et notre équipe de photographes et nous mettons en quête de change, et de denrées alimentaires avant de prendre la route.

 

Nous quittons Zahedan  par la vieille ville. Il nous faut ensuite 4h pour rejoindre Bam à 300km par de bonnes routes.

 

 

Petit excès de vitesse de F, non sanctionné par la police pour cause d’impossibilité de communication. Nous passons la nuit dans une guesthouse un peu chère pour la qualité de la prestation.

J180 15/11/2017 La frontière pakistano-iranienne et les escortes

Rendez-vous avait été pris la veille pour départ à 8h, et le planning est à peu près respecté, nous voilà sur la route de nouveau à 8h15. Mais quelques km plus loin, au relais, de nouveau on nous demande de prendre le garde à bord, ils n’ont pas de voiture. Et cette fois, nous acceptons, le calcul étant que le garde ne pouvant maîtriser la vitesse, nous sommes libres de rouler plus vite que les escortes. Et cela marche. Nous pouvons monter à 100km/h sans recevoir de protestations autres que lorsque nous abordons des passages dégradés. La situation est un peu comique, nous avons exigé que l’arme soit posée au sol, sécurité engagée, et que le garde attache sa ceinture de sécurité, ce que visiblement il n’avait jamais fait de sa vie. Il s’ennuie, et nous avons droit à un concert grinçant de musique orientale à travers son téléphone.

 

Le décor est très désertique, la route est ponctuée de fortins plus ou  moins décorés. Nous atteignons Taftan en milieu de  matinée, et sommes immédiatement dirigés vers la sécurité de la frontière, engageant le processus de passage.

 

Le K6 fait des siennes en défonçant une bouche d’égoût en plein devant le bureau des douanes pakistanaises. Tout va relativement vite de ce côté-là, et nous retrouvons les fonctionnaires iraniens de l’autre côté. Fouille du K6 un peu plus poussée, mais sans trop d’insistance. Un délégué au tourisme s’empare de nos papiers, comme d’habitude, et nous mettons bien au clair que nous n’avons rien demandé, et que nous n’avons aucunement besoin de ce monsieur. Finalement, on nous demande d’attendre devant le bâtiment administratif pendant que nos passeports sont examinés. Le comique de l’histoire, c’est que les passeports sont déjà tamponnés, et que l’escorte iranienne est déjà là. Nous en profitons pour déjeuner. On finit par nous laisser aller, et nous sommes tout contents de voir que l’escorte roule à 12km/h, jusqu’à la sortie du poste frontière, quelques km plus loin. Là, on nous fait attendre “pendant l’examen de nos passeports”. L’escorte nous fait signe de partir devant, JL en profite pour partir à 95km/h, limite légale. Et bien entendu, l’escorte nous double et nous oblige à rouler à 50. En fait, nous sommes en convoi avec 3 bus pour quelques km. Là, pendant qu’on “examine nos passeports”, les bus nous quittent et nous attendons. Une nouvelle escorte prend le relais et le cirque recommence, à 140km/h cette fois  jusqu’à l’entrée de Zahedan. Là nous attendons la nouvelle escorte 45mn. et au moment où nous repartons, un fonctionnaire qui n’a rien fait tout le temps de l’attente décide d'”examiner nos passeports”. Un peu d’énervement commence à se faire jour. Finalement, on nous convoie jusqu’à un hôtel où personne ne parle anglais, c’est un client qui nous sert d’interprète. Il est photographe professionnel, à Zahedan avec son équipe pour réaliser un livre sur le musée.

De fil en aiguille, nous passons la soirée avec l’équipe très sympathique qui finit par nous inviter à dîner et même nous prêter une de leurs chambres le temps d’une douche chaude avant que nous rejoignions le K6 pour la nuit.

J36 24/06/2017 Frontière Iran – Turkménistan

Lever tôt, le soleil est là, le paysage étant plat, les montagnes on disparu à l’horizon. Petit déjeuner dans le K6, nous sommes au bord d’un chemin et il y a beaucoup de poussière. Un homme à moto s’approche, puis fait demi-tour. Évidemment, quelques minutes plus tard, un gros 4×4 militaire fait son apparition. Passeports, etc. Il faut les suivre. Cette fois-ci, nous disons non. Si nous n’avons rien fait d’illégal, nous voulons terminer notre petit déjeuner. Et ils attendent, tous les 3, dont l’un avec une mitraillette. Lavage de dents, vaisselle, nous bouclons tout tranquillement. Et finissons par suivre le 4×4 qui nous emmène…à la station service à l’entrée de la route de la frontière et nous quitte avec un grand sourire. Quelques fois, il vaudrait vraiment mieux que l’on puisse se comprendre !

