J53 11/07/2017 Apprentissage du Tadjikistan

Réveil matinal, il semble qu’il y a du bruit alentour. Un coup d’œil à l’extérieur confirme que les lieux ne sont pas aussi inhabités qu’ils paraissaient la nuit. Cette zone est en fait un lotissement en cours de développement, et il y a des maisons en construction sur les terrains. Des ouvriers sont à l’œuvre dans une maison un peu plus loin et un camion arrive dans la maison voisine, il va nous falloir bouger. Nous prenons quand même le temps du petit déjeuner pendant que les voisins commencent à installer des fenêtres, et nous voilà partis. Les routes sont apparemment bien meilleures ici qu’en Ouzbékistan, et le K6 file. Nous revenons vers le sud pour accéder à la vallée du Zerafshan où nous comptons faire quelques balades dans la montagne.

Déjeuner dans un restaurant au bord de la route avant les grandes montées d’un col. Les clients de la table voisine qui voyagent dans une grande Mercedes (c’est un peu comme en Albanie ici, on trouve tout un tas de Mercedes assez âgées) et une grosse Nissan nous offrent de la viande, de la salade et de la pastèque. Il faut se laisser prendre en photos et accepter ces cadeaux, c’est un peu embarrassant. A la fin, ils semblent abandonner leur demande d’une lettre d’invitation pour un voyage en France, et nous pouvons repartir.

La route monte en grands virages avec un grand tunnel mal éclairé et très étroit. Nous pensons à nos amis cyclistes ou motards qui sont comme nous obligés d’emprunter cette route pour rejoindre Douchanbé.

Nous montons vers Iskander Kul, le lac envisagé pour la nuit qui est un lieu apprécié de l’élite Tadjik : la présidence y a une villa au bord de l’eau.

Nous nous demandons comment alors se fait-il que la route soit si mauvaise, jusqu’au moment de découvrir le site de la villa et son héliport…En tous cas, le site vaut le détour, car nous sommes à 2000m d’altitude, et les sommets avoisinants nous semblent très hauts, c’est impressionnant. Les montagnes sont désertiques et abruptes. Nous posons le K6 au bord du torrent pour la nuit, après avoir acquitté un péage pour entrer aux abords du lac.

J52 10/07/2017 Une boucle, un trou, une boucle, un trou (MP.Belle)

Aujourd’hui, il faut s’occuper de faire le plein du K6 avant de s’engager plus loin. Nous n’avons que 300km d’autonomie, et ne savons pas quelle est la situation au Tadjikistan. Chaqir, sournoisement consulté, offre 2 solutions : la pompe utilisée par la société de transport du groupe familial, ou directement l’atelier du groupe. Nous voilà donc partis pour la pompe où nous sommes refusés. L’atelier est juste à côté, le chef d’entretien accepte de nous céder 40l à 5000TJS/l. Il faut comprendre que ces 40l font partie d’une réserve transportée par l’un de leurs cars pour ses propres besoins. JL n’en négocie pas moins et obtient 4500TJS/l. Et nous voilà dans la rue, à 3 pour porter cette nourrice et la vider dans le réservoir du K6 sans problème, on voit que les Ouzbeks ont l’habitude de cette gymnastique. Nous apprenons à l’occasion que les stations affichent des prix obligatoires, mais que si l’on demande à payer ce prix, il n’y a plus de carburant dans la cuve…L’essence normale, affichée 2800TJS/l est en fait vendue couramment 6000TJS/l !

Nous prenons congé de notre sympathique et très serviable Chaqir après avoir dûment rempli le livre d’or, et allons voir le dernier monument à notre programme : l’observatoire d’Ulug Beg, du moins ce qu’il en reste. Pas grand-chose, en fait, mais le musée d’à côté renferme des trésors de miniatures et de photos et documents concernant l’astrologie.

 

 

 

 

 

 

 

Quant à l’observatoire, il reste un double rail courbe en marbre gradué taillé dans la roche directement.

Déjeuner local dans un petit restaurant à proximité.

Départ vers la frontière.

