J86 13/08/2017 Ah, les yourtes !

Le père de la famille du guesthouse de Koshkor est seul pour nous dire au-revoir, mais il a un grand sourire, et nous montre un pouce en l’air quand nous partons. Visite obligatoire au bazar pour acheter des fruits et du pain, et nous voilà en route. L’objectif n’est pas clair, mais la direction est donnée : le lac de Song Kul pour une journée ou deux de randonnée. Sur la route qui nous y mène et qui n’est pas goudronnée, un embranchement retient notre attention, vers Tar Cyy. C’est un chemin de montagne, probablement utilisé uniquement par les 4×4. On peut le suivre depuis la crête où nous sommes montés pour voir la vue. Il suit la ligne de crêtes et se perd loin dans les chaînes qui se succèdent. Le panneau dit 16km pour Tar Cyy. Alors nous y allons en pensant pouvoir nous faire héberger ou seulement nourrir par des bergers dans les alpages. Le chemin est très aérien et les pentes sont rudes, mais le K6 avance vaillamment. Au bout des 16km, comme prévu, un campement de plusieurs yourtes disséminées dans un vallon. A la première yourte, une jeune femme parlant un peu l’anglais nous répond qu’ils ont déjà des hôtes pour la nuit.

Pas moyen de lui faire comprendre que nous pourrions nous contenter d’un emplacement à côté de la yourte pour la nuit, ou simplement elle ne souhaite pas nous voir autour, la conversation dérive sur le reste de la route qui continue jusqu’à Song Kul sur 30km. Le mari nous dit que la qualité de la route est pire que ce que nous avons vécu pour venir jusque là. Nous rebroussons donc chemin et reprenons la route normale, dite « du sud ». C’est assez cabossé, mais roulable jusqu’au pied du col qui monte au lac. La route monte sur elle-même, les lacets sont serrés.

Nous trouvons un emplacement pour la nuit au dessus du lac, avec un panorama fantastique. Nuit fraîche et super calme.

J84 11/08/2017 A cheval ! Il va grêler.

Après un peu de préparation, les sacs et les chaussures à pied d’oeuvre, nous attendons avec quelque anxiété notre guide Stalbek qui doit nous emmener au point de départ de la randonnée. Une magnifique Audi 100 rouge de 30 ans d’âge conduite par un fou furieux nous monte à la bergerie où nous attendent les chevaux, à 2000m d’altitude. Nous avions rencontré Stalbek dans le bureau de l’AFKE à Bishkek, c’est un jeune sportif de 20 ans, toujours souriant et attentif, parfaitement à l’aise en anglais. Il habite Koshkor et y connaît tout le monde. Nous rejoignons Ali qui a le même âge et pèse dans les 120kg. Il joue le rôle de palefrenier, c’est lui qui s’occupe des chevaux. Il est le fils du couple qui va nous héberger à l’alpage. Les chevaux sont prêts, il ne reste plus qu’à attacher les sacs aux selles et en route. Pour F comme pour JL, l’expérience du cheval se limite à une balade datant d’au moins 20 ans. Mais la confiance est là, et les chevaux sont fins, tout va bien. Nous remontons le lit d’un torrent jusqu’à l’alpage à 3000m. Un peu de panique de la part de F lorsque Ali décide de nous faire galoper, des étriers réglés un peu courts pour JL, mais globalement, l’expérience est très positive, nous avons beaucoup apprécié de pouvoir monter sans avoir à regarder nos pieds.

Après 4h, évidemment, le fondement est un peu talé, les genoux coincés et le dos raide, mais il y a beaucoup moins de fatigue que si nous étions montés à pied. Nous sommes accueillis à la yourte qui doit nous abriter pour la nuit par Aïnouka, 44 ans, gros gabarit, très joviale et directe, qui lie immédiatement amitié avec F.

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Après le déjeuner de riz brun dans un plov arrosé de thé brûlant, nous repartons à pied pour suivre la vallée vers le col. Nous montons pendant 3/4h environ, admirant les alpages et les troupeaux disséminés, la vallée est encore très large. Et brusquement, c’est l’orage violent de pluie et de grêle pendant tout le temps que dure notre redescente. Nous arrivons évidemment complètement trempés et transis. F a pris un pantalon de rechange, mais JL doit se promener le reste de l’après-midi en pantalon de pyjama. Nous assistons à la traite des vaches par le mari et des juments par Aïnouka, mais souvent, il faut se cantonner à l’intérieur de la yourte, car les pluies se succèdent sans arrêt, et la température descend très rapidement.

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Le dîner, une sorte de lasagne à l’oignon, est pris dans la yourte d’Aïnouka et nous filons au lit à 20h. Le lit, c’est une pile de couvertures épaisses en laine dans une housse de tissu chamarré. 2 en dessous pour le matelas, et nous finirons la nuit avec 5 couches sur nous. C’est très lourd, mais nous avons chaud. Dans notre yourte dorment aussi Aïnouka et Stalbek, et dans la yourte principale, le mari et 4 randonneurs passagers. Les gamins et Ali ont dû trouver refuge dans d’autres yourtes de la famille plus loin dans les alpages.

Dans la nuit, un cheval nous réveille en essayant de passer entre les deux yourtes et s’empêtrant dans une petite tente qui était dressée là, juste derrière nos têtes.