Le nord de l’Adriatique est très irrigué par de petites et nombreuses rivières qui m’obligent à de nombreux détours et calculs pour passer par les ponts. Je rencontre au passage un couple de jeunes Polonais venus pédaler dans le coin pendant leurs vacances. Très équipés et en forme. Je fais mes courses, je déjeune et fais la sieste à la Tasana à côté de San Michele al Tagliamento dans un parc public très calme et à l’ombre. Les courses du soir se font à Monfalcone, à une trentaine de km de Trieste. Le plat, c’est fini, le paysage est vallonné. Je pense aller jusqu’à la côte, et dormir près de la plage, mais un vent violent contraire me contraint à l’arrêt. Presqu’au col qui va me mener demain à Trieste, je redescends un peu vers la mer, et trouve un endroit à l’abri dans la forêt. Quelques randonneurs passent au coucher du soleil, ne semblent pas gênés de me voir. Je suis au dessus du Villaggio del Pescatore, à une quinzaine de km de Trieste. Il y a un peu de vent, je suis obligé pour la première fois d’ancrer la tente au sol, sans toutefois mettre les haubans.
Peu de temps après le coucher, j’ai la visite d’un sanglier. Assez impressionnant. Mais après quelques grognements de mécontentement, il repart et s’il est revenu plus tard, il ne m’a pas réveillé. Pas de point intéressant aujourd’hui ou pas le temps, en tous cas, il n’y a pas de photos. La nuit est calme dans la nature sans bruit.
Je suis réveillé par le bruit d’un énorme tracteur, il n’est pas 6h. L’engin s’arrête à quelques mètres de mon abri, puis redémarre et s’éloigne, je continue à l’entendre tourner dans le champ de maïs. Je prends mon petit déjeuner, petite toilette du matin, démontage de la tente, et départ à 7h40. Le paysan a en fait déposé des bidons d’essence et fait son boulot dans son champ, je ne le vois pas. Objectif Venise dans la soirée.
Il y a quelques villages, le centre est toujours pavé, un vrai bonheur…. A dix kilomètres du point de départ, Montagnana, typique.
Passée la majestueuse porte d’entrée, on tombe sur le cinéma. On croirait Cinema Paradiso, on s’attend à rencontrer Philippe Noiret.
Le centre-ville est tout à fait d’époque, mis à part la Maserati dernier modèle, tout à fait exotique ici. L’élégance italienne…
Ensuite, il fait très chaud, les routes sont toutes droites et sans relief. Rencontré un pédaleur et un vieux couple, nous ne nous arrêtons pas. Déjeuner à côté de Moncelice. J’atteins Chioggia (à la pointe sud de la lagune) après bien des détours dûs aux canaux.
La lagune est bordée par une digue sur laquelle on peut circuler. Je prends le bac sur le vélo, les marins me font descendre de vélo, mais pas payer. Naïf, je pense qu’il s’agit d’un service public.
Je me baigne dans l’Adriatique, un vrai plaisir, malgré les voisins italiens qui s’imposent.
Le 2e bac est beaucoup plus gros et prend même des autobus. Là, il me faut payer 8,7€ (un ticket pour moi, un autre pour le vélo…).
Et comme je fais mes courses au Lido, je perds du temps (il faut dire que je n’étais pas prévenu), et dois repayer, mes tickets sont expirés (1h pour passer les 2 îles avec les 3 bacs, je n’y crois pas).
Du coup, refoulé par 2 campings bondés et terriblement bruyants, j’ai du mal à trouver un coin pour dormir, finalement entre un champ de maïs et une villa de luxe. Nuit très tranquille.
Départ un peu avant 8h. Je choisis les petites routes moins passantes et plus directes pour Mantoue. Je traverse de jolis villages fermiers. Le parcours est agréable, il y a beaucoup moins de voitures.
En France, nous avons les chenilles de la pyrale du buis, il semble que le nord de l’Italie soit infesté par d’autres insectes très voraces.
Cela doit être le jour, j’ai vu 2 enterrements, les corbillards sont des Mercédes rallongées sensationnelles.
Au passage, je fais des rencontres plus naturelles que les autres jours.
Je fais les courses du déjeuner à Carrefour au centre de Mantoue. Déjeuner et sieste au bord de la rivière dans un parc. Je ne suis pas le seul à siester là, la vie est cool à Mantoue.