Arrivés à Bekobod qui est une ville très industrielle, nous errons dans les faubourgs proches de la frontière dans des rues pleines de trous pour trouver le passage. Il se trouve au fin fond de la ville, et nous comprenons rapidement qu’il est réservé aux locaux. En fait, pour nous, il faut encore remonter 42km plus au nord pour passer à Chanak. Le détour fera en fait au moins 84km de plus…

A Chanak, on nous fait poireauter 1/2h devant la grille, mais nous savons que la frontière est ouverte 24h/24. Les Ouzbeks ne sont pas intéressés d’examiner en détail la voiture, et veulent aller vite (un douanier vient même chercher dans nos papiers le document dont il a besoin et que nous ne trouvions pas). Entre les 2 postes-frontières, il y un magasin duty-free assez folklorique.

Du côté Tadjik, le plus long est l’inspection du véhicule, plus par curiosité comme d’habitude, que par soupçon. On nous fait ouvrir le toit, et un teckel renifleur vient monter partout dans le K6. Tous les papiers sont remplis en cyrillique par les fonctionnaire, et JL signe tout sans rien comprendre. 27$ plus tard, nous sommes dehors, il fait nuit et nous avons faim. Les fonctionnaires nous font comprendre que nous pouvons coucher n’importe où, il n’y a aucun problème ni risque.

25km plus loin, nous trouvons une zone en développement et nous cachons au bout d’une avenue dans un chemin. Il n’y a personne, nous n’entendons que le bruit lointain des camions sur la grande route.

J51 09/07/2017 2 mariages et pas d’enterrement

Ce matin, c’est parti avant 7h, nous étions sur le chemin du bazar qui est le plus animé le dimanche. Il n’y a pas de frontière entre le bazar et le marché. Il s’agit juste de zones différentes d’un même espace commercial organisé par secteurs et produits. A l’entrée, les producteurs apportent leurs fruits et légumes, soignent leur étalage et interpellent les clients. Les allées sont très resserrées, on se côtoie, se bouscule joyeusement en tâtant les fruits, argumentant. Ici, c’est le domaine des femmes. Et les femmes ouzbèkes tiennent de la place. On pense à Georges Brassens…Nous sommes souvent identifiés comme Français, les gens ont de grands sourires, les références citées sont, dans l’ordre, Zidane, Macron, Miterrand. Ensuite, on trouve les graines et épices, plus loin les viandes et dans un bâtiment séparé les produits laitiers. Une grande zone abrite les quincailleries, les outillages, tous les produits non périssables. C’est immense, l’activité est intense, tout Samarcande se retrouve au bazar, y compris des profs de français qui font leurs courses pour aller fêter le 10e anniversaire de l’université dans la montagne.

Le petit déjeuner n’en a que plus de saveur.

Ensuite, il est temps de s’occuper du K6. Chaqir m’accompagne pour aller faire réparer la jante cabossée. Nous nous retrouvons dans une rue de Samarcande où l’on trouve des mécaniciens et tout le nécessaire pour l’entretien des voitures sur au moins 2 km. Chaqir se renseigne, choisit finalement un petit garage. En quelques minutes, la roue est déposée, et redressée en 2 coups de masse directement sur la jante. L’étanchéité du pneu est vérifiée, et la roue remontée sur le K6. Le tout n’a pas duré 10mn et coûte 0,70€.

Chaqir tient à ce que le K6 soit lavé immédiatement. Là, cela dure plus longtemps, lance à eau sous pression, shampoing, rinçage et essuyage, 1/2h et 2,5€. Là, nous comprenons que Chaqir est très fier de cette grosse voiture élégante devant son hôtel. Effectivement, le K6 attire les badauds maintenant qu’il est propre. Le voisin patron de la buvette du coin, va même jusqu’à nous offrir un verre d’une décoction fleurant le coca, la cerise, l’abricot.

Mais sur notre chemin, un restaurant très kitsch fait beaucoup de bruit, nous entrons pour voir, et tombons en pleine fête de mariage. Tout le monde danse, c’est très joyeux, et nous sommes immédiatement invités. Nous ne sommes pas habillés pour cette circonstance et devons refuser une nouvelle fois cette occasion de vivre un événement local (en plus, JL a cassé une bride de ses sandales).

Nous poursuivons nos visites par le mausolée de Tamerlan. Très fin, décoration sobre, c’est la dignité et la grandeur. C’est très beau, surtout lorsque l’on compare à l’état dans lequel il était à la fin du XIXe siècle.

Pas de déjeuner aujourd’hui, nous sommes décalés. Une tasse de thé prise dans le hall de l’hôtel nous met en contact avec le dernier client de Chaqir arrivé le matin, un Allemand en vélo venant de Boukhara en 3 jours (280km). Épuisé par la chaleur et une dysenterie tenace, il va directement se coucher après avoir mangé 3 bananes.

