J104 31/08/2017 Les Franco-Pakistanais

Dernier jour à Islamabad puisque nous devrions pouvoir récupérer les passeports à l’ambassade d’Inde et que nous avons abandonné l’idée de demander les visas népalais au Pakistan. Sajjad, le réceptionniste de la guesthouse, accepte gentiment de nous imprimer des documents urgents pour la retraite de F, et nous voilà partis pour l’enclave diplomatique. Nous entrons par l’arrière, instruits de notre dernière expérience. Mais déception, les passeports ne sont pas prêts, il faut attendre. Et cela dure une bonne heure et demie. Enfin, il est quasiment midi lorsque nous sommes enfin autorisés à aller en Inde.

Avant de repartir, nous voulons voir Islamabad de haut, et poussons le K6 sur la route tortueuse du belvédère où se trouvent 2 restaurants. Nous choisissons le plus exposé d’entre eux et déjeunons à la terrasse. Restaurant de bonne tenue, la nourriture est très bonne, la carte bien fournie, les prix internationaux. La vue est extraordinaire sur la ville, dommage qu’il fasse un peu brumeux.

Et nous voilà partis direction plein sud sur la « Trunk road nb1 », route mythique. Nous avons laissé l’autoroute parce que nous voulions voir cette route ancienne et pour aller visiter le château de Rohtas, à côté de Jhelum. Eh bien nous avons pu expérimenter ce qu’est un embouteillage à la pakistanaise, une heure et demie de touche-touche infernal, cela nous a rappelé quelques souvenirs de Chine. Nous finissons quand même par en sortir, il y a des restes d’un accident, mais impossible d’évaluer les dégâts, il y avait probablement des blessés, beaucoup de personnes attendent sur le bord de la route.

Le château de Rohtas est une enceinte énorme qui devait probablement protéger une grande ville. De la ville, il ne reste rien, de l’enceinte, de grands pans de murs serpentent dans la campagne. IL faut payer un droit d’entrée à un grand escogriffe venu nous relancer loin du portail officiel, nous étions partis sur la route faire des photos à la lumière du soleil couchant. Sur le parking, un géant nous attend avec des salutations en français. Ali, réfugié politique en France depuis 7 ans, souhaite absolument nous aider. Il paye l’entrée, nous fait escorter par un garde armé, et nous invite pour le soir à Jhelum. Nous ne pouvons pas refuser cette gentillesse. Le fort est intéressant à voir, surtout dans cette lumière rasante.

Il y a une vue de 360° sur la campagne environnante, et peu de monde sur le site. Pourtant, d’autres Franco-Pakistanais nous hélent, ils habitent Marne-la-vallée. Un groupe de jeunes filles font un selfy avec F, mais refusent que JL les prenne en photo, autre qu’en contre-jour. Dans un coin du fort se trouve une construction particulière : il s’agit d’un puits. Profondeur 100m dit le garde. Mais seulement 138 marches à descendre pour atteindre l’eau, donc environ 27m. Peut-être que le trou descend 75m plus bas…Ce qui est curieux, c’est cet escalier monumental pour aller à l’eau.

Il fait nuit quand nous quittons le site et nous allons rejoindre Ali à Jhelum, à une dizaine de km. RV pris via le téléphone d’un marbrier, il dit 15/20mn. Nous attendons 1h40. Comme JL avait dit, à 1h45, nous partons, Ali arrive. Il a été retardé par la sœur de sa femme. Nous comprenons plus tard qu’il nous a invités sans se souvenir qu’ils devaient aller chez cette sœur pour le dîner. Bref, de fil en aiguille, comme nous ne sommes plus en position de chercher un endroit pour la nuit, nous acceptons non seulement l’apéritif (sans alcool, bien sûr) chez les parents d’Ali,

mais aussi le dîner avec sa femme Rabia et son fils ainsi que le coucher dans l’hôtel de réception-mariage tenu par un ami d’Ali. Le dîner est excellent, la chambre toute neuve et nous apprécions que le K6 soit à l’abri dans le parking couvert de l’hôtel. Il pleut à seaux dans la nuit, mais nous n’entendons rien, la chambre est sans fenêtre car tournée vers l’intérieur de l’hôtel.

J103 30/08/2017 Saidpur

Pas de visa indien aujourd’hui donc. Il nous faut passer d’abord à la banque pour tirer de l’argent une fois de plus, car la guesthouse n’accepte que du cash. Chou blanc, les distributeurs ne fonctionnent pas (un comble, avec les commission que nous laissons dans le circuit). Passage chez l’opticien pour récupérer les nouvelles lunettes de soleil de F. Les anciennes s’étaient cassées en Croatie, avaient été réparées, re-cassées en Grèce, réparées par JL et définitivement fichues en Iran. F en a profité pour s’équiper d’une paire de rechange avec vision lointaine seulement, très classe.

