31/08/2018 J27 Alexandroupoli – Cavuskoy 109km, 830m+

Départ tôt à 7h20, un peu retardé par le check-out du camping. La route est très confortable, et les pentes relativement aisées. Je suis à la frontière dans les temps (10h30), après avoir emprunté l’autoroute malgré moi sur 6km avant la douane, ce que le douanier ne relève pas « l’autoroute s’arrête de toutes façons avant le poste de douane, donc vous n’étiez pas sur l’autoroute ». Passage rapide aux deux postes, les douaniers sont sympas pour les pédaleurs. Du côté Turc, je ressens le vent du nord, de plus en plus présent. Les pentes de la route sont plus fortes, et la fatigue vient vite. Je déjeune sous une tonnelle d’un restaurant inoccupé avec la bénédiction du patron, et fais la sieste à l’ombre des pampres. Je repars, mais dois m’arrêter un peu plus loin pour acheter un Coca. Le cafetier, « Mike », a passé 25 ans aux USA, et nous parlons pendant une bonne heure. Courses du soir à Marsala, où je bataille pour trouver un distributeur de billets. Trop difficile de trouver le vendeur d’or qui pourrait changer des Euros, et sans Lires Turques, pas de fruits sur le bord de la route. Je suis interviewé par une équipe de reporters locaux amusés par ma présence. Bilan, il est urgent de trouver un lieu de couchage, il n’est plus question d’avancer aussi loin que prévu dans l’itinéraire bâti à Lin qui prévoit d’aller jusqu’à Cavuskoy. En fait, je m’arrête à 2km de Cavuskoy, dans un petit chemin menant aux champs, à 200m de la route dont j’ai toujours le bruit porté par le vent du nord. Il y a une auge, je peux me laver et faire la vaisselle. En principe, pas de troupeau à prévoir, il n’y a pas de crottes autour de l’auge très propre.

Je découvre que les photos prises hier et aujourd’hui sont absentes de mon téléphone. Ah, la technologie me lâche petit à petit, le compteur de mon vélo s’étant aussi réinitialisé sans prévenir. Bon, je pense bien que c’est l’opérateur qui est nul dans ces deux cas.
Nuit très calme, sauf le bruit de la route porté par le vent. Boules d’oreilles en fin de nuit.

J197 02/12/2017 Les Troiens

Le gardien qui nous avait refusé l’accès la veille avait dit : ouverture à 8h30. Nous arrivons à 8h45, certains d’être les premiers et seuls sur le site. Il y avait 8 cars sur le parking. Nous pensons que ce parking est utilisé comme stockage de cars pour la nuit. Eh bien non, ce sont bien 8 cars de Chinois (les mêmes qu’à Ephèse?) que l’on peut voir déambuler et prendre des photos sur les ruines. C’est surprenant, est-ce comme cela tous les jours ? Personne pour nous répondre. Nous passons 2h sur ce site historique passionnant, il faudrait y passer 2 jours pour comprendre, car les ruines ne sont pas aménagées, il n’y a pas de zone refaite pour que nous puissions nous faire une idée et avoir des images dans la tête de ce qu’était cette ville à son apogée.

Il faut reconnaître que les 9 niveaux différents recensés par les archéologues ne facilitent pas la tâche, il faudrait faire 9 maquettes différentes pour se figurer l’agencement et les fonctions des bâtiments. Bref, il faut avoir beaucoup d’imagination ou de connaissance des constructions de chaque époque pour voir les étapes de développement de cette ville. Elle a été détruite plusieurs fois, par des ennemis et par des tremblements de terre. A chaque fois reconstruite, elle a été finalement abandonnée au moyen-âge.

Plus loin vers le nord, dans la péninsule de Gallipoli, se trouvent quantité de sites liés à la 1e guerre mondiale.

Les batailles qui se sont déroulées là ont fait 1/2 million de morts. Nous visitons le musée dédié à cette guerre, liée très étroitement à l’indépendance de la Turquie.

Le détroit des Dardanelles est un passage stratégique pour la Russie pour l’accès à la Méditerranée. Aujourd’hui encore, on peut voir un flux important de bateaux dans les deux sens.