Sortie d’Iran, 2,5h de palabres, attentes, vas-et-vients, c’est long mais tout se passe bien, dans l’environnement habituel : bâtiment plus tout jeune, absence de mobilier, informalité des uniformes. Juste un problème, JL est enfermé dans un bureau avec un homme sans uniforme qui se prend très au sérieux, et un interprète. Beaucoup de questions sur notre itinéraire, puis viennent des questions plus gênantes. Avons-nous des contacts en Iran ? Où ? Et finalement qui ? Là, JL se lève et déclare qu’il ne veut pas répondre à ces questions, qu’il ne sait pas qui est en face de lui et que si l’on veut continuer, il veut appeler l’ambassade de France pour savoir quels sont ses droits. Immédiatement, il est poussé hors du bureau et une bonne heure d’attente commence, qui finira dans les bureaux de la police, où les mêmes questions seront posées, sauf les demandes de noms. Et nous sommes libres. Il s’agissait probablement d’un gardien de la révolution qui cherchait à se faire mousser en fournissant quelques noms de personnes en contact avec des étrangers.

Nous franchissons le pont métallique sur la rivière et nous engageons dans le chemin pour aller à la douane turkmène. Ce chemin est défoncé, les camions avancent au pas, et nous aussi. En fait, il y aune nouvelle route toute neuve avec un nouveau pont, mais elle n’est pas finie, ou pas encore inaugurée, et nous passons à côté.

Au Turkménistan, le bâtiment est neuf, moderne et propre. Administratif et vide. Très peu de gens passent là, car les chauffeurs de poids-lourds discutent ailleurs. On ne s’adresse qu’à JL. Il semble que le système est moderne, écrans plats, caméras de prise de photo d’identité, capteur d’empreintes digitales,etc. Mais l’opérateur en face de JL semble ne pas savoir se servir du logiciel, il passe un temps fou à taper sur son clavier. Puis in va s’occuper de passagers dans l’autre sens, revient, hésite. Il a fallu déjà passer 2 fois à la banque, 38$ pour « immigration », puis 100$ (?), puis 10$, probablement pour usage du GPS. Enfin, nous avons les visas sur les passeports, remplaçant la lettre d’invitation obtenue via le consulat à Paris. On fait signe de passer au guichet suivant. Là, on découvre qu’il y a des fonctionnaires où tout était vide auparavant. C’était l’heure du déjeuner ! Nous aurions bien aimé manger, mais pas dans le K6 planté devant la porte en plein soleil. JL veut le déplacer à l’ombre. Interdit. JL passe de guichet en guichet, le long d’un comptoir, en faisant glisser ses papiers d’un fonctionnaire au suivant. C’est comique. IL s’agit d’enregistrer le K6 au Turkménistan et de l’assurer 5 jours. Dernier guichet, passage à la case banque de nouveau, 126$ cette fois-ci, et des beaux, pas froissés, pas déchirés, pas annotés. C’est fini. On peut avancer le K6 derrière un camion qui lui est à l’ombre sous un toit. Il y a 6 voies sous le toit, mais nous devons attendre au soleil. JL râle, le chef vient, on lui montre le thermomètre de la montre de JL (tu vois Fabien, finalement, cela sert) qui indique 46°C en hausse régulière depuis que nous sommes sortis du bâtiment. Il comprend, nous fait passer à côté, une équipe de 5 ou 6 bonshommes tournent autour du K6, les portes sont ouvertes, le chef monte dedans, JL dit sans les chaussures, il redescend et c’est fini.

6h15 en tout, c’est un record pour nous. Évidemment, pas de photo pour montrer tout cela.

Au Turkménistan, il y a des dromadaires (ils n’ont qu’une seule bosse). Nous n’avons pas compris exactement à quoi ils peuvent servir, mais il y en a.

