J74 01/08/2017 La plus grande forêt de noyers du monde

Arslanbob est connu dans les guides touristiques pour deux choses. Son accessibilité à la montagne pour les touristes et sa forêt de noyers. Nous avons testé la montagne sans trop insister, notre forme étant moyenne, et nous ne voulons pas repartir sans nous faire une idée sur sa forêt.

Nous voilà donc partis de bon matin (enfin, presque) à travers la forêt après avoir garé le K6 à l’ombre d’un noyer généreux au début de la route qui traverse la forêt pour rejoindre Kysyl-Unkür. Cette « route » est en fait un chemin de montagne fréquenté essentiellement par de vieux camions tous terrains de l’armée soviétique qui servent aux paysans à transporter toute leur production.

Il y a énormément de poussière. Heureusement, les paysans ont créé aussi des sentiers qui coupent les virages ou plus à travers la forêt. Nous pouvons donc apprécier sans trop être gênés par ces camions. C’est la période des foins et il y a du trafic. La forêt comporte aussi (suivez le guide) des pommiers, des pruniers et des pistachiers. Les noyers occupent une grande surface de la petite montagne sur les crêtes environnant Arslanbob. Les arbres sont vieux en majorité, certains très grands. Nous avons vu quelques troncs d’un diamètre supérieur à 2m. Il semble que du temps de la Russie soviétique, il y ait eu des plantations. Cependant, aujourd’hui, cette forêt semble laissée à elle-même et on ne voit pas de signe d’entretien pour son exploitation efficace. La plupart des arbres n’a de noix que vers la cime, et en faible quantité. Il n’y a pas de traitement du sol comme en France. Il y a effectivement des pommiers, et beaucoup de pommes, mais d’un diamètre maxi de 5cm. Nous avons vu des groupes de jeunes filles à la cueillette, et elle nous ont confirmé que ces pommes ne sont pas consommées telles qu’elles. Elles sont utilisées pour faire de la compote. La compote, en langage des « stans », c’est une sorte de jus de fruit stérilisé avec la pulpe. On peut en faire avec des cerises, des pommes, et probablement d’autres fruits. C’est très bon à consommer en été. Nous avons aussi trouvé des prunes, malheureusement pas d’un diamètre supérieur au cm. Alors une fois enlevé le noyau et la peau épaisse, il ne reste pas grand-chose à manger. Pas vu de pistaches, mais nous ne savons pas quelle est l’allure d’un pistachier.

Notre but de balade était aussi de voir les lacs signalés par le GPS. Le plus bas n’était pratiquement qu’un marais avec beaucoup de joncs. Les deux autres plus haut étaient envahis par les algues mais bien remplis et la vie animale très présente. Des chevaux (troupeau d’une vingtaine de très beaux chevaux, juments et poulains) étaient en train de boire dans celui du haut, gardés par un gamin.

Nous sommes redescendus par la route et avons subi la poussière des camions. Pour nous laver, nous avons changé de vallée et sommes passés de l’autre côté de la montagne pour constater que la forêt est là encore, immense.

Campement de nouveau au bord d’un torrent, bain prolongé de nettoyage. C’est notre 7e nuit en camping sauvage, une petite lessive est nécessaire. Dîner dans le K6 après avoir changé la bouteille de gaz (il va falloir trouver de quoi la remplir).

J73 31/07/2017 Le col de la vache morte

Dans le GPS du téléphone de JL, il y a une boucle départ Arslanbob qui semble pouvoir se faire dans la journée. Donc, ceinture Suunto en place, nous voilà partis vers 10h pour effectuer ce périple. Le chemin commence dans le village, et traverse le site d’un camp d’amusement soviétique transformé en fête foraine improbable sur fond de pics enneigés et parois vertigineuses. Il y a même un dancing en plein air vide à cette heure. La route continue en montant très raide vers la montagne. Ce qui n’empêche pas des camions ex-militaires russes de monter et redescendre pleins de sable.

Plus haut, nous pouvons découvrir que ce sable est extrait des éboulis de la montagne, tamisé directement au-dessus des camions venus le collecter. La route se transforme alors en chemin « carrossable » mais non asphalté montant vers les alpages. A 2200m, ce chemin se termine et des sentiers tracés par le bétail prennent le relais. Comme la veille, nous approchons un campement, mais celui-ci est beaucoup plus rustique, il n’y a aucune plantation autour, et la femme que nous saluons ne fait aucun signe d’amitié.