Nous allons voir une nécropole dans le nord de Samarcande. Cela passe par le bazar, bonne occasion de faire réparer la bride de sandale.

Au dessus de la nécropole, face au Régistan, un nouveau bâtiment est en construction, c’est le futur mausolée de Karimov, le président Ouzbek qui a proclamé l’indépendance du pays, décédé fin 2016. Le chantier montre comment l’architecture « ancienne » est ravivée par l’activité touristique. La partie réellement ancienne de la nécropole comporte un grand nombre de tombes de personnalités célèbres dans l’histoire de l’Ouzbékistan. Ces tombes sont en fait de grands mausolées plus ou moins bien alignés, et l’ensemble sous la lumière du soleil couchant a une grande allure.

Dîner léger d’une salade dans la chambre après une grande discussion avec Roger Michel, le cycliste arrivé plus tôt qui se remet rapidement.

J50 08/07/2017 Samarcande, la perle de la route de la soie

 

Le petit déjeuner de Chaqir est pantagruélique, il faudrait 3 convives pour absorber ce qui est servi pour un seul. Nous avions prévu de partir en découverte au petit matin, et de revenir pour un petit déjeuner tardif, mais la paresse en a décidé autrement. Nous récupérons de tous les km dans le sable et la poussière et la chaleur.

L’hôtel Markorand est une affaire de famille. Nous hésitions entre l’hôtel Bibi Khanoun et celui-ci, eh bien ils appartiennent tous les deux à la même famille, qui possède en fait un groupe de sociétés liées au tourisme, agence de voyage, société de transport (10 cars), et plusieurs hôtels à Samarcande, Boukhara et bientôt Tashkent. Le patron est le grand frère de Chaqir. Chaqir, lui, a 27 ans, il est marié et a un garçon et une fille. Il n’est pas de Samarcande, il vient d’un petit village des environs où il a maison, famille et voiture (qu’il n’a pas le droit de conduire à Samarcande maintenant, mais, Inch’Allah, peut-être l’an prochain).

Chaqir nous recommande de partir à pied, et tourner dans le sens des aiguilles d’une montre : le bazar, la mosquée Bibi Khanoun et enfin le complexe du Reghistan. Ce que nous suivons scrupuleusement. Nous passons rapidement par le bazar, en cherchant une raquette tue-moustiques électrique pour le K6, sans succès. La mosquée Bibi Khanoun est un grand bâtiment dont on voit assez rapidement qu’il a été consolidé de bric et de broc et que les fissures sont encore là. On ne visite en principe pas l’intérieur, et cela vaut mieux, bonjour le béton !

Le Reghistan est plus imposant, constitué de plusieurs bâtiments, notamment 2 medersas qui se font face. A ce sujet, nous nous demandons si le fait que les médersas aient sensiblement la même architecture que les caravansérails qui les ont précédées ne vient pas du fait tout simplement que les caravansérails ont été recyclés en médersas…Les 2 médersas sont cependant intéressantes, car celle de Chir Dor a un portail avec ce qui est devenu l’emblème de Samarcande, des lions en tête de la façade.

De même qu’à Boukhara avec les cigognes, ces animaux représentent une entorse à la règle musulmane d’interdiction de représentation du vivant. Les autres bâtiments sont moins importants par leur contenu, mais la taille de celle de Tilla Kari est impressionnante,tandis que celle attribuée à Ulug Beg a une très belle coupole vue de l’intérieur.

Nous mangeons des Somsa dans la chambre avec des fruits achetés au marché, et après une sieste majoritairement consacrée à la rédaction des divers documents que nous suivons, et les tentatives de téléchargement de photos, nous repartons à travers la ville pour retrouver un jeune couple d’Anglais que nous avons déjà vus à Noukous et Boukhara. Sur le parcours, de la musique nous attire et nous voilà invités à un mariage, que nous refusons, étant déjà engagés. Vraiment dommage, l’ambiance avait l’air chaleureuse. Nous avions cru reconnaître Basile, mais c’était une erreur.

