J94 21/08/2017 Filtre à particules, épisode n°3

C’est le grand départ, ou du moins, c’est prévu comme cela. MeiShiLi arrive comme annoncé à 9h, heure de Pékin, ce qui fait quand même que nous devons être prêts à 7h, heure locale. Lever tôt donc, petit déjeuner dans le K6 sur le parking, et les voilà. En fait, il n’est pas seul. Ali l’accompagne, MeiShiLi ayant un autre groupe ne peut nous accompagner à Tashkorgan. Mais Ali est chevronné et parle anglais, tout devrait bien se passer.

Première étape chez le mécanicien recommandé par Abdul. Même scénario. Finalement, il se déclare non compétent, mais son patron nous convoie vers un autre garage qui doit régler le problème. Ce n’est pas très loin. On nous prend en charge immédiatement, et les ordinateurs sortent, confirment la panne d’un capteur, et le patron du garage, en t-shirt blanc et pantalon clair, se glisse sous la voiture et ressort avec 2 capteurs, dont il me montre que l’électrode de l’un est dessoudée, impossible à réparer. Là, ils sortent un seau de capteurs visiblement d’occasion, et choisissent l’un dont la résistance est proche de celle du capteur qui fonctionne, et le pas de vis identique. Et hop, magie, les voyants s’éteignent presque tous (le filtre à particules reste obstinément allumé), et la puissance semble être là. 200RMB, et nous voilà repartis.

Deuxième étape chez un photographe pour tirer les photos du potier, puis épisode potier, guidés par Ali qui a passé toute son enfance dans la vieille ville en dessous de ce potier. Émotion, congratulations, le tout un peu édulcoré par une équipe de reportage qui fait prendre des poses à notre potier. On comprend qu’il fait un peu d’argent en vendant des photos de son art. Le fabricant de loukoums voisin n’est pas là, mais sa femme reçoit nos photos sans trop comprendre de quoi il s’agit.

Quelques courses, et nous voilà au déjeuner. Ali nous trouve un « bon » restaurant local dans le coin, et nous nous retrouvons devant un pilaf et une soupe rouge non identifiée mais super épicée (cela a eu probablement des conséquences…).

Et nous prenons la route, tous contents d’avoir fait tout ce que nous avions prévu de faire dans le temps imparti. A 20km de Kashgar, les 3 voyants se rallument tout guillerets, et la puissance disparaît…Question à Ali ; si nous retardons notre départ de 24h, que se passe-t-il ? Réponse : You Wenqi (gros problème). Nous comprenons que nous avons probablement épuisé nos possibilités de traitement du cas particules, et décidons de continuer jusqu’au Pakistan (après tout, cela devrait descendre jusqu’à Islamabad…).

La montée au lac de Karakul ne nous rappelle rien, et pour cause, la route a été complètement refaite, et évite tous les endroits encaissés. Le spectacle est bien là, les montagnes de tous les côtés, le lac de sable, les chameaux, c’est magnifique et enthousiasmant.

Soudain, barrage, il faut s’arrêter. La raison ? Vous êtes fatigués par la montée et devez vous reposer. La police nous impose un arrêt d’un quart d’heure d’acclimatation à l’altitude. Nous avions le projet de retrouver une jeune femme qui nous avait vendu du raisin dans un village kyrgyze à côté du lac Karaku et de lui donner une photo d’il y a dix ans, mais Ali nous informe qu’il faut oublier ce projet car ce village est maintenant interdit aux étrangers. C’est une zone sensible, il y a eu des troubles. Nous discuterons de la façon de faire parvenir cette photo à la jeune femme à Tashkorgan, Ali peut peut-être trouver un chauffeur kyrgyze là-bas.

