J119 15/09/2107 Ayodhya la religieuse bien gardée

Lorsque nous étions arrivés la veille au soir à Faizabad, nous avions l’intention de coucher dans le K6 sur le parking d’un hôtel dont nous pourrions profiter des toilettes et du wifi. Heureusement que le gérant nous a fait une réduction et que nous avons finalement couché dans une chambre, le raffut des klaxons de camions aurait été infernal.

Pas de regrets, nous partons directement après le petit déjeuner (continental???) pour Ayodhya. Ayodhya est la ville où est supposé être né le dieu hindou Rama. En 1992, une émeute a dégénéré et 2000 personnes sont mortes dans un combat des Hindous pour reprendre un site occupé depuis plusieurs siècles par une mosquée construite sur un ancien temple hindou. La ville est depuis sous étroite surveillance militaire, et il faut un permis pour accéder à certaines parties et certains temples. Il y a dans cette ville une profusion de lieux de culte, majoritairement hindous, en activité ou désaffectés. Les rues de la ville sont bordées d’anciennes maisons qui nous font comprendre qu’il y a eu ici de l’activité et de la richesse.

Nous nous mélangeons à la population qui nous entraîne vers les sites de prière, et visitons ainsi les plus grands temples. Cependant, nous ressentons nettement une ferveur et une concentration qui nous excluent de la foule environnante.

 

 

 

Il y a peu de sourires à notre rencontre, et on comprend que le souvenir des conflits violents est encore présent dans les esprits. Nous ne rencontrons pas de musulmans.

Les visages sont généralement fermés et préoccupés. Le tilak reçu par JL sur le front n’a pas été attribué en signe de bienvenue mais pour récupérer une obole. Le site partagé suite aux émeutes n’est pas accessible pendant le déjeuner, et nous décidons de l’éviter, pour ne pas avoir à faire la queue, être fouillés, laisser téléphones et appareils photo à la police, et surtout pour ne pas provoquer de réaction.

 

 

Le K6 est garé devant une école installée dans une ancienne résidence de riche.

L’après-midi est utilisée pour nous rendre à Kushinagar, ville où est décédé Bouddha. Nous arrivons en fin de journée et cherchons à nous faire héberger dans un tempe. Le temple sino-vietnamien Linh Son et son prêtre californien Tim Don Ding Accompagné de ses chiens nous accueille chaleureusement pour les 2 nuits que nous souhaitons y passer. Un groupe de Vietnamiens arrive juste derrière nous en car, et nous entendons des sonorités nous rappelant de bons souvenirs. Nuit calme mais un peu chaude dans la chambre n°1 du temple.

J118 14/09/2017 La Martinière de Lucknow

Naheed, la propriétaire de la guesthouse, héberge beaucoup de gens en lien avec la Martinière, probablement parce que ses enfants y ont fait leurs études, mais aussi parce qu’elle et son mari géraient le Lucknow Tribune, un journal qui comportait une partie pour les jeunes adultes. L’Alliance Française est installée dans les locaux de la Martinière, et nous avons fini par accepter de voir le directeur dont le chauffeur nous avait aidés à trouver un mécano. Nous voilà partis de bon matin, bien qu’un peu en retard à cause d’un petit déjeuner tardif et de détours pour y arriver.

Rachna qui a fait l’interprète et qui est professeur, Richard le directeur, une jeune femme gérant les étudiants indiens partant en France, et 3 étudiants nous attendent sous le porche. Discussions, présentations, photos, l’accueil est chaleureux. Cette Alliance Française date de fin 2016, elle ne compte aujourd’hui que 55 étudiants, mais cela va monter très vite.

Nous visitons ensuite le château de M.Martin, le fondateur de la Martinière, où se trouve encore aujourd’hui l’école de Lucknow. Cette fondation possède aussi une école à Calcutta et bien entendu le lycée de Lyon. Il y a un petit internat, mais les effectifs de jour sont impressionnants : 4000 garçons et 2000 filles, dans 2 établissements séparés. Evidemment, cette visite rappelle des souvenirs à JL…

Nous déjeunons dans un centre commercial huppé de Lucknow où nous avons fait les courses. Rencontre et partage du repas avec une jeune infirmière de Dehli qui est venue se faire référencer avant de passer une interview le lendemain à Dehli pour entrer dans l’armée. Le petit copain est médecin et suit attentivement à distance.

