J70 28/07/2017 Juste à temps

Après la journée bien remplie de la veille, nous devons penser à retourner au Kygyzstan, car le visa Ouzbek se termine aujourd’hui. Une brève discussion nous permet de confirmer la décision de la veille : nous continuons vers Kokand pour voir le palais du Khan, puis nous remontons vers Namagan en vue de passer la frontière à Kurch-Urgan.

Le palais du Khan vaut bien le détour, il y a quelques plafonds très beaux, et des expositions des curiosités de la région, parmi lesquelles des outils préhistoriques trouvés sur un site proche. Moustérien, paléolithique, on aurait dit que tante Denise hantait les lieux. Des costumes, notamment de femmes, sont très beaux aussi, avec les soieries. Quelques photos du 19e siècle rappellent des coutumes locales, au temps où il y avait encore des caravanes. L’architecture du palais elle-même, ne vaut pas grand chose, tout l’extérieur a été refait.

Quelques km plus loin, nous déjeunons à Namangan, dans le parc Bubar, où ne se trouvent que des attractions foraines. La ville est entièrement moderne et montre une autre facette de l’Ouzbékistan.

Il est temps d’aller à la frontière, car nous ne sommes pas certains de son ouverture aux étrangers. Au bout d’une route tortueuse et de plus en plus cabossée, il y a une clôture en fil de fer barbelé, et c’est tout. C’est complètement fermé. Un gentil quidam nous explique qu’il faut retourner à Kokand pour passer de nouveau à Osh. Nous avons bien essayé de trouver un chemin plus court, mais en fin de compte, il faut se rendre à l’évidence : il n’y a qu’un seul passage de ce côté-là. Retour à Osh donc. 2,5h de passage, scanner, écotaxe, etc, y compris la demande de « cadeau du cœur» pour le douanier qui s’occupe de l’écotaxe. Le livre de la famille fait son office et détourne l’attention des douaniers.

Trouver un emplacement pour la nuit est beaucoup plus difficile, il y a une heure de plus à la montre. Nous finissons dans un chemin creux peu fréquenté, assez loin finalement du lac que nous visions. Grenouilles et cigales pour la nuit.

J68 26/07/2017 Ouzbékistan, le retour

Nous prenons notre petit déjeuner dans les premiers pour pouvoir partir tôt. Comme toutes les tables sont prises et que nous ne sommes que 2, un couple de Français avec deux enfants nous ayant repérés comme compatriotes nous demandent à venir manger avec nous. Et nous discutons avec ces jeunes qui ont déjà fait un voyage en vélo en Asie en 2005. Nous découvrons des points communs, ils nous donnent des idées de balades pour le 2e séjour au Kirghizstan dans 3 jours. Et soudain, nous découvrons que ce sont les voisins de Céline à Mens. Le monde est petit. Pendant le petit déjeuner, un jeune homme fait coucou de loin à JL qui n’y comprend rien jusqu’au moment du départ où le jeune Italien rappelle que nous nous sommes rencontrés en Cappadocce. Il y a d’ailleurs un autre couple qui partageait notre campement cette nuit-là au petit déjeuner ce matin. Là, rien d’anormal, nous suivons la même route. Cet Italien est arrivé dans la nuit sur une dépanneuse avec son vieux Land-Cruiser. Comme quoi, même ces engins-là peuvent tomber en panne (moteur cassé?).

Après un faux départ dû à une connection manquante à F, nous croisons les 3 4×4 Toyota hollandais rencontrés sur un gué dans le Pamir, et qui étaient nos voisins de parking la dernière nuit ici (nous avons dormi sur le parking dans le K6). Ils semblent chercher leur route dans Osh pour remonter vers le Nord du Kirghizstan. Nous avons pu constater que dans certains groupes, notamment des multiples de 3, l’harmonie n’était pas toujours présente. Un groupe de jeunes cyclistes belges semble aussi à la peine. Quelques courses avant le passage de frontière, et nous voilà repartis.

A la frontière, la traversée à pied des passagers ne se fait pas facilement, il y a un couloir de filtration et une queue importante en plein soleil. Les policiers et les douaniers sont finalement sympas, et le passage nous prend 2,5h. Nous pouvons aller déjeuner dans un restaurant au bord de la route un peu plus loin (3€).