Nous continuons jusqu’au col à 2400m et mangeons nos provisions de petits gâteaux en guise de déjeuner. Le chemin du GPS, au lieu de faire un tour autour d’une colline, monte directement vers la montagne. La boucle est donc beaucoup plus longue qu’anticipée et nous décidons de faire demi-tour. Au moment de se lever, nous nous rendons compte qu’une vache qui était derrière nous est couchée les 4 pattes en l’air, morte. En redescendant, JL tente d’expliquer cette situation à la femme du campement, mais elle se saisit de son Coran et commence à prier. Rien à faire.

La balade était assez longue pour nos organismes sans entraînement après 2 mois de voiture. Nous allons allonger les courses progressivement.

Retour au même campement que les nuits précédentes.

J72 30/07/2017 La générosité des Kyrgyzes

Nous voilà partis, pas trop de bon matin (10h), une fois des courses faites. Objectif la grande cascade. Chaussures de montagne aux pieds, chapeau sur la tête, on ne peut pas nous prendre pour autre chose que des touristes. 1 heure de montée dans le village au milieu des jeeps et microbus chargés à mort de touristes kyrgyzes qui montent aussi vers la grande cascade. Rapidement, l’asphalte cède la place à la poussière et nous sommes dans un nuage. Au bout de la route, tout le monde est à pied, et nous voilà entourés de kyrgyzes qui courent dans tous les sens pour monter plus vite que le copain. La Cascade est une pissette qui ne vaut pas celle de l’entrée de Sallanches, ni par le débit, ni par la hauteur. Mais qu’importe, tout le monde est content et prend des photos. Nous décidons de monter plus haut voir le nez de la cascade. Il faut escalader un dièdre étroit mais sans difficulté majeure, sauf que les Kyrgyzes continuent de monter et descendre sans se soucier de savoir qui a la priorité dans ce passage serré. Nous arrivons tout de même au sommet et pouvons admirer le paysage derrière. Quelques gamins du village sont plus haut et pataugent dans le torrent en se prenant en photo. Pour redescendre, nous choisissons de partir en travers, dans la direction d’une vallée haute où l’on aperçoit un campement. Après avoir traversé plusieurs couloirs d’éboulis, nous sommes dans le vallon et arrivons au campement des bergers qui ont quelques vaches ici.

En fait, c’est une bergère de notre âge (63) qui nous accueille chaleureusement et nous offre le thé. Le thé, c’est le point de départ. Si le contact est bon, autre chose va suivre.

Et là, le contact est très bon, il vient du yaourt en grand bol, de la crème en grand pot, du pain et du plov. Nous sommes obligés de tout goûter et apprécier. Pas de mal à s’extasier devant le yaourt incroyablement frais et fin. Nous passons un bon moment avec cette famille, le fils étant remonté de la vallée avec 2 petites filles. Et pour remercier F qui donne 100 soms pour le déjeuner, nous repartons avec une bouteille de « moloko », ce fameux yaourt.

A l’entrée du village, des femmes sont assises dans un champ et trient quelque chose que nous ne pouvons pas identifier. Un gamin se détache et nous offre 4 gousses d’ail tout frais.

Retour direct au bord du torrent à la même place, nuit calme et sans histoire.

J71 29/07/2017 Caillassage à Arslanbob

Nous voici de nouveau au Kyrgyzstan, après ce passage de frontière un peu pénible. Comme nous avons repris une heure de décalage avec la France, il est une heure plus tard et le réveil est un peu tardif. Nous sommes au bord d’un chemin peu fréquenté, mais quelques voitures passent quand même de bon matin. Il y a même un homme et un jeune qui s’arrêtent pour nous demander si nous avons vu un cheval blanc. Nous n’avons rien vu, ce qui ne veut pas dire que le cheval n’est pas passé près du K6. En revenant d’exploration, ils s’embourbent et cela donne l’occasion à JL d’aider quelqu’un. On le met au volant et les 2 Kyrgyzes poussent.

Nous repartons avec pour but un réservoir qui semble un endroit sympa pour pique-niquer.

Perdu. Les berges sont douces et on pourrait y descendre, mais il y a des algues au bord. Quelques gamins se baignent pourtant, mais cela ne nous fait pas envie.

Déjeuner de poisson et somsas dans un petit restaurant derrière un garage à l’entrée d’un village. Plus cher que d’habitude, le poisson faisant les 2/3 de l’ardoise de 4€.