Au moment de retourner au K6 pour repartir, la mousson se rappelle à nous. Il pleut des seaux. La voiture est à 10m, mais il faut faire le tour d’une longue clôture. Attente, aubaine pour les commerçants. Nous achetons 2 glaces qui nous coûtent plus cher que le déjeuner. Finalement, nous pouvons repartir, en passant par le mécano pour commander un capteur de température défectueux que nous voulons changer avant de nous engager dans le retour à travers le Pakistan. Boulevard périphérique de Lucknow, et autoroute, objectif Faizabad, à côté d’Ayodhya où se trouve beaucoup de temples et un site tristement renommé pour une émeute mortelle liée à un conflit entre religieux.

Nous passons la nuit dans un hôtel de mariages au bord de l’autoroute avec pour berceuses les klaxons stridents des camions.

J117 13/09/2017 Repos et filtre à gazole

Aujourd’hui, c’est officiellement repos et soins du K6. F reste à la guesthouse, et JL part s’occuper de faire changer le filtre à gazole du K6. C’est une opération dont on a parlé avec VW à Dehli, que JL peut faire lui-même, mais Rachna, une jeune Indienne travaillant comme professeur de français à l’Alliance Française nous a mis en relation avec le chauffeur du directeur de l’AF qui connaît un mécano compétent et pas cher qui veut bien opérer. En route donc, et rencontre sur place avec Mohammed, un ingénieur avocat (si!) qui a apporté sa voiture à réparer (du moins c’est ce que JL croit, mais en fait, c’est le mécano qui l’a appelé). Mohammed va faire l’interprète tout au long des opérations. Le filtre est changé dans des conditions adequates (il faut vider le précédent filtre de son GO pour juger de son état de comatage) et le K6 redémarré proprement. A cette occasion, on reparle du filtre à particules, et le mécano propose de changer le capteur de température qui est en défaut. Cela prend du temps, il faut faire venir la pièce probablement de Dubhaï. Décision est prise d’approvisionner la pièce et elle sera changée lors du retour après le Népal. Retour à la guesthouse où F a passé la journée. Naheed, la propriétaire nous a attribué la chambre de sa fille partie travailler à Mumbai car les autres chambres avec salle de bain sont prises. Nous sommes vraiment bien traités.

Pour varier un peu les sujets, en voici quelques-uns attrapés dans les rues de Lucknow la veille.

J116 12/09/2017 Le labyrinthe de Lucknow

A Lucknow, les monuments historiques ne manquent pas. Les nababs ont érigé des mausolées pour eux, pour leurs mères, leurs enfants, et comme d’habitude, ils ont agrandi les monuments de leurs prédécesseurs, construit des lieux de culte ou autre extravagances. Nous choisissons de retourner à Imambara pour visiter le labyrinthe. Il s’agit d’un dédale de corridors, escaliers, terrasses imbriquées les uns dans les autres partiellement à l’intérieur même des murs. Aspect comique de cette visite : les couples hétérosexuels doivent impérativement être accompagnés par un guide. On se demande bien ce qui peut se passer dans ces couloirs sombres. Les Indiens ont une imagination…Bref, nous voilà partis à pied pour trouver un ATM dans l’environnement immédiat de la guesthouse, et il faut transpirer beaucoup, avaler beaucoup de poussière et être assourdis par beaucoup de klaxons pour arriver à trouver enfin une cabine réfrigérée où se trouve une machine qui veut bien accepter notre carte. Le passage de la rue à cette cabine est suffocant, l’écart de température devant avoisiner 30°C. Nous finissons le parcours dans un taxi électrique à 3 roues, totalement inconfortable, il n’y a aucune suspension.

Après avoir goûté à la vue depuis les terrasses supérieures du bâtiment, et essayé bravement de trouver notre chemin, F ressent une certaine réticence à s’engager dans les couloirs et escaliers noirs. Cela tombe bien, un groupe de 3 jeunes Indiens s’engage avec nous sur la voie inverse de l’aller.

