Nous commençons la
journée par la visite de l’amphithéâtre romain voisin.
C’est dimanche,
mais contrairement aux prévisions des Suisses, nous trouvons une
boulangerie ouverte dans le centre-ville.
A la sortie de Saint Maurice, nous nous arrêtons pour prendre la photo d’un vieux pont, rejoints par une famille dont le père fonce dans JL en voulant repartir plus vite et sème ses compagnons le long de la route.
Le parcours est
assez plat. Nous finissons par semer la famille du fou-furieux avant
d’arriver au lac Léman dans une zone touristique fermant tout
accès à l’eau. Nous filons vers St Gingolph, par une piste bien
goudronnée, mais qui fait des montées et descentes trop raides.
Il fait beau, sauf
une averse dans l’après-midi, à l’entrée d’Evian (sous un
abri-bus).
La prévision météo
(maintenant que nous sommes en France, nous avons les données) n’est
pas bonne, nous prenons la décision de louer un mobile-home, c’est
impossible, tout est complet et personne ne veut louer pour une nuit.
Nous optons pour la
nuit au Formule 1 de Vongy près de Thonon, rejoints par 8 motards.
Toilette dans les toilettes communes de l’ « hôtel ».
Départ du camping sous la pluie qui vient de commencer.
Toute la journée se
passe le long du Rhône, avec une petite pluie fine le matin.
Nous longeons la grande usine Lonza, dont les Suisses nous dirons
plus loin les dégâts de pollution qu’elle a entraînés dans
toute la vallée qui a utilisé les boues issues des procédés
chimiques.
La piste est parfaitement goudronnée (commune aux rollers), mais peut se dégrader quelquefois en chemin caillouteux inconfortable. La signalisation est facilement identifiable.
Courses à Sion,
déjeuner au bord du Rhône.
Nous ne sommes plus en montagne, l’habitat est plus moderne et moins intéressant, mais il reste encore des maisons anciennes, maintenant en pierre.
Un chevreuil
traverse le fleuve dans le courant juste à côté de nous, sans nous
laisser le temps de prendre un cliché.
Il y a un fort vent
de face (comme disent les Suisses, la vallée du Rhône, ça se
remonte!)
On retrouve nos
Parisiens du train, toujours hautains et galéreux : le père a
perdu son téléphone et ne se trouve plus avec les 2 autres. Tout le
monde est au courant.
Courses 5km avant
Martigny, mais pas d’endroit agréable pour camping sauvage, nous
optons pour le camping TCS de Martigny où nous sommes très bien
accueillis et informés.
Nous avons eu des
voisins arrivés après le coucher du soleil et repartis avant le
lever…
Nous faisons les
courses à Oberwald en partant, avec l’ambition de déjeuner chaud.
Pas de pot, la
cartouche de gaz achetée à SuperU (en Turquie?) est fuyarde, ou du
moins c’est ce que nous croyons. On la jette.
Nous rachetons une
vraie cartouche Camping Gaz au camping de Ulrichen, trouvée fuyarde
aussi. Mais après l’avoir manipulée, nous arrivons à étancher
la fuite, ce qui fait penser que c’est le réchaud qui est
défectueux et que nous avons jeté la cartouche précédente pour
rien. Nous nous éloignons du camping, le propriétaire pourtant
sympathique n’ayant qu’un goût modéré pour le risque
d’explosion.
Petit déjeuner dans
l’herbe près d’une auge le long de la route n°1, et en présence
d’un nid de balles de fusil étrange.
Le balisage est
quelquefois difficile, on se retrouve de l’autre côté du Rhône.
Nous traversons de
jolis villages anciens.
Un détour très
escarpé du côté de Grengiols, nous avons une discussion
intéressante avec un couple de Fribourg en vélo comme nous, perdu
sur le sentier du pont des Romains (Römer Brücke).
Nous faisons les
courses à Brig dans un supermarché Coop.
F râle parce
qu’elle ne veut pas dépasser Brig, mais accepte d’aller jusqu’à
Brigerbad pour dormir dans un camping.
Il ne pleut plus, et nous avons le temps d’admirer le pont du Diable au passage dans la côte qui remonte vers Andermatt.
Au bord de la piste cyclable un espace est aménagé avec barbecue, provision de bois sous abris et même une hachette pour fendre les bûches. Comme il ne faut pas tenter le diable la hachette est enchaînée.
Bizarrement taillé
dans la roche, il y a un monument à la gloire du général Suvorov
qui a battu Napoléon à cet endroit en 1799.
Dans la montée, on
trouve une des galeries de l’armée suisse creusée directement
dans la roche, éclairée pour l’édification des touristes.