Nous sommes surpris de trouver à Kuvah un supermarché tout neuf, moderne et bien approvisionné. A Ferghana, nous pouvons profiter du bazar immense pour faire quelques achats.

Recherche un peu tardive du lieu de couchage, le propriétaire des champs vient nous rendre une visite avant que nous soyons couchés. Tout semble aller bien. Extinction des feux à 23h locales (nous avons repris une heure sur le décalage).

J67 25/07/2017 Toujours croiser les informations…

Une grande part des informations que nous avions était fausse. JL rencontre de nouveau l’interprète de la conférence sur l’agriculture qui se déroule dans la guesthouse, et il insiste pour que nous rencontrions un de ses copains spécialiste des moteurs. Bien que nous ayons eu l’information hier que rien n’est possible à Osh, nous acceptons son offre et nous voilà partis pour des ateliers plus ou moins informels (globalement, des tas de moteurs démontés, de pièces détachées plus ou moins identifiées, et beaucoup de cambouis). L’un deux nous oriente vers un spécialiste dont il dit qu’il peut avoir la solution au problème. Et JL découvre soudainement que ces gens qui importent des voitures de partout connaissent le problème du K6 pour le rencontrer chaque fois qu’ils s’occupent d’une voiture européenne de moins de 8 ans : les systèmes anti-pollution sont détruits en moins d’un mois au Kirghizstan. Donc ils ont les moyens de supprimer tous ces contrôles et obtenir que ces voitures fonctionnent normalement sans. Et pour 500 soms (6,4€ environ), le spécialiste supprime les défauts et le K6 retrouve toute sa puissance instantanément. Évidemment, il y a une contrepartie qu’il explique franchement. Il ne sait pas combien de temps cette manipulation peut durer, et le filtre n’étant plus actif, le K6 va fumer bleu. Il recommande de nouveau de rouler en consommant le plus de puissance possible pour faire chauffer le moteur et essayer de brûler les scories, mais semble penser que le filtre est mort de toutes façons et qu’il faut le changer. Le clou, c’est qu’il recommande de passer par le centre technique de Volkswagen à Bishkek pour passer le K6 à une valise du constructeur qui donnera la situation exacte du filtre. Merci à Volkswagen Utilitaires Service pour les mauvaises informations transmises. En tous cas, nous pouvons maintenant considérer l’avenir sous un jour nouveau, même si notre K6 n’est plus au top de l’anti-pollution, il peut rouler et continuer son chemin dans ces pays où, de toutes façons, personne ne s’occupe de pollution, le pays est très grand et la densité de voitures plus faible qu’en Europe. Pourquoi confier le service clients à des personnes qui ne veulent que se débarrasser des clients qui appellent plutôt que de fournir une aide adaptée à leurs problèmes. Nous décidons donc de passer une nuit supplémentaire à Osh et continuer le voyage comme prévu par l’Ouzbékistan brièvement pour voir la vallée de Ferghana et les chevaux, puis retourner au Kighizstan. A Bishkek, nous pourrons voir l’agence de voyage du trek Minier et peut-être faire quelque chose avec eux. De toutes façons, nous irons chez l’importateur VW pour évaluer la situation et essayer d’éviter le retour d’un blocage. Ce repos nous permet de rencontrer de nombreux cyclistes et routards de toutes catégories dans cette guesthouse et partager de nombreuses expériences multinationales.

Un court séjour au bazar pour évaluer le taux de change entre somonis du Tadjikistan et USD (nous ne voulons pas tricher avec l’Anglais avec qui nous allons traiter le change de nos somonis en excès contre des dollars). Nous en profitons pour faire les courses des jours à venir. Déjeuner dans un petit restaurant à côté du bazar.

De retour à la guesthouse, nous nous installons en vacances pour l’après-midi. Des cyclistes rencontrés sur la route du Pamir nous rejoignent, exténués mais contents.

J66 24/07/2017 La réparation de l’amortisseur

Petit déjeuner buffet en pleine matinée, entourés de routards plus ou moins fatigués. La guesthouse où nous sommes accepte les tentes. Il y a donc dans l’espace restaurant les gens qui sont soit en dortoir, soit sous la tente, voire qui ont couché dans leur véhicule, et qui sont installés confortablement. On trouve tous types de voyageurs, et le sujet des conversation est unique : le passage des frontières. C’est comme dans les forums sur internet, certains affirment de fausses informations avec aplomb. Nous, nous sommes préoccupés par les pannes à résoudre.