Puis nous attaquons la côte pour le but ultime de la journée : le village d’Arslanbob où se trouve une forêt de noyers, mais surtout qui est le point de départ de jolie balades dans la montagne. Nous installons le K6 à un croisement de chemins au bas du village et partons explorer le bazar ainsi que l’office du tourisme local qui s’avère être l’agence de vente de randonnées guidées et de séjours en guesthouse. Nous n’y trouvons pas notre compte et nous ne l’intéressons pas. Au retour au K6, nous constatons qu’une bande de gamins mal élevés a tagué dans la poussière une fois de plus, ce qui va obliger à un lavage car nous ne savons pas la signification des inscriptions. Les gamins sont fort occupés à envoyer des cailloux sur des touristes au bord de la rivière, ce qui amène ceux-ci à répliquer et les projectiles commencent à arriver près du K6. Réprimande d’abord, Carambar ensuite, JL espère avoir calmé les esprits. Peine perdue, le plus retord des gamins commence à viser le K6. Une jeune fille se joint à eux et nous fait signe de déguerpir. JL va rencontrer les parents pour prendre la température. L’un des pères vient, admire le K6 et fait signe qu’il vaut mieux s’en aller. Il n’y a plus qu’à obtempérer sous peine de se faire caillasser à notre tour. La jeune fille est même plus claire « we don’t like tourists ». Nous redescendons la vallée et trouvons le site que le BCT, un pseudo office de tourisme, nous avait indiqué comme possible : horizontal, le long du torrent, avec de l’herbe. Effectivement, nous passons une nuit tranquille.

J70 28/07/2017 Juste à temps

Après la journée bien remplie de la veille, nous devons penser à retourner au Kygyzstan, car le visa Ouzbek se termine aujourd’hui. Une brève discussion nous permet de confirmer la décision de la veille : nous continuons vers Kokand pour voir le palais du Khan, puis nous remontons vers Namagan en vue de passer la frontière à Kurch-Urgan.

Le palais du Khan vaut bien le détour, il y a quelques plafonds très beaux, et des expositions des curiosités de la région, parmi lesquelles des outils préhistoriques trouvés sur un site proche. Moustérien, paléolithique, on aurait dit que tante Denise hantait les lieux. Des costumes, notamment de femmes, sont très beaux aussi, avec les soieries. Quelques photos du 19e siècle rappellent des coutumes locales, au temps où il y avait encore des caravanes. L’architecture du palais elle-même, ne vaut pas grand chose, tout l’extérieur a été refait.

Quelques km plus loin, nous déjeunons à Namangan, dans le parc Bubar, où ne se trouvent que des attractions foraines. La ville est entièrement moderne et montre une autre facette de l’Ouzbékistan.

Il est temps d’aller à la frontière, car nous ne sommes pas certains de son ouverture aux étrangers. Au bout d’une route tortueuse et de plus en plus cabossée, il y a une clôture en fil de fer barbelé, et c’est tout. C’est complètement fermé. Un gentil quidam nous explique qu’il faut retourner à Kokand pour passer de nouveau à Osh. Nous avons bien essayé de trouver un chemin plus court, mais en fin de compte, il faut se rendre à l’évidence : il n’y a qu’un seul passage de ce côté-là. Retour à Osh donc. 2,5h de passage, scanner, écotaxe, etc, y compris la demande de « cadeau du cœur» pour le douanier qui s’occupe de l’écotaxe. Le livre de la famille fait son office et détourne l’attention des douaniers.

Trouver un emplacement pour la nuit est beaucoup plus difficile, il y a une heure de plus à la montre. Nous finissons dans un chemin creux peu fréquenté, assez loin finalement du lac que nous visions. Grenouilles et cigales pour la nuit.

J68 26/07/2017 Ouzbékistan, le retour

Nous prenons notre petit déjeuner dans les premiers pour pouvoir partir tôt. Comme toutes les tables sont prises et que nous ne sommes que 2, un couple de Français avec deux enfants nous ayant repérés comme compatriotes nous demandent à venir manger avec nous. Et nous discutons avec ces jeunes qui ont déjà fait un voyage en vélo en Asie en 2005. Nous découvrons des points communs, ils nous donnent des idées de balades pour le 2e séjour au Kirghizstan dans 3 jours. Et soudain, nous découvrons que ce sont les voisins de Céline à Mens. Le monde est petit. Pendant le petit déjeuner, un jeune homme fait coucou de loin à JL qui n’y comprend rien jusqu’au moment du départ où le jeune Italien rappelle que nous nous sommes rencontrés en Cappadocce. Il y a d’ailleurs un autre couple qui partageait notre campement cette nuit-là au petit déjeuner ce matin. Là, rien d’anormal, nous suivons la même route. Cet Italien est arrivé dans la nuit sur une dépanneuse avec son vieux Land-Cruiser. Comme quoi, même ces engins-là peuvent tomber en panne (moteur cassé?).