Arrivée à Tashkorgan assez tardive et dîner avec notre Ali et son pote MeiXiLi dans un petit restaurant très local où nous dégustons des pigeons rôtis qui nous réconcilient avec le monde. Et nous parlons de notre histoire de photo. MeiXiLi demande à voir la photo et nous déclare qu’il connaît cette jeune fille et son frère. La jeune femme est maintenant mariée, elle a 27 ans et 3 enfants. Ce sont des nomades, et ils sont en ce moment dans les Alpages du côté du col d’Irkeshtam. Il sait comment lui faire parvenir la photo et s’y engage. Au retour, le chauffeur de MeiXiLi pas mal émèché nous attend dans l’entrée de l’hôtel, et une bonne séance de rigolade nous secoue, car il nous raconte que ses clients allemands lui en ont fait voir de toutes les couleurs. Nous avions vu ces Allemands à Kashgar et les avions évités, les trouvant un peu bizarres. Nous prenons des photos d’adieu avec MeiXiLi et Ali qui nous ont bien aidés et nous pensons que dans quelques heures nous ne les verrons plus.

Nuit à peu près calme dans la chambre de l’hôtel.

J93 20/08/2017 Le marché aux bestiaux et le bazar du dimanche à Kashgar

C’est dimanche. Le dimanche à Kashgar, c’est le jour où les Kyrgyzes passent la frontière et viennent vendre les animaux sur pied au marché aux bestiaux. C’est aussi le jour du grand bazar. Nous voulons voir les deux, et le problème tient dans la localisation à chaque bout de la ville. Les Chinois nous demandent pourquoi nous ne prenons pas tout bonnement un taxi. Évidemment, ce que nous recherchons, c’est un peu d’exercice après tous ces km assis dans la voiture. Nous allons donc louer deux vélos à Abdul, et nous voilà partis.

Le marché aux bestiaux, c’est bestial. Pour nous mettre dans l’ambiance, dès l’entrée, nous tombons sur un mouton égorgé et laissé au milieu du chemin par terre. Peu de gens s’intéressent à cette scène qui leur semble normale. Mais nous, nous ne comprenons pas pourquoi ce mouton est là dans cet état-là. Et personne ne peut nous expliquer. Il y a très peu de Chinois ici, tout le monde parle Ouïgour ou Kyrgyze.

Ensuite, c’est passionnant. Le marché est organisé par séquences, puis par nature. Les séquences, c’est l’arrivée, la zone de négociation, le parc, la zone de départ puis les restaurants. Les natures, c’est les moutons, les vaches (plutôt les taureaux) et les chevaux où l’on trouve aussi les ânes et les mulets. Et les tractations vont bon train. Nous arrivons à choper quelques prix. Un veau pour 75RMB, un taureau pour 1500 et pour un bel âne, l’offre de 400 faite par l’acquéreur ont été refusées à 400. Rappel : 1€=7,5RMB. Nous sommes bien avancés, nous n’y connaissons rien, et surtout pas les prix européens.

En tous les cas, ces situations sont passionnantes, et l’ambiance très chaude. Après avoir bien tourné dans le marché, nous mangeons encore une fois comme les locaux. Et là, c’est forcément de la viande. Nous nous asseyons après avoir payé un prix forfaitaire, et on nous sert sur une table crasseuse deux gros morceaux de mouton sur un pain rond. C’est délicieux, mais on s’en met partout.

Traversée de Kashgar en vélo pour rejoindre le bazar. C’est bondé. Il faut enjamber les scooters pour pouvoir garer les vélos. Il y en a des milliers. Le bazar est plein, les gens des environs viennent vraiment faire leurs courses là. Nous demandons si un JiaLeFu existe à Kashgar, et il y en a un, dans la ville nouvelle. Et Carrefour ne peut pas vendre tout ce qui se vend au bazar. Au bazar, on trouve tout. Du riz à la perceuse à colonne, du stylo au scorpion grillé.

Tout se qui se mange bien sûr, mais aussi tout ce qui est utilisé dans la vie quotidienne ou professionnelle. C’est épuisant. Il y fait chaud, on se bouscule.

Le point commun entre ces deux endroits, c’est les Ouïgours.

J92 19/08/2017 Un samedi dans les rues de Kashgar

Le matin a été utilisé à une discussion pour clore le litige qui nous oppose à l’agence qui a organisé notre passage en Chine. De 4 jours au moment du contrat, le temps nécessaire est passé à 5 puis à 6 pendant le voyage, alors que nous ne pouvions plus objecter. Mais nous voyons maintenant que seulement 4 jours auraient suffi s’ils avaient été bien utilisés. Et donc nous refusons de payer les 2 jours supplémentaires. Au bout de 3h de discussion, nous tombons d’accord. Nous quittons Kashgar lundi et passons la frontière mardi. Nous ne payons que 4 jours.