Et paf, encore une impasse, ça commence à devenir lassant…
J’ai beau me presser, l’orage me suit fidèlement. Il me faut trouver un abri pour la nuit, un peu plus étanche que ma tente. J’ai repéré sur le GPS un bois à la sortie de Legagno, mais il a disparu de la surface de la terre. Je finis par décider d’aller me cacher dans un champ de maïs peu après Minerbe, au nord-est de Legagno. Chance : une ferme abandonnée, dont un appentis m’attend, avec même un balai pour faire le ménage et une botte de paille toute neuve. J’installe donc ma tente sur la paille et parfaitement à l’abri. Et je n’ai pas fini de dîner que la pluie tombe à seaux. J’espère seulement que personne ne va avoir l’idée de venir voir quelle est cette lumière là où personne n’est censé se trouver. Pas de grande toilette ce soir, mais une nuit confortable au sec par le temps qu’il fait, c’était inespéré. Bien évité.
Départ à 8h20. Je m’aperçois au moment de partir que j’ai perdu la burette d’huile de vaseline. Arrêt donc à Décathlon à San Martino Siccomario au sud de Pavie pour se laver dans les toilettes et racheter de l’huile pour la chaîne.
J’entre à Pavie par le pont couvert, magnifique. Je croise un routard à vélo dans les rue pavées de Pavie, ni l’un ni l’autre n’avons envie de nous arrêter dans cet enfer pour les fesses.
Un peu après Pavie, le vélo devient lourd à tirer, c’est la première crevaison du voyage. Il n’y en aura pas d’autre. Elle n’est pas liée au pneu arrière tout neuf : avec la chaleur et la charge, une vieille rustine a lâché, le trou s’étant agrandi au diamètre de la rustine. Je consomme la chambre à air de rechange.
A l’arrivée sur Crémone, grosse surprise, il y a une piste cyclable en site propre, grand luxe, avec lampadaires.
Et puisque cette piste si confortable m’emmène au centre-ville, bon prince, je fais une petite visite à la cathédrale.
Courses du soir dans un Carrefour au centre de Crémone.
Nuit au bord du chemin de fer (2 trains…) près d’un transformateur électrique à la sortie de la ville. Et je peux faire ma toilette et la vaisselle au bord de la route à une fontaine, sans que les joggers ne fassent aucune remarque. Nuit très calme.
Je suis réveillé par un camion tirant une remorque lourdement chargé d’un engin de chantier, puis des joggers, et enfin un petit camion de ramassage des poubelles. Personne ne prête grande attention à cette petite tente sur le bord du chemin.
Départ à 8h. Le trajet se fait sur la grande route qui suit le Pô. C’est très plat, très roulant, mais il y a beaucoup de circulation. Fondamentalement, la route est assez large, mais se resserre de temps en temps. Les camions ont globalement du respect pour les cyclistes et attendent derrière pour pouvoir doubler.
Un peu au sud de Crescentino, première trace de la voie Eurovélo 8, après de multiples essais. Je décide de me laisser faire, malgré les multiples détours affichés par le panneau.
…et à 10km de là, après de multiples carrefours avec des virages à 90°, ça s’arrête brutalement à Santa Maria. J’ai essayé le chemin, mais ce n’est qu’un accès aux champs. Il n’y a pas de continuité. Retour à la grande route, on arrête les excursions pour aujourd’hui.
Je quitte la vallée du Pô temporairement, car il n’y a pas de route qui suive les méandres. Je m’arrête pour la nuit à la sortie de Lomello, dans un champ en contrebas de la route, mais il n’y a pas d’accès à l’eau de la rivière locale, l’Agogna. Nuit très confortable, les herbes très hautes ayant servi de matelas, la route à 100m s’est désertée à la tombée du jour.
La journée commence par la descente à Briançon. Le long du contournement par le haut, un cycliste sur vélo ultra moderne me fait la conversation. Je me rends compte alors que j’ai vraiment l’allure de ce que je suis : un routard, lourdement chargé avec les sacoches.
La montée au col de Montgenèvre est plus facile que prévue, malgré la charge sur le vélo, la circulation des voitures, des camions et des camping-cars. Il y a de belles vues sur Briançon.
2 Français à vélo de course me prennent en photo au col, et m’avertissent que du côté italien, il ne faut pas trop espérer des signalisations pour les vélos. Quant à l’Eurovélo 8, jamais entendu parler. Au moment de repartir de Montgenèvre, je suis pris de douleurs violentes au genou droit, au point de penser à rebrousser chemin. Puis ces douleurs se calment plus ou moins dans la descente.