Après un déjeuner rapide dans le K6 au bord de la mer Égée, nous filons vers la frontière. Comme en 2015, nous pensons passer 4h au moins dans ce franchissement sensible entre l’Asie et l’Europe. Cette fois-ci cependant, tout est bouclé en moins de 2h, pas de fouille ni d’un côté ni de l’autre, c’est surprenant. Le plus étonnant, c’est que les voitures devant et derrière nous sont des véhicules turcs qui passent aussi rapidement que nous. Nous ne nous en plaignons pas, mais sommes surpris. Nous rejoignons le camping d’Alexandroupoli pour la 2e fois cette année, au bord de la mer, avec le vent du sud déchaîné.

J196 1/12/2017 Dans les oliviers

Sur la plage, les pêcheurs arrivent tôt, mais nous étions levés avant eux. JL était tenté par un bain matinal, mais lorsqu’il a tâté l’eau, il a renoncé. Petit déjeuner rapide, et départ. Beaucoup de km dans les champs d’oliviers, nous ambitionnons de passer le bac à Çanakkale. Sur la route, nous voyons Ayvahk qui nous semble intéressant, il est midi, donc nous nous engageons. Le village est en fait une petite ville très active, et s’il y a beaucoup de monde dans les rues, nous ne voyons aucun touriste (on les reconnaît au déguisement).

On trouve dans les rues piétonnes un cireur de chaussures tous les 20m environ, avec un étalage très riche, en cuivre. Déjeuner dans un restaurant de poisson délicieux. Passage dans une pâtisserie pour le dessert, des gâteaux turcs très sucrés. Les rues étant très étroites, il faut obéir aux règles locales et laisser la voiture dans un parc de stationnement. Un parc nous admet parce qu’il a une place en fond de parc. Nous refusons de laisser la clef de la voiture à un valet, à cause de tous les objets présents à l’intérieur, et donc on ne peut pas mettre le K6 dans une file dont les éléments sont susceptibles d’être déplacés. Ce qui fait que nous repartons rapidement, après avoir admiré le port, arpenté les vieilles rues et fait tailler la barbe de JL qui en avait besoin. Sur le parcours, nous souhaitons nous arrêter à Troie. Nous y arrivons à 17h03. Le système informatique ferme à 17h nous dit-on. Il faut revenir le lendemain. Décision est donc prise de coucher dans les champs d’oliviers qui abondent dans la région. En fait,nous allons nous cacher dans les chênes verts pour ne pas être dérangés. Il y a beaucoup de vent et les arbres nous abritent un peu. Beaucoup de km, peu de photos.

J195 30/11/2017 Les Éphésiens

La connection super rapide en débit montant de l’hôtel nous a permis de remettre le blog à jour.

Le petit déjeuner sympa face à la baie nous met en forme pour la journée. Nous repartons pleins d’énergie pour tenter de trouver un bateau direct pour l’Europe depuis Izmir. Du port d’Izmir même, il ne semble pas qu’il y ait de gros ferries en partance. Le terminal est à Cesme, à 70km d’Izmir. Le seul moyen pour nous est d’aller sur place pour voir. Nous faisons le déplacement, et trouvons effectivement un terminal d’embarquement d’une société de ferries. Et il y un bateau pour Trieste samedi matin à 4h. Il faut y être vendredi avant 16h, cela va coûter 813€ si nous avons bien compris. Et donc, cela ne nous convient guère, parce que cela ne nous amène pas au sud de l’Italie. Tous calculs faits, nous préférons garder notre liberté (et notre argent), et aller en Grèce en voiture, avec une option possible vers Athènes, ou le bateau d’Igumenitsa à Venise. Nous repartons donc en direction d’Izmir puisque Cesme est au bout d’une presqu’île, et que nous visons le garage VW d’Izmir (oui, encore). Bonne surprise, ils ont la glace du rétroviseur et malgré leur mauvaise organisation, nous arrivons à nous le faire monter rapidement. Après le déjeuner pris dans le K6 dans le garage, nous filons vers Éphèse qui se trouve 80 km au sud d’Izmir. Ephèse, c’est une grande ville très développée dans les siècles avant et après J.-C., et qui a été quasiment effacée de la carte suite à l’envasement du port et la christianisation. Il y a sur le parking à notre arrivée une vingtaine de cars, majoritairement de Chinois que nous retrouvons par paquets dans les ruines.