Après un faux départ dû à une connection manquante à F, nous croisons les 3 4×4 Toyota hollandais rencontrés sur un gué dans le Pamir, et qui étaient nos voisins de parking la dernière nuit ici (nous avons dormi sur le parking dans le K6). Ils semblent chercher leur route dans Osh pour remonter vers le Nord du Kirghizstan. Nous avons pu constater que dans certains groupes, notamment des multiples de 3, l’harmonie n’était pas toujours présente. Un groupe de jeunes cyclistes belges semble aussi à la peine. Quelques courses avant le passage de frontière, et nous voilà repartis.

A la frontière, la traversée à pied des passagers ne se fait pas facilement, il y a un couloir de filtration et une queue importante en plein soleil. Les policiers et les douaniers sont finalement sympas, et le passage nous prend 2,5h. Nous pouvons aller déjeuner dans un restaurant au bord de la route un peu plus loin (3€).

Nous sommes surpris de trouver à Kuvah un supermarché tout neuf, moderne et bien approvisionné. A Ferghana, nous pouvons profiter du bazar immense pour faire quelques achats.

Recherche un peu tardive du lieu de couchage, le propriétaire des champs vient nous rendre une visite avant que nous soyons couchés. Tout semble aller bien. Extinction des feux à 23h locales (nous avons repris une heure sur le décalage).

J67 25/07/2017 Toujours croiser les informations…

Une grande part des informations que nous avions était fausse. JL rencontre de nouveau l’interprète de la conférence sur l’agriculture qui se déroule dans la guesthouse, et il insiste pour que nous rencontrions un de ses copains spécialiste des moteurs. Bien que nous ayons eu l’information hier que rien n’est possible à Osh, nous acceptons son offre et nous voilà partis pour des ateliers plus ou moins informels (globalement, des tas de moteurs démontés, de pièces détachées plus ou moins identifiées, et beaucoup de cambouis). L’un deux nous oriente vers un spécialiste dont il dit qu’il peut avoir la solution au problème. Et JL découvre soudainement que ces gens qui importent des voitures de partout connaissent le problème du K6 pour le rencontrer chaque fois qu’ils s’occupent d’une voiture européenne de moins de 8 ans : les systèmes anti-pollution sont détruits en moins d’un mois au Kirghizstan. Donc ils ont les moyens de supprimer tous ces contrôles et obtenir que ces voitures fonctionnent normalement sans. Et pour 500 soms (6,4€ environ), le spécialiste supprime les défauts et le K6 retrouve toute sa puissance instantanément. Évidemment, il y a une contrepartie qu’il explique franchement. Il ne sait pas combien de temps cette manipulation peut durer, et le filtre n’étant plus actif, le K6 va fumer bleu. Il recommande de nouveau de rouler en consommant le plus de puissance possible pour faire chauffer le moteur et essayer de brûler les scories, mais semble penser que le filtre est mort de toutes façons et qu’il faut le changer. Le clou, c’est qu’il recommande de passer par le centre technique de Volkswagen à Bishkek pour passer le K6 à une valise du constructeur qui donnera la situation exacte du filtre. Merci à Volkswagen Utilitaires Service pour les mauvaises informations transmises. En tous cas, nous pouvons maintenant considérer l’avenir sous un jour nouveau, même si notre K6 n’est plus au top de l’anti-pollution, il peut rouler et continuer son chemin dans ces pays où, de toutes façons, personne ne s’occupe de pollution, le pays est très grand et la densité de voitures plus faible qu’en Europe. Pourquoi confier le service clients à des personnes qui ne veulent que se débarrasser des clients qui appellent plutôt que de fournir une aide adaptée à leurs problèmes. Nous décidons donc de passer une nuit supplémentaire à Osh et continuer le voyage comme prévu par l’Ouzbékistan brièvement pour voir la vallée de Ferghana et les chevaux, puis retourner au Kighizstan. A Bishkek, nous pourrons voir l’agence de voyage du trek Minier et peut-être faire quelque chose avec eux. De toutes façons, nous irons chez l’importateur VW pour évaluer la situation et essayer d’éviter le retour d’un blocage. Ce repos nous permet de rencontrer de nombreux cyclistes et routards de toutes catégories dans cette guesthouse et partager de nombreuses expériences multinationales.