Pas de pain, il nous faut changer vite de l’argent. La gare de Mary semble être le bon endroit pour trouver un changeur le samedi. C’est le désert. La gare est grandiose, mais il semble n’y avoir aucun train. Un homme se présente, et veut bien changer des Euros en Manats. Le guide dit 1€=3,85TM. L’homme dit 100€=3300TM. JL ne retient que les chiffres significatifs, proteste, obtient 3400. Nous partons sans changer, cette situation est incompréhensible. Dans un hôtel, le gardien veut aider et nous renvoie au même homme. Nous changeons 50€ pour 340TM. Dans les stations service, le GO est à 0,94, ce qui le met à 0,14€, conforme à ce que nous attendions avec le change appliqué par l’homme. Si vous avez compris, vous nous expliquez.

Le pain est à 1TM.

Dans les procédures d’immigration, notre séjour autorisé s’est réduit d’un jour : nous devons ressortir le 28 au lieu du 29. Et sur l’enregistrement du K6, l’itinéraire est mentionné, Mary n’y figure plus. Nous somme donc là probablement illégalement. Nous faisons en sorte de ne pas nous faire contrôler aux nombreux barrages routiers rencontrés, et allons jusqu’à Merv pour trouver un coin pour dormir. Nous suivons un chemin qui mène à des arbres, et entrons dans un endroit où se trouvent 3 bâtiments pratiquement identiques et une cabane de gardien au fond du terrain. Le gardien est là et nous accepte pour la nuit, nous invite à dîner. Sa femme est là, le dîner est rapidement servi sur le lit en bois à l’extérieur de la cabane. Deux autres femmes viennent avec un peu de nourriture pour compléter le menu, nous apportons des courgettes, des saucisses turques et un oignon, et on commence à discuter avec l’aide d’un simili dictionnaire de russe. Françoise sympathise immédiatement avec la moins jeune qui doit avoir à peu près notre âge. Les 2 femmes repartent et nous finissons à la lumière d’une ampoule, dévorés par les moustiques. Ensuite, le gardien nous montre ce que nous prenons pour son domaine, les lieux semblent peu utilisés, et nous avons compris que les 2 femmes sont des « locataires » dans l’un des bâtiments. Le domaine est utilisé comme une ferme, avec 5 vaches et 2 veaux, des poules, et beaucoup d’arbres fruitiers, abricotiers, pruniers, pommiers, etc. Il y a aussi un drôle de bassin avec des monuments (fontaines?) figurant des dauphins) Nous allons dormir après ablutions tous nus sous les arbres avec l’eau d’un tuyau.Il fait totalement nuit. C’est très calme.

J35 23/06/2017 Manifestation du dernier vendredi du ramadan

Après avoir discuté avec Vali de choses et d’autres, et rangé toutes nos affaires, nous repartons vers le complexe religieux avec la ferme intention de visiter le bazar qui est à côté. Mais d’une part, dans la rue l’ambiance a changé, les gens nous regardent de côté et ne nous sourient plus, et il y a beaucoup de voitures garées dans les avenues et sur les trottoirs. Certains portent des casquettes bizarres et d’autres des drapeaux jaunes dont nous finissons par voir les slogans en farcie t en anglais : « down with Isarel, USA and Great Britain ». Arrivés au grand rond-point Khomeni où nous devons tourner à gauche, nous voyons que l’avenue est bondée de gens en marche criant des slogans en réponse à des haut-parleurs hurlant. Nous rebroussons prudemment chemin. Questionné, Vali s’excuse de ne pas nous avoir déconseillé notre sortie. Ces gens manifestent pour « OUDS », c’est à dire « Liberté pour Jérusalem ». Peut-être, mais « down with… » pourait bien se traduire par « mort à… ». Mashhad à soi seul attendait plus de 3 millions de participants « spontanés » à cette manifestation annuelle qui a lieu le dernier vendredi du ramadan. Toutes les grandes villes sont concernées.

JL n’en veut pas à Vali puisqu’il lui achète quand même une carpette de soie faite par des nomades turkmens (220€). Sur ce, nous partons, laissons nos compagnons de chambrée enfermés chez Vali pour la matinée.

Nous allons manger devant le mausolée de Hâruniyeh à Tüss en attendant l’ouverture. Le ticket est à 150000IR, environ 4€. Nous jugeons que c’est trop cher et rebroussons chemin, mais le garde nous rappelle et nous fait entrer pour un billet pour deux.