Réparation de la sandale droite de JL. C’est la 4e fois que cette sandale passe dans les mains d’un cordonnier. Et sans rechigner, à chaque fois, l’homme trouve un moyen de lui redonner un peu de vie. Cette fois-ci, c’est de la chirurgie, la boucle arrière est complètement retirée et remplacée par une lanière toute neuve avec une accroche Velcro, et c’est reparti, le tout pour 10RMB, un peu plus d’un €.

Ensuite, nous partons nous balader dans la ville. JL a besoin de changer sa ceinture et la lubie est de ne changer que la lanière, pas la boucle. Nous avons déjà essayé dans plusieurs pays, mais à chaque fois, on nous a proposé de couper une ceinture complète et nous avions refusé. Maintenant la ceinture est vraiment au bout du rouleau, il va falloir assouplir notre position. Et donc nous acceptons qu’un vendeur dans la rue coupe une ceinture et adapte la lanière à la boucle existante. Ce qui est fait rapidement, sans que nous nous rendions compte que la lanière est juste un peu trop large et serre dans la boucle. Par contre, raffinement, le vendeur pose des œillets métalliques sur les trous pour améliorer la longévité. Le tout pour 30RMB, à peu près 4€.

Et comme nous sommes au moment du déjeuner, nous en profitons pour manger sur place ce que mangent les gens, c’est à dire un morceau de mouton grillé sur du riz pilaf.

Et nous passons notre après-midi à nous balader dans la ville, nous amusant de retrouver des aspects particuliers de la vie chinoise, les métiers de la rue…

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Nous partons en exploration dans la vieille ville de Kashgar pour tenter de retrouver la femme à qui nous avions acheté des poteries 10 ans auparavant. Nous n’avons pour cela qu’une photo. Mais nous arrivons à retrouver sa maison, les gens la connaissant bien. Dès le premier contact, nous avions compris qu’elle était décédée. Et quand nous arrivons chez elle, c’est le fils que nous avions déjà vu la première fois qui nous accueille. Il souhaite que nous lui donnions une copie de la photo. Nous prenons de nouvelles photos de lui avec JL, et de F avec sa nièce. Les deux sont très émus de voir cette photo. Ce potier est en fait juste le potier actuel, la boutique est dans la famille depuis plusieurs générations. Il semble pourtant que les affaires ne soient pas fameuses, parce que la maison ne nous fait pas une aussi bonne impression que la première fois. Il n’y a plus de femme pour la tenir…

Nuit tranquille dans le parking de l’hôtel.

 

J91 18/08/2017 Bank of China

C’est vendredi, mais nous n’avons pas de RV. Nous prenons contact avec Abdul Wahab, patron de l’agence de voyage de l’hôtel avec lequel JL avait discuté pour organiser le passage en Chine. Il nous trouve un mécano qui veut bien de déplacer pour venir faire un diagnostic du K6 qu’on ne peut pas déplacer. Le technicien déclare qu’un fil est coupé quelque part et qu’il est nécessaire de lever la voiture pour clarifier. RV pris pour lundi après la levée d’écrou, et avant le départ pour Tashkorgan prévu mardi.

Sur le chemin se trouve la plus grosse agence de la banque de Chine à Kashgar. JL décide de faire la même tentative que pour le téléphone. Pour les mêmes raisons il faut abandonner. Mais au moins nous pouvons récupérer l’argent qui se trouvait encore sur le compte, environ 50RMB, et le fermer définitivement.

Nous prenons un grand plaisir à nous promener dans la vieille ville. Les artisans ont déserté l’endroit, mais il reste quelques vendeurs de ferblanterie ou d’objets en bois.

Il reste surtout le marché de nuit où l’on peut manger des plats que l’on ne trouve pas ailleurs, à base d’abats de mouton. Tout est préparé devant nous, et le prix est dérisoire.

Il y a une grosse affluence, et l’on se bouscule joyeusement. Nous retournons à l’hôtel pour notre dernière nuit en chambre, nous avons décidé de coucher les 3 autres nuits dans le K6 sur le parking.