Comme l’heure ne permet pas encore de discuter avec les Français, nous partons en exploration pour voir de quel type sont les garages de la région. Et, coup de chance, nous tombons sur un spécialiste des trains roulants, orienté véhicules haut de gamme. Le chef d’atelier, Azam, jeune de 27 ans, s’intéresse à notre problème d’amortisseur et nous partons faire un tour pour qu’il se rende compte de l’importance du bruit qui ne s’est pas manifesté lorsqu’ils se sont mis à 6 pour secouer le K6. Convaincu, il attaque derechef le démontage, sans se changer, avec son pantalon blanc. Un de ses nombreux cousins l’assiste, courant d’un bout à l’autre du garage pour rapporter les outils demandés. Il a 14 ans et est en vacances.

Nous avons commencé à 10h. L’amortisseur part vers 11h30 pour un autre atelier où il sera réparé. Nous allons déjeuner dans un petit restaurant voisin, de 2 hamburgers (Ombeline et Basile vont hurler…) et de Pepsi-Cola. F retourne à la guesthouse pendant que JL supervise la réparation. L’amortisseur revient plus propre, et en meilleur état, et le remontage avance, avec quelques erreurs qui obligent parfois à démonter ce qui vient d’être remonté (l’arbre à cardans, le soufflet). Le mépris des précautions de sécurité est impressionnant : le gamin assis sous le moteur du K6 pendant que la sécurité du pont élévateur est retirée et que le K6 descend pour forcer l’amortisseur dans son logement… A 18h, on a fini. Passage à la banque pour retirer les 7000 soms demandés, et nous retournons à la guesthouse pour tenter de trouver une solution au problème de puissance.

Gros moment de solitude face au service client de Volkswagen Utilitaires France. Un technicien plutôt sympa explique bien la panne et ne donne pas d’espoir de solution simple. C’est passage à la valise obligatoire pour un protocole de régénération informatisé. Un appel plus tard, il n’est pas possible d’effectuer manuellement ledit protocole qui est inscrit dans la machine et dépend du véhicule. Pour savoir où l’on peut trouver la plus proche valise, il faut contacter un autre service. Et là, c’est grandiose. Pour l’amortisseur, de toutes façons la garantie est limitée à 6 mois, vous pouvez y aller. Elle n’a pas les informations en dehors de l’Europe, puis est certaine qu’il n’y pas d’importateur au Kirghizstan. En tous les cas, on ne peut rien pour vous. Et d’abord qu’est-ce qui nous a pris de sortir de France avec ce véhicule ?

A la fin de ces discussions démoralisantes avec Volkswagen, il est trop tard pour contacter qui que ce soit localement pour prendre une décision. Après discussion, nous arrivons à une conclusion : d’une part le technicien a dit que rouler avec forte consommation de puissance pour faire chauffer le moteur serait peut-être capable de nettoyer les filtres, d’autre part, les taux de change des somonis en soms sont ridiculement bas à Osh et normaux (comparés à l’€) à Sary Tash où nous sommes passés la veille. Alors, remonter au col pourrait être gratuit, ce serait payé par la différence de taux de change des 550 somonis que nous avions pris en précaution à Khorog. Nous décidons d’aller au bazar vérifier que le taux de change des somonis en soms a chuté de moitié avec l’altitude. Il semble en effet qu’il n’y ait qu’au bazar des changeurs acceptant les somonis mais avec un taux ridicule. Après nous verrons.

Bonne nuit.

J65 23/07/2017 Un dimanche à Osh

Au petit matin, nous repartons tôt, histoire de s’éloigner de la vache morte qui empuantissait l’atmosphère à côté du K6. Nous déjeunons dans le lit du torrent un peu plus bas dans la vallée. De très beaux chevaux sont en liberté et broutent tranquillement autour de nous. Des gamins mènent des troupeaux de vaches aux champs, juchés fièrement sur leur cheval. Ces gamins jouent avec le cheval comme s’il était une partie d’eux-mêmes, cela leur est naturel.