Nous faisons les
courses sans acheter de pain dans un supermarché, espérant trouver
une vraie boulangerie sur le chemin. Perdu, il faut nous rendre à
l’évidence, pas de boulangerie dans les petits villages. Il nous
faut acheter 5FS un pain bis congelé dans un restaurant géré par 2
sympathiques jeunes femmes.
Quelquefois, il y a
déviation de la route n°1, et cela peut nous emmener dans des
endroits peu roulants…avec des pentes à 11 %.
On déjeune dans la côte. La montée est longue, F met pied à terre et pousse son vélo pour reprendre haleine.
Au sommet, lorsque nous voulons prendre la photo avec le panneau, nous rencontrons un jeune japonais qui fait profession de pédaleur errant depuis 1 an et demi. Il ne reconnaît même pas le japonais de JL, et a aussi du mal à comprendre l‘anglais. Trop seul, trop longtemps…mais c’est lui qui prend la photo.
Pas d’hôtel au
col Furka.
Pas d’hôtel au
belvédère. Il faut débourser 2x9FS pour pouvoir aller voir le
glacier du Rhône, sans recevoir de ticket… Tout le monde ne paie
pas les taxes en Suisse.
Les premières gouttes d’eau du Rhône s’élancent vers la Méditerranée.
La descente jusqu’à Oberwald est comme la montée du col : rapide et efficace.
Pas d’hôtel à
Gletsch
Arrivés à Oberwald
nous nous précipitons au camping officiel dans les bois, très
informel et sans possibilité de restauration.Un gentilhomme suisse
déplace sa voiture pour nous permettre d’installer la tente sur un
coin de verdure.
Il est tard vite il
faut retourner en ville. Et là, pas trop de choix, à l’heure où
nous arrivons, le seul restaurant à servir de la cuisine chaude
(si!) est le Ahorni (les érables) où les pizzas sont délicieuses.
Le projet consiste à rejoindre Andermatt, dans le canton d’Uri en Suisse en train, puis de monter à la source du Rhône par le col de la Furka et de redescendre le Rhône jusqu’à Pont d’Isère et remonter finalement jusqu’à Mours Saint Eusèbe.
Départ tôt le matin, il y a 5 trains à prendre, où il va falloir monter et descendre 5 fois vélos et sacoches (et nous!), 12h de voyage pour être à Andermatt. Dans le dernier tronçon, nous sommes accompagnés par un couple et un jeune (parisiens à coup sûr) déguisés en cyclistes publicitaires (m’as-tu vu avec mon blouson IBM?) infoutus de charger un vélo dans un train ni de renvoyer l’ascenseur quand on les aide.
L’hôtel réservé
est à Göschenen, il faut donc prendre la route et, surprise,
descendre une pente très raide sur 6km pour atteindre le village.
Comble de bonheur : il pleut. Bon, l’hôtel est plus ou moins
conforme, simple et très cher. Pas de restaurant pour dîner, il
faut sortir et aller manger un poulet « en corbeille »
sauce au curry (succulent, mais cher) dans l’hôtel d’à côté.
Je traîne dans les rues touristiques du côté de Galatha et achète des babioles pour la famille.
Une limonade dans le restaurant du premier soir me met en discussion avec le chef de rang qui m’a reconnu et se rappelle même ce que j’ai mangé. Lui est Kurde, il y a une serveuse Turkmène, et un autre serveur Ouzbèque. Istamboul est à la hauteur de sa réputation.
Taxi ronchon vers l’aéroport, pas de problème avec le vélo, et en route pour retrouver F à Lyon St-Ex pour le retour à la maison.
Il ne faut pas oublier que le but de cette expédition, ce n’est pas Istamboul, mais la partie asiatique d’Istamboul. L’idée, c’est d’aller passer le pont sur le Bosphore. Le problème avec les cartes, c’est qu’elles n’ont que 2 dimensions, alors qu’au sol, cela peut être très différent…
En essayant d’approcher du pont par le quartier Marmaray, je grimpe une fois de plus des côtes à plus de 10% (sans les bagages, il est vrai), et me retrouve plus haut que le pont. Marche arrière pour récupérer une bretelle d’accès. Manqué, la police l’a annexée et elle est fermée.
Demi-tour donc pour revenir plus bas sur une autre bretelle qui présente l’inconvénient d’avoir une voiture de police à la jonction avec l’entrée du pont, ce que j’ai pu voir d’en haut.