Il est bien connu que plus on est nombreux, plus les décisions sont difficiles à prendre. Finalement, c’est le jeune Indien qui arrive à nous emmener dans l’escalier salvateur. Nous allons voir dans la foulée le hammam de peu d’intérêt, une grande partie ayant été amputée pour usage d’habitation privée et le puits à degrés qui ne vaut pas celui de Jelhum au Pakistan. Et bien sûr, nous sacrifions aux nombreux selfies qui nous sont demandés. Enfin, pas tous. Au bout d’un moment, on se lasse…

Le guide nous indique qu’un restaurant typique est à environ 1km de là, et nous prenons un rickshaw pour y aller. Ce restaurant est en fait dans la vieille ville, le quartier de Chowk. Et là, ça grouille d’activité dans des ruelles étroites pleines de boutiques de petits commerces. Au bout du compte, le pédaleur qui nous a bravement convoyés dans ce chaos s’arrête et nous montre une échoppe dans laquelle opèrent un cuisinier et un boulanger.

Derrière eux s’ouvre une salle rustique et mal éclairée, sans décoration, on dirait une cantine. A peine assis, nous recevons chacun deux assiettes, l’une comportant 2 nans (pain indien) et l’autre quelques boulettes de viande hachée. Pas de couverts. C’est le menu unique du restaurant, arrosé d’un pichet d’eau. Il s’agit de kebabs de buffle, la vache n’étant pas comestible en Uttar Pradesh. C’est très bon et assez épicé.

Retour sur l’avenue principale pour visiter la tour de l’horloge, fermée sans indication d’horaires. Nous nous rabattons sur le bâtiment en pierres rouges voisin et contemplons les portraits des nababs qui se sont succédés à la tête de l’Uttar Pradesh. Il semble que les règnes aient été de plus en plus courts avec le temps.

Il est temps ensuite de revenir à la guesthouse pour retrouver nos amis indiens et discuter avec Naheed la propriétaire des lieux. Ces rencontres sont conviviales et les échanges deviennent rapidement personnels et amicaux. Les pensionnaires de Naheed sont souvent en relation avec l’Alliance Française ou le collège de la Martinière. Il n’y a pas de hasard dans le nom du collège, c’est bien le même homme qui a voulu créer 3 collèges, à Lyon, Calcutta et Lucknow. Il faut croire que l’idée était bonne quand on considère la renommée de celui de Lyon et les effectifs de Lucknow : 4000 garçons et 2000 filles.

J115 11/09/2107 Lucknow, la résidence des Anglais

Pour ceux qui n’ont pas lu « Un garçon convenable » de Vikram Seth, cette ville ne dit probablement rien. Mais il y dans ce livre une description très vivante du système des castes encore en vigueur bien qu’aboli aujourd’hui. Et un amour pour cette ville. L’accueil pour nous est extrêmement rugueux. Il y a des travaux pour une ligne de métro, et il n’est pas difficile de s’imaginer que le chaos habituel de la circulation indienne est multiplié par 10. Voies rétrécies, revêtement absent, poussière, bruit, et surtout embouteillages monstres, avec une majorité de 2 roues très agressifs. Résultat, le K6 mène son combat valeureusement, mais la tâche est difficile, comme d’habitude, nous hésitons souvent sur les directions à prendre, et nous nous faisons bourrer de tous les côtés, étant bien moins manœuvrant qu’une moto. Et donc, bien que nous prenions toutes les précautions possibles, un scooter se vautre sur l’avant gauche du K6 et en se relevant, érafle le pare-choc. Un autre se cale volontairement devant au dernier moment et se fait pousser, éraflure sur les phares. En 2 jours de Dehli et Lucknow, nous avons eu plus de dégâts de carrosserie que pour le reste du voyage. Nous décidons de parquer le K6 à la guesthouse et de ne plus le bouger. Nous refusons même une invitation à venir montrer notre véhicule à l’Alliance Française pour ne pas avoir à naviguer encore dans ce flot sauvage de 2 et 3 roues. Arrivés vers 13h à la guesthouse, nous partons rapidement à la découverte de la ville, à pied pour nous dégourdir les jambes.