Nous apprécions la route lisse et en pente douce qui nous fait oublier les défaillances de notre K6, et nous roulons bon train dans la descente vers Osh. Au début, paysages de montagne, villages alpestres. Puis, arrivés en plaine, les grandes étendues avec les troupeaux de vaches, de yacks, de moutons et de chèvres. Et partout des chevaux, même à l’arrière des pick-ups, tout sellés.

Arrivés tôt à Osh, nous nous précipitons au bazar qui est en pleine animation du dimanche matin. Nous ne sommes pas déboussolés, c’est bien un bazar asiatique, beaucoup de boutiques vendant la même chose les unes à côté des autres, garantissant que l’on trouvera la meilleure marchandise au meilleur prix. C’est finalement organisé comme celui que nous avons vu à Murghab, des conteneurs alignés les uns à côté des autres. Ici, les allées sont couvertes, le tout formant un espace fermé, avec des voies de circulation étroites. Les clients se côtoient, se bousculent, les livreurs hurlent pour se frayer un chemin, les vendeurs crient pour vanter leur marchandise, tout cela bouge et vit intensément. On reconnaît les Kirghizes à leur drôle de chapeau haut, généralement blanc.

Des femmes passent entre les boutiques, agitant une poêle où brûlent des herbes, dégageant une fumée épaisse, elles sont payées pour ce geste chaque commerçant leur donne une pièce.

Il s’agit d’éloigner les moustiques et les mouches, et cela sent bon l’herbe brûlée. Ce bazar/marché occupe une énorme surface, créant une grosse activité. Nous nous acheminons vers une guesthouse pour la connection et les douches. Là, on nous informe que le dimanche est jour férié et que tout établissement sérieux sera fermé. Déjeuner rapide dans la chambre et nous partons à la découverte. A vrai dire, il n’y a pas grand chose à Osh. Alors nous optons pour la tour Eiffel du coin, la colline de Suleiman. Il s’agit d’une colline pleine de grottes plus ou moins grandes qui font l’objet de différents cultes. L’avantage, c’est qu’on peut y voir Osh de haut.

La ville est jolie avec tous ses arbres, et ses avenues bien alignées. Sur le chemin du retour, nous avisons un restaurant un peu chic où se déroule un mariage avec des petites filles en robes blanches. On nous y accepte pour le dîner, salades et shashliks (brochettes).

Nous rentrerons à pied malgré la nuit qui tombe en traversant un parc où les familles viennent prendre le frais. Des hommes des femmes et beaucoup d’enfants de tous âges. JL ira visiter une yourte à trois étages pendant que F tranquillement assise sur un banc observera la vie du lieu. Une toute petite fille haute comme trois pommes mangent consciencieusement un demi épi de maïs son visage est sérieux et concentré mais elle semble très déterminée à mener cette activité jusqu’au bout. Quand il ne reste plus que quelques grains elle éloigne l’épi de sa bouche repère ces quelques grains et finit son repas. Nous retrouvons le chemin de notre gite dans le noir il n’y a pas d’éclairage publique.

Nuit réparatrice au calme et dans le confort.

J64 22/07/2017 Trop de poussière

Ce matin, le K6 fait un peu la grimace. Il avait déjà eu des hésitations au démarrage, mais là, cela sent le problème : le pied sur l’accélérateur pendant au moins 10 secondes avant qu’il veuille bien bouger. Le régime moteur ne monte pas dans les tours. Après quelques km, il semble que le phénomène ne se produise plus. Bon, de nouveau le voyant du filtre à particules est allumé. La route longe une barrière de fils de fer barbelé qui délimite la zone non attribuée entre la Chine et le Tadjikistan.

Il y a quelques trous qui ne semblent pas récents et font penser que cette zone n’intéresse plus la Chine. Nous profitons du paysage qui devient conforme aux cartes postales à l’arrivée sur le lac Karakul. Les eaux bleues sur fond de montagnes enneigées, magnifique. Nous nous arrêtons dans le petit village de Karakul et trempons un doigt dans le lac, même pas salé.

 

Nous refaisons le plein d’eau potable à la pompe du village, et repartons à la montée du col de Kizyl-Art où se trouve le poste frontière avec le Kirghizstan. Quelques gouttes de pluie font baisser la température. Déjeuner prudent 3km avant la barrière, devant un monument grandiloquent souhaitant probablement la bienvenue dans le Pamir.