Cela ne vaut pas plus, il n’y a pas grand’chose à voir. Quelques explications intéressantes sur la ville de Tüss, et la coupole du mausolée. Au bout de l’avenue, la tombe de Ferdowsi, poète d’avant les Arabes qui a écrit « le livre des rois », livre classique de la culture perse. Le ticket est encore plus cher, et nous ne voyons pas l’intérêt de cette visite dans le détail. Nous passons et nous mettons en route pour Saraghs.

Sur la route, le caravansérail Robât-e Mâhi, près de l’endroit où le chemin de fer franchit la rivière (quasi sèche). Un gendarme du poste de contrôle voisin nous montre comment y aller à pied, et propose de nous escorter ! Il n’y a plus que des ruines, de la terre qui s’effondre et quelques briques. Juste quelques sculptures dans l’iwan d’entrée.

Plus loin, et à 6km de la route, un caravansérail royal, Robât-e Sharaf, qui a l’air très restauré. Malheureusement, nous ne pouvons voir que l’extérieur, il y une enceinte grillagée tout autour, et personne dedans pour nous ouvrir.

Nous arrivons tard près de Saraghs, à bout de réservoir, et nous installons près d’une bergerie, accueillis par un gardien. Mais nous sommes presque couchés quand le berger qui vient d’arriver avec son troupeau nous signale que l’un de ses chiens mord les inconnus, il a déjà sévi 4 fois et cela nous interdit de sortir du K6 dans la nuit… Nous plions bagage et allons nous installer un peu à l’écart de la route de l’aéroport qui ne semble pas très fréquenté. Pas d’eau évidemment, mais nuit très calme.

J34 22/06/2017 Mashhad, ville sainte

 

Nuit confortable, le ventilateur nous aidés à garder une température agréable. Le petit déjeuner nous rassemble, l’Espagnol et l’Allemand ont vu leurs demandes de visa pour le Turkmenistan refusées. L’un va voler vers l’Inde et l’autre vers le Tadjikistan tous deux accompagnés par leur vélo, emballés dans des cartons spécifiques dont l’un provient d’un Belge qui va arriver dans la journée, et l’autre reçu d’un vendeur local de vélos neufs. Grande flexibilité pour ces voyageurs solitaires. L’Australien va revoir sa compagne arrivée par train avec son vélo, et le Français s’envole vers le Tadjikistan avec son sac à dos après avoir demandé beaucoup de conseils sur les choses à voir en Chine sur la route de la soie.

Pour nous, c’est logistique en vacances ce jour, car nous restons une nuit de plus pour nous permettre de visiter le complexe religieux construit autour du mausolée de l’imam Reza. C’est assez extraordinaire, il y a là plusieurs lieux de prière (on nous dit pas des mosquées), une clinique, une crèche, deux écoles coraniques, une université, deux restaurants, etc. La fondation qui est propriétaire de tout cet ensemble possède encore beaucoup de biens immobiliers dans Mashhad et ailleurs. Le plus gros des revenus de cette fondation provient des dons effectués continûment par les fidèles. Le guide qui nous accompagne (pas moyen d’être seul à l’intérieur du complexe) nous explique que 22000 personnes travaillent quotidiennement dans et autour du complexe. Seulement 2000 d’entre elles sont rémunérées. Les autres sont bénévoles, y compris lui.

La visite commence très mal, puisque nous arrivons à 11h pour être sûrs de pouvoir visiter le musée anthropologique situé dans l’ancien Hammam du mausolée. Mais on nous fait attendre à l’entrée parce que le guide est obligatoire. Il met 25mn à arriver et quand nous nous présentons à l’entrée du musée (qui n’est pas dans l’enceinte du complexe), les gardiens veulent fermer. Devant notre irritation, le chef des gardiens accepte de nous laisser entrer et met un point d’honneur à nous montrer les meilleurs aspects du musée qui a des aspects intéressants. Un seul exemple réside dans les peintures murales représentation de scènes du livre des rois de Ferdowsi, et l’on peut voir des faunes enlacer des femmes aguichantes. Une grande série de photos des métiers d’antan et de la vie populaire est instructive aussi. Bien entendu, l’agencement du hammam fait que le lieu est chaleureux, le fonctionnement est détaillé.