Passage à l’ambassade du Népal pour savoir s’il sont capables de sortir des visas en 24h, la réponse est fermement non, donc nous repartirons d’Islamabad demain, car sinon, nous perdons 2 jours de plus ici.

Déjeuner dans une bicoque devant le zoo. Elle est tenue par Jalal (?) qui est le père de 2 garçons et 2 filles et accessoirement le gardien de l’éléphant du zoo. Très rébarbatif au départ, il s’anime, nous fait cadeau d’un plat de riz supplémentaire, et refuse finalement d’être payé. Il nous faut insister et nous arrivons à payer en échange d’une boisson supplémentaire en canette. Le tout pour moins de 3€.

Nous allons visiter un must d’Islamabad d’après le guide : le village ancien reconstitué de Saidpur. Autant l’écrire tout de suite, la réputation faite à ce village est largement usurpée. Il y a bien une maison de maître ancienne, et quelques bâtiments refaits, mais rien qui vaille le détour. Par contre, il y a 2 attractions qui nous ont retenus : le marché aux bestiaux à l’entrée du village, avec ses chèvres et des vaches bariolées :

Et dans la grande salle de la maison de maître, une exposition de photos montrant le début d’Islamabad, en 1963. Il n’y avait pas d’arbres. Et aujourd’hui, on peut voir dans les rues des arbres dont on dirait qu’ils ont toujours été là. Ces arbres ont été mis en place par des équipes australiennes et japonaises.

Retour chez l’opticien pour récupérer une facture pour les lunettes de F, faire ajuster les lunettes de soleil de JL, et finalement acheter un kit lunettes de sport avec écrans interchangeables très tendance. Un peu cher pour une copie…

Dîner dans un restaurant afghan de brochettes, aubergines grillées et yaourt.

Bonne dernière nuit à Islamabad.

J102 29/08/2017 Course aux visas indiens et népalais

Les demandes de visas pour l’Inde ont dû être transmises hier lundi, et nous allons à l’ambassade pour pousser sur le dossier, un peu anxieux car on nous promet 2 semaines de traitement. Il faut pour cela entrer dans l’enclave diplomatique, ce qui ne devrait pas poser de problème, nous y sommes déjà allés 2 fois. Eh bien, c’est sans compter avec la susceptibilité de l’un des gardes à l’entrée qui ne se laisse pas impressionner par les lettres CD à la fin de notre plaque d’immatriculation et nous bloque. Le chef confirme que nous ne pouvons pas entrer, du moins en voiture. JL fait le tour du rond-point, se gare en pleine interdiction et nous voilà partis pour entrer à pied. Le truc joue son rôle, immédiatement, on nous réoriente vers une autre porte où se trouve le chef des chefs qui pourra trancher. Et nous entrons sans trop de tracasserie. A l’ambassade (on dit « High Commission »), nous sommes cantonnés hors du guichet de base, puis devant un guichet spécial pour les cas urgents, et enfin admis à l’intérieur. Deux hommes en costume nous reçoivent et expliquent qu’ils ne peuvent délivrer les visas immédiatement, parce qu’un document bancaire manque (mentionné nulle part). Je propose de montrer l’état actuel de nos comptes, pourvu que l’on me rende mon téléphone. Mais ils veulent un document papier ou électronique. Et les passeports seront rendus avec les visas dès réception du document. Dans l’après-midi, le document est envoyé, mais JL reçoit un email demandant que les passeports ne soient pas collectés avant jeudi 30/8. Nous nous demandons si l’ambassade du Népal pourra attribuer les visas en 24h…

Nous déjeunons dans une cantine surpeuplée, mais de bonne qualité.

Retour à la guesthouse pour remplir les documents pour l’entrée au Népal. Contact pris avec l’agence à Kathmandu, tentative avec Tendi en France. Les formulaires sont difficiles à obtenir, le site de l’ambassade du Népal à Islamabad est classé « menaçant » par le navigateur de l’ordinateur, nous devons passer par un proxi en Allemagne pour les obtenir. Ensuite, le format n’est pas pratique à remplir, une vraie galère. Enfin, la réservation de l’hôtel de Kathmandu (obligatoire) refuse d’être confirmée, et ne peut être utilisée pour la demande de visa. Nous arrivons au dîner sans être arrivés à boucler tous les papiers.