Le site est grandiose, ce ne sont que des ruines, mais elles permettent aisément de se représenter la ville, sa vie, son organisation. Par contre, toutes les statues sont au musée, et les photos présentes sur le site sont un peu frustrantes.

Le théâtre est immense, la bibliothèque impressionnante. On peut voir les infrastructures permettant l’adduction d’eau, et comprendre l’agencement des tuyaux noyés dans les murs, scellés au plomb.

Les derniers occupants étaient romains, on retrouve les mêmes installations que dans le sud de la France et en Italie.

Nous sommes les derniers avant la fermeture du site, et trouvons facilement une plage pour passer la nuit.

J194 29/11/2017 Les Phrygiens

Fin de soirée un peu mouvementée hier : la police a débarqué et nous a fait déménager. Zone interdite paraît-il. Sauf qu’ils insistaient pour que nous allions en centre-ville. Finalement, nous avons couché au pied du site que nous voulions visiter ce matin : Gordion. Ce nom vient de Gordias, le père de Midas qui serait enterré dans un tumulus non loin de là. On se rappelle que c’est ici qu’Alexandre trancha un nœud qu’il n’arrivait pas à dénouer. A vos livres d’histoire !

 

Il y avait là une ville fortifiée développée par les Phrygiens plusieurs siècles avant JC. Il reste peu de choses de cette forteresse. Mais les soubassements des murs donnent une idée de sa taille et du système de défense.

Dans le village voisin, un petit musée présente les trouvailles du site avec notamment une mosaïque intéressante, mais malheureusement fort malmenée par les intempéries et les archéologues.

 

 

Nous visitons aussi au passage la tombe de Gordias, une construction en boie enterrée dans un gros tumulus. Nous sommes impressionnés par la taille des troncs d’arbres utilisés pour ce « chalet » enterré. Il n’y a plus d’arbres de cette dimension dans la région à des centaines de km à la ronde.

 

Il y a beaucoup de km pour rallier notre but du jour, Izmir, et nous nous remettons en route. Pour le déjeuner, nous visons un caravansérail au nord d’Afion. Mais après 15km, la route est en réfection et suite aux grosses pluies des derniers jours, les déviations sont impraticables. Il va encore falloir laver le K6, boueux jusqu’au toit. Et le voyant du pot catalytique s’est encore allumé bien que nous choisissions un des gazoles les plus chers.

Déjeuner sur un tertre au milieu d’installations de panneaux solaires, puis des km d’autoroute jusqu’à Izmir. Nous tournons dans les embouteillages d’Izmir pour atteindre le bord de mer. Des travaux pour une ligne de tram nous empêchent de rallier l’hôtel que nous visons, nous nous faisons rabrouer plusieurs fois par la police pour infractions répétées, et finissons par enfiler un sens interdit pour arriver. Dîner de poisson grillé arrosé de vin blanc local très bon, nous nous retrouvons en milieu connu. Un wifi providentiel nous permet de reprendre contact avec les enfants qui nous pensaient perdus depuis une semaine.

 

La connection ultra rapide de l’hôtel autorise une mise à jour du blog qui attendait depuis 10 jours.

J193 28/11/2017 Les Hittites

Debout dès l’aube, nous avons pour objectif les km. Nous voulons être avant la fin de l’après-midi dans le plus gros garage VW d’Ankara pour faire changer le rétroviseur droit du K6 et corriger le défaut du pot catalytique.

Mais nous remarquons que nous passons près d’Hattusa, un site historique majeur pour l’histoire de la région puisqu’il s’agit de l’ancienne capitale de l’empire hittite. Ombeline, j’espère que tu vas être capable d’expliquer à tout le monde qui étaient les Hittites, car si je me souviens bien, c’est au programme d’histoire de la 6e. M.Moron, notre prof d’histoire de cette année-là, nous en a parlé avec des trémolos dans la voix, mais je dois avouer qu’il ne m’en restait que de vagues souvenirs. Donc les Hittites étaient un peuple vivant dans la Turquie actuelle au temps des Égyptiens, avec lesquels ils se sont battus et ont partagé le territoire. Quant à Hattusa, ils en avaient fait leur capitale, et le site qui nous reste aujourd’hui permet de voir quel était leur niveau de connaissance en architecture. De plus, les archéologues ont trouvé en fouillant de nombreuses tablettes écrites en écriture cunéiforme donnant beaucoup d’explications sur la vie de ce temps-là. Nous nous sommes donc déroutés, avons passé 2h sur ce site plein de signification, et n’avons pas regretté ce détour. Il ne reste pas beaucoup plus que des entassements de pierres donnant la dimension des bâtiments et leur agencement.