Le grand musée est plus étendu, mais pas aussi intéressant pour des étrangers. Mais on y trouve par exemple les médailles gagnées à différents jeux internationaux par les athlètes de Mashhad, notamment une mention de la victoire de l’Iran sur les USA lors des championnats du monde de football de 1998. C’était au stade de Gerland à Lyon. Le rez-de-chaussée présente une série de portes ouvragées qui ont servi dans le mausolée, ainsi que 2 des 5 cages successives de protection du cercueil de l’imam.

Nous avons visité aussi une partie du mausolée, avec notamment une entrée majestueuse dont les stalactites sont totalement recouvertes d’or. Dans la cour, 2 enterrement se succèdent, le cercueil présenté devant le mausolée de l’imam puis repris par 8 hommes qui repartent en psalmodiant.

La chaleur, le voile et le tchador obligatoire rendent la visite très éprouvante pour Françoise et nous ressortons de ce lieu épuisés, mais après avoir eu une présentation vidéo du complexe, de ses œuvres, etc, suivie d’un entretien avec un soufi en anglais « sur les sujets de votre choix ». JL l’entreprend sur l’existence de Dieu, on parle de l’infiniment grand et de l’infiniment petit, le soufi montre même une video de la NASA sur la comparaison de la taille des planètes. Nous recevons aussi un « cadeau » constitué de littérature sur la vie de l’imam et une présentation de la fondation.

Dîner différent de celui d’hier, la moitié des participants ayant changé. Ceux qui étaient présents la veille sont des anciens, et les nouveaux posent les questions qui roulent beaucoup sur les procédures de passage de frontières, les transports, les lieux d’intérêt. Et l’on peut voir que ces voyageurs ont tous des intérêts différents. Pourtant le moteur de leur mouvement est la curiosité.

J33 21/06/2017 La Police, cela nous manquait

A 5h30 exactement au lever du soleil, on frappe au carreau. C’est la Police. Il y a 2 hommes dont un équipé d’une mitraillette. Passeports…On nous fait comprendre que JL doit monter dans la voiture et ils laissent le mitrailleur en faction près du K6 où Françoise se demande bien ce qui se passe. Quelques km plus loin, le flic constate que son téléphone a du réseau, il communique brièvement et on revient au K6. Là, on nous fait comprendre que nous devons tout ranger, et les suivre avec le K6. On commence à la trouver un peu lourde, parce que nous étions en train de dormir. Plus de km plus loin, poste de Police, la voiture reste dehors, mais nous devons entrer. Passons sur les palabres, affirmations répétées que nous n’avons rien fait de mal, rapports en 5 exemplaires rayé puis refait, copies multiples des passeports, etc. Nous commençons à fulminer, assis sur des chaises dans l’entrée de ce poste campagnard. Au bout de 2h d’attente, il est 7h30, on nous tend sans un mot nos passeports, nous sommes libres de partir.

Un peu éberlués, nous allons petit-déjeuner dans un autre lit de ruisseau à sec.

Il reste encore plus de 100km pour Mashhad, et nous piquons au Sud pour passer voir un caravansérail à Neisharbur qui a été refait et contient 2 musées sans grand intérêt, sauf une maquette en terre de la ville il y a quelques centaines d’années.

Il faut dire à ce sujet que les constructions de l’époque des caravanes étaient en pisé, c’est à dire de la terre assemblée avec de la paille, pour les murs et le toit plat. Sans entretien attentif, ces constructions se détériorent très vite dans le temps et finissent par disparaître. Nous voyons au bord de la route à plusieurs reprises des villages entiers en cours de retour à la nature, et quelques caravansérails isolés. Par conséquent, toute tentative d’utilisation d’un de ces bâtiment garantissant une maintenance ne serait-ce que du toit comme à Piche-Bon est à saluer et encourager parce qu’elle permet la conservation de ce patrimoine mémoire de l’humanité.

Comme nous cherchons du pain à Neishabur, le boutiquier voisin qui vend des colifichets nous offre 2 pains qu’il est allé chercher en moto chez lui uniquement pour nous. Comment refuser ? Il n’accepte que d’être pris en photo avec JL en échange. De plus ce pain contient des légumes et est délicieux.