Dîner dans un restaurant « international » où nous avons pu comparer nos points de vues de vieux Français et de jeunes Irlandais et Écossaise (ils ont tous deux voté remain). AU cours de la discussion, nous découvrons que non seulement la frontière directe entre Samarcande et Pendjikent est fermée, mais la route de détour que nous envisagions de prendre est trop défoncée, il faut aller jusqu’à Thermez, à la frontière avec l’Afghanistan puis remonter au nord pour rejoindre Douchanbé. C’est donc un détour de 600km en tout. A comparer avec à peu près la même chose par le nord si nous passons la frontière à Bekobod. Décision est prise de passer par le nord dont la route semble plus fréquentable.

Retour à l’hôtel en « taxi », 6000OS, environ 0,7€ pour 5km.

J38 26/06/2017 Les cratères de Darzava

Lever tôt. Nous n’avons pas envie de traîner dans cet environnement. Pas de petit déjeuner à la tchaïkhana à côté de l’hôtel ou au restaurant de la veille. Rien n’ouvre avant 09h. Décision est prise d’aller se rouler dans le luxe du Sofitel (dont nous apprendrons qu’il a été cédé au gouvernement). Nous payons le même prix que pour la nuit, mais l’environnement est très différent. C’est le 5 étoiles international, buffet bien garni, et surtout WiFi très performant puisqu’une fois compris qu’il marchait à droite de la table et pas à gauche, JL a pu transférer 70 photos en quelques minutes sur le NAS de la maison, une performance. Les emails à Corentin sont partis, les estomacs sont pleins, nous pouvons prendre la route du Karakoum. C’est une traversée du désert d’environ 500km pour rejoindre le site de Kounia-Ourgentch à la frontière de l’Ouzbékistan. Sortant de l’hôtel, à côté du K6, se trouve une Transalp attelée à un side-car immatriculée en Allemagne.

C’est un couple qui a pris son petit déjeuner avec nous, elle assez élégante nous regardant de façon ostensiblement méprisante. Surprise, ce sont de vrais baroudeurs voyageant de toutes les manières possibles et ayant déjà beaucoup de pays à leur tableau de chasse, inscrits sur la tablier du side-car. Ceci mis à part, ils sont très sympathiques et communiquent assez volontiers en anglais (nous saurons plus tard que le mépris provenait du fait que JL s’occupait de son ordinateur au petit déjeuner au lieu de s’occuper de sa femme, et qu’elle n’a compris ce qu’est le K6 qu’en nous revoyant le soir). Sortie d’Ashgabat, emplettes au marché de gros où on essaie de nous vendre des cerises au double du prix (dire qu’on nous en a offert 2kg en Iran !).

Retour à l’aéroport magnifique (bravo Bouygues) pour changer 50€ et découvrir que la première fois que nous avions changé, le changeur s’était roulé lui-même. Enfin, passage à la station essence pour garantir le plein au départ, au cas où il n’y aurait pas de gazole sur le parcours du désert (mauvaise info, il y a plusieurs stations). Sortie d’Ashgabat, route à 2 chaussées bien polie et signalée, avec même des réverbères kitsh en accord avec la ville. Au fur et à mesure des km, la prestation se dégrade. Déjeuner au bord de la route, sous un arbre et même avec de l’eau, une vanne d’un tuyau fuyant pas loin. Amusant, la route traverse un lac où il y a vraiment de l’eau, parce que des lacs signalés sur les GPS, il y en a eu, mais de l’eau, point. Arrivée dans la région des cratères de Darzava, la route n’est déjà plus qu’une « chaussée » pas mal déformée et largement ponctuée de nids de poule. Pour accéder au cratère principal (celui qui brûle), il faut partir dans le désert, sur une piste de sable. Le K6 se débrouille très bien, même à la montée assez raide d’une dune. Quand on arrive au bord du cratère, c’est un peu la déception. Il n’y a rien à voir. Il faut se pencher pour voir des flammes au fond.

C’est quand la nuit tombe que la magie commence.

Le trou s’éclaire en orange, parfois rouge. C’est très spectaculaire. Ces cratères ont semble-t-il été créés par les Russes lors d’exploration pétrolière mal conduites. Les Allemands de ce matin arrivent peu après le coucher du soleil, une panne et l’ensablement inéluctable du side-car les ayant retardés. Un 4×4 les a tirés et les retirera le lendemain pour 20$. La présence du K6 les étonne. Il y a dans les environs du cratère quelques touristes, moins de 10, et tout le monde se tient assez loin, il y a des émanations de gaz toxiques inodores qu’il faut éviter d’inhaler trop longtemps.