Nous avons vu un paquet de cyclistes aujourd’hui. Certains roulent à 7 de 3 nationalités différentes. Nous avons aussi croisé des Chinois à pied parce qu’ils croyaient pouvoir utiliser des transports en commun. Or il n’y en a pas sur ce tronçon. Normal, il n’y a personne ou presque.

Le poste de douane du Tadjikistan est à quelques km du col. C’est un endroit assez vétuste et sale, même si on prend en compte que ce poste est ouvert toutes l’année donc parfois à -50° en hiver.

 

Il faut attendre que le souper (sic) des douaniers soit terminé pour qu’ils veuillent bien s’occuper de nous.

Le premier, en charge des transports, exige derechef 30 somonis parce que nous n’avons pas d’itinéraire. Refus énergique, même après qu’il ait baissé son tarif. Le Russe à moto derrière nous paie sans même négocier. Les autres intervenants sont plutôt sympas et les démarches se passent rapidement, tout est bouclé en 1/2h, et nous repartons vers l’entrée au Kirghizstan. Il faut passer le col et redescendre 20km pour atteindre le poste Kirghize. L’accueil est professionnel, pas de problème pour payer 1000 somonis (traités par 19$) le droit du K6 de passer un mois au Kirghizstan. Nous n’avons rien à payer pour nous. C’est le passage de frontière nécessitant un visa le moins cher jusqu’à maintenant, et de loin.

La descente se fait dans des paysages grandioses, les montagnes passant du vert émeraude à l’ocre, et finalement toutes les couleurs. Les torrents aussi d’ailleurs.Ce versant est plus vert et nous retrouvons les fleurs alpines dont les marguerites, les myosotis et les escholchias. Nous ne voyons pas le pic Lénine caché par les nuages. Comme d’habitude dans les cols de la route du Pamir, les derniers km avant et après le col sont épouvantables. Il n’y a plus de revêtement, et il faut même quelquefois passer des gués.

Le côté kirghize est beaucoup plus vert que le tadjik. Et immédiatement, l’habitat change. Les nomades sont là, il y a des yourtes, des yacks, des chevaux. C’est le Kirghizstan. A Sary-Tash, le premier village dans la vallée, nous changeons quelques somonis pour des soms et achetons du pain. A cette occasion, nous rencontrons de jeunes Belges qui ont achetés des vélos pour rejoindre la frontière et qui parcourront la route du Pamir à pied. Bon courage, les vélos sont bon marché, et nous connaissons la route qu’il faut monter pour aller à la douane…

Nous repartons, et cela se gâte. 2 autres voyants sont allumés au tableau de bord, ils concernent le préchauffage moteur et le pot catalytique. Mais le plus gros problème, c’est qu’il n’y a plus de puissance. Dans les côtes, le K6 doit rétrograder en 2e pour monter, et cela se fait à 30km/h maxi. Essai de rouler sans filtre à air, pas d’amélioration. Essai de régénération du filtre à particules, d°. Nous essayons d’aller jusqu’à Osh pour trouver un mécanicien capable de nous aider à régler ce problème. Finalement, nous ne pouvons pas rouler de nuit dans cet état, et nous nous arrêtons dans la descente du dernier col 60km avant Osh pour la nuit, près de la route et dans le lit de la rivière.

J63 21/07/2017 Randonnée vers les lacs

Après nos deux essais infructueux de la veille, nous avons décidé de faire la randonnée à pied pour aller voir les lacs que nous croyons plus hauts que nous. A 9h10, nous voilà partis. Et voici ce que nous avons évité au K6

 