Un court séjour au bazar pour évaluer le taux de change entre somonis du Tadjikistan et USD (nous ne voulons pas tricher avec l’Anglais avec qui nous allons traiter le change de nos somonis en excès contre des dollars). Nous en profitons pour faire les courses des jours à venir. Déjeuner dans un petit restaurant à côté du bazar.

De retour à la guesthouse, nous nous installons en vacances pour l’après-midi. Des cyclistes rencontrés sur la route du Pamir nous rejoignent, exténués mais contents.

J66 24/07/2017 La réparation de l’amortisseur

Petit déjeuner buffet en pleine matinée, entourés de routards plus ou moins fatigués. La guesthouse où nous sommes accepte les tentes. Il y a donc dans l’espace restaurant les gens qui sont soit en dortoir, soit sous la tente, voire qui ont couché dans leur véhicule, et qui sont installés confortablement. On trouve tous types de voyageurs, et le sujet des conversation est unique : le passage des frontières. C’est comme dans les forums sur internet, certains affirment de fausses informations avec aplomb. Nous, nous sommes préoccupés par les pannes à résoudre.

Comme l’heure ne permet pas encore de discuter avec les Français, nous partons en exploration pour voir de quel type sont les garages de la région. Et, coup de chance, nous tombons sur un spécialiste des trains roulants, orienté véhicules haut de gamme. Le chef d’atelier, Azam, jeune de 27 ans, s’intéresse à notre problème d’amortisseur et nous partons faire un tour pour qu’il se rende compte de l’importance du bruit qui ne s’est pas manifesté lorsqu’ils se sont mis à 6 pour secouer le K6. Convaincu, il attaque derechef le démontage, sans se changer, avec son pantalon blanc. Un de ses nombreux cousins l’assiste, courant d’un bout à l’autre du garage pour rapporter les outils demandés. Il a 14 ans et est en vacances.

Nous avons commencé à 10h. L’amortisseur part vers 11h30 pour un autre atelier où il sera réparé. Nous allons déjeuner dans un petit restaurant voisin, de 2 hamburgers (Ombeline et Basile vont hurler…) et de Pepsi-Cola. F retourne à la guesthouse pendant que JL supervise la réparation. L’amortisseur revient plus propre, et en meilleur état, et le remontage avance, avec quelques erreurs qui obligent parfois à démonter ce qui vient d’être remonté (l’arbre à cardans, le soufflet). Le mépris des précautions de sécurité est impressionnant : le gamin assis sous le moteur du K6 pendant que la sécurité du pont élévateur est retirée et que le K6 descend pour forcer l’amortisseur dans son logement… A 18h, on a fini. Passage à la banque pour retirer les 7000 soms demandés, et nous retournons à la guesthouse pour tenter de trouver une solution au problème de puissance.

Gros moment de solitude face au service client de Volkswagen Utilitaires France. Un technicien plutôt sympa explique bien la panne et ne donne pas d’espoir de solution simple. C’est passage à la valise obligatoire pour un protocole de régénération informatisé. Un appel plus tard, il n’est pas possible d’effectuer manuellement ledit protocole qui est inscrit dans la machine et dépend du véhicule. Pour savoir où l’on peut trouver la plus proche valise, il faut contacter un autre service. Et là, c’est grandiose. Pour l’amortisseur, de toutes façons la garantie est limitée à 6 mois, vous pouvez y aller. Elle n’a pas les informations en dehors de l’Europe, puis est certaine qu’il n’y pas d’importateur au Kirghizstan. En tous les cas, on ne peut rien pour vous. Et d’abord qu’est-ce qui nous a pris de sortir de France avec ce véhicule ?

