J22 10/06/2017 Konia

Au petit matin, il y a jusqu’à 5 chiens qui tournent autour du K6, très débonnaires, se prélassant dans l’herbe.

Une fois le petit déjeuner avalé, toilette de chat effectuée (manque d’eau, on s’adapte), nous repartons vers Konia. Cette ville est le lieu où le poète Mevlana a fondé la secte des Soufis, et plus particulièrement le mouvement des Derviches Tourneurs. De son temps, ce groupe était confidentiel, et peu représenté. Aujourd’hui, mis en lumière par les media, les danses des derviches sont connues dans le monde entier et drainent un public mélangé. Ce qui nous intéresse, c’est l’essence du mouvement, et la raison de cette danse.

On pourrait croire que cette étape est un détour. Mais en fait, il y a plusieurs routes de la soie en Turquie. Safranbolu est sur une route nord, et Konia sur une route sud. De plus, il y a, à partir de Konia, une série de caravansérails construits sur demande d’un sultan du 13e siècle s’échelonne le long de la voie. Nous comptons voir ces caravansérails en passant.

Arrivée à Konia en fin de matinée. Nous vérifions que la représentation a bien lieu le soir même, et malheureusement, il n’y a pas de conférence. Donc, nous devons attendre 21h.

Nous déjeunons sur le parking du centre culturel Mevlana, à côté du Hilton. Discrètement, car nous sommes à Konia, les gens sont très religieux, et nous sommes en plein ramadan.

Plus tard, nous verrons quelques personnes manger, mais discrètement aussi. Aujourd’hui par exemple, la règle de ne rien absorber, ni solide, ni liquide, s’étend de 3h08 à 20h19. D’où la représentation à 21h. Il faut que les derviches aient mangé.

Ensuite, chasse à l’adaptateur. L’ordinateur ne peut fonctionner sur le 230V du K6 que par l’intermédiaire d’une fiche bipolaire, ce qui implique donc de passer par un adaptateur. Et celui qui venait de Chine a lâché. Déjà pas très simple à trouver en France, c’est un gros challenge ici. Au 5e marchand, on nous propose un adaptateur similaire au nôtre, mais un peu plus encombrant. Cher, en plus : 6€. Puis le marchand a un trait de génie et me propose un adaptateur Japon/Europe bipolaire. Bingo.

Nous pensions avoir du mal à trouver du pain, puisque les gens ne peuvent pas manger dans la journée. Eh bien non. Sans problème. Allez comprendre.

Nous faisons le tour de la colline Salaadin qui domine Konia, mais la mosquée est en réparations, les arbres ont poussé, on ne voit rien. Par contre, en redescendant, nous voudrions boire un thé, mais c’est fermé pour cause de ramadan, nous explique Ali Osman Sabanci, un Turc bavard qui a vécu longtemps en Italie, parle 5 ou 6 langues et baille à se décrocher la mâchoire (le ramadan…). Nous passons une heure très agréable avec lui avant de comprendre qu’il est épuisé par cette conversation, et ne pense qu’à rentrer chez lui attendre le dîner.

Un tour au musée Mevlana, pour essayer de voir qui était ce monsieur. Nous n’avons pas pu voir des tapis annoncés dans le guide. Disparus ? En tous cas, c’est un lieu de pélerinage, il y avait foule.

Dîner sur le parking de nouveau.

Et voici l’heure des Derviches Tourneurs. Le monument qui leur est dédié est immense et grandiose. Il semble d’ailleurs, comme beaucoup d’édifices représentatifs en Turquie, qu’il ait été surdimensionné. La salle où se déroule la danse est un théâtre rond d’un peu moins de 2500 places. Nous sommes environ 1/10e de cette capacité aujourd’hui. Le ramadan ? Il paraît que les attentats d’Istamboul et Ankara ont fait fuir les touristes étrangers. En tous cas, cette cérémonie est impressionnante. Elle dégage une grande sérénité. 25 derviches, majoritairement dans la force de l’âge, mais il y avait aussi un jeune de 12/13 ans.

Il y a un maître de cérémonie et un chef des danseurs. Tous dansent 4 fois en tournant autour de la piste, en suivant la musique de l’orchestre, en majorité des flûtes et des tambours. Un récitant lit des versets du Coran au début et à la fin de la cérémonie. Tout est calme. La seule fausse note dans cette représentation, c’est la technologie des éclairages puissants et changeant de couleur violemment.