Mais la taille du site et les voies de communication sont impressionnantes.

 

 

Il y a même une pierre taillée en baignoire de 2x2m et de 1m de profondeur,avec des parois de 30cm. A chaque porte il y a des détails intéressants, et la promenade était bonne pour nos jambes peu actives en ces jours de gros kilométrage.

 

 

Ceux qui ont de bons yeux pourront voir F au bout du tunnel de 70m de long qui passe sous les remparts à la porte de la terre.

 

Ensuite, nous avons rejoint Ankara le plus vite possible. Au garage VW, nous avons été bien reçus par Metin qui parle un anglais tout à fait correct. Éteindre le voyant du pot catalytique n’a posé aucun problème, l’explication est encore la même, la qualité du gazole utilisé. Par contre, pas de rétroviseur, il faudrait le faire venir et cela prend du temps.

Nous sommes donc repartis avec notre glace explosée en direction d’Izmir, puisque nous avons l’intention de passer par Ephèse.

La traversée d’Ankara le soir est pleine d’enchantement, il y a des lumières partout, cela fait très moderne, après notre voyage plus à l’Est.

J192 27/11/2017 On éteint le voyant mais il n’y a pas de rétroviseur

Finalement, il n’a pas fait trop froid cette nuit, car le vent s’est calmé, et que nous étions à l’abri d’un talus sur notre terre-plein. Départ un peu tardif, à 09h45, en direction d’Erzurum. Objectif : le garage VW pour faire changer le rétroviseur et contrôler le pot catalytique et la courroie. Nous arrivons à Erzurum vers 11h30, et allons direct au centre-ville dans une agence de voyage pour chercher les possibilités de passer par bateau directement de la Turquie à l’Italie, quelque chose comme Izmir-Bari. Comme nous n’avons pas de liaison internet, nous ne pouvons pas chercher nous-mêmes. En fait, cette agence ne fait que vendre des billets d’avion. Nous perdons donc 1/2h à patauger puis nous repartons bredouilles vers l’Ouest où se trouve le garage VW. Évidemment, c’est la pause déjeuner. Mais pour nous faire patienter, le chef du service essais nous invite à déjeuner dans la cantine de l’établissement. Repas simple mais bon, et nous pouvons même avoir un café à la fin. Cela nous rappelle Toyota à Islamabad. Il y a un petit salon de relaxation en mezzanine qui domine le hall d’exposition. Nous pouvons voir que les modèles exposés sont sensiblement moins chers qu’en France. Peut-être y a-t-il des différences cachées ? En tous cas, ils sont équipés de filtre à particules et pot catalytique. Donc le personnel de l’atelier doit être compétent dans ce domaine. A 13h, fin de la pause, et le K6 fait une entrée remarquée dans l’atelier. Un technicien parlant un peu le français le branche à la valise et nous explique, ce qui n’est pas une nouvelle pour nous, que nous avons fait le plein avec du gazole de mauvaise qualité et c’est ce qui a causé le défaut. Sitôt expliqué, sitôt effacé. Nous voilà ravis. Un essai routier permet de confirmer que tout va bien de ce côté-là. Mais le garage n’a pas de pièces détachées, et donc pas de rétroviseur pour remplacer celui de droite, toujours explosé. Un coup d’œil à la courroie et on nous confirme que tout va bien. Nous pouvons repartir à 14h, l’opération n’a pas été facturée, car « nous n’avons rien fait ».

Nous roulons jusqu’à la nuit pour aligner les km, dans des paysages souvent enneigés.

Les villages sont petits, les fermes pauvres. Il y a de curieux stockages protégés de la pluie par des plaques de boue (ou de bouse ?).

La route est neuve, nous reconnaissons au passage un endroit où nous avions dormi il y a 2 ans, et tout a été refait en grand. Mais à partir de l’embranchement pour Ankara, c’est la vieille route, un peu cabossée.