J90 17/08/2017 La douane, juste pour sortir le K6

Le matin, nous nous promenons dans Kashgar, et retrouvons l’ambiance si particulière de cette ville. Nous retournons dans la vieille ville, et trouvons qu’elle a bien rétréci.

Un parc d’agrément a été créé au pied de la falaise qui la borde. JL souhaite remettre en route sa ligne de téléphone portable sur laquelle DongShi a versé une peu d’argent et qui ne fonctionne toujours pas. Nous nous mettons donc en quête de China Mobile. Là, une jeune femme parlant un peu anglais se dévoue pour essayer de changer la carte SIM périmée pour les nouveaux réseaux. Peine perdue : il faut entrer un mot de passe que jL n’a plus et le n° du passeport n’est pas cohérent avec celui du dossier. Il faut abandonner.

Le RV pour reprendre les procédures d’entrée en Chine a été fixé à 15h. Cela peut paraître bizarre, mais en fait, il y a 2 heures en vigueur au XinJiang : l’heure de Pékin, utilisée uniquement par les administrations, et l’heure locale qui est la même que celle du Kyrgyzstan, 2h en retard. 15h heure de Pékin, c’est donc 13h, et comme les douanes reprennent le travail à 16h30 heure de Pékin et qu’il faut plus d’une heure pour aller de Kashgar au point de contrôle de l’immigration, c’est cohérent. La guide arrive avec une voiture standard, et une personne qui n’a rien à voir avec nous. Nous sommes 5 dans cette petite voiture et comme nous sommes en avance, nous devons attendre. Mais les papiers du K6 ne sont pas prêts et en tout nous attendons 1h30. Heureusement, nous avons demandé l’autorisation d’aller dans le K6 et nous nous faisons un café pour passer le temps, car il pleut des cordes. Délicatesse des douanes qui nous font payer le parking et (sic) l’ouverture du portail. Retour à Kashgar par le chemin des écoliers, nous n’avons pas de plaque d’immatriculation donc pas d’identification pour l’autoroute. Nous allons direct dans le service après-vente de VW à Kashgar, et cela se passe mal. Tout d’abord il faut payer (environ 30€) pour entrer le véhicule dans l’atelier. Ensuite, ils ne maintiennent que les véhicules qu’ils ont vendus. Et finalement, ils ne sont pas compétents en diesel. Nous repartons, un peu ulcérés. On remet cette tâche au lendemain, et tout le monde va se coucher. Le prochain RV est fixé non pas au lendemain vendredi, mais à lundi matin. Cela peut paraître bizarre et ça l’est. Clash avec l’agence à qui nous ne voulons définitivement pas payer les jours supplémentaires acceptés pendant le voyage. Nous allons dîner dans un restaurant pour nous faire oublier tous ces ennuis. Nous retrouvons alors les Chinois gouailleurs et braillards. Un scooter à 3 roues avec bulle attire notre attention devant une agence de jeu. Le propriétaire nous le montre gentiment, et annonce le prix environ 2000€.

Deuxième nuit dans cet hôtel un peu vieillot mais décoré de façon amusante.

J89 16/08/2017 A nous, la Chine !

Cette frontière est exceptionnelle dans le sens qu’elle comporte un grand nombre d’étapes à franchir, dues partiellement à l’altitude. Un premier poste pour contrôler l’existence de visas chinois se trouve à plus de 70km du col. Ensuite, la route est exclusive jusqu’au sommet du col de Torugart.

20Km plus loin nous doublons une deuxième file de camions, sortie du Kyrghizstan. Le stylo de Françoise fait des patés sur les papiers à remplir. Nos passeports sont tamponnés. Les fils de fer barbelés apparaissent mais il y a encore des campements de nomades de l’autre coté.

Les Kyrgyzes auront été plus sympas aux frontières que ce qu’on avait pu anticiper des différents blogs et guides.

A partir de ce poste frontière, bizarrement, la route ne monte plus : nous sommes à 3600m, altitude du col. C’est très beau, nous sommes entourés de montagnes. L’horizon est fait sur 180° de sommets élevés couverts de neige. Pendant de longs kilomètres, nous longeons le lac Chatyr Kul, impressionnant à cette altitude. Mais nous n’avons pas le droit à l’arrêt, et il y des miradors de temps en temps. Pas question de provoquer les douaniers et de se faire retarder.