Dîner dans le centre commercial Jinnah dans un restaurant de « Fine Pakistani food ». Effectivement bien tenu, propre et avec un service impeccable, classe internationale. Les plats sont fins, un peu trop épicés pour F, mais bien servis. Pas de vin évidemment, mais un très bon jus de mangue et du yaourt maison, avec du pain spécial pakistanais.

Tout est presque parfait, la seule fausse note est un peu bizarrement du retard à servir une tasse de thé vert à F. Le tout pour un peu plus de 20€.

Nous rentrons ravis à la guesthouse et passons une très bonne nuit, il pleut à torrent dehors.

J101 28/08/2017 Barbier, banque, lunettes et Club 21

Aujourd’hui, c’est le jour des services. Nous commençons par la lessive. Un grand sac à provisions plein de linge sale est transmis à l’accueil. Un prestataire viendra s’en occuper avec la machine à laver de la maison.

JL a la flemme de se raser, et il doit aussi se faire couper les cheveux. Nous voilà en chasse d’un barbier indiqué par l’hôte d’accueil de la guesthouse. Nous ne sommes pas très sûrs, mais finalement nous optons pour le plus propre des 2 salons de l’endroit indiqué. Le barbier est ravi de s’occuper d’un étranger si tôt le matin, et les choses vont bon train, coupe au millimètre, barbe taillée, poils enlevés dans le nez et les oreilles, et enfin massage de la tête, un luxe. 6€, c’est cher, mais cela valait le coup.

Nous passons à la banque pour demander à tirer de l’argent au guichet, parce que le distributeur automatique limite les montants et que le commission en devient chère : plus de 1 % ! Chou blanc : il faut se contenter du distributeur (qui marche, ce n’est déjà pas mal).

Déjeuner dans un centre commercial ultra moderne, avec des salades pakistanaises servies dans des coupes en croûte de pain, délicieux, arrosé avec du jus de mangue ou de pamplemousse fraîchement pressé. Le tout pour environ 7€, quand c’est propre, le Pakistan, c’est top !

Nous trouvons l’ambassade du Népal, ouverte seulement le matin, trop tard pour nous. Il faut télécharger le document de demande de visa sur internet, et nous découvrirons dans la soirée que le problème est le même que pour l’Inde, l’ordinateur refuse énergiquement d’aller sur le site.

F a cassé ses lunettes de soleil en Croatie, nous les avions fait réparer, elles avaient récidivé et JL avait usé de colle époxy pour essayer de les maintenir ensemble, mais la branche avait fini par se séparer définitivement des verres. Un opticien moderne se trouve dans le même centre commercial où nous évoluions ce matin, F lui apporte ses lunettes, ils s’y mettent à 3 et finissent par trouver une monture à peu près compatible avec les verres. Le lunetier insiste pour que F s’équipe d’une paire de rechange, avec une monture-copie, et des verres standard. L’affaire se termine avec la monture nouvelle pour les verres anciens, la nouvelle monture et les nouveaux verres pour un total de 120€. Est-ce que la mutuelle voudra bien rembourser cette dépense somptuaire ?

Nous décidons d’aller manger français au Club 21, un restaurant branché de l’enclave diplomatique. C’est vraiment très français haut de gamme, avec une piscine immense ! Nous reviendrons. Mais le dîner est bon, c’est propre et bien servi, on se croirait en France. Sympa, pour une fois sur le parcours.

Retour à la guesthouse dans le K6 qui a rechuté dans les couinements et craquements maintenant qu’il est sec.

Nuit tranquille.

Il faudra penser à prendre des photos demain. Islamabad est très peu connue en Europe. C’est une ville agréable, avec de larges avenues, où la circulation est à peu près fluide et civilisée, contrairement à ce que nous avons vécu sur la route du Karakorum. Par contre, il n’y a aucun bâtiment ancien, la ville date des années 1950.

J100 27/08/2017 Les sentiers des Margallas, la mosquée Faiçal

Le Pakistan est une république islamique, mais c’est aussi un régime parlementaire, au contraire de l’Iran dont le président a tous les pouvoirs. Et donc, le jour chômé de la semaine est le dimanche et non le vendredi. Par conséquent, nous ne pouvons pas agir sur les urgences ce jour-là. Nous décidons d’aller randonner au départ de la guesthouse dans les montagnes au nord d’Islamabad. Vue l’altitude des sommets environnants, ce n’est pas une performance, mais c’est sans compter avec la température qui flirte avec les 40°C. Bref, nous voilà partis.