C’est ce que l’on appelle de la tôle ondulée. Ce phénomène se produit lorsque des petits véhicules mal entretenus du point de vue suspension roulent à vitesse soutenue sur un chemin en gravier ou en sable. Il se produit des ondulations d’une profondeur allant jusqu’à 10cm à une fréquence de 40cm. Lorsque les amortisseurs ne sont pas en bon état, la roue rebondit sur la bosse et plonge dans le trou suivant. C’est ce qui se passe avec la roue avant gauche du K6 dont l’amortisseur est HS. Au delà de 15km/h, les chocs sont importants, et mettent en péril la direction et d’autres composants. Il faut donc ralentir ou trouver un autre chemin. C’est pour cela que l’on peut voir sur les photos satellite de ce genre de piste un réseau de pistes parallèles. Avec une voiture en bon état, il est possible de rouler vite sans sentir les bosses. A partir d’une certaine vitesse (60km/H environ), la roue survole le trou et ne touche que les bosses. Tout va bien jusqu’au nid-de-poule suivant où il est absolument nécessaire de ralentir et là, on passe sous la vitesse critique, et les vibrations du véhicule sont très violentes. Il n’y a donc pas de bonne solution.

Alors nous sommes partis à pied, tout étonnés que la route soit horizontale. En fait, les lacs sont au même niveau que le K6. Ce qui est curieux avec ces lacs, c’est qu’ils n’ont pas de déversoir. L’eau s’évapore. Et il y a pas mal de sel sur le pourtour.

Retour comme aller, un nuage de moustiques nous enveloppe et nous comprenons pourquoi les gens du coin s’emmitouflent et ne laissent que les yeux. Ce n’est pas à cause du soleil, c’est pour se protéger des moustiques. Quand même, 5h pour 24km, à 3980m d’altitude, c’est pas mal. D’ailleurs, nous en avons plein les jambes au retour. F fera même la sieste après déjeuner.

Nous allons déjeuner ailleurs, pour éviter les moustiques.

La route monte assez fortement dans les derniers km avant le col Dak-Baital. Le revêtement disparaît et le paysage devient chaotique. Au col, la vue est magnifique au soleil couchant, mais nous ne nous attardons pas, il faut maintenant trouver un coin pour dormir. F visait un caravansérail, mais ce ne sont que des étables dont l’une porte un panneau « hotel », et un autre groupe de bâtiments abandonnés mais quelques centaines de mètres plus loin, nous trouvons un petit chemin qui nous permet de nous éloigner un peu de la route. Nuit très calme, sous les étoiles avec aucune lumière au sol pour polluer le ciel. Magique.

J62 20/07/2017 Murhgab , l’étape improbable

Lever matinal, sensation de plénitude de pouvoir faire sa toilette tout nu à côté du K6, il n’y a personne à l’horizon sur 360°. Mais quelques minutes plus tard, nous constatons que sur la route au loin, les camions ont repris leur ronde.

Ce sont d’énormes camions à 3 ou 4 essieux et tirant une remorque. Les volumes sont très grands et probablement calculés au départ pour le transport de charges creuses, comme des voitures par exemple. Les Tadjiks les remplissent au maximum avec n’importe quoi et ils roulent en surcharge. Pas de problème avec la police qui contrôle les bascules réparties régulièrement le long de la route : ils doivent considérer cela comme un péage. Un petit billet et cela repart avec parfois 70T de poids total sur les ponts limités à 60, voire 40T. On comprend pourquoi des ponts sont effondrés et nous obligent à passer des gués, et pourquoi les routes sont défoncées. Nous repartons donc en petite vitesse, la route est parfois bonne, c’est à dire avec de profondes ondulations, mais sans trous, ce qui permet d’être un peu moins vigilant. Et hop, un premier couple de cyclistes, des Allemands partis depuis un an et qui vont jusqu’en Australie. Ils rêvent de parcourir la route stratégique du Tibet, mais ce ne sera pas possible, il leur faudrait payer un guide qui voyagerait avec eux dans une voiture avec un chauffeur. Ils rêvaient de passer la frontière entre Lhassa et Katmandou, ce qui ne peut se faire actuellement, elle est toujours fermée après le tremblement de terre d’il y a deux ans. Nous échangeons nos adresses de sites internet (le leur : www.von-hier-nach-da.de), et repartons à nos allures respectives. Plus loin, c’est un Roumain que nous croisons et qui s’arrête pour tailler une bavette et se reposer un peu du vent qu’il a de face. Il était parti de Bangkok pour visiter l’Asie du Sud-Est avec des copains, mais le voyage fini à Hanoï, il a décidé de continuer tout seul vers la Chine, le Kazakhstan, la route du Pamir et rentre à la maison de cette façon. Très sympa, le plus en forme de tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici. Nous croisons plusieurs groupes de motos européennes reconnaissables à leur phare allumé. Et doublons un autre couple de cyclistes qui ne s’arrêtent pas, alors que nous les attendions au bord de la route.