Un petit caravansérail joliment refait pas loin de la route ne permet qu’une rencontre avec 2 gamins, dont une petite fille espiègle de 7ans qui bouscule son dadet de frère plus âgé. Pas de clef, pas de visite de l’intérieur.

Nous repartons et arrivons à Mashhad vers 17h à la guest-house Vali’s très justement recommandée par le Lonely Planet. Vali fait tout, de la vente et de la réparation de tapis, guide, changeur,etc, le tout en 5 ou 6 langues, et ce n’est pas une vantardise, son français est très évolué, il supporte une discussion abstraite facilement. Sec et nerveux, il nous explique que le soir, la famille est de visite, nous serons au moins 30 pour dîner, femmes et hommes séparés. JL avec les routards, où l’on trouve 1 Allemand très barbu (jamais rasé?) peu bavard, un Hollandais très sympathique, un Espagnol très bavard, un Autrichien discret, un Australien bizarre que bizarrement nous comprenons et finalement un docteur Français de Toulouse d’une trentaine d’année, tout juste diplômé avec sa spécialité de maladies infectieuses. Tous ces jeunes hommes sont soit en vélo, soit en transports locaux et font la route Ouest-Est tant bien que mal. Comme ils sont lents, il doivent demander les visas au fur et à mesure, ce qui leur pose bien des problèmes. F passera la soirée avec les femmes, communiquant principalement par gestes, dans une ambiance festive. A noter que les femmes se servent après les hommes de ce dîner très copieux et délicieux.

La guest-house est constituée d’une grande chambre avec 6 lits d’une personne répartis autour, et d’une chambre avec un grand lit. Nous avons payé pour la grande chambre un peu plus cher que 2 lits dans le dortoir. Tous les murs sont recouverts de tapis.

Reza, le fils de Vali a bien voulu nous attribuer une grosse partie de la bande passante du serveur, et nous pouvons télécharger vers la maison 90 photos en 1,5h, un record jusqu’ici.

J32 20/06/2017 Des kilomètres dans le Nord de l’Iran

La préoccupation du jour est la transmission de photos et la connection avec la France où quelques sujets réclament un peu d’attention. Nous roulons en cherchant un coffe-shop où l’on pourrait utiliser le WiFi pour accéder à l’internet avant de nous faire expliquer par une Iranienne sympa que trouver un coffe-shop ouvert dans la journée, c’est juste impossible car inacceptable socialement. Bon, alors un internet-café ? Et là, nous nous heurtons aux ordinateurs dont le système parle farci. Pas de WiFi dans les rares cafés internet qui par ailleurs sont totalement bondés. Les clients nous regardent arriver d’un œil torve, car en tant qu’étrangers, c’est sûr que nous allons griller toute la queue. Ils sont donc ravis de nous voir repartir.Nous avons déjà eu la déception hier d’être dans un hôtel avec une connection limitée, nous voulons arriver à trouver une solution. Arrêt à Gorgand et sa tour funéraire millénaire, les coffee shops sont fermées.

A Gonbad, nous arrivons juste à trouver un trombone pour essayer de passer la carte SIM du téléphone vintage de Corentin dans l’iPhone de Françoise. D’ailleurs, cela ne marche pas, carte SIM trop rustique.

Le parcours du jour a été départ de Kordkuy, déjeuner dans un petit bois quasi propre après nettoyage JL qui s’est fait une mission de laisser toujours le lieu de séjour plus propre en partant qu’à l’arrivée. Arrivée vers Bojnurd où nous trouvons une petite route tranquille à l’écart de la grande route. Au moment où nous nous installons, un 4×4 étranger (hollandais?) repart d’un peu plus loin dans le lit du ruisseau (à sec) et passe sans s’arrêter en faisant coucou. Dîner au calme, première nuit sans la couette, il fait 26°C dehors, après les 40 que nous avons atteints dans la journée.

J31 19/06/2017 La mer Caspienne

Petit déjeuner triste dans notre hôtel de montagne. Pas de produits locaux, et beaucoup de produits style bouffe d’avion (hein Fabien). Le propriétaire (dont nous ne connaissons toujours pas le nom, il a oublié de nous donné la carte qu’il nous a promise) nous explique longuement que tout est plus cher, parce qu’il faut faire venir les produits de loin. En France, nous connaissons ce couplet chanté au sujet des DOM-TOM. JL signe le livre d’or.