Troisième file de camions pour le passage du col. Nous doublons le tout et nous trouvons en tête. Mais interdiction de franchir la barrière : nous devons attendre le guide qui doit arriver de l’autre côté. Il est 9h, heure du Kyrgyzstan. Et brusquement, nous nous rendons compte que le guide n’arrivera pas avant au moins 3h, car le RV a été fixé au plus tôt à 11h locales, c’est à dire la même heure qu’au Kyrgyzstan, et 2h plus tard qu’à Pékin. Des groupes commencent à arriver de Chine et franchissent la barrière pour rejoindre le taxi ou le bus qui les attend de notre côté. Nous commençons à nous demander pourquoi notre guide qui est seul ne se présente pas. Nous sympathisons avec un jeune couple hollandais en 4×4 Toyota qui va passer un mois en Chine (7000€ quand même, joli cadeau de mariage). A 10h45, un Chinois nous informe qu’un guide cherche des Français. JL va voir et joint notre guide qui mélangeait nos noms avec ceux du groupe qu’il avait monté côté chinois. Les douaniers nous poussent vigoureusement à franchir le col immédiatement avant qu’ils ne ferment la frontière pour leur déjeuner. Notre guide perd du temps à discuter avec les douaniers au sujet d’un Serbe qui mendie une place dans une voiture pour aller à Kashgar. JL doit le rappeler à l’ordre, mais le mal est fait, au bout des 6km de route pour le 1er chck-point, les douaniers mettent la chaîne devant nous, et nous devons attendre dans le K6 dans un environnement sale sans que nous sachions combien cette pause allait durer. Finalement, le guide nous avoue que nous en avons pour 3h. Déjeuner donc, mais la moutarde commence à monter au nez. A la fin de la pause, la chaîne est enlevée et nous passons en quelques secondes. 100Km plus loin, le poste de douane réel nous attend.

Les camions d’un côté, nous de l’autre dans un hall totalement vide. Les formalités vont assez vite, nous avons toujours au moins 3 personnes pour nous aider dans les paperasses. Puis c’est le passage du K6 au scanner. Un passage, c’est 10mn, nous sommes en 8e position. Une heure et demi plus tard donc, nous attendons le résultat. Là, nous sommes informés que, pour des raisons de lutte contre la corruption, le cliché est envoyé à Urumqi qui renvoie ses commentaires ou une acceptation. Il faut attendre une autre heure et demi qu’un officiel vienne et demande à JL des explications sur le cliché. Il y a une zone d’ombre à l’arrière du K6 qui a suscité des questions. Réservoir d’eau ? Batterie du frigo ? C’est dans la struture. Finalement, le douanier abandonne et signe le papier. Entretemps, les Hollandais nous ont rejoints et F discute avec la jeune femme, apprend qu’ils vont quitter Kashgar vendredi matin, soit le 3e jour du séjour. Nous, nous sommes bloqués jusqu’à lundi matin, car nos procédures vont durer 3 jours. La moutarde continue à monter…Le Serbe descend à Kashgar dans la voiture du guide des Hollandais en échange de 100$ au chauffeur. Nous laissons le K6 dans une zone hors douane et partons dans le minibus de l’agence de voyage locale pour Kashgar. En cours de route, nous réservons une chambre dans un hôtel à Kashgar qui accepte les voyageurs couchant dans leur véhicule sur le parking. Nous devons passer au moins 6 nuits sur place, nous choisissons de passer les 3 premières dans une chambre et le reste dans le K6. Le guide nous transmet le dossier car ce n’est pas lui qui fera la suite. Dans ces papiers, notre itinéraire en chinois. Après explications, nous comprenons qu’il est prévu une excursion dans le désert lundi, ce que nous n’avons pas demandé. Maintenant, le schéma de ce passage à Kashgar ressemble vraiment à du service forcé. De 4 jours à l’origine, les formalités sont passées à 6 jours et il y a un risque d’avoir à payer une prestation non demandée. L’hôtel n’est pas récent, mais il est typique, c’est amusant, et la plomberie est à peu près en bon état. La connection wifi ne suit pas, ou la censure, mais impossible d’atteindre gmail.