Des cheminées nous rapellent que nous ne sommes pas très loin de la Cappadoce.

 

Nous trouvons pour le campement un petit chemin enneigé à quelques km de l’autoroute sur une route peu fréquentée.

J191 26/11/2017 La frontière Iran-Turquie

Il fait assez froid, bien que nous ayons laissé le chauffage stationnaire du K6 en route toute la nuit, mais au plus bas niveau. Nous repartons dès le petit déjeuner avalé, objectifs : faire le plein de gaz dans la 2e bouteille, faire laver le K6, prendre du gazole pour la dernière fois en Iran et passer la frontière. Nous roulons donc vers Maku que nous atteignons vers 11h30.

En route, nous avons pu faire remplir la bouteille de gaz, une fois de plus, il faudra faire attention en la mettant en service, elle est quasi pleine, bien que JL ait vidé une partie du liquide avec le vendeur. Au sud de Maku, la dernière pompe des camions nous fait le plein, et à l’entrée de la ville, nous faisons laver la « machine » (nom donné par les Iraniens à leur voiture). Puisqu’il nous reste des Rials que nous aurons du mal à changer, nous nous offrons notre dernier déjeuner iranien dans un petit restaurant de Maku. Menu fixe, pas d’embarras du choix, sauf pour le plat principal pour lequel le patron nous impose des khebabs. Nos voisins prennent des shashliks. Quelques achats de nourriture, et nous voilà partis pour Bazargan, car les banquiers de Maku nous ont assuré que c’est là-bas que l’on peut changer avantageusement. Nous avons des doutes, parce que nous avions déjà eu des problèmes dans le même sens en 2015. Nous faisons nos calculs et décidons que nos 2085000Rials doivent nous donner au moins 225 lyres turques. Pas moins. Le changeur (qui était plus ou moins officiel en 2015, et qui maintenant a une belle enseigne) nous en offre 195 lyres, pas plus. Discussion houleuse, JL se retire. F est d’accord pour tenter les pirates à la frontière, et là, évidemment, le résultat est encore plus faible, il y en a même un qui offre 95 lyres. Il semble que pendant notre voyage, la monnaie iranienne ait subi une forte dévaluation. Nous décidons que ces rials seront mieux remis à nos enfants pour leur prochain voyage que bradés à des gougnafiers. A l’entrée dans l’enceinte de la douane, comme lors de nos précédents passages, un « guide » vient offrir ses services, que nous refusons poliment mais fermement. Comme nous connaissons les démarches, le passage se fait assez vite du côté iranien, sans fouille. Un petit cafouillage se produit qui fait que nous attendons un peu devant la partie turque du portail de passage. Un conducteur de voiture en attente nous aide à contourner toutes les barrières, et nos passeports européens nous donnent un droit de passer devant les queues, la partie turque est rapide aussi, avec juste une ouverture des portes, sans fouille. En 3h, le passage est bouclé, nous pouvons prendre une photo des monts Arrarat depuis le côté turc sans les poteaux télégraphiques.

Le ciel est clair, la vue est magnifique. Nous nous arrêtons pour admirer le coucher du soleil sur le mont Arrarat qui est en train de disparaître dans le lointain.

Nous passons à Dogubeyazit prendre un peu d’argent à un distributeur et trouvons un emplacement pour la nuit quelques km avant Agri. La température est de nouveau négative.

J23 11/06/2017 Village troglodyte et caravansérails turcs

 

Après cette nuit calme dans la campagne, nous filons vers Gökyurt, village troglodyte très ancien puisque le Pape Benoît XVI est venu célébrer là les 2000 ans du passage de St Paul. De la trace du saint, point, de la trace du Pape, quelques pavés, poubelles renversées et grilles de protection plus ou moins bien scellées. Mais le village, et les habitations troglodytes valent la visite.

C’est probablement bien plus vieux que 2000 ans, parce que les gens qui se sont installés là essayaient de se protéger des bêtes sauvages. Ils grimpaient dans leurs logements avec des cordes. Certaines ouvertures pourraient être atteintes en grimpant le long de la paroi, mais il aurait fallu que nous nous équipions pour y aller. Nous nous contentons d’une balade dans les falaises en imaginant la vie des gens de l’époque. Le site où le saint a séjourné, là où le Pape a dit la messe, est plus majestueux. Le village comporte un grand nombre de maisons très vieilles, avec des murs en pierre quasi sèche. Le fait que coexistent là des habitations troglodytes, des maisons en pierre sèche et des maisons modernes fait comprendre comment fonctionne l’urbanisation : on construit sur l’ancien, en récupérant ce qui est possible, et en agrandissant avec du moderne. 

