J22 10/06/2017 Konia

Au petit matin, il y a jusqu’à 5 chiens qui tournent autour du K6, très débonnaires, se prélassant dans l’herbe.

Une fois le petit déjeuner avalé, toilette de chat effectuée (manque d’eau, on s’adapte), nous repartons vers Konia. Cette ville est le lieu où le poète Mevlana a fondé la secte des Soufis, et plus particulièrement le mouvement des Derviches Tourneurs. De son temps, ce groupe était confidentiel, et peu représenté. Aujourd’hui, mis en lumière par les media, les danses des derviches sont connues dans le monde entier et drainent un public mélangé. Ce qui nous intéresse, c’est l’essence du mouvement, et la raison de cette danse.

On pourrait croire que cette étape est un détour. Mais en fait, il y a plusieurs routes de la soie en Turquie. Safranbolu est sur une route nord, et Konia sur une route sud. De plus, il y a, à partir de Konia, une série de caravansérails construits sur demande d’un sultan du 13e siècle s’échelonne le long de la voie. Nous comptons voir ces caravansérails en passant.

Arrivée à Konia en fin de matinée. Nous vérifions que la représentation a bien lieu le soir même, et malheureusement, il n’y a pas de conférence. Donc, nous devons attendre 21h.

Nous déjeunons sur le parking du centre culturel Mevlana, à côté du Hilton. Discrètement, car nous sommes à Konia, les gens sont très religieux, et nous sommes en plein ramadan.

Plus tard, nous verrons quelques personnes manger, mais discrètement aussi. Aujourd’hui par exemple, la règle de ne rien absorber, ni solide, ni liquide, s’étend de 3h08 à 20h19. D’où la représentation à 21h. Il faut que les derviches aient mangé.

Ensuite, chasse à l’adaptateur. L’ordinateur ne peut fonctionner sur le 230V du K6 que par l’intermédiaire d’une fiche bipolaire, ce qui implique donc de passer par un adaptateur. Et celui qui venait de Chine a lâché. Déjà pas très simple à trouver en France, c’est un gros challenge ici. Au 5e marchand, on nous propose un adaptateur similaire au nôtre, mais un peu plus encombrant. Cher, en plus : 6€. Puis le marchand a un trait de génie et me propose un adaptateur Japon/Europe bipolaire. Bingo.

Nous pensions avoir du mal à trouver du pain, puisque les gens ne peuvent pas manger dans la journée. Eh bien non. Sans problème. Allez comprendre.

Nous faisons le tour de la colline Salaadin qui domine Konia, mais la mosquée est en réparations, les arbres ont poussé, on ne voit rien. Par contre, en redescendant, nous voudrions boire un thé, mais c’est fermé pour cause de ramadan, nous explique Ali Osman Sabanci, un Turc bavard qui a vécu longtemps en Italie, parle 5 ou 6 langues et baille à se décrocher la mâchoire (le ramadan…). Nous passons une heure très agréable avec lui avant de comprendre qu’il est épuisé par cette conversation, et ne pense qu’à rentrer chez lui attendre le dîner.

Un tour au musée Mevlana, pour essayer de voir qui était ce monsieur. Nous n’avons pas pu voir des tapis annoncés dans le guide. Disparus ? En tous cas, c’est un lieu de pélerinage, il y avait foule.

Dîner sur le parking de nouveau.

Et voici l’heure des Derviches Tourneurs. Le monument qui leur est dédié est immense et grandiose. Il semble d’ailleurs, comme beaucoup d’édifices représentatifs en Turquie, qu’il ait été surdimensionné. La salle où se déroule la danse est un théâtre rond d’un peu moins de 2500 places. Nous sommes environ 1/10e de cette capacité aujourd’hui. Le ramadan ? Il paraît que les attentats d’Istamboul et Ankara ont fait fuir les touristes étrangers. En tous cas, cette cérémonie est impressionnante. Elle dégage une grande sérénité. 25 derviches, majoritairement dans la force de l’âge, mais il y avait aussi un jeune de 12/13 ans.

Il y a un maître de cérémonie et un chef des danseurs. Tous dansent 4 fois en tournant autour de la piste, en suivant la musique de l’orchestre, en majorité des flûtes et des tambours. Un récitant lit des versets du Coran au début et à la fin de la cérémonie. Tout est calme. La seule fausse note dans cette représentation, c’est la technologie des éclairages puissants et changeant de couleur violemment.

 

 

 

 

Mais nous sommes ici dans une représentation, pas seulement une cérémonie. Il y a à Istamboul des lieux beaucoup plus petits où la cérémonie garde tout son sens.

Il est largement 22h30 lorsque nous nous mettons en route pour un camp sauvage sur la route en direction de Goyürt, un village troglodyte au sud-ouest de Konia. Pas de mosquée en vue, pas d’animaux non plus.

J31 19/06/2017 La mer Caspienne

Petit déjeuner triste dans notre hôtel de montagne. Pas de produits locaux, et beaucoup de produits style bouffe d’avion (hein Fabien). Le propriétaire (dont nous ne connaissons toujours pas le nom, il a oublié de nous donné la carte qu’il nous a promise) nous explique longuement que tout est plus cher, parce qu’il faut faire venir les produits de loin. En France, nous connaissons ce couplet chanté au sujet des DOM-TOM. JL signe le livre d’or.

Et nous voilà partis à la montée pour passer le col à 3200m sur la route non asphaltée qui doit nous mener jusqu’à la mer Caspienne. La montée faite hier ne nous impressionne plus. Par contre, la descente vue du dessus fait réfléchir.

Mais nous avons croisé quelques minibus Mercedes et des pick-ups locaux qui nous font penser que l’épreuve est à notre portée. Le K6 supporte bien les cahots, nous avons tout fermé pour éviter la poussière. Les virages se prennent au pas, car on est alors face à la pente. Pas question de s’emballer ou de glisser, il n’y a évidemment aucune protection, et l’on peut voir alors le résultat d’une erreur de pilotage.

Voie unique, on se croise comme on peut, mais la taille de notre véhicule fait que l’on nous laisse assez facilement passer. De toutes façons, nous avons dû croiser 5 voitures en tout.

Au niveau d’un village, rencontre insolite : 3 Européens marchent dans le même sens que nous. A la question « Où allez-vous ? », la réponse fuse : « A la plage ! ». 3 jeunes Berlinois bien sympathiques, un peu rougis par le soleil de la veille.

Au bas de la pente, il y a des velléités de faire une vraie route, nous alternons les portions goudronnées étroites et les chantiers de tunnels, le tout sillonné à fond la caisse par les camions. Il y a de la boue partout, le K6 est crépi jusqu’au toit.

Au bord de la mer, nous partons plein Ouest, direction Mashad qui est encore à plus de 600km. Nous espérions trouver un camping à Bandar e Gaz, mais plusieurs Iraniens viennent nous voir pour nous dissuader de rester au bord de la mer. Il est vrai que l’odeur n’est pas ragoûtante. Peut-être des algues qui se putréfient ? Pourtant, nous étions persuadés d’être sur la bonne route.

Nous visons alors un hôtel à Kordkuy, pour bénéficier du WiFi. Il y a bien un hôtel, qui a bien un WiFi. Nous découvrirons trop tard que la connection est limitée en volume de données, et cela ne permet même pas de transmettre une photo complète au serveur de la maison. Pas de liaison non plus avec ShangHai pour savoir ce qu’est devenue la demande concernant le compte en banque pour le paiement du passage à Kashgar. Cela devient une priorité.