J88 15/08/2017 Encore un pont coupé

Encore une vingtaine de km de piste et de poussière avant de rejoindre la route goudronnée qui mène à Naryn. Mauvaise surprise le pont est coupé juste avant Ak Tal. Et vu le débit du torrent il n’y a pas de gué. Nous faisons 4km de piste à contre sens de notre direction avant d’arrêter une voiture et de comprendre que nous nous fourvoyons. Demi tour donc et nous nous engageons sur une route qui est un cul de sac sur notre GPS. Mais les habitants de villages que nous traversons nous confirment que nous sommes dans la bonne voie.

80km de piste poussiéreuse plus loin, un pont et de l’autre coté la route goudronnée enfin.

Le K6 n’a pas aimé ce dernier épisode de poussière et ses voyants d’alerte sont de nouveau allumés.

Naryn. Nous mangons devant une école à l’ombre d’un arbre. Le bazar est sans intérêt, mais nous pouvons trouver des fusibles pour l’éclairage de notre salon, et une poste pour envoyer une dizaine de cartes postales. Achat de pain, de fruits (ah, si nous avions su!) lavage du K6 pour présenter bien à la frontière, plein de gazole et d’eau potable à une des pompes à main qui alimente la ville, et nous partons à l’ascension du col le plus difficile à franchir des frontières chinoises. Frontière sino-kyrghize à laquelle nous sommes attendus demain.

Un autre col et un autre plateau en altitude. La route est belle lisse et évite les village qui se trouvent sur ce plateau, mais elle est souvent bordée par les cimetières. Les troupeaux de chevaux et aussi ceux de moutons la traversent sans embarras. Un camion finit de brûler sur le bas côté, les autres roulent dans la même direction que nous.

Dans l’après-midi nous atteignons l’embranchement de la piste qui mène à Tash Rabat. Monastère chrétien du XXII ou caravansérail les historiens s’interrogent. En pierre sèche, il est posé au creux d’un vallon herbeux à 3200m d’altitude. Un ruisseau coule dans le creux du vallon. Ce lieu pousserait à la méditation si ce n’est les campements de yourtes à touristes installés à proximité avec les nuisances qui les accompagnent principalement la musique.

Sans prendre le temps de méditer mais seulement celui d’en faire le tour nous ressortons de la vallée pour nous rapprocher de la route qui mène en Chine. Une fois de plus nous nous arrêtons à l’écart dans une prairie, ce soir en compagnie des marmottes.

Comme souvent au Kyrghizstan nous entendons des voitures circuler sur la piste tard le soir.

J87 14/08/2017 Nous piétinons les edelweiss

Nous déplaçons le K6 pour nous mettre à pied d’œuvre pour une montée à un sommet choisi au hasard. Celui-ci a un névé juste sous le sommet. Montée dans les alpages, il n’y a aucun sentier. De temps en temps, une yourte et le campement avec beaucoup d’enfants jouant dans les champs qui nous interpellent dans des langues que nous ne pouvons pas comprendre.

A un moment, nous repérons un cheval qui se découpe à contre jour sur le ciel au dessus de nous. Un peu plus tard, alors que nous croyons le rejoindre, nous le voyons monter exactement dans la trajectoire que nous avons choisie. C’est un cavalier avec 2 chiens. Pause déjeuner, puis nous atteignons le sommet.

Il ne fait pas très beau, les nuages s’accrochent aux sommets. Le panorama est grandiose, nous voyons le cirque complet à 360°, il y a de la neige tout atour. En bas, le lac est une grande étendue plate et brillante. Nous décidons de redescendre par la même itinéraire vers le K6 qui ne représente plus qu’un pixel dans le paysage. Et nous croisons le cavalier qui de loin nous demande de quel pays nous venons, et qui passe sans s’arrêter après nous avoir souhaité bon voyage. Dans le vallon voisin, les troupeaux commencent la descente.