 

La démolition, c’est l’œuvre de la nature, après que l’homme soit venu récupérer les portes et les fenêtres, les poutres, la couverture et quelques pierres. Une vieille femme nous regarde passer du haut de sa terrasse où elle est montée par une échelle. Les toits sont plats.

Les étapes suivantes consistent à repérer et visiter les caravansérails de la série du Sultan. Le premier n’est pas mentionné dans notre guide, pourtant il en fait partie, Zazadin Hani.

Nous nous arrêtons pour déjeuner dans le champ d’en face, car il y a une clôture grillagée. Clôture qui n’empêche pas des gougnafiers turcs de sauter par dessus pour aller se prendre en photo devant la porte et s’en aller sans même avoir regardé de bâtiment. Un paysan passe à travers un trou du grillage pour aller voir les vaches qu’il a mises à paître. Nous l’arrêtons au retour et par gestes, il nous fait comprendre qu’il peut aller chercher la clef. Et nous voilà à l’intérieur. Le bâtiment a été restauré en 2008 et il est en relativement bon état. C’est un caravansérail mixte : il a une partie couverte, mais la cour est à ciel ouvert. Il pouvait donc être utilisé en hiver comme en été. Les fenêtres meurtrières sont en pierre noble et sculptées. La partie couverte a perdu sa coupole remplacée par un dôme transparent. M. Kursé (?) nous fait les honneurs, visiblement ravi de pouvoir montrer ce bâtiment à des étrangers. Il accepte d’être pris en photo avec JL, mais refuse tout argent. Il n’accepte un chewing-gum que pour le mettre dans sa poche (le ramadan…).

Un peu plus loin (30km), Sultan Hani un peu plus décoré, dans un village, bénéficie d’un gardien et donc fait payer la visite. Un curieux escalier en pierres saillantes du mur d’enceinte est interdit aux visiteurs. Le plan est approximativement le même que pour Zazadin, la construction et la conservation aussi.

Toujours dans le même espacement de lieu, un autre un peu écarté de la route est en cours de restauration, et l’on peut y voir des vestiges d’autres bâtiments en face dans la même rue.

Encore un autre, de restauration privée probablement, est utilisé comme restaurant et boutique à touristes. D’ailleurs au moment où nous descendons du K6 pour jeter un coup d’œil, un car d’Allemands débarque, avec le guide braillard habituel. Nous fuyons.

Nous atteignons Göreme où nous allons passer la nuit dans le camping « Panorama » d’où nous jouirons de la vue sur la ville au coucher du soleil pratiquement depuis le K6. Göreme, c’est le coeur de la Capadoce, de là partent toutes les vallées où l’on navigue entre les cheminées, les demoiselles plus ou moins coiffées, les habitations troglodytiques, les églises creusées dans la roche, et tous ces clichés que l’on trouve dans les guides touristiques. Mais cela vaut le voyage. Le paysage au coucher du soleil est vraiment unique.

Ali, le propriétaire du camping nous explique que depuis 2 ans, il n’y a plus de touristes, notamment français. Il attribue ce fait aux attentats d’Istamboul et Ankara. De fait, nous ne sommes pas nombreux. Le soir, nous faisons connaissance avec Martin, Allemand circulant avec son ami Australien dans un Land Cruiser espagnol. Il vont à Vladivostock et nous échangeons des tuyaux sur le CPD entre autres.

J22 10/06/2017 Konia

Au petit matin, il y a jusqu’à 5 chiens qui tournent autour du K6, très débonnaires, se prélassant dans l’herbe.

Une fois le petit déjeuner avalé, toilette de chat effectuée (manque d’eau, on s’adapte), nous repartons vers Konia. Cette ville est le lieu où le poète Mevlana a fondé la secte des Soufis, et plus particulièrement le mouvement des Derviches Tourneurs. De son temps, ce groupe était confidentiel, et peu représenté. Aujourd’hui, mis en lumière par les media, les danses des derviches sont connues dans le monde entier et drainent un public mélangé. Ce qui nous intéresse, c’est l’essence du mouvement, et la raison de cette danse.