Cela commence par la visite de la mosquée Faisal, ultra moderne, avec une forme de « tente de bédouin ». C’est le matin, il n’y a personne et le lieu est beau. Mais on n’entre pas, il faut se contenter de l’extérieur. La boutique de souvenirs nous permet d’acheter quelques cartes postales.

Derrière la mosquée se trouve le point de départ du sentier n°1 des Margallas. On y rencontre aussi les rangers en charge de l’entretien des sentiers, qui donnent quelques conseils. Nous avons de l’eau, et la montée se fait sous les arbres. Nous ne rencontrons pratiquement que des hommes. Il y en a même 2 qui se baignent en caleçon dans le torrent et qui sont confus de voir Françoise. Nous allons jusque sous la crête et redescendons par un autre chemin, dénivelé de 350m, cela suffira pour aujourd’hui, avec la chaleur. Retour à 16h en bas, déjeuner dans un fastfood moderne d’un hamburger (mais si!) arrosé de Coca. Après tout, c’est le J100, on peut faire un extra.

La fin d’après-midi nous sert à nous mettre à jour de nos journaux respectifs, et nous dînons dansle K6 dans la cours de la guesthouse. Nuit longue et très reposante.

J99 26/08/2017 Toyota supprime des bruits mais pas des lumières

Nous avons RV chez Toyota entre 9 et 10h. Bien que nous ne soyons pas au Japon, il faut être à l’heure. Nous avons quelques minutes de retard, mais on nous fait entrer immédiatement dans le hall d’accueil. L’ingénieur que nous avons rencontré la veille nous rejoint avec son ordinateur et se branche sur le K6. Le verdict est immédiat : le filtre à particules est déclaré HS par la machine, et il ne peut rien y faire avec cette machine qui ne peut servir qu’à tester. Si notre voiture avait été une Toyota, il pouvait utiliser le matériel de la marque et tenter de supprimer le défaut pour voir s’il s’agit d’un artefact. Mais ce n’est pas possible avec ce matériel, et il pense que le filtre est réellement HS. Il propose même de le retirer, tout en disant que cela ne fera pas revenir la puissance. Bon, on arrête là la discussion, nous n’arriverons à rien dans ce domaine au Pakistan. Le chef d’atelier arrive, intéressé par notre véhicule. JL lui explique que nous avons un bruit de craquement dû à une tôle endommagée par un caillou. Il est ravi de manœuvrer lui-même le K6 pour le lever et nous voilà dessous à regarder. Le carter que JL avait déjà identifié comme mal en point sert à cacher le chauffage stationnaire, il fait mettre un fil de fer pour rattacher la tôle de protection et retire le caillou resté dans le carter. Et pour les autres bruits qu’il a entendus, il dit de faire laver le K6 à la pression sur les articulations, surtout ne pas mettre d’huile. On nous sert la main, nous félicite pour notre équipée, se désole de n’avoir pas pu régler le problème de la puissance, refuse le paiement, et nous voilà repartis.

Le reste de la matinée est occupé frénétiquement à rassembler les documents pour la demande de visa pour l’Inde. Il faut 2 dossiers complets, avec photos au format. Nous arrivons à remplir tous les papiers et entrer dans les bureaux de TCS visas juste avant 16h, heure de fermeture. Tout le monde s’y met pour boucler les dossiers, 190€ plus tard, nous n’avons plus de passeports et nous sommes dehors. Un tour au bazar pour manger une espèce de sandwich local, admirer les vessies de moutons et absorber un jus de fruits ou un milk shake et nous voilà repartis.

J099.01
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Nous trouvons un stand de lavage et réparation de pneumatiques sous une autoroute élevée. JL fait une bosse dans le pare-choc arrière du K6 en reculant dans l’axe d’une barrière non vue par les radars et par le conducteur.

Lavage haute pression et levage du K6 pour projeter l’eau par dessous., Essuyage soigné, lavage intérieur, le tout pour 700roupies (environ 6€), et miracle, il n’y a plus aucun bruit.

La cause d’un pneu un peu dégonflé est identifiée comme étant une bosse sur la jante que le mécano martèle et redresse pour 150PR (environ 1€). (à suivre)

Nous sommes alors très en retard pour le Skype avec Corentin, Gabriel et Yumi qui attendent à Die pour que nous puissions leur parler. La communication est particulièrement faible, il faut écourter, mais nous avons eu le temps d’apercevoir Yumi, et de nous faire voir.

La journée a été particulièrement fatigante, le coucher est rapide, le sommeil immédiat.

J98 25/08/2017 Islamabad au bout de la route

Nous sommes au cœur de la plus belle région du Pakistan, et aimerions bien rester quelques jours ici pour faire un peu de montagne et en profiter.