Et nous voilà partis à la montée pour passer le col à 3200m sur la route non asphaltée qui doit nous mener jusqu’à la mer Caspienne. La montée faite hier ne nous impressionne plus. Par contre, la descente vue du dessus fait réfléchir.

Mais nous avons croisé quelques minibus Mercedes et des pick-ups locaux qui nous font penser que l’épreuve est à notre portée. Le K6 supporte bien les cahots, nous avons tout fermé pour éviter la poussière. Les virages se prennent au pas, car on est alors face à la pente. Pas question de s’emballer ou de glisser, il n’y a évidemment aucune protection, et l’on peut voir alors le résultat d’une erreur de pilotage.

Voie unique, on se croise comme on peut, mais la taille de notre véhicule fait que l’on nous laisse assez facilement passer. De toutes façons, nous avons dû croiser 5 voitures en tout.

Au niveau d’un village, rencontre insolite : 3 Européens marchent dans le même sens que nous. A la question « Où allez-vous ? », la réponse fuse : « A la plage ! ». 3 jeunes Berlinois bien sympathiques, un peu rougis par le soleil de la veille.

Au bas de la pente, il y a des velléités de faire une vraie route, nous alternons les portions goudronnées étroites et les chantiers de tunnels, le tout sillonné à fond la caisse par les camions. Il y a de la boue partout, le K6 est crépi jusqu’au toit.

Au bord de la mer, nous partons plein Ouest, direction Mashad qui est encore à plus de 600km. Nous espérions trouver un camping à Bandar e Gaz, mais plusieurs Iraniens viennent nous voir pour nous dissuader de rester au bord de la mer. Il est vrai que l’odeur n’est pas ragoûtante. Peut-être des algues qui se putréfient ? Pourtant, nous étions persuadés d’être sur la bonne route.

Nous visons alors un hôtel à Kordkuy, pour bénéficier du WiFi. Il y a bien un hôtel, qui a bien un WiFi. Nous découvrirons trop tard que la connection est limitée en volume de données, et cela ne permet même pas de transmettre une photo complète au serveur de la maison. Pas de liaison non plus avec ShangHai pour savoir ce qu’est devenue la demande concernant le compte en banque pour le paiement du passage à Kashgar. Cela devient une priorité.

J30 18/06/2017 Vallée Alamut, berceau des Assassins

Il ne s’agit pas d’un détour. La vallée Alamut comporte plusieurs monuments très intéressants de l’histoire iranienne. Il y là des châteaux perchés où ont vécu les membres de la secte des Assassins. Il n’y a pas le temps ici pour expliquer en détails ce qu’étaient les Assassins, mais ce qu’il faut savoir c’est que l’histoire (ou la légende?) rapporte que pour se défendre face à une menace d’extermination, la tactique employée par cette secte était d’envoyer un assassin suicide qui tuait un membre important du clan menaçant la secte. Ils avaient dans la vallée Alamut plusieurs châteaux perchés très difficiles d’accès, et ce sont ces châteaux que nous allons voir.

Donc, après avoir fait le plein de gazole (13€ pour 83l), nous affrontons les pentes menant au château Lamiasar. Il ne s’agit pas d’une balade de 3h comme celle du château de Babak, mais il faut quand même grimper des marches au soleil. Et la vue est magnifique, on se demande pourquoi aller planter un château au sommet d’une montagne. Quel usage principal ? Défense ou attaque ? Les caravanes ne passent pas loin dans la vallée…

Il n’y a personne, et nous pouvons jouir du paysage sans bruit.

Déjeuner à l’ombre d’un arbre au bord de la route, tous les abords des rivières sont envahis par les rizières où travaillent les paysans au repiquage.

Encore quelques km et c’est le château Alamut, le plus connu, le plus couru et qui fait l’objet d’un projet de rénovation de l’Unesco. Donc, échafaudages tout autour, cela manque de sauvagerie. Le site pourtant est fantastique, encore au sommet d’une montagne dominant un défilé dans cette montagne rouge aride et raide. Seul un couple de jeunes Chinois super équipé se trouve là.