La chaleur est accablante, l’humidité extrême. Les T-shirts sont trempés, rapidement couverts de traces de sel. Nous achetons des jus de fruits, grand plaisir des rues en Inde. Nous avons 2 grands verres (300cc) de jus d’ananas et d’orange (les fruits pressés devant nous, sans eau ni glace) pour moins d’un €. Comment ne pas saliver ?

En cours de chemin, nous sommes attirés par un mausolée bien abîmé mais dans un jolli parc plein d’amoureux, le mausolée de Saadad Ali Khan. Octogonal, il est coiffé d’une coupole en pierre. La particularité réside dans le fait que la coupole extérieure est en fait une sur-coupole. Il y a une voûte en coupole à l’intérieur, et on a accès à l’espace entre les deux voûtes. Dans le même parc, un autre mausolée pour les 3 femmes du même Saadad qui d’ailleurs a construit une grande partie de la Résidence.

Nous allons donc ensuite voir cette Résidence qui était l’enclave anglaise pendant le gouvernement de l’Inde. Au moment de la révolte des Cipayes, les résistants à l’occupant ont assiégé cette résidence pendant plus de 4 mois, et il y a eu des milliers de morts, y compris le gouverneur anglais. Les bâtiments restant debout ont été laissés en état depuis, les autres ont été rasés. Il en résulte un grand parc où se trouvent des bâtiments en ruine dont les murs sont criblés de trous d’obus et de balles. C’est assez impressionnant.

C’est aussi très agréable, cet espace de paix au milieu du chaos urbain.

Nous continuons notre balade jusqu’au mausolée Imambara, en sachant que nous ne pourrons pas visiter l’intérieur, il est déjà trop tard. Mais nous entrons dans le parc et c’est magnifique au soleil couchant. Les touristes indiens se pressent autour de nous pour prendre des selfies, c’est très amusant.

 

Pour revenir à la guesthouse, nous optons pour une voiture à cheval, malgré les km. Dîner dans un café branché près de la guesthouse et au lit, cette nuit notre chambre a l’air conditionné et une salle de bain, demain nous changerons pour plus rustique.

J114 10/09/2017 Remise à la route indienne

Au moment de payer, les Indiens ont toujours une petite surprise désagréable pour le client. C’est souvent les taxes, non mentionnées nulle part et surtout pas incluses dans le prix d’origine, c’est parfois des trucs non inclus, la bouteille d’eau ou autre. Ce matin, c’est une commission de 3 % parce que nous payons par carte de crédit. En tous les cas, il faut être préparé à négocier, car sinon, cela casse l’ambiance. Dix petites minutes de coups de téléphone ici et là, de conciliabules, et finalement, nous arrivons à lever cet obstacle. Le paiement effectué, nous voilà repartis.

L’Inde, c’est probablement les pires conditions de circulation que nous ayons connues. Il n’y a pas de règle, même non écrites. C’est du « SCP » partout. Pour ceux qui ne connaissent pas, c’est un terme d’hôtellerie qui signifie « si c’est possible ». Alors, des dépassements en triple position, des circulations à l’envers, même sur l’autoroute, et même par des tracteurs, ou par des chars à bœufs, il faut être préparés à les confronter.

Par exemple, nous arrivons à un péage de l’autoroute. Apparemment, la barrière est cassée, il y a un préposé pour faire signe de s’arrêter. Mais c’est possible de passer à côté, il ne va pas se faire tuer pour quelques roupies. Et donc la moitié des véhicules ignorent ses gestes et passent. C’est tellement possible qu’au moment où nous passons, il se préoccupe déjà de la voiture qui suit. Là, nous avons quand même économisé 30 roupies (moins d’un demi Euro). Bon, comparé à ce que nous avons payé hier…

Notre ambition était d’aller jusqu’à Lucknow pour visiter les palais des maharadjahs, mais il a fallu ce contenter de Shahjahanpur, petite ville sans intérêt aux 2/3 du chemin.

Nuit dans un hôtel sans charme avec le bruit des klaxons des camions en toile de fond, dans une chambre sans fenêtre.

J113 09/09/2017 Sans commentaires

Pour notre dernier jour à Dehli, nous avons décidé que, quelque soit le sort du K6, nous allons quand même faire un peu de tourisme et visiter le fort rouge. En 2013 nous avions manqué de temps et seulement fait le tour. Nous voilà donc partis en tuctuc pour la place Connaught afin de poster les cartes postales et de prendre le métro. JL fait une tentative de conduite mais le chauffeur est trop mal à l’aise.