J49 07/07/2017 La vallée des merveilles d’Ouzbékistan

 

Nous avons pu nous baigner dans le canal d’irrigation voisin, est ça, c’est un vrai luxe. La nuit a été calme, bercée par le bruit de l’eau et sous la lune presque pleine.

Au matin, beaucoup moins de monde pour nous voir partir. Cap au Nord, nous allons chercher les hommes préhistoriques cette fois. Trente km de route moyenne nous amènent à l’entrée d’un centre de vacances pour enfants au beau milieu d’une oasis. Le problème réside dans le fait que le centre de vacances est à cheval sur le chemin et qu’il est clôturé avec des gardes incompréhensifs. Il y en a même un qui se prend pour la police et demande nos passeports. Au bout d’une bonne demi-heure de palabres, nous finissons par retourner au K6 dépités quand les gardes nous rappellent et nous comprenons que le chef a dit ok finalement. Nous traversons donc le camp de vacances à pied sous bonne escorte et nous retrouvons de l’autre côté en plein cagnard. Il y a 2 km de marche, il fait au moins 45°C à l’ombre. Et le long du chemin, il y a effectivement 3 sites de gravures magnifiques sur des rochers sombres. Nous n’avons pas tout vu, il y en a sur 10km, nous nous sommes limités à 1km, mais nous avons vu des animaux à cornes, les félins en chasse, des hommes en chasse, un homme bien pourvu, et des femmes dansant. C’est très émouvant.

 

 

 

 

Retour sous le soleil, traversée sous escorte, même pas vu le chef. Déjeuner sur place à l’ombre dans le K6 au bord du ruisseau.

Nous retournons à Navoy et arrivons même à trouver un moyen pour traverser la voie de chemin de fer pour prendre la route de Tim, petit village à une centaine de km au Sud où se trouve un mausolée intéressant. Mais après 40km de très mauvaise piste, nous jetons l’éponge. Si nous continuons de ce train, nous allons casser quelque chose. C’est trop défoncé, il y a des pistes parallèles à la route dans le sable qui ne sont pas moins difficiles (on plonge dans les trous), la poussière entre partout malgré l’air conditionné. Nous rebroussons chemin.

2h de route plus tard, nous entrons à Samarcande, la ville la plus célèbre de la route de la soie. Empoussiérés, fourbus, cabossés (une jante arrière du K6 a un choc important sur la lèvre), nous sommes ravis de trouver Chakir qui tient l’hôtel Marokand, et parle et comprend le français.

J37 26/06/2017 Rencontres et visite de Merv

Mots-clefs : Turkménistan, Merv, Turmens, russe, histoire,

Dans la nuit, un tracteur a erré dans les plantations, probablement pour traiter quelque chose d’inaccessible de jour. Nous nous réveillons tôt, et avalons notre petit déjeuner, un jeune homme lave une voiture devant l’un des bâtiments. Quand nous nous décidons à partir, il vient vers nous et nous invite à prendre le thé. Nous acceptons, dans l’idée de peut-être pouvoir visiter les immeubles et comprendre où nous sommes. Perdu et gagné, cette petite invitation se déroule dehors, sur un tapis sous les arbres, mais Françoise peut revoir sa copine de la veille au soir, et la discussion s’anime autour des enfants, des voyages, etc, le tout sur base de « dictionnaire » franco-russe et du livre de photos que F a fait tirer avant notre départ.

Le jeune homme est surtout intéressé par le K6. J’échange la visite du K6 contre la visite de la maison, et nous voilà partis. En fait, ces trois bâtiments sont des maisons construites par le père que nous voyons à peine, pour lui celle du milieu, pour 2 de ses fils les autres. Le fils qui nous guide est le n°4 et dernier de la fratrie qui compte aussi 4 filles. Tatiana, la « mère » n’est que la nouvelle épouse du père. Elle a 58 ans, le père 64. Nous visitons la maison, extraordinaire par les dimensions des pièces, et les arrangements, l’entrée majestueuse avec un escalier central qui se dédouble à mi-hauteur, une cuisine complète, la pièce à vivre d’au moins 70m2 et une seule chambre. Au 2e étage, une pièce pour lire au centre de la terrasse qui permet de voir le site archéologique et toute la région (mais pas de livres à l’intérieur), et au dernier étage, la salle de prière surmontée d’un dôme en plexiglas vert. En fait, le fils et sa femme vivent avec les parents du fils. Eux couchent dans la chambre, et les parents sur la terrasse. Dommage que les finitions ne soient pas au niveau, la maison serait parfaite. Nous avons du mal à partir, il faut accepter des abricots, des pommes et des prunes, des conserves et des concombres. Nous échangeons les adresses. Et nous quittons cette famille très accueillante. Peut-être aurons-nous des nouvelles.