Sur le parking, un jeune Iranien vient vers nous et nous offre spontanément un sac contenant environ 2kg de cerises. En échange, je lui laisse un paquet de chewing-gums apportés de France.

Comme nous avons encore du temps avant le coucher du soleil, nous décidons de monter jusqu’au caravansérail au bout de la route. Une bonne quarantaine de km plus loin, et à 3200m d’altitude, se trouve effectivement une structure plus ou moins en ruines qui tient plus du refuge que du caravansérail. La route n’est goudronnée qu’en partie, et les virages sont impressionnants les uns sur les autres. Le bâtiment est pratiquement au col et la vue est claire sur les montagnes environnantes. Le toit est en partie effondré, et il y a de la neige à l’intérieur. Une partie a été agencée récemment avec du carrelage, probablement par des bergers. Peu de gens montent jusque là, avec des voitures standard. Surprise, nous voyons que la route passe le col et redescend sur l’autre versant, en direction de la mer Caspienne. Pourtant, nous ne sommes pas certains de la viabilité de la route et de sa destination. Nous décidons de redescendre par le même chemin et d’aller coucher dans un hôtel vu à la montée dans le village de Garamud, afin de pouvoir se renseigner sur la route et d’avoir un accès internet pour la soirée.

Mauvais calcul. L’hôtel n’est pas équipé pour l’internet. Par contre, l’hôte est très sympathique, l’accueil est franc. Nous restons là pour cette nuit, malgré le prix élevé comparé à la prestation offerte : mobilier plastique, plomberie moyenne, lits à la chinoise.

J29 17/06/2017 Passage à Tabriz

Au petit matin, il pleuvine, et surprise, tout le monde est parti. Ne restent que les feux qui fument tristement, et les plastiques. Toilette rapide, et nous voilà partis pour Tabriz par la route qui serpente dans des paysages fantastiques.

 

Il s’agit de faire quelques courses, et nous avons élu le bazar comme lieu de shopping. Les embouteillages monstres du centre-ville autour du bazar ne nous rebutent pas et nous arrivons même à trouver une place de parking « à l’iranienne », c’est à dire dans un paquet de voitures entassées les unes contre les autres gérées par un préposé improbable. Mais comme d’habitude, nous refusons de confier les clefs.

Le bazar de Tabriz est immense et multiforme.

Il y a plusieurs blocs séparés par des avenues où la circulation est très difficile à cause du flux de marchandises et de clients entrant et sortant. Chaque bloc a sa spécialité, et il faut se repérer afin de pouvoir trouver ce que l’on cherche. Nous, c’était des légumes et des fruits. Il nous a fallu traverser les zones des tapis et des épices pour y arriver. JL était même arrivé à trouver des copies de Crocs pour remplacer celle abandonnée devant une boulangerie en Grèce. Mais la qualité n’est pas au top…

 

Après avoir été abordés plusieurs fois, dont une par un Iranien parlant un anglais moyen prétendant connaître Cluses parce qu’il a rencontré des Français de là-bas (Fabien, êtes-vous passés par là il y a 2 mois?), nous trouvons les courgettes, melon, abricots et autres fruits dont nous avons besoin. Nous serions bien restés plus longtemps à nous promener dans le bazar, mais il nous faut aller plus loin. Certaines zones du bazar ont été rénovées et sont très confortables pour circuler.

D’autres ont gardé le profil d’autrefois et la cohue y est intense, mais la bonne humeur prévaut. Plusieurs caravansérails sont branchés sur des allées latérales du bazar et ont été adaptés à l’activité moderne.

Embouteillages et cafouillages sont les 2 mamelles du voyageur en voiture, et nous avons notre lot. Il nous faut bien une heure pour sortir de Tabriz et il est bien 15h quand nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute en construction, à l’ombre d’un bâtiment de la station essence.

Et voici qui rappellera des mauvais souvenirs à ceux qui ont suivi notre voyage il y a deux ans : nous repérons un lac sur le GPS, et nous voilà partis dans un village puis les chemins creux pour arriver au barrage. Les choses sont différentes cette année : il fait jour et le barrage est un barrage poids sans intérêt, il n’y a que 2 promeneurs pour nous voir arriver. Et donc, à part quelques jeunes en moto venus voir où nous étions, la soirée et la nuit ont été très calmes sous les étoiles.