 

 

 

 

Mais nous sommes ici dans une représentation, pas seulement une cérémonie. Il y a à Istamboul des lieux beaucoup plus petits où la cérémonie garde tout son sens.

Il est largement 22h30 lorsque nous nous mettons en route pour un camp sauvage sur la route en direction de Goyürt, un village troglodyte au sud-ouest de Konia. Pas de mosquée en vue, pas d’animaux non plus.

J31 19/06/2017 La mer Caspienne

Petit déjeuner triste dans notre hôtel de montagne. Pas de produits locaux, et beaucoup de produits style bouffe d’avion (hein Fabien). Le propriétaire (dont nous ne connaissons toujours pas le nom, il a oublié de nous donné la carte qu’il nous a promise) nous explique longuement que tout est plus cher, parce qu’il faut faire venir les produits de loin. En France, nous connaissons ce couplet chanté au sujet des DOM-TOM. JL signe le livre d’or.

Et nous voilà partis à la montée pour passer le col à 3200m sur la route non asphaltée qui doit nous mener jusqu’à la mer Caspienne. La montée faite hier ne nous impressionne plus. Par contre, la descente vue du dessus fait réfléchir.

Mais nous avons croisé quelques minibus Mercedes et des pick-ups locaux qui nous font penser que l’épreuve est à notre portée. Le K6 supporte bien les cahots, nous avons tout fermé pour éviter la poussière. Les virages se prennent au pas, car on est alors face à la pente. Pas question de s’emballer ou de glisser, il n’y a évidemment aucune protection, et l’on peut voir alors le résultat d’une erreur de pilotage.

Voie unique, on se croise comme on peut, mais la taille de notre véhicule fait que l’on nous laisse assez facilement passer. De toutes façons, nous avons dû croiser 5 voitures en tout.

Au niveau d’un village, rencontre insolite : 3 Européens marchent dans le même sens que nous. A la question « Où allez-vous ? », la réponse fuse : « A la plage ! ». 3 jeunes Berlinois bien sympathiques, un peu rougis par le soleil de la veille.

Au bas de la pente, il y a des velléités de faire une vraie route, nous alternons les portions goudronnées étroites et les chantiers de tunnels, le tout sillonné à fond la caisse par les camions. Il y a de la boue partout, le K6 est crépi jusqu’au toit.

Au bord de la mer, nous partons plein Ouest, direction Mashad qui est encore à plus de 600km. Nous espérions trouver un camping à Bandar e Gaz, mais plusieurs Iraniens viennent nous voir pour nous dissuader de rester au bord de la mer. Il est vrai que l’odeur n’est pas ragoûtante. Peut-être des algues qui se putréfient ? Pourtant, nous étions persuadés d’être sur la bonne route.

Nous visons alors un hôtel à Kordkuy, pour bénéficier du WiFi. Il y a bien un hôtel, qui a bien un WiFi. Nous découvrirons trop tard que la connection est limitée en volume de données, et cela ne permet même pas de transmettre une photo complète au serveur de la maison. Pas de liaison non plus avec ShangHai pour savoir ce qu’est devenue la demande concernant le compte en banque pour le paiement du passage à Kashgar. Cela devient une priorité.

J30 18/06/2017 Vallée Alamut, berceau des Assassins

Il ne s’agit pas d’un détour. La vallée Alamut comporte plusieurs monuments très intéressants de l’histoire iranienne. Il y là des châteaux perchés où ont vécu les membres de la secte des Assassins. Il n’y a pas le temps ici pour expliquer en détails ce qu’étaient les Assassins, mais ce qu’il faut savoir c’est que l’histoire (ou la légende?) rapporte que pour se défendre face à une menace d’extermination, la tactique employée par cette secte était d’envoyer un assassin suicide qui tuait un membre important du clan menaçant la secte. Ils avaient dans la vallée Alamut plusieurs châteaux perchés très difficiles d’accès, et ce sont ces châteaux que nous allons voir.

Donc, après avoir fait le plein de gazole (13€ pour 83l), nous affrontons les pentes menant au château Lamiasar. Il ne s’agit pas d’une balade de 3h comme celle du château de Babak, mais il faut quand même grimper des marches au soleil. Et la vue est magnifique, on se demande pourquoi aller planter un château au sommet d’une montagne. Quel usage principal ? Défense ou attaque ? Les caravanes ne passent pas loin dans la vallée…

Il n’y a personne, et nous pouvons jouir du paysage sans bruit.