On pourrait croire que cette étape est un détour. Mais en fait, il y a plusieurs routes de la soie en Turquie. Safranbolu est sur une route nord, et Konia sur une route sud. De plus, il y a, à partir de Konia, une série de caravansérails construits sur demande d’un sultan du 13e siècle s’échelonne le long de la voie. Nous comptons voir ces caravansérails en passant.

Arrivée à Konia en fin de matinée. Nous vérifions que la représentation a bien lieu le soir même, et malheureusement, il n’y a pas de conférence. Donc, nous devons attendre 21h.

Nous déjeunons sur le parking du centre culturel Mevlana, à côté du Hilton. Discrètement, car nous sommes à Konia, les gens sont très religieux, et nous sommes en plein ramadan.

Plus tard, nous verrons quelques personnes manger, mais discrètement aussi. Aujourd’hui par exemple, la règle de ne rien absorber, ni solide, ni liquide, s’étend de 3h08 à 20h19. D’où la représentation à 21h. Il faut que les derviches aient mangé.

Ensuite, chasse à l’adaptateur. L’ordinateur ne peut fonctionner sur le 230V du K6 que par l’intermédiaire d’une fiche bipolaire, ce qui implique donc de passer par un adaptateur. Et celui qui venait de Chine a lâché. Déjà pas très simple à trouver en France, c’est un gros challenge ici. Au 5e marchand, on nous propose un adaptateur similaire au nôtre, mais un peu plus encombrant. Cher, en plus : 6€. Puis le marchand a un trait de génie et me propose un adaptateur Japon/Europe bipolaire. Bingo.

Nous pensions avoir du mal à trouver du pain, puisque les gens ne peuvent pas manger dans la journée. Eh bien non. Sans problème. Allez comprendre.

Nous faisons le tour de la colline Salaadin qui domine Konia, mais la mosquée est en réparations, les arbres ont poussé, on ne voit rien. Par contre, en redescendant, nous voudrions boire un thé, mais c’est fermé pour cause de ramadan, nous explique Ali Osman Sabanci, un Turc bavard qui a vécu longtemps en Italie, parle 5 ou 6 langues et baille à se décrocher la mâchoire (le ramadan…). Nous passons une heure très agréable avec lui avant de comprendre qu’il est épuisé par cette conversation, et ne pense qu’à rentrer chez lui attendre le dîner.

Un tour au musée Mevlana, pour essayer de voir qui était ce monsieur. Nous n’avons pas pu voir des tapis annoncés dans le guide. Disparus ? En tous cas, c’est un lieu de pélerinage, il y avait foule.

Dîner sur le parking de nouveau.

Et voici l’heure des Derviches Tourneurs. Le monument qui leur est dédié est immense et grandiose. Il semble d’ailleurs, comme beaucoup d’édifices représentatifs en Turquie, qu’il ait été surdimensionné. La salle où se déroule la danse est un théâtre rond d’un peu moins de 2500 places. Nous sommes environ 1/10e de cette capacité aujourd’hui. Le ramadan ? Il paraît que les attentats d’Istamboul et Ankara ont fait fuir les touristes étrangers. En tous cas, cette cérémonie est impressionnante. Elle dégage une grande sérénité. 25 derviches, majoritairement dans la force de l’âge, mais il y avait aussi un jeune de 12/13 ans.

Il y a un maître de cérémonie et un chef des danseurs. Tous dansent 4 fois en tournant autour de la piste, en suivant la musique de l’orchestre, en majorité des flûtes et des tambours. Un récitant lit des versets du Coran au début et à la fin de la cérémonie. Tout est calme. La seule fausse note dans cette représentation, c’est la technologie des éclairages puissants et changeant de couleur violemment.

 

 

 

 

Mais nous sommes ici dans une représentation, pas seulement une cérémonie. Il y a à Istamboul des lieux beaucoup plus petits où la cérémonie garde tout son sens.

Il est largement 22h30 lorsque nous nous mettons en route pour un camp sauvage sur la route en direction de Goyürt, un village troglodyte au sud-ouest de Konia. Pas de mosquée en vue, pas d’animaux non plus.