Mais nous sommes préoccupés par la situation du K6 et nous ne savons pas combien de temps va prendre l’obtention du visa indien. Notre stratégie est donc d’aller rapidement à Islamabad, de demander immédiatement le visa et pendant l’attente, de profiter du délai pour obtenir les pièces détachées éventuellement nécessaires. Nos informations nous avaient fait croire qu’il y a un centre de service de classe internationale VW à Islamabad, mais comme depuis 2 jours que nous sommes au Pakistan, nous n’avons vu aucune VW, nous savons que c’est faux. Par contre, Toyota occupe 90 % du parc avec notamment des véhicules d’occasion en provenance directe du Japon. Il doit donc bien y avoir un gros centre de service, car nous voyons de beaux Land Cruiser récents. Rapidement, cela veut dire à une vitesse de 50 km/h. Et là, ce n’est pas le K6 qui est en cause, mais la circulation. On trouve toutes sortes de véhicules sur les routes ici.

Les Pakistanais ne respectent aucune des règles internationales de sécurité automobile. On voit des dépassements en sommets de côte, en 3e position, avec un véhicule en face voire 2, il faut être très attentif. Et ce manque de discipline résulte en un manque de fluidité du trafic qui ralentit considérablement la vitesse de croisière. Sans parler des troupeaux.

Nous sommes vendredi, et nous savons que les consulats n’ouvrent souvent le service des visas que le matin. Nous essayons donc d’arriver à Islamabad avant midi. Mais c’est mission impossible. Bien qu’il soit près de 14h quand nous sommes à l’entrée de l’enclave diplomatique, nous tentons notre chance. Entrée de l’ambassade, fouille, confiscation des téléphones, nous passons, mais à l’intérieur de la clôture, dans un interphone, nous apprenons que l’entrée consulaire est à l’arrière du bâtiment. Rebelote de l’autre côté, fouille etc. Au guichet, l’employé nous informe que les demandes de visas ne peuvent pas être faites à l’ambassade, mais chez un prestataire à l’extérieur de l’enclave. Le tout a duré près d’une heure. Il est plus de 15h quand nous arrivons chez le prestataire qui nous dit que nous devons remplir un document sur internet, mais que ce document est inaccessible du Pakistan ce jour-là sine die. Vérification faite, c’est exact. Le truc pour nous consiste donc à faire remplir le document à l’étranger et à se le faire envoyer par email. C’est fichu pour aujourd’hui. Le seul bon point, c’est que nous pouvons revenir le lendemain, car ils travaillent le samedi. Nous passons chez Toyota. Le chef du service maintenance nous appelle le technicien formé pour le « passage à la valise » qui arrive avec une mauvaise nouvelle : ce centre n’est équipé que pour les véhicules de la marque. Mais il peut obtenir une valise universelle pour le lendemain. Décidément, tout se passera le samedi. Il faut remarquer que le Pakistan est une république islamique, et bien que le jour chômé de la semaine soit officiellement le dimanche, beaucoup de commerces sont fermés le vendredi jour de prière.

Reste à trouver une guesthouse confortable et pas trop chère. Il ne faut pas se montrer trop difficile, car celles indiquées par le guide sont toutes fermées. Nous en trouvons une grâce au GPS de la tablette de F, et nous pouvons enfin nous reposer.

Nous partons à pied vers le centre commercial Jinnah voisin, et choisissons d’aller dans un restaurant de pizzas pour changer de l’alimentation « sur la route ». Euh, mauvaise pioche, il y la dedans une trentaine de mâles qui regardent F bizarrement car elle n’est pas correctement voilée. Un Pakistanais sympa nous oriente vers un autre restaurant un peu lointain et nous prenons un « taxi » (Suzuki Cuore) pour y aller. Grandes jambes s’abstenir. Le restaurant est beaucoup plus moderne, ce n’est pas le même standard. Nous étions en train de nous demander comment nous y prendre, car il faut payer d’abord et attendre pour être servi. JL entend parler français derrière lui, se retourne et fait face à 4 jeunes Pakistanais. En fait, ce sont des Français immigrés de 2e génération qui sont en vacances ici. Grande discussion pour comprendre la situation exacte de ces jeunes, 3 femmes légèrement voilées et un homme. Très sympathiques, ils sont tous plus ou moins étudiants et passent leurs vacances chez des parents qui sont d’ailleurs avec eux dans le restaurant. F, un peu surprise, apprend que contrairement à ce que nous pensions, les jeunes femmes ne sont pas frustrées d’être légèrement voilées ici, parce qu’en France, elles portent le tchador. Photo souvenir, puis elles nous aident à commander notre (énorme) pizza.