Déjeuner à l’ombre d’un arbre au bord de la route, tous les abords des rivières sont envahis par les rizières où travaillent les paysans au repiquage.

Encore quelques km et c’est le château Alamut, le plus connu, le plus couru et qui fait l’objet d’un projet de rénovation de l’Unesco. Donc, échafaudages tout autour, cela manque de sauvagerie. Le site pourtant est fantastique, encore au sommet d’une montagne dominant un défilé dans cette montagne rouge aride et raide. Seul un couple de jeunes Chinois super équipé se trouve là.

Sur le parking, un jeune Iranien vient vers nous et nous offre spontanément un sac contenant environ 2kg de cerises. En échange, je lui laisse un paquet de chewing-gums apportés de France.

Comme nous avons encore du temps avant le coucher du soleil, nous décidons de monter jusqu’au caravansérail au bout de la route. Une bonne quarantaine de km plus loin, et à 3200m d’altitude, se trouve effectivement une structure plus ou moins en ruines qui tient plus du refuge que du caravansérail. La route n’est goudronnée qu’en partie, et les virages sont impressionnants les uns sur les autres. Le bâtiment est pratiquement au col et la vue est claire sur les montagnes environnantes. Le toit est en partie effondré, et il y a de la neige à l’intérieur. Une partie a été agencée récemment avec du carrelage, probablement par des bergers. Peu de gens montent jusque là, avec des voitures standard. Surprise, nous voyons que la route passe le col et redescend sur l’autre versant, en direction de la mer Caspienne. Pourtant, nous ne sommes pas certains de la viabilité de la route et de sa destination. Nous décidons de redescendre par le même chemin et d’aller coucher dans un hôtel vu à la montée dans le village de Garamud, afin de pouvoir se renseigner sur la route et d’avoir un accès internet pour la soirée.

Mauvais calcul. L’hôtel n’est pas équipé pour l’internet. Par contre, l’hôte est très sympathique, l’accueil est franc. Nous restons là pour cette nuit, malgré le prix élevé comparé à la prestation offerte : mobilier plastique, plomberie moyenne, lits à la chinoise.

J29 17/06/2017 Passage à Tabriz

Au petit matin, il pleuvine, et surprise, tout le monde est parti. Ne restent que les feux qui fument tristement, et les plastiques. Toilette rapide, et nous voilà partis pour Tabriz par la route qui serpente dans des paysages fantastiques.

 

Il s’agit de faire quelques courses, et nous avons élu le bazar comme lieu de shopping. Les embouteillages monstres du centre-ville autour du bazar ne nous rebutent pas et nous arrivons même à trouver une place de parking « à l’iranienne », c’est à dire dans un paquet de voitures entassées les unes contre les autres gérées par un préposé improbable. Mais comme d’habitude, nous refusons de confier les clefs.

Le bazar de Tabriz est immense et multiforme.

Il y a plusieurs blocs séparés par des avenues où la circulation est très difficile à cause du flux de marchandises et de clients entrant et sortant. Chaque bloc a sa spécialité, et il faut se repérer afin de pouvoir trouver ce que l’on cherche. Nous, c’était des légumes et des fruits. Il nous a fallu traverser les zones des tapis et des épices pour y arriver. JL était même arrivé à trouver des copies de Crocs pour remplacer celle abandonnée devant une boulangerie en Grèce. Mais la qualité n’est pas au top…

 

Après avoir été abordés plusieurs fois, dont une par un Iranien parlant un anglais moyen prétendant connaître Cluses parce qu’il a rencontré des Français de là-bas (Fabien, êtes-vous passés par là il y a 2 mois?), nous trouvons les courgettes, melon, abricots et autres fruits dont nous avons besoin. Nous serions bien restés plus longtemps à nous promener dans le bazar, mais il nous faut aller plus loin. Certaines zones du bazar ont été rénovées et sont très confortables pour circuler.

D’autres ont gardé le profil d’autrefois et la cohue y est intense, mais la bonne humeur prévaut. Plusieurs caravansérails sont branchés sur des allées latérales du bazar et ont été adaptés à l’activité moderne.

Embouteillages et cafouillages sont les 2 mamelles du voyageur en voiture, et nous avons notre lot. Il nous faut bien une heure pour sortir de Tabriz et il est bien 15h quand nous nous arrêtons sur une aire d’autoroute en construction, à l’ombre d’un bâtiment de la station essence.