Le site de Merv est très ancien. Il a été détruit et reconstruit plusieurs fois. Il en reste peu de chose par rapport à la grandeur passée, mais on peut se rendre compte de la taille de la ville et des monuments par les ruines des murs croulants existants. Depuis le site, on peut apercevoir les maisons de Tatiana avec leur dôme vert.

Il y a plusieurs enceintes qui restent, et faire le tour prend du temps. Quelques mausolées sont encore debout, probablement parce qu’ils font l’objet d’un culte constant, notamment ceux de 2 compagnons du prophète.

En repartant, nous traversons un marché aux bestiaux. On y traite de chameaux (pardon, de dromadaires), de vaches, de moutons, de chèvres et de poules. Il y a un monde fou, les transactions vont bon train, on peut lire le stress des vendeurs, et l’agressivité des acquéreurs. Finalement, les animaux sont traînés par les cornes ou tout autre partie saisissable dans le véhicule de l’acquéreur. Nous avons surtout vu des chariots tirés par des mules, mais aussi un veau entre les sièges de la Toyota Camry standard ici. Les chameaux sont les seuls à repartir libres d’entraves.

Pour déjeuner, nous stoppons près d’un lac alors que nous ne sommes pas encore revenus sur notre itinéraire imposé. JL ne peut pas s’empêcher de se baigner, et au moment où il se rhabille, des policiers arrivent. Nous ne comprenons pas ce qu’ils demandent, les remercions pour leur aide et faisons signe que nous partons. On en reste là. En route pour Ashgabat, la route est bonne, et les contrôles routiers ne nous tracassent pas.

Ashgabat, c’est très curieux. Au premier abord, on a l’impression d’entrer dans un décor hollywoodien pour une série aseptisée et irréelle. Tout est blanc. Puis on se rend compte que chaque bâtiment a une fonction que nous avons de la peine à percevoir, les mots nous étant totalement inconnus. Et enfin, on voit le reste du décor, qui est constitué de vieux bâtiments soviétiques alignés et en mauvais état. Il y a peu de circulation, et pourtant des policiers à tous les carrefours. Les voitures respectent le code à la lettre.

Au bout d’une heure de visite en voiture de cet environnement, nous cherchons un hôtel, sachant que nous n’aurons pas de WiFi cette fois-ci. Le Dayan fait l’affaire à 40$ la nuit pour deux dans des lits crasseux séparés, avec une salle de bains indigne mais dont les WC et la douche sont utilisables.

Dîner dans le jardin de l’hôtel, un lieu branché où les femmes turkmènes si élégantes dans leurs robes traditionnelles sont habillées comme des occidentales, jupes courtes ou jeans. Étonnant. Ce restaurant a un WiFi mais il est utilisé uniquement par les serveuses pour transmettre les commandes. Dîner turkmène, avec des soupes et des boulettes de viande arrosées de bière locale dans une ambiance musicale disco où se succèdent Dylan, les Beatles, des locaux, et même Nathalie de Bécaud, 100dB au moins.

Nuit calme après avoir débranché l’air conditionné.

J48 06/07/2017 Comment la Chine nous a empêchés de visiter le minaret Kalon

 

Nous sommes encore à Boukhara qui devient plus attachante avec le temps. Les Ouzbeks sont très curieux et nous arrêtent beaucoup pour être pris en photo avec nous. Il y a aussi de moins en moins de touristes étrangers. Ce qui fait que nous rencontrons pour la 3e fois un jeune couple d’Anglais rencontré à Noukous au départ.

Le matin, après le cimetière juif, nous visitons la maison khodjaiev, très intéressante par sa disposition, mais aussi pour le petit musée du propriétaire qui a été un communiste de la première heure en Ouzbékistan, président du pays, et qui a fini par être décapité par Staline.