A la fin de ces discussions démoralisantes avec Volkswagen, il est trop tard pour contacter qui que ce soit localement pour prendre une décision. Après discussion, nous arrivons à une conclusion : d’une part le technicien a dit que rouler avec forte consommation de puissance pour faire chauffer le moteur serait peut-être capable de nettoyer les filtres, d’autre part, les taux de change des somonis en soms sont ridiculement bas à Osh et normaux (comparés à l’€) à Sary Tash où nous sommes passés la veille. Alors, remonter au col pourrait être gratuit, ce serait payé par la différence de taux de change des 550 somonis que nous avions pris en précaution à Khorog. Nous décidons d’aller au bazar vérifier que le taux de change des somonis en soms a chuté de moitié avec l’altitude. Il semble en effet qu’il n’y ait qu’au bazar des changeurs acceptant les somonis mais avec un taux ridicule. Après nous verrons.

Bonne nuit.

J65 23/07/2017 Un dimanche à Osh

Au petit matin, nous repartons tôt, histoire de s’éloigner de la vache morte qui empuantissait l’atmosphère à côté du K6. Nous déjeunons dans le lit du torrent un peu plus bas dans la vallée. De très beaux chevaux sont en liberté et broutent tranquillement autour de nous. Des gamins mènent des troupeaux de vaches aux champs, juchés fièrement sur leur cheval. Ces gamins jouent avec le cheval comme s’il était une partie d’eux-mêmes, cela leur est naturel.

Nous apprécions la route lisse et en pente douce qui nous fait oublier les défaillances de notre K6, et nous roulons bon train dans la descente vers Osh. Au début, paysages de montagne, villages alpestres. Puis, arrivés en plaine, les grandes étendues avec les troupeaux de vaches, de yacks, de moutons et de chèvres. Et partout des chevaux, même à l’arrière des pick-ups, tout sellés.

Arrivés tôt à Osh, nous nous précipitons au bazar qui est en pleine animation du dimanche matin. Nous ne sommes pas déboussolés, c’est bien un bazar asiatique, beaucoup de boutiques vendant la même chose les unes à côté des autres, garantissant que l’on trouvera la meilleure marchandise au meilleur prix. C’est finalement organisé comme celui que nous avons vu à Murghab, des conteneurs alignés les uns à côté des autres. Ici, les allées sont couvertes, le tout formant un espace fermé, avec des voies de circulation étroites. Les clients se côtoient, se bousculent, les livreurs hurlent pour se frayer un chemin, les vendeurs crient pour vanter leur marchandise, tout cela bouge et vit intensément. On reconnaît les Kirghizes à leur drôle de chapeau haut, généralement blanc.

Des femmes passent entre les boutiques, agitant une poêle où brûlent des herbes, dégageant une fumée épaisse, elles sont payées pour ce geste chaque commerçant leur donne une pièce.

Il s’agit d’éloigner les moustiques et les mouches, et cela sent bon l’herbe brûlée. Ce bazar/marché occupe une énorme surface, créant une grosse activité. Nous nous acheminons vers une guesthouse pour la connection et les douches. Là, on nous informe que le dimanche est jour férié et que tout établissement sérieux sera fermé. Déjeuner rapide dans la chambre et nous partons à la découverte. A vrai dire, il n’y a pas grand chose à Osh. Alors nous optons pour la tour Eiffel du coin, la colline de Suleiman. Il s’agit d’une colline pleine de grottes plus ou moins grandes qui font l’objet de différents cultes. L’avantage, c’est qu’on peut y voir Osh de haut.

La ville est jolie avec tous ses arbres, et ses avenues bien alignées. Sur le chemin du retour, nous avisons un restaurant un peu chic où se déroule un mariage avec des petites filles en robes blanches. On nous y accepte pour le dîner, salades et shashliks (brochettes).

Nous rentrerons à pied malgré la nuit qui tombe en traversant un parc où les familles viennent prendre le frais. Des hommes des femmes et beaucoup d’enfants de tous âges. JL ira visiter une yourte à trois étages pendant que F tranquillement assise sur un banc observera la vie du lieu. Une toute petite fille haute comme trois pommes mangent consciencieusement un demi épi de maïs son visage est sérieux et concentré mais elle semble très déterminée à mener cette activité jusqu’au bout. Quand il ne reste plus que quelques grains elle éloigne l’épi de sa bouche repère ces quelques grains et finit son repas. Nous retrouvons le chemin de notre gite dans le noir il n’y a pas d’éclairage publique.

Nuit réparatrice au calme et dans le confort.