Murghab. Il y a effectivement des pompes à essence, mais elles distribuent au seau tiré directement à la citerne. Il y a du gazole, et l’information était exacte, il coûte 7,5YJS/l. Nous en prenons 20l par sécurité, le K6 annonçant fièrement qu’il peut boucler la route avec le reste du réservoir jusqu’à Sary-Tash. S’il y a une chose à voir à Murghab, c’est le bazar. Rien à voir avec les bazars d’Ispahan et de Téhéran. Ici, il s’agit d’un double alignement de conteneurs à la réforme avec une allée de circulation au milieu. Seules la boucherie et la fromagerie font exception avec une yourte en métal.

Nous envisageons de faire une petite randonnée demain, alors nous cherchons un village en relation. Échec avec Ak Tal dans la vallée Madiyan, et les sources chaudes de Gumbezkul. La route est trop mauvaise, le K6 tremble de toutes ses roues et menace de tomber en ruines. Echec de nouveau avec le lac Shurkul (ici, il y a un pléonasme, car Kul veut dire lac). C’est pareil, les microbus que les Tadjiks utilisent pour transporter n’importe quoi sont très souvent en mauvais état et font vaillamment de la tôle ondulée. Nous ne pouvons pas rouler sur la tôle ondulée trop longtemps. Nous nous promenons un peu alentours, et ce faisant, le K6 décide que nous en avons fait assez, et éteint le voyant du filtre à particules. Petite balade à pied pour aller voir une bergerie inutilisée. On voit que les bergers viennent avec leur yourte.

Finalement, nous décidons que nous monterons au lac à pied, et ferons ce que nous pourrons en haut. Nous dressons le camp dans la plaine (3886m quand même) et pas trop près du ruisseau pour éviter les moustiques très agressifs.

J61 19/07/2017 Le Pamir

En fait, la connection était assez bonne, quoique instable. JL a pu télécharger les photos des 2 jours et mettre à jour le blog. Par contre, pas de skype avec Tiphaine ou le n° qui a appelé JL dans la journée sur l’iPhone. Petite surprise, nous ne payons pas le WiFi. Nous partons à la recherche d’un DAB qui marche, et cela nous ramène près de l’hôtel, dans un bâtiment qui était fermé la veille et dont le DAB est à l’intérieur. Et il marche. Nous pensons fortement à ce problème de bruit à l’avant gauche du K6 et recherchons un mécanicien avant de nous lancer sur la route. Nous trouvons un Tadjik sympa (Chafkat?)qui nous emmène à 8km de Khorog, nous fait passer les barrages de police sans ralentir et fait dégager 3 micro bus pour que le JK6 passe sur la fosse. Inspection rigoureuse par le mécano et JL, de nouveau on ne voit rien. Et donc, nous pouvons repartir tranquilles, rien de grave n’est en jeu. Après 20km, le bruit étant quand même gênant, JL glisse la tête dans le passage de roue, et constate que le souffet de protection de la tige d’amortisseur est tassé sur le corps du vérin. Il y a eu un coup important qui a écrasé complètement et violemment la suspension, le soufflet s’est tassé, et il y a eu des dégâts dans le corps de l’amortisseur. Bilan : on peut rouler, mais la roue va rebondir sur les chaos, faisant vibrer l’arbre à cardans. Il faut donc éviter les chocs de ce côté-là et rouler doucement. En effet, il est hors de question de trouver un amortisseur compatible à Khorog, et nous ne voulons pas nous engager dans la procédure d’urgence en demandant à l’assistance de nous envoyer la pièce. Il paraît que le service est correct à Osh au Kirigizstan où nous allons, nous traiterons le problème là-bas. Et nous voilà repartis sur 700km de route défoncée avec un amortisseur HS.