Suite au bazar, nous recherchons le caravansérail indien, mais il n’existe plus (bulldozers, poussière…). Pour la première fois, nous faisons le plein d’eau en achetant des bonbonnes, nous n’avons pas confiance dans les eaux proposées pour la boisson au bout d’un tuyau. Enfin, avant de partir, nous ne pouvons pas manquer d’aller voir la tour Eiffel de Boukhara, le mausolée d’Ismaël Samani , un cube dont l’architecture, compte tenu de son âge, a montré la voie à de nombreuses réalisations ultérieures.

C’est l’occasion de faire la rencontre d’Israéliens venus voir la maison de leur grand-mère en famille.

Déjeuner dans un restaurant voisin de salade de pâtes, brochettes, arrosées de coca, à côté d’une maman allaitante.

Notre dernière visite est pour les médersas de Modar-i-khan (où JL monte sur la toiture) et Abdullah Khan, un peu délabrées.

 

Une centaine de km plus à l’Est, nous dînons d’un melon, salade et yaourt et posons le camp près d’un canal d’irrigation proche d’une ruine de caravansérail dont il ne reste que le porche d’entrée et le puits de l’autre côté de la route. Des gamins nous ont repérés, ils ont droit à quelques Carambars, les ados qui leur succèdent à des sourires, les adultesà des remerciements, et nous nous couchons. Mais évidemment, le policier de service veut montrer à ses copains ce qu’il est capable de faire et vient nous « contrôler ». Il veut que nous allions ailleurs parce que les gens du coin pourraient venir nous boxer et frapper le K6. Nous ne savons qu’un seul mot compréhensible pour lui : niet. Et if finit par s’en aller avec ses copains et un grand sourire. La bonne blague !

Nuit très calme, avec le bruit de l’eau qui coule à côté.

J47 05/07/2017 Boukhara, grande étape de la route de la soie

Bien que Abdul nous ait recommandé de nous lever tôt, d’aller faire un tour en ville et de revenir pour le petit déjeuner, nous n’avons pas pu nous extraire du lit avant 7h, et donc, nous sommes allés directement profiter du petit déjeuner préparé par la mère d’Abdul. A retenir, les crêpes impeccables (technique russe, dit-elle, nous sommes désolés pour les Bretons). Et donc ensuite, au lieu de paresser sur les tapis d’Abdul, nous nous sommes immergés dans la fournaise de Boukhara. 2e jour, c’est un jour chaud. Comprendre, la température montera au dessus de 43°C. A l’ombre bien sûr. Nous déplaçons le K6 pour qu’il soit à l’ombre le matin au moins. Les monuments de Boukhara sont nombreux et tous intéressants pour l’histoire de la ville, l’architecture originale, les évènements de la vie politique de la région.

Avant de de pouvoir consacrer notre temps à la visite de la ville, nous devons encore envoyer un fax à Paris pour la partie chinoise du voyage, et poster des cartes postales. Ce type d’activité triviale en France prend un temps fou à l’étranger si l’on ne connaît pas le langage et les coutumes.

Je laisse de côté des descriptions dignes des guides touristiques que l’on peut trouver partout. Notre hôtel était près du complexe Liab-i-Haouz qui semble être le centre de la ville, au moins de la vieille ville. Il y a là tout autour une mosquée, un mausolée, des bazars, et beaucoup de restaurants et de boutiques pour les touristes.Il y a aussi le bassin alimenté par le Chah Roud, un canal qui alimente la ville. L’ambiance est là, s’il n’y avait pas les voitures sur les parkings, on pourrait imaginer voir les chameaux au repos, les marchands discuter.

On peut s’installer au bord du bassin dans la chaïkana, siroter son thé en regardant les joueurs de dominos et les gamins qui escaladent joyeusement la statue de Nasredin (Tartarin version ouzbek)

Matin : forteresse, prison, jardin, la mosquée Bolo Haouz,

Pour refroidir une peu, déjeuner dans un restaurant high class dont la patrone, jeune blonde dynamique parle plusieurs langues : lasagnes au chou, salades.

Après-midi  : médersas Abdul Aziz Khan, et Ouloug beg. Nous avons aussi pu visiter l’ensemble Po-i-Kalon, 2 médersas se faisant face, l’une étant probablement la Normale Sup. de l’enseignement islamique.