Au moment de traverser l’avenue pour rejoindre la bretelle, c’est la catastrophe. Je roulais à contresens, et un taxi m’a serré contre le trottoir. Focalisé sur le taxi, je n’ai pas fait attention à une bouche d’égout et la roue avant s’encastre dedans, bloquant le vélo. Chute à gauche, roue avant en huit. A moins d’un km du pont.
Le prophète a dit : « ce que la bouche d’égout a fait, la bouche d’égout peut le défaire ». Sitôt dit, sitôt fait, je détords +/- ma roue avec la bouche d’égout, en tous cas suffisamment pour qu’elle n’accroche pas le frein et me permette d’avancer.
Et je m’engage sur le pont, non sans passer à côté des pandores qui ne me prêtent aucune attention. Il est vrai qu’il y a un panneau d’interdiction aux piétons, mais rien pour les vélos. C’est quand même assez aérien, et les voitures qui passent à quelques cm rendent l’exercice assez risqué.
Mais je ne touche pas à mon frein avant et tout va bien.
Au bout du pont, un panneau me souhaite la bienvenue en Asie, et un autre me vante IHI, qui pourrait réaliser mes rêves, ce que je fais tout seul.
Photo au milieu du pont et selfie pour le souvenir à l’autre bout.
Je fais le retour en ferry, et cherche une boutique pour acheter un carton pour le vélo.
Dans le quartier du bazar voisin de l’hôtel, il y a des magasins de vélo et je regrette d’être limité en poids pour l’avion, j’aurais pu acquérir à peu de frais des éclairages légers et tout un tas d’accessoires bon marché.
Dîner le soir sur la partie asiatique par le ferry dans un restaurant branchouille, et retour en métro. Grande nuit bien calme, je commence à être conscient de la fin du voyage.
Départ avant 7h en reculant d’un km pour reprendre la route. Montées, descentes, la mécanique maintenant habituelle de cette grande route côtière.
A l’approche d’Istamboul, les problèmes s’accumulent. Il n’y a plus de file d’arrêt d’urgence, je suis contraint dans une bande de 30 à 40 cm où je cohabite avec une forte bande blanche, la saignée qui me suit depuis des centaines de km (câble de communication ?) et les bourrelets du goudron. Tout cela crée une certaine instabilité…Les voitures et surtout les petits cars me serrent. Il y a aussi une prolifération d’entrées/sorties qui m’obligent à couper des voies entrantes et sortantes pour garder le cap. A chaque fois, il faut se démonter le cou pour anticiper les trajectoires des voitures qui peuvent changer au dernier moment. Bref, tout cela est fatigant.
Arrêt à midi à Büyükcekmece où se tient une exposition internationale et se tourne un film. Je m’installe sur un trottoir à l’ombre et un homme s’arrête pour me donner un donut en m’expliquant qu’il fait aussi du vélo itinérant, et une femme me tient la jambe en allemand pour m’expliquer qu’elle a vécu 15ans en Allemagne. Marrant. Je repars et me trouve rapidement à court d’eau. Expérience renouvelée du refus de la part d’un pompiste de donner de l’eau. Je finis par m’arrêter dans un café de luxe pour prendre un café et obtenir de l’eau (que je paie plus cher que le café) après avoir reçu de l’eau chaude et du café plein un de mes bidons. Je ne m’en rends pas compte avant l’arrivée, mais ma montre a cessé d’enregistrer mes mouvements à cet endroit-là. J’ai fait 65km depuis le départ ce matin.
Je décide de quitter la route express et entrer en ville. Achat d’une cannette de Coca, conversation intéressante avec 2 soeurs étudiantes, à la suite de quoi je me fais vider par le cousin boutiquier qui a probablement des vues sur l’une d’elles.
Plus loin, surprise agréable, il y a une piste cyclable le long du littoral, qu’il faut suivre avec prudence car les pelouses sont envahies par une foule de Stambouliotes endimanchés et barbecueteurs qui empiètent allègrement sur la piste.
L’arrivée sur l’hôtel est un peu sportive, je me retrouve dans le capharnaüm du pont de Galatha, de la gare ferroviaire, du terminal des ferries. La distance totale du jour est probablement d’environ 100km, ce qui porte le voyage à plus ou moins 3000km depuis la maison.
Le quartier est très populaire, touristique, mais local. L’hôtel est simple et sympa, on remise le vélo à l’arrière en traversant le restaurant. Le personnel me reçoit avec le sourire.
Super dîner (13€) sur une terrasse dans une rue voisine, vue magnifique.
Nuit très calme, mais je me réveille plusieurs fois.