Les premiers 50km sont impeccables, nous remontons la vallée du Donj, le temps est au beau, et le paysage de plus en plus sauvage, même si les cultures continuent le long de la rivière. Après, cela se gâte, la route se dégrade, et il faut ralentir. Nous avons une chance. Comme la route du sud est inondée, la police stoppe les gros camions aux barrages pour éviter un engorgement massif à l’endroit de l’inondation. Nous n’avons donc pas ces énormes bahuts sur la route en face de nous, et nous ne les verrons pas dans notre sens. Restent les 4×4 fous furieux des touristes et des taxis locaux.

Nous faisons une petite escapade pour visiter un hameau pour lequel une ONG suisse a payé une passerelle sur le torrent.

La route monte régulièrement et à midi, nous mangeons à 3200m d’altitude au bord du torrent. Les paysages traversés sont fantastiques, les montagnes alentours impressionnantes. Un peu plus loin, nous expérimentons la source chaude de Jelandy. Cela vaut la source chaude dans laquelle nous étions allés au Tibet. Pas très propre, c’est un euphémisme. Mais il y a un petit effort de présentation avec un chalet en bois et une baraque dans laquelle on peut manger et dormir.L’eau est très chaude (45°C?) et sent le souffre. 20mn dans le bain et nous sommes ravis. L’ascension se termine dans le champ de bosses de la route non asphaltée à 4272m d’altitude.

Tout va bien, il y a un grand soleil, du vent et nous ne ressentons pas de malaise particulier. Ce col ne présente aucun intérêt, pas de vue. Nous ne nous arrêtons pas, et allons planter le K6 à côté du lac Sasy, 300m plus bas. Il n’y a personne à l’horizon, le ciel est magnifique grâce à l’absence totale de pollution visuelle.

Seul petit problème : le K6 signale que puisque nous utilisons du gazole de mauvaise qualité, le filtre à particules est encrassé et doit être nettoyé par 15mn au moins de route à minimum 70km/h en 4e ! Ben voyons, nous ne dépassons pas 50km/h en pointe, et 15mn, c’est totalement illusoire. Ce ne sera pas avant longtemps…

Comme nous avons passé notre 100e nuit dans le K6, nous fêtons cela avec une bouteille de bière locale. Grandiose. Il a quand même fallu ressortir la couette et même une couverture supplémentaire pour ne pas avoir trop froid. F a quelques problèmes de maux de tête dus à l’altitude et doit se relever dans la nuit pour prendre de l’aspirine.

J60 18/07/2017 La frontière afghane

Nous repartons tôt ce matin, l’objectif étant de tester notre vitesse sur un parcours particulièrement difficile, la chaussée étant très dégradée. Les manilles n’y étaient pour rien, le bruit est toujours là, et c’est surprenant, car les attaches de la roue avant gauche sont toutes en parfait état. Dons, nous continuons comme cela, et voyons comment cela évolue. Il nous reste Khorog pour revoir le problème. La rivière que nous longeons est café au lait. Et maintenant nous savons pourquoi. La rive s’effondre toute seule dans le lit de la rivière, alimentant en permanence le limon qui la charge. Dans les endroits d’étiage, le limon se dépose et la rivière augmente de largeur. Dans les rapides, elle arrache de la terre à la rive, et cela recommence.

De temps en temps, les rives s’aplatissent et nous voyons de la vie de l’autre côté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Afghans construisent une nouvelle route. C’est très impressionnant car la paroi est généralement à-pic, et rocheuse. Les techniques employées sont extrêmement rustiques. Marteau-piqueur et barre à mine, ce chantier va durer des années. Mais il est réparti sur plusieurs km et progresse. Depuis l’autre côté, les Afghans qui nous ont vus prendre des photos nous font de grands signes. Nous les applaudissons, et pour nous remercier, l’un d’eux se met à danser. Il est sur un sentier creusé dans la falaise, au dessus du torrent très tumultueux à cet endroit.

 

 

 

 

Khorog n’est pas une ville très intéressante, mais on y fait des rencontres sympathiques. Un Allemand qui nous a vus sur la route bien à l’abri dans son Land-Cruiser nous offre un demi-melon pour le dîner. Ce couple est allé d’Allemagne à Khorog en scooter, à raison de 10 jours par an depuis 2008. L’aventure s’arrête là puisque le scooter a été détruit cet hiver par la chute d’un arbre. Ils repartent en avion, n’ayant aucune envie de repasser 16h dans une Toyota lancée à 70km/h dans les nids-de-poule.