Et là, il se passe un truc incroyable, JL se fait harponner par un soit-disant agent de sécurité (il montre sa carte) qui lui explique que le fort n’est ouvert qu’à partir de midi, et qu’il y a un bien meilleur plan que de prendre le métro. Il commande un tuctuc qui doit nous emmener pour une somme modique dans un grand centre commercial près du fort où nous pourrons perdre notre temps puis aller à pied jusqu’au fort. En fait, le tuctuc nous ramène à proximité de notre hôtel, ce qui n’est pas précisément dans la région du fort. Et le centre commercial est évidemment une boutique de souvenirs plus ou moins antiques et très chers. Il faut croire que 15 ans d’Asie ne nous a pas encore guéri de la naïveté naturelle…Métro donc, et ballade dans la cohue de l’avenue qui mène au fort.

Visite d’un temple sikh et du temple jaïn en face du fort où se trouve un hôpital pour les oiseaux. On n’en visite qu’une partie, mais c’est édifiant. Majorité d’ailes cassées, de pattes manquantes, de morsures. Ils sont en bien piteux état, chacun dans une cage de 40x40x40. Il y en a plusieurs milliers. La religion jaïn mériterait plus de développements, mais là encore, nous n’avons pas la place. Disons que en gros, c’est la compassion pour le règne animal, homme compris.

Le fort rouge, c’est le château de Versailles de Dehli. Nous avons trouvé beaucoup d’analogies avec le palais Topkapi à Istamboul. C’est un grand parc avec des bâtiments répartis sans connections entre eux. Il y a une grande sérénité dans ces lieux, même avec les foules de touristes plus ou moins respectueux des lieux, grâce à l’éloignement. Chaque bâtiment a sa fonction propre, et a sa propre architecture. On trouve beaucoup de pierre rouge, d’où le nom du fort, mais aussi du marbre, des granits colorés. Tous ces matériaux sont sculptés, engravés, polis, c’est magnifique.

Après un déjeuner rapide dans un fast-food indien dans l’enceinte du fort, nous voilà de nouveau dans le métro pour une bonne heure pour rejoindre le garage VW où nous attend le K6. Ce n’est pas l’heure de pointe, donc on nous cède des places.

A l’arrivée au garage, nous sommes reçus avec de grands sourires, visiblement les nouvelles sont bonnes. Effectivement, le K6 est lavé et astiqué à l’intérieur, et les voyants sont éteints. Un test routier confirme que la panne est résolue, tout le monde est content, nous payons sans trop râler 13500 roupies (environ 200€, oui), et repartons tous contents. ..pour 9km seulement. Le voyant du filtre à particules se rallume. Pas d’autre symptôme, mais il n’est que 17h, nous retournons au garage. Le technicien nous propose un test routier plus sévère pour voir si quelque chose se passe. Nous malmenons le K6 sur un bout de route pas encore en service, sans changement. Mine déconfite du technicien qui nous explique qu’il y a peu de chances que la réparation dure plus de 2000km. En tous cas, VW Dehli ne peut rien faire de plus à court terme, changer le filtre prendrait du temps (attention!). Nous repartons donc en appréciant le plaisir de pouvoir suivre dans les embouteillages. Et paf, à 2 pas du parlement indien, en sortie d’un rond-point, un Indien accroche l’arrière du K6. JL le coince, et demande compensation, ils veulent « effacer » la rayure. Un flic arrive pour nous faire dégager et l’Indien en profite pour se barrer. Nous décidons de reprendre la route et de réfléchir au cas K6 plus tard.

Un bon dîner dans un restaurant sympa de la place que nous aimons bien nous remet les idées en place, et bonsoir. La rue du Jyoti Mahal est toujours complètement défoncée et impraticable par aucun véhicule, ce qui n’empêche pas les habitants du quartier d’y dormir sur leurs châlits et les prêtres de psalmodier leurs prières.