Je suis l’ancienne route, et je freine pour ne pas dépasser le 60km/h qui me paraît être la limite de mes capacités de contrôle du vélo.
Au passage, je survole Exilles, petit bourg moyenâgeux en contrebas de la route, où nous nous étions arrêtés en allant à Kathmandou.
Les Italiens ne semblent tous favorables à la construction d’une ligne TGV entre Lyon et Turin…
Courses à Carrefour puis déjeuner dans le centre de Suze, dans un parc avec une fontaine d’eau potable.
Arrivé dans la plaine du Pô, je ne m’arrête pas pour monter à la Sacra di San Michele qui domine la route depuis une grande colline escarpée.
Mais je fais une petite halte pour voir une petite église à l’entrée d’un couvent un peu plus loin. Il y a de l’ombre, et les bâtiments sont sympas, au bout d’une allée de platanes. Il part de là un itinéraire pour Turin à vélo, mais le paysan du coin m’avertit que c’est très sinueux horizontalement et verticalement, sans être plus sûr que la grande route.
L’entrée dans Turin est interminable et très encombrée. Je m’arrête dans l’entrée d’un supermarché pour m’abriter d’un gros orage dans le centre de Turin.
Il y a à Turin de jolies maisons art nouveau.
Comme il a beaucoup plu et que je ne trouve pas de traces de l’Eurovélo 8 sur les quais du Pô, je suis la rive droite jusqu’à la sortie de la ville pour chercher un endroit sec, traverse un grand parc et finis par rouler sur des chemins de chantier au bord de la rivière, près de Gassino Torinese. Je suis apparemment au sud de l’aéroport, mais il n’y a pas trop de bruit. Je plante ma tente en bordure du chemin, dans un pré non cultivé. A la nuit tombée, pour éviter les nombreux moustiques, je vais me tremper dans le fleuve.
J’appréhende la montée au col du Lautaret et la chaleur. Départ à 8h. Dés le départ du Clapier, c’est raide dans les gorges de l’Infernet.
9h. Je m’arrête au barrage du Chambon pour caler mon itinéraire : par le nouveau tunnel très étroit et mal éclairé, ou par la route de déviation sur la rive gauche, qui monte et descend beaucoup.
Après avoir salué l’église de Mizoën, j’opte pour le tunnel que je traverse le plus vite possible en évitant les camping-cars roulant au milieu par peur de heurter la paroi.
Arrêts buffets à la Grave et au col.
J’avale la descente vers Serre-Chevalier à plus de 60km/h et finalement j’arrive pour le déjeuner à Villeneuve où m’attendent F et nos amis Lacheret. L’après-midi se passe en shopping : achat d’un nouveau cuissard chez Odlo et d’un short léger dans un magasin de sport.
2 nuits en chalet à Serre-Chevalier.
Départ vers 9h. Il fait beau. Le vélo est léger, je n’ai pas les grosses sacoches qui viendront avec le K6 et F. Ça roule bien malgré la chaleur, la moitié du trajet jusqu’à Grenoble sur la voie verte et sous les arbres à partir de St Gervais sur la rive gauche de l’Isère.
Déjeuner rapide sur les quais sous la Citadelle de Grenoble. Un couple de retraités me demande ce que je fais là.
Passage à Decathlon Grenoble pour une chambre à air et à l’Entrepôt du bricolage en face pour une sangle à la sacoche de guidon.
Dans l’après-midi, je grimpe les gorges de la Romanche, il fait très chaud, je suis obligé de m’arrêter plusieurs fois pour boire et me refroidir à l’ombre. Je passe au hameau des Roberts, je me sens un peu chez moi…
A Livet, une femme sort de la mairie à l’ombre de lquelle je me reposais pour me demander si tout va bien.
Nous avons prévu avec F de nous rejoindre à Bourg d’Oisans. Nous pataugeons, F m’a doublé probablement quand j’étais à Grenoble et elle est montée jusqu’au Lautaret. Nous finissons par nous retrouver en bas de la côte vers la Grave. Nuit dans le K6 dans le lit de la Romanche.
Cette fois, c’est en vélo que JL va tenter de rejoindre Istamboul depuis la maison. Je vous épargne la photo du vélo chargé prêt à partir, cela en découragerait plus d’un. On verra par la suite qu’il est possible de faire ce type de voyage avec un vélo plus léger et beaucoup moins chargé, mais avec un confort moindre (si on peut parler de confort pour ce type de voyage…)