Pizza que nous mangeons à l’extérieur sur la terrasse. Mais elle est trop grande, il faut se résigner à en laisser la moitié (Fabien et Corentin devraient penser à Bondi beach à ce sujet…). Pas de problème, on nous met le reste dans une belle boîte que nous emportons… et donnons une dizaine de mètres plus loin à un travesti qui mendie de la nourriture et la reçoit, ravi, car c’est encore chaud. Des travestis au Pakistan, nous en avons vus déjà quelques-uns, généralement mendiant et très méfiants du contact avec nous. Apparemment, ils n’ont pas la vie facile.

On nous rappelle notre chauffeur de taxi qui nous remmène à la guesthouse. Nuit confortable sans trouble.

J97 24/08/2017 Confluent de l’Himalaya, du Karakorum et de l’Indou-kouch

Départ tôt le matin, après des adieux circonstanciés à la famille Zaraf qui va dans l’autre sens : ils espèrent voir le paysage au col du Khunjerab. Le problème, c’est que le temps est épouvantable, la pluie menace, et ils ne verront probablement rien. Et nous non plus d’ailleurs, car nous sommes dans le même couloir, la vallée de la rivière Gilgit.

La route se déroule, cela ressemble de temps en temps à Combe Laval, et à d’autres moments aux gorges de l’Arly, mais l’échelle est différente, cela dure des centaines de km.

Il y a des camions pakistanais, très décorés, quelquefois très vieux, avec des portes en bois, des clochettes partout, des candélabres sur le pare-choc avant, des bouquets d’antennes en fibre de verres aux angles, des sentences religieuses peintes de tous les côtés, et des conducteurs qui nous saluent, le pouce levé, nous, le petit van tout crotté et poussif (enfin, dans la descente, ça va).

En fin de matinée, la vallée s’élargit brusquement, et un petit parking nous accueille. Nous sommes à un point singulier du Pakistan, et même du sous-continent : le confluent des rivières Gilgit et Indus. Ici se rencontrent l’Himalaya, le Karakorum et l’Indou-Kouch, 3 des plus hautes chaînes montagneuses du monde. Ces chaînes qui s’abaissent devant nous viennent de centaines et même milliers de km pour converger ici. Et l’eau qui en découle va aller se jeter dans le golfe persique à 2500 km de là, après avoir arrosé le Pakistan et l’Inde. L’Indus est l’un des trois grands fleuves indiens avec le Gange et le Brahmapoutre. Ces mots qui reviennent de nos mémoires d’écoliers sont magiques, nous voyons leur réalité ici.

La route est parfois très dégradée, il n’y a plus de revêtement, une seule file et les camions prennent la priorité.

Les villages, au début de la journée, sont typiques de la haute altitude : petits espaces clos, hauts murs épais pour se protéger du vent et du froid.

En fin de journée, après avoir fait des courses alimentaires à Naran, nous choisissons un camping pour passer la nuit. En fait, il n’y a pas de camping, c’est un espace pour pique-niquer et s’abriter du mauvais temps. Nous négocions avec le patron l’usage d’un espace sur une dalle en béton pour la nuit, avec accès aux toilettes en échange d’un dîner. Le gardien de nuit de cet espace voudrait bien nous voir plus près de lui et de son chien, mais nous ne sommes pas fanatiques du chien, nous restons sur notre dalle en béton. Ce qui est important, c’est de ne pas entendre la route (nous sommes dessous) et de ne pas être trop visibles. Nuit calme et presque sèche, il tombe quelques gouttes en milieu de nuit.

J96 23/08/2017 Le Karakorum

Il est 10h, nous nous présentons directement à l’entrée du site réservée aux piétons, et il faut attendre un petit quart d’heure pour que l’on nous admette à l’intérieur avec le K6. Pas de scanner des bagages à l’entrée, bonne surprise. Haha, mais c’est parce que l’on nous l’impose au niveau du bâtiment de sortie du territoire. Et nous charrions nos housses de couette, sacs de couchage, cartons de chaussures à travers le bâtiment d’un côté à l’autre. C’est hallucinant. Finalement, on voit que des ordres ont été donnés, mais l’efficacité n’est toujours pas là, il faut suivre des procédures faites pour les Pakistanais qui trimbalent des gros paquets mal ficelés contenant leurs pauvres affaires lors de transhumances qu’ils ne maîtrisent pas. On nous avait dit une demi-heure, et nous mettons presque 2 heures pour en sortir. Avec un militaire dans les bagages. C’est pour notre sécurité, Ali ne peut pas aller au col avec nous, donc on nous impose ce soldat qui ne parle pas un mot d’anglais. Nous comprenons qu’en fait, ils ont besoin que ce soldat monte au col et ils nous le fourguent comme laissez-passer. Cela nous sert une fois à doubler une courte file de voitures à un barrage. Il a dormi la plus grande partie du temps de la montée au col. Pas passionné par le paysage qui lui est imposé. D’où est-il ? Probablement d’une province du sud, les autorités n’aiment pas que les gardiens se rapprochent trop près de la population. Entre Tashkorgan et le col, le paysage se minéralise, les arbres disparaissent, et les pentes se verticalisent. La neige apparaît, les montagnes se montrent plus aiguës, agressives. La route monte régulièrement, le K6 ne souffre pas, le soldat dort et tout est calme. C’est une sorte de progression initiatique, les choses se révèlent petit à petit, et les hauteurs sont impressionnantes.