J107 03/09/2107 Wagah poste frontière historique entre Inde et Pakistan

Avant de quitter Lahore, nous voudrions visiter la cathédrale qui se trouve non loin de l’hôtel. Ce matin, les cloches ont sonné 2 fois, annonçant qu’il y a de l’activité là-bas. C’est un peu difficile à trouver, et quand on s’en rapproche, les barrages de police se font plus sérieux. A l’entrée du jardin, fouille au corps. A l’entrée de l’enceinte de kla cathédrale, fouille au corps. Les motos sont garées très loin, et la rue est interdite à tous véhicule, des barrages physiques sont en place. Et nous découvrons qu’il y a une célébration en cours, avec des communiants, majoritairement des filles, toutes de blanc vêtues. Musique, chœurs, et grands discours dans les haut-parleurs, l’église est pleine et il y une atmosphère de fête.

Un passage à une pompe à essence Total qui prend les cartes visa, et nous voilà partis en direction de la frontière. En route, nous cherchons un vendeur de gaz, imaginant que les 500 roupies qui nous restent pourraient passer dans une charge de notre bouteille vide. En fait, tous ceux que nous avons consultés ont la même réponse ; la bouteille est importée, ils n’ont pas le raccord pour le remplissage. Mais le gaz vendu est du GPL, et le détendeur 30mb du K6 est compatible avec ce gaz. Donc, il ne nous reste plus qu’à faire fabriquer un raccord permettant de connecter la bouteille à leurs installations et le remplissage est une affaire de minutes, car ils utilisent une pompe pour transférer le gaz liquide. La sécurité est assurée par une balance sur laquelle est posée la bouteille à remplir, le poids est mesuré en direct. Nous entrons dans le poste frontière sans avoir résolu ce sujet. La sortie se fait rapidement, mais le fonctionnaire nous fait remarquer que notre CPD n’est pas correctement visé par le poste d’entrée au Pakistan, il manque un tampon. Mais il nous accorde une faveur ; il va mettre une mention expliquant la situation en échange de nos 500 roupies qu’il va nous changer en roupies indiennes. Il applique un taux inconnu pour nous, et nous repartons vers l’Inde. Il n’y a pas d’espace entre les 2 barrières, il ne serait pas possible de dormir dans le K6 entre les 2 postes. C’est là que va se dérouler la parade de clôture de la frontière ce soir. C’est F qui se charge de superviser la fouille du K6 côté indien. Le passage en Inde est un peu plus long, mais globalement, tout se déroule en moins de 2h. Nous devons ressortir du poste et accéder à un « parking » pour pouvoir assister à la parade. Encore une occasion de mettre de la boue partout sur le K6. Déjeuner rapide dans la voiture. Bain de foule pour aller sur les gradins attendre le début de la parade 1h30 avant l’heure. Ensuite, c’est l’hystérie. Il y a un animateur qui fait crier les gens, et ce, de chaque côté de la frontière. Et de la musique à très haut volume

A un moment, les femmes sont invitées à venir danser sur la route.

La parade elle-même dure 1/2h pendant laquelle les soldats des 2 côtés se font des mines et agitent les jambes.

La foule suit et hurle en rythme. Finalement, les drapeaux sont rangés et les grilles fermées, nous pouvons repartir vers Amristar, à condition évidemment de pouvoir sortir du parking, ce qui nécessite un peu d’aide des Indiens. Rouler la nuit à gauche, en Inde…cela demande pas mal de concentration, et avec le manque du puissance du K6, il faut vraiment être attentif. F trouve une guesthouse avec piscine, et avec l’aide de la police, nous arrivons à dîner, prendre un bain et nous coucher pas trop tard.

J106 02/09/2107 Lendemain de fête

Hier soir, c’était l’Asie telle que nous la connaissons, exubérante, gouailleuse, bruyante, extrêmement mobile. Ce matin, c’est fini. Plus de voitures ou motos garées dans tous les sens, plus de coups de klaxon, de bruits de moteurs. Le calme, étrange, inhabituel. Seuls les muezzins se répondent à grands coups de haut-parleurs durant de longues minutes. Le fête est finie ? Nous prenons notre petit déjeuner sur la terrasse de l’hôtel, appréciant un niveau de bruit reposé. Après avoir fait quelques travaux d’écriture, toilette et rangement, nous partons pour la visite du château de Lahore. Il nous faut repasser par les mêmes rues que la veille au soir.

