Lever matinal, sensation de plénitude de pouvoir faire sa toilette tout nu à côté du K6, il n’y a personne à l’horizon sur 360°. Mais quelques minutes plus tard, nous constatons que sur la route au loin, les camions ont repris leur ronde.
Ce sont d’énormes camions à 3 ou 4 essieux et tirant une remorque. Les volumes sont très grands et probablement calculés au départ pour le transport de charges creuses, comme des voitures par exemple. Les Tadjiks les remplissent au maximum avec n’importe quoi et ils roulent en surcharge. Pas de problème avec la police qui contrôle les bascules réparties régulièrement le long de la route : ils doivent considérer cela comme un péage. Un petit billet et cela repart avec parfois 70T de poids total sur les ponts limités à 60, voire 40T. On comprend pourquoi des ponts sont effondrés et nous obligent à passer des gués, et pourquoi les routes sont défoncées. Nous repartons donc en petite vitesse, la route est parfois bonne, c’est à dire avec de profondes ondulations, mais sans trous, ce qui permet d’être un peu moins vigilant. Et hop, un premier couple de cyclistes, des Allemands partis depuis un an et qui vont jusqu’en Australie. Ils rêvent de parcourir la route stratégique du Tibet, mais ce ne sera pas possible, il leur faudrait payer un guide qui voyagerait avec eux dans une voiture avec un chauffeur. Ils rêvaient de passer la frontière entre Lhassa et Katmandou, ce qui ne peut se faire actuellement, elle est toujours fermée après le tremblement de terre d’il y a deux ans. Nous échangeons nos adresses de sites internet (le leur : www.von-hier-nach-da.de), et repartons à nos allures respectives. Plus loin, c’est un Roumain que nous croisons et qui s’arrête pour tailler une bavette et se reposer un peu du vent qu’il a de face. Il était parti de Bangkok pour visiter l’Asie du Sud-Est avec des copains, mais le voyage fini à Hanoï, il a décidé de continuer tout seul vers la Chine, le Kazakhstan, la route du Pamir et rentre à la maison de cette façon. Très sympa, le plus en forme de tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici. Nous croisons plusieurs groupes de motos européennes reconnaissables à leur phare allumé. Et doublons un autre couple de cyclistes qui ne s’arrêtent pas, alors que nous les attendions au bord de la route.
Murghab. Il y a effectivement des pompes à essence, mais elles distribuent au seau tiré directement à la citerne. Il y a du gazole, et l’information était exacte, il coûte 7,5YJS/l. Nous en prenons 20l par sécurité, le K6 annonçant fièrement qu’il peut boucler la route avec le reste du réservoir jusqu’à Sary-Tash. S’il y a une chose à voir à Murghab, c’est le bazar. Rien à voir avec les bazars d’Ispahan et de Téhéran. Ici, il s’agit d’un double alignement de conteneurs à la réforme avec une allée de circulation au milieu. Seules la boucherie et la fromagerie font exception avec une yourte en métal.
Nous envisageons de faire une petite randonnée demain, alors nous cherchons un village en relation. Échec avec Ak Tal dans la vallée Madiyan, et les sources chaudes de Gumbezkul. La route est trop mauvaise, le K6 tremble de toutes ses roues et menace de tomber en ruines. Echec de nouveau avec le lac Shurkul (ici, il y a un pléonasme, car Kul veut dire lac). C’est pareil, les microbus que les Tadjiks utilisent pour transporter n’importe quoi sont très souvent en mauvais état et font vaillamment de la tôle ondulée. Nous ne pouvons pas rouler sur la tôle ondulée trop longtemps. Nous nous promenons un peu alentours, et ce faisant, le K6 décide que nous en avons fait assez, et éteint le voyant du filtre à particules. Petite balade à pied pour aller voir une bergerie inutilisée. On voit que les bergers viennent avec leur yourte.
Finalement, nous décidons que nous monterons au lac à pied, et ferons ce que nous pourrons en haut. Nous dressons le camp dans la plaine (3886m quand même) et pas trop près du ruisseau pour éviter les moustiques très agressifs.