Les bergers à cheval les poussent, sans chien. Deux grands troupeaux de plus de 100 bêtes. La descente sera longue. Nous atteignons le K6 en fin d’après-midi. Il faut déjà songer à trouver un endroit pour la nuit. Comme nous ne souhaitons pas dormir à 3000m, nous prenons le chemin de la descente ; via le col Moldo Ashuul.

Route non asphaltée, descente rapide sur elle-même et vertigineuse dans un paysage alpin très escarpé. Nous trouvons un coin très sympa un peu à l’écart de la route, dans un pré près du petit torrent qui ne fait pas trop de bruit. Toilette facile et nuit calme. Des voitures et des camions descendent du lac dans la soirée.

J86 13/08/2017 Ah, les yourtes !

Le père de la famille du guesthouse de Koshkor est seul pour nous dire au-revoir, mais il a un grand sourire, et nous montre un pouce en l’air quand nous partons. Visite obligatoire au bazar pour acheter des fruits et du pain, et nous voilà en route. L’objectif n’est pas clair, mais la direction est donnée : le lac de Song Kul pour une journée ou deux de randonnée. Sur la route qui nous y mène et qui n’est pas goudronnée, un embranchement retient notre attention, vers Tar Cyy. C’est un chemin de montagne, probablement utilisé uniquement par les 4×4. On peut le suivre depuis la crête où nous sommes montés pour voir la vue. Il suit la ligne de crêtes et se perd loin dans les chaînes qui se succèdent. Le panneau dit 16km pour Tar Cyy. Alors nous y allons en pensant pouvoir nous faire héberger ou seulement nourrir par des bergers dans les alpages. Le chemin est très aérien et les pentes sont rudes, mais le K6 avance vaillamment. Au bout des 16km, comme prévu, un campement de plusieurs yourtes disséminées dans un vallon. A la première yourte, une jeune femme parlant un peu l’anglais nous répond qu’ils ont déjà des hôtes pour la nuit.

Pas moyen de lui faire comprendre que nous pourrions nous contenter d’un emplacement à côté de la yourte pour la nuit, ou simplement elle ne souhaite pas nous voir autour, la conversation dérive sur le reste de la route qui continue jusqu’à Song Kul sur 30km. Le mari nous dit que la qualité de la route est pire que ce que nous avons vécu pour venir jusque là. Nous rebroussons donc chemin et reprenons la route normale, dite « du sud ». C’est assez cabossé, mais roulable jusqu’au pied du col qui monte au lac. La route monte sur elle-même, les lacets sont serrés.

Nous trouvons un emplacement pour la nuit au dessus du lac, avec un panorama fantastique. Nuit fraîche et super calme.

J85 12/08/2017 On descend de la montagne à cheval

Au petit matin, nous pensons qu’en fin de compte, il n’a plu que quelques minutes vers 6h. Mais en sortant de la yourte, nous pouvons constater qu’il a neigé toute la nuit à 50m au dessus de nous. Le ciel est totalement bouché vers le verrou que nous devons passer à cheval pour monter au deuxième lac, et de gros nuages noirs ont tout envahi. Décision est rapidement prise d’abandonner la randonnée vers le 2e lac, de redescendre et d’aller voir le marché aux bestiaux qui est le plus grand du pays, mais qui se termine vers 14h. Il fait froid, sauf dans la yourte principale où Aïnouka prépare le petit déjeuner. « Petit », car en fait, c’est une repas complet qui nous attend, avec notamment du poisson grillé fraîchement pêché dans le lac.

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Le harnachement des chevaux prend du temps, tout est trempé et froid. Nous repartons encapuchonnés finalement vers 10h, sous un ciel toujours plombé. Les chevaux mettent un peu de temps à se réveiller, et le passage le long du lac est plus impressionnant à la descente qu’à la montée.

Nous arrivons à Koshkor trop tard pour le marché aux bestiaux et devons nous contenter de visiter rapidement le village de Stalbek, avec la statue de Lénine (Lénine d’hiver, parce qu’il a son manteau) comme principale attraction. Nous passons un peu de temps à tirer les photos pour les faire passer à Aïnouka via Ali rencontré dans la rue.

Dîner dans la guesthouse avec un couple de jeunes français sympathiques comme nous en rencontrons beaucoup en vacances au Kyrgyzstan.