Elles sont désertes. Seuls des hommes de service, sales, à l’air fatigué, nous regardent passer. Nous finissons par accepter l’offre d’une moto-taxi pour éviter de faire tout ce chemin dans ce désert. Ce qui nous fait comprendre en passant la différence entre une moto-taxi et un rickshaw : le conducteur de la première cherche d’autres clients pour compléter sa charge et le second va directement et exclusivement au but indiqué. La moto-taxi est donc moins chère mais moins rapide et confortable. Au passage, malgré une négociation serrée, le conducteur nous indique les noms des monuments, et fait des commentaires que nous comprenons à moitié, à cause du bruit du moteur et d’un accent incompréhensible. Nous ramassons une passagère supplémentaire qui nous tourne le dos et voyage à l’envers.

Le fort de Lahore, c’est un peu la tour Eiffel du lieu. Tout le monde y va. Surtout les gamins, qui nous tournent autour en réclamant (ou non) des selfies que nous finissons par refuser sans distinction, agacés par ces mouches qui nous tournent autour, nous regardent avec insistance à 30cm et ricanent bêtement quand nous leur parlons.

Du fort, il ne reste que des squelettes de bâtiments. Aucune décoration n’a passé les étapes de l’histoire mouvementée de Lahore, et les irrespects récents des visiteurs. Il y a des tags partout, et surtout sur les marbres blancs. Le fort est sous juridiction des parcs de la ville, les jardins sont donc bien tenus et propres. Il y a des bâtiments qui retiennent l’attention, comme un petit hall avec un toit en forme de coque de bateau retournée constituée de plaques fines de marbre agrafées, magnifique de pureté de lignes.

Il y a des restes d’aménagements luxueux comme une immense vasque superbe au centre d’une cour avec des formes arrondies et souples, toute en marbre blanc. Il y a des rénovations en cours avec l’aide de pays étrangers, les miroirs de la salle d’audience par exemple. Il faudrait plus d’efforts, plus de contraintes au public pour sauvegarder et restaurer. Par endroits, on arrive à imaginer quel pouvait être le luxe de ce qui était plutôt un palais qu’un fort.

Déjeuner d’un hamburger local juste à la sortie du fort.

Nous ressortons en direction de la vieille ville où nous n’avons pas eu l’audace de pénétrer la veille au soir. Là aussi, les bazars sont déserts, les rideaux de fer baissés. Peu de gens, peu de circulation. Les rues étroites nous livrent des ouvertures aveugles, absentes d’activité. Nous nous rendons compte que les seuls métiers que nous rencontrons sont les équarrisseurs dont le travail n’est apparemment pas fini.

L’abattage continue. Seulement, nous ne voyons rien, tout se déroule maintenant dans les cours, derrière les façades fermées. Ce que nous pouvons voir, c’est que les rues ont été balayées et les trottoirs arrosés d’une poudre blanche que nous pouvons imaginer être du désinfectant pour éviter la prolifération des parasites. Il y a eu un réel effort de propreté. Les bennes à ordures sont cachées derrière des tentures. Cependant, quelques traces subsistent çà et là. Taches de sang ; peaux s’échappant de sacs en plastiques ; viscères débordant sur le trottoir ; l’odeur surtout de la viande, insistante, permanente. Nous nous fendons de jus de fruits frais délicieux pour nous rafraîchir. Finalement, nous profitons un peu de ce lendemain de fête : les rares passants que nous rencontrons nous sourient et acceptent ou demandent des photos.

Une petite sieste pour nous reposer de la chaleur, et nous repartons vers 17h pour aller à la frontière voir la relève de la garde. Embouteillage monstre dans les travaux du métro. Nous arrivons au bout des 25km 1h après être partis de l’hôtel. Le douanier nous informe navré que la cérémonie était à 17h30. Demain, ce sera 16h30, et pas pour nous, car la barrière ferme une heure plus tôt. Comme nous voulons passer la frontière demain, nous devons y être avant 15h30 ! Le plan sera de voir la cérémonie du côté indien.

Retour vers l’hôtel et embouteillage dans l’autre sens évidemment. Quelle galère. Où est notre voyage dans les paysages magnifiques du Karakorum ?