J64 22/07/2017 Trop de poussière

Ce matin, le K6 fait un peu la grimace. Il avait déjà eu des hésitations au démarrage, mais là, cela sent le problème : le pied sur l’accélérateur pendant au moins 10 secondes avant qu’il veuille bien bouger. Le régime moteur ne monte pas dans les tours. Après quelques km, il semble que le phénomène ne se produise plus. Bon, de nouveau le voyant du filtre à particules est allumé. La route longe une barrière de fils de fer barbelé qui délimite la zone non attribuée entre la Chine et le Tadjikistan.

Il y a quelques trous qui ne semblent pas récents et font penser que cette zone n’intéresse plus la Chine. Nous profitons du paysage qui devient conforme aux cartes postales à l’arrivée sur le lac Karakul. Les eaux bleues sur fond de montagnes enneigées, magnifique. Nous nous arrêtons dans le petit village de Karakul et trempons un doigt dans le lac, même pas salé.

 

Nous refaisons le plein d’eau potable à la pompe du village, et repartons à la montée du col de Kizyl-Art où se trouve le poste frontière avec le Kirghizstan. Quelques gouttes de pluie font baisser la température. Déjeuner prudent 3km avant la barrière, devant un monument grandiloquent souhaitant probablement la bienvenue dans le Pamir.

Nous avons vu un paquet de cyclistes aujourd’hui. Certains roulent à 7 de 3 nationalités différentes. Nous avons aussi croisé des Chinois à pied parce qu’ils croyaient pouvoir utiliser des transports en commun. Or il n’y en a pas sur ce tronçon. Normal, il n’y a personne ou presque.

Le poste de douane du Tadjikistan est à quelques km du col. C’est un endroit assez vétuste et sale, même si on prend en compte que ce poste est ouvert toutes l’année donc parfois à -50° en hiver.

 

Il faut attendre que le souper (sic) des douaniers soit terminé pour qu’ils veuillent bien s’occuper de nous.

Le premier, en charge des transports, exige derechef 30 somonis parce que nous n’avons pas d’itinéraire. Refus énergique, même après qu’il ait baissé son tarif. Le Russe à moto derrière nous paie sans même négocier. Les autres intervenants sont plutôt sympas et les démarches se passent rapidement, tout est bouclé en 1/2h, et nous repartons vers l’entrée au Kirghizstan. Il faut passer le col et redescendre 20km pour atteindre le poste Kirghize. L’accueil est professionnel, pas de problème pour payer 1000 somonis (traités par 19$) le droit du K6 de passer un mois au Kirghizstan. Nous n’avons rien à payer pour nous. C’est le passage de frontière nécessitant un visa le moins cher jusqu’à maintenant, et de loin.

La descente se fait dans des paysages grandioses, les montagnes passant du vert émeraude à l’ocre, et finalement toutes les couleurs. Les torrents aussi d’ailleurs.Ce versant est plus vert et nous retrouvons les fleurs alpines dont les marguerites, les myosotis et les escholchias. Nous ne voyons pas le pic Lénine caché par les nuages. Comme d’habitude dans les cols de la route du Pamir, les derniers km avant et après le col sont épouvantables. Il n’y a plus de revêtement, et il faut même quelquefois passer des gués.

Le côté kirghize est beaucoup plus vert que le tadjik. Et immédiatement, l’habitat change. Les nomades sont là, il y a des yourtes, des yacks, des chevaux. C’est le Kirghizstan. A Sary-Tash, le premier village dans la vallée, nous changeons quelques somonis pour des soms et achetons du pain. A cette occasion, nous rencontrons de jeunes Belges qui ont achetés des vélos pour rejoindre la frontière et qui parcourront la route du Pamir à pied. Bon courage, les vélos sont bon marché, et nous connaissons la route qu’il faut monter pour aller à la douane…

Nous repartons, et cela se gâte. 2 autres voyants sont allumés au tableau de bord, ils concernent le préchauffage moteur et le pot catalytique. Mais le plus gros problème, c’est qu’il n’y a plus de puissance. Dans les côtes, le K6 doit rétrograder en 2e pour monter, et cela se fait à 30km/h maxi. Essai de rouler sans filtre à air, pas d’amélioration. Essai de régénération du filtre à particules, d°. Nous essayons d’aller jusqu’à Osh pour trouver un mécanicien capable de nous aider à régler ce problème. Finalement, nous ne pouvons pas rouler de nuit dans cet état, et nous nous arrêtons dans la descente du dernier col 60km avant Osh pour la nuit, près de la route et dans le lit de la rivière.