Départ tôt juste après 7h, le vent est absent, je veux en profiter avant qu’il se lève. Ce qu’il fait vers 9h, rendant la progression plus lente. La route monte et descend, un vrai bonheur. J’attends la descente définitive vers la mer et Tekirdag. La 11e montée est la plus tuante, 2,8km à plus de 7%. Mais c’est aussi la dernière et la descente se fait à fond la caisse. Je n’ai plus de compteur, pour le réinitialiser, il me faudrait mesurer la circonférence de la roue et surtout savoir comment entrer les paramètres dans la boîte.
Je rejoins la mer de Marmara à Suleymanpasa, l’entrée de Tekirdag, la station balnéaire avec une drôle d’architecture.
A Tekirdag, courses pour le déjeuner, et déjeuner dans un kiosque sur l’esplanade de la plage avec un gamin Turc qui bulle. Sieste sur place, je dors réellement au point que j’ai du mal à me retrouver au réveil. Et ça repart, le long de la côte, il n’y a plus de grandes dénivelées. Arrivée à Marmara vers 16h30, je ne trouve pas de super-marché et je continue. Je finis par trouver un petit épicier qui me vend du pain et de la viande séchée, super bonne. J’ai des difficultés pour trouver un endroit correct pour poser la tente. Finalement, je me glisse dans une résidence et essaie de me poser sur une plage privée, mais on me déloge gentiment en m’indiquant qu’il y a « un camping gratuit 1km plus loin ». C’est une zone de travaux abandonnés squattée et « administrée » par une harpie et sa famille. Je fuis et atterris sur une plateforme entre la route et la mer. Je monte la tente pour la dernière fois . Ce sera très bruyant et dur, mais c’est local et c’est la dernière nuit. A côté de ma tente, un petit monospace turc est garé, avec une tente sur le toit. Il y a un couple et 3 enfants qui n’arrêtent pas de monter et descendre l’échelle. La femme est voilée et porte un chador jusqu’aux pieds. Mais tout le monde se baigne plus ou moins habillé. Ils prennent un repas rapide et repartent après avoir replié la tente. Je reste seul sur ma plateforme.
Les panneaux indiquent Istamboul à moins de 80km, mais je pense qu’il ne s’agit que de l’entrée, car un calcul fait sur Google Maps avec le gamin à midi donnait Istamboul à 147km, et je n’en ai fait que 50 depuis. En tous cas, j’ai repéré l’hôtel sur mon GPS, et je sais à peu près comment y aller via l’aéroport Attaturk. ça sent la fin du voyage.
Nuit bruyante à cause de la route, et je me réveille avant la sonnerie.
Départ tôt à 7h20, un peu retardé par le check-out du camping. La route est très confortable, et les pentes relativement aisées. Je suis à la frontière dans les temps (10h30), après avoir emprunté l’autoroute malgré moi sur 6km avant la douane, ce que le douanier ne relève pas « l’autoroute s’arrête de toutes façons avant le poste de douane, donc vous n’étiez pas sur l’autoroute ». Passage rapide aux deux postes, les douaniers sont sympas pour les pédaleurs. Du côté Turc, je ressens le vent du nord, de plus en plus présent. Les pentes de la route sont plus fortes, et la fatigue vient vite. Je déjeune sous une tonnelle d’un restaurant inoccupé avec la bénédiction du patron, et fais la sieste à l’ombre des pampres. Je repars, mais dois m’arrêter un peu plus loin pour acheter un Coca. Le cafetier, « Mike », a passé 25 ans aux USA, et nous parlons pendant une bonne heure. Courses du soir à Marsala, où je bataille pour trouver un distributeur de billets. Trop difficile de trouver le vendeur d’or qui pourrait changer des Euros, et sans Lires Turques, pas de fruits sur le bord de la route. Je suis interviewé par une équipe de reporters locaux amusés par ma présence. Bilan, il est urgent de trouver un lieu de couchage, il n’est plus question d’avancer aussi loin que prévu dans l’itinéraire bâti à Lin qui prévoit d’aller jusqu’à Cavuskoy. En fait, je m’arrête à 2km de Cavuskoy, dans un petit chemin menant aux champs, à 200m de la route dont j’ai toujours le bruit porté par le vent du nord. Il y a une auge, je peux me laver et faire la vaisselle. En principe, pas de troupeau à prévoir, il n’y a pas de crottes autour de l’auge très propre.
Je découvre que les photos prises hier et aujourd’hui sont absentes de mon téléphone. Ah, la technologie me lâche petit à petit, le compteur de mon vélo s’étant aussi réinitialisé sans prévenir. Bon, je pense bien que c’est l’opérateur qui est nul dans ces deux cas.
Nuit très calme, sauf le bruit de la route porté par le vent. Boules d’oreilles en fin de nuit.