Un peu écœurés par cet aller et retour inutile, nous allons manger une pizza dans le fast-food du coin (pas local) et au lit. Le garde est de nouveau assis au pied du K6.

J105 01/09/2017 Eïd el Kebir à Lahore

Notre première cible de ce jour est la mine de sel de Khewra à l’ouest de Jhelum. Ali, venu prendre le petit déjeuner avec nous, va nous conduire sur la route militaire qui fait raccourci mais qui nécessite une autorisation. Photo d’adieu devant l’hôtel, et nous voilà partis.

Nous avons du mal à le suivre, il connaît bien la route, n’a pas peur des obstacles et a la puissance intacte de sa voiture. Nous traversons des villages très peuplés de gens très occupés sur la route. Nous traversons aussi des campagnes de culture et d’élevage. La route n’est pas dans un état fantastique, et comme il a beaucoup plu dans la nuit, le K6 est de nouveau couvert de boue. Enfin, au bout de 60km, nous quittons Ali qui va à un RV et nous prenons la route de la mine. Nous nous arrêtons 2 fois pour nous renseigner sur le gaz que des revendeurs transvasent d’une bouteille dans une plus petite. La réponse est toujours la même : c’est du LPG, il n’y a qu’une qualité au Pakistan, et ce n’est pas un problème de remplir votre bouteille. Le problème, c’est qu’en France, le GPL est un mélange de Butane et Propane compatible avec notre détendeur. Mais nous ne savons pas ce qu’est ce LPG, ni quelle est la pression de détente nécessaire. Manque de réflexe, car dans la 2e boutique consultée, il y avait des réchauds à vendre, donc des détendeurs…Affaire à suivre, mais nous approchons de la solution.

La mine de sel. En fait, on ne visite pas d’exploitation. Une partie inutilisée du site a éé transformée en attraction et on peut entrer dans des galeries aménagées pour le public à pied ou avec un petit train.

Le prix du ticket est exorbitant, même en termes européens : 20$. Nous payons donc 4000PR, à comparer aux 400PR payées par un couople pakistanais. Nous avions déjà vu un rapport de 2,5, mais là c’est un rapport de 10 ! Et franchement, c’est intéressant de voir ce qu’est le sel et les filons.

Mais la prestation est décevante. Il n’y a aucune explication correcte, une galerie censée montrer des cristaux de sel est fermée, c’est sale. Le plus décevant, c’est l’absence totale d’outils ou de photos permettant d’imaginer les méthodes de travail. Rapport qualité/prix déplorable.

Déjeuner dans le K6 sur le parking de la « mine » avec les restes du dîner de la veille.

Autoroute jusqu’à Lahore, très bonne chaussée totalement protégée, sans problème cette fois.

Après quelques essais infructueux, nous optons pour un hôtel sur le Mall, avenue majeure de Lahore, où un garde restera à côté du K6 toute la nuit car le parking est dans la rue devant l’hôtel. Nous partons dîner dans une des « food streets » de Lahore. Comme souvent, le repas est découpé en autant de « restaurants » que de plats. Un restaurant de riz au curry et poulet pour F, et un restaurant de brochettes pour JL. Nous mangeons dehors et pouvons admirer le défilé incessant d’animaux préparés pour la fête de l’EID comme ils en parlent au Pakistan. Beaucoup de chèvres, des vaches et même des chameaux, en majorité mâles.

Nous nous demandons si tous ces animaux ont été sélectionnés pour être abattus cette nuit. En tous cas, la fête bat son plein,il y a du monde partout dans les rues, le ballet des motos, scooters à trois roues, voitures est infernal. Nous ne ressentons aucune animosité, juste de la curiosité à notre égard. Nous ne voyons aucun autre touriste occidental.

Nous rentrons à l’hôtel en scooter à 3 roues (appelés tuktuk comme à Bangkok, mais ce ne sont pas les mêmes, ou rickshaw comme à ShangHai, mais il y a un moteur) pour 1,5€ et rejoignons notre chambre sur le toit de l’hôtel. L’hôtel est quasi vide, il n’y a qu’une autre chambre occupée par un japonais. La terrasse est à nous.