Noman’s land de 100m entre le dernier poste chinois et l’arche du col. Le fonctionnaire de service à la porte de sortie nous considère perplexe, mais finit par ouvrir et nous passons, direction le Pakistan, nous sommes à 4700m, c’est la frontière sur route la plus haute du monde.

Et le paysage est grandiose, même si des nuages obscurcissent les sommets. Ces sommets, ils paraissent aussi hauts que ceux que l’on voit depuis Chamonix. Sauf qu’ici, nous sommes 3700m plus haut. Si par exemple, on considère l’aiguille du midi à 3800m, les sommets peuvent être évalués à plus de 7000m. Et c’est beau., les glaciers sont partout autour, les pentes sont gothiques, les élancements vertigineux. Le souffle un peu court, nous ne restons pas, et passons la porte. Un fonctionnaire pakistanais nous accueille immédiatement derrière et nous ouvre un autre portail. Sourire de bienvenue. Dialogue comique. From here, we have to drive on the left, right ? Right. Oh, left or right ? Yes, right. What, right ? Is that left or right driving, here ?. Ha, our driving wheel is on the right, but we ride the road on the left. So you drive on the left. Thanks a lot…La descente commence, nous sommes contents parce que la montée s’est bien passée, le K6 n’a pas été trop poussif, et la route est globalement bonne, parfois excellente.

Immédiatement, le paysage change. La verdure est partout, il y a de l’eau, et beaucoup.

Le passage de la douane est une formalité rapidement expédiée, nous avons tous les documents nécessaires, le carnet de passage en douane est familier aux douaniers, en moins de 2 heures nous sommes réellement libres dans le pays, notre choix de dormir dans la voiture ne les a pas fait frémir. Le seul problème auquel nous faisons face est un péage quelques mètres après un poste de contrôle de police. En fait, comme nous venons de Chine, nous devons acquitter le droit d’entrée dans le parc national du Karakorum, et en roupies pakistanaises. Or, des roupies pakistanaises, nous n’en avons encore pas vu la couleur. Nous proposons des RMB chinois. Il fait un discount et accepte un billet de 100RMB pour nous deux. Notre but est de ne pas rester trop longtemps à cette altitude, nous continuons notre route le long de la rivière Gilgit vers le sud. D’ailleurs, des routes, il n’y en a pas tant que cela. Nous voudrions faire halte à Karimabad, un joli village station. Un panneau nous l’indique à gauche, nous croyions que c’était à droite. Bon, Françoise au volant s’engage sur le pont suspendu étroit qui y mène.

C’est juste, très juste, le pont se déforme sous le poids…mais ça passe. Par contre, de l’autre côté, il n’y a qu’un hameau, le chemin s’arrête là. Fausse route, nous avons même des difficultés pour faire demi-tour. Le pont ne s’effondre pas, et nous repartons, nous ne verrons pas Karimabad. Il faut dire que les panneaux de signalisation sont rares et souvent illisibles, soit parce qu’ils sont en ourdou, soit parce qu’ils sont vieux et usés. Un peu échaudés, nous cherchons un lieu desservi par une route asphaltée pour la nuit. Et c’est à Sekanderabad que nous apercevons depuis la route un terrain de sport près de la rivière qui pourrait peut-être faire un emplacement pour la nuit. Petite rue asphaltée presque jusqu’au bout, chemin menant au terrain trop occupé, mais à côté, il y a un endroit au dessus de la rivière, pelouse, arbres, horizontal, parfait. Le K6 à peine arrêté, deux hommes se dirigent vers nous, JL descend pour demander si nous pouvons rester là pour la nuit. La réponse arrive, attendue : ma maison est ici, vous pouvez entrer dans le jardin avec la voiture, soyez les bienvenus. Nous remercions, déclinons, mais acceptons l’offre d’une tasse de thé dans le grand jardin. Là, il y a 3 femmes qui accueillent Françoise chaleureusement, et l’une d’entre elles parle très bien anglais. Nous passons ainsi la fin de l’après-midi à discuter avec la famille de Zaraf, membre éminent de la famille royale de la province de Gilgit.