Est-il utile de dire que ces monuments sont magnifiques, et laissent une impression de richesse. Il y a quelques fois peu de différence entre une médersa, une mosquée ou un caravansérail. La structure de base est la même, une enceint avec de hauts murs, une seule porte, un plan carré avec des tours aux angles, et tous les espaces intérieurs ouvrant sur la cour. Certains bâtiments ont même eu des fonctions variés au fil des siècles. Ce qui impressionne aussi, c’est le nombre de ces bâtiments qui reflète le rayonnement qu’ils avaient sur la région.

Nous avons fait la connaissance d’un musicien pratiquant une foultitude d’instruments, y compris certains qu’il a inventés et fabriqués. Un brodeur d’or travaillant pour le musée, un miniaturiste inventant lui aussi les histoires que ses œuvres racontent, et Timur le vendeur de cartes postales (8 ans).

En fin de journée, les couleurs chatoyantes et chaudes, c’est féérique.

Dîner chambre melon, petits gâteaux

J46 04/07/2017 L’épopée des prospecteurs de pétrole

Mots-clefs :  Ouzbékistan, Boukhara, gazole

De bon matin, retour sur l’A380 et nous défilons les km. Brusquement et sans avertissement, elle se termine par une route à une chaussée , « normale »sauf que cela sonne le retour des nids de poules. Les 100 derniers km vers Boukhara sont un enfer. De plus, lorsque la route est défoncée et qu’il faut freiner, accélérer sans arrêt et rouler avec vitres fermées à cause de la poussière, le K6 consomme plus que prévu et l’autonomie diminue rapidement. Dès l’entrée dans Boukhara, nous nous mettons en quête de LA station délivrant du GO. Et découvrons rapidement que personne ne sait, car on nous envoie à droite et à gauche vers des stations ayant une pompe mais pas de GO. Finalement, nous revenons à l’idée de départ : s’adresser à un utilisateur de GO. C’est le cas d’un garage qui vend des camions MAN et ISUZU. Le patron rigolard me dit que la pompe juste à côté, que nous avons questionnée déjà 2 fois, en vend. Au vu de nos doutes, il monte dans le K6, nous y emmène et nous sert pendant que le patron de la station pilote la pompe depuis la guérite. Seul problème : le prix a sauté de 3500 à 4500OS/l. Cela met le plein de 85 litres (il restait 10km d’autonomie…) à 380000OS, soit moins de 50€. Nous ne nous plaignons pas et avons compris une chose. En Ouzbékistan, c’est comme ailleurs. C’est le réseau qui ouvre les portes. Cette recherche nous a quand même pris 2h30. Nous nous arrêtons donc dans un restaurant au bord de la route pour le déjeuner, il est 15h.

L’accès au centre de Boukhara n’est pas aisé. Pourtant, nous ne pouvons pas laisser le K6 trop loin. Nous optons pour une guesthouse et découvrons en route que le centre est truffé de petits hôtels et maisons d’hôtes. La notre est moderne, mais on peut en trouver dans des maisons anciennes rénovées. Abdul nous accepte très jovialement et nous faisons partie de la famille immédiatement. C’est les vacances, la maison est pleine d’enfants qui jouent. Nous partons en exploration.

Boukhara est différente de Khiva. La ville est plus grande, et les monuments sont dispersés, car la vieille ville n’existe plus. L’histoire de Boukhara aussi est différente. Elle se situe plus tard dans le temps, et le rayonnement de Boukhara a été plus important que celui de Khiva. Aujourd’hui, Boukhara est active et en développement. Le tourisme n’est important que dans le centre. Nous constatons que les prix sont en forte inflation, le coefficient multiplicateur étant parfois de 2 à 3. Le change est aussi plus favorable à Boukhara (9000OS/€).

Après une petite sieste un peu obligatoire à cause de la chaleur, nous repartons en exploration. Françoise se fait un tas de copines à l’occasion d’une photo de groupe.

Nous découvrons que les touristes ouzbeks ne sont pas intéressés par les mêmes choses que nous, et qu’il y en a beaucoup à Boukhara qui sont en fait en pèlerinage sur des lieux sacrés. Mosquées, madrasas, caravansérails, bazars sont noyés dans les monuments anciens transformés en hôtels, salons de thé ou restaurants.

On dirait que Boukhara est toujours sur la route de la soie, et que les visiteurs d’aujourd’hui ont pris le relais des caravanes d’hier.

Dîner au restaurant à côté duquel est garé le K6 pour sensibiliser le personnel à la garde du véhicule. Beaucoup d’étrangers, mais aussi quelques Ouzbeks.