Le jardin est super, et on capte le wifi du bureau de l’éducation non loin. On nous presse de venir dans la maison que nous visitons et qui est fort confortable, mais nous insistons pour rester dans le K6 devant la porte, près de la rivière.

Nuit confortable dans le K6, malgré quelques gouttes de pluie en milieu de nuit.

J95 22/08/2017 9h d’attente pour rien à la douane chinoise

Petit déjeuner avec les clients de MeiXiLi, et c’est vrai qu’ils sont bizarres. C’est en nous voyant revenir du buffet avec des assiettes pleines qu’ils ont compris qu’il fallait aller se servir. Sinon, ils se seraient contentés des 2 toasts avec beurre ou confiture attribués d’entrée par le personnel.

Nous sommes pressés d’en finir et activons la manœuvre. Mais avant de nous présenter à la douane, comme nous ignorons ce qui va suivre, comment nous allons pouvoir aller jusqu’au col qui est quand même à plus de 100km de Tashkorgan, nous allons prendre du carburant. Et mal nous en prend, car au retour, Ali qui devait être piloté par le chauffeur de MeiXiLi a perdu son guide : le car est parti. Et nous aussi, dans un labyrinthe de problèmes que nous ne comprenons pas, car Ali n’est pas compétent, c’est la première fois qu’il fait ce parcours. Nous nous présentons à l’heure aux douanes, il est 10h, et nous savons qu’il faut finir avant 13h, heure de la pause déjeuner. Nous tournons plusieurs fois autour du site avant qu’Ali comprenne par où il faut entrer. On nous fait attendre plusieurs fois au même endroit avant de nous faire aller ailleurs et revenir. A 12h45, nous avons compris que les services administratifs se lancent Ali et le font danser, mais que faire ? A 13h, c’est cuit, le site est bouclé, le K6 et nous à l’intérieur. Nous décidons que nous n’avons plus d’argent, mangeons dans le K6 et envoyons Ali manger ailleurs. Il faut attendre maintenant 16h, le retour de la pause déjeuner (c’est authentique, pause déjeuner de 3h). A 16h, il ne se passe rien. Ali pense que c’est 16h30. A 16h30, il ne se passe rien. Ali entre et sort du bâtiment, des officiels viennent nous voir, posent quelques questions, demandent les passeports, s’en vont. D’autres reviennent, font la même chose. On nous fait nous garer ici et là. Rien n’avance. À 18h, JL finit par entrer dans le bâtiment, constater qu’il y a là une dizaine de fonctionnaires plus ou moins en uniforme et que personne ne fiche rien. JL prend le chef à partie et commence à lui expliquer que cela fait 8h que nous attendons, et que ce n’est pas possible, que se passe-t-il ? Il y a un problème de carte électronique mal configurée qui nous a été donnée au col de Torugart, et c’est de la faute de l’agence qui pilote notre passage. Orage. JL explique qu’il se fiche bien de qui est responsable, il veut une solution. De plus il assène qu’il n’apprécie pas du tout la façon dont ces gens-là parlent à son guide. Et il commence à faire comprendre que si la solution ne vient pas rapidement, il va faire ce qu’il faut pour qu’elle vienne. En une demi-heure, un fonctionnaire parlant anglais fait l’intermédiaire, et une solution est trouvée puisque la carte est oubliée, et le dossier avance d’une case. Et là, il ne reste plus que les tampons à mettre sur nos passeports. Mais on nous explique que l’immigration ne travaille sur la sortie du territoire que le matin, et l’entrée que l’après-midi. Il n’y a donc personne pour mettre le tampon sur les passeports avant le lendemain. Point. Conflit avec l’agence de voyage qui finalement propose une nuit d’hôtel sans les repas.

Nous avons attendu en tout 9h, dont 6 pour rien, les douaniers le savaient depuis le début et n’ont absolument rien fait pour nous éviter ce calvaire en plein soleil au milieu des camions. Avant même les formalités du lendemain, ce parcours est de loin le plus inefficace de tout le voyage.

Nous repartons donc en ville coucher dans un autre hôtel. Dîner dans le K6 sur le parking.

Bizarrement, il n’y a aucune photo dans l’ordinateur à cette date-là.