Et voici qui rappellera des mauvais souvenirs à ceux qui ont suivi notre voyage il y a deux ans : nous repérons un lac sur le GPS, et nous voilà partis dans un village puis les chemins creux pour arriver au barrage. Les choses sont différentes cette année : il fait jour et le barrage est un barrage poids sans intérêt, il n’y a que 2 promeneurs pour nous voir arriver. Et donc, à part quelques jeunes en moto venus voir où nous étions, la soirée et la nuit ont été très calmes sous les étoiles.

 

J28 16/06/2017 Vallée de la rivière Aras

Nous avons pour objectif de monter voir le château de Babak au dessus du village de Kaleybar. Et pour l’atteindre, il nous fait longer la frontière Nord-Ouest de l’Iran avec l’Azerbaïdjan, puis l’Arménie, puis l’Azerbaïdjan. En effet, il y a une enclave de l’Azerbaïdjan en Arménie. Cette rivière serpente dans une gorge très spectaculaire dans des roches rouges arides. On pense à ce que devait être les idées des caravaniers passant par là avec leurs chameaux. La route est bonne mais très sinueuse. Les paysages sont très beaux, mais pas de photos, il y a des miradors partout. Nous nous arrêtons pour jeter un coup d’œil à l’église saint Maryam, immédiatement rappelés à l’ordre par un militaire dans un fort. Pas question de quitter la route. D’ailleurs, en y regardant bien, le village qui entourait cette église a été complètement rasé, pas un mur debout. Plus loin, nous arrivons au monastère de Saint Stephanos, en haut d’un raidillon impressionnant. Parking à l’ombre, il n’y a pas grand monde. Bien sûr, c’est fermé ! On nous explique que c’est l’anniversaire de la mort de « quelqu’un de célèbre » en Iran. Au moment où nous arrivons devant la porte, un homme sort sa moto du monastère. 4 Iraniens qui discutent avec nous demandent à pouvoir entrer. Refus. J’explique que nous avons fait beaucoup de km pour venir visiter ce lieu. L’homme accepte finalement de nous laisser entre et appelle le préposé aux tickets qui ne vient pas. Le monastère est très bien restauré, et il y a des plans expliquant clairement les fonctions des pièces. La visite est intéressante. Mais au moment de partir, l’homme nous demande de payer le prix des tickets, mais ne peut pas donner de tickets. Discussion houleuse, compliquée par le fait qu’un Néo-Zélandais a profité de notre passage pour s’infiltrer et se promener plus loin que nous. Nous payons finalement le prix demandé.

Il y a d’autres églises le long de la route, notamment une toute petite chapelle, la chapelle des bergers.

Déjeuner sans charme le long de la route sous un mûrier.

Arrivée tardive à Kaleybar, village tout en pentes raides. Après nous être un peu perdus, nous arrivons au parking de départ du sentier vers 18h, et commençons à grimper les escaliers. Un couple d’Iraniens croisé nous informe que l’objectif envisagé se trouve à 2 ou 3h de marche…Hésitations puis décision de continuer. Bien nous en fait, car nous avons eu droit au coucher de soleil sur le fort à 2400M (en partant de 1800m, montée en 1h20mn). Retour à la voiture à 20h30. Il s’agit d’un fort construit dans les années 800 au sommet d’une montagne par un Azeri nommé Babak qui s’est battu pour défendre l’Azerbaïdjan contre les Arabes. Nous avons raté de peu l’anniversaire de Babak (dernière semaine de juin), évitant du même coup les soupçons de la police envers les étrangers assistant à ces festivités.

Il est tard, difficile de trouver une place horizontale au calme. Nous optons pour un « camping » à l’iranienne avec de petits abris disséminés sur un terrain qui a dû être accueillant, mais qui est très malpropre. Dîner, coucher rapide, perturbé un temps par des gêneurs venant réclamer des dollars.

J27 15/06/2017 Passage de Turquie en Iran à Dogubayazit/Bazargan

Journée tranquille : des km, des formalités, des achats rapides.

Partis de bon matin de l’hôtel, après avoir acheté des timbres et rédigé 2 cartes postales, nous filons à la frontière. Déjeuner avant la frontière, histoire de na pas faire la queue l’estomac vide. Arrivés à 13h50. Sortie de Turquie relativement rapide, nous vérifions que nos passeports sont bien tamponnés cette fois-ci. Traversée du pont bien gardé des deux côtés, la ligne de chemin de fer n’est toujours pas réouverte. Du côté iranien, les choses se déroulent mieux qu’il y a 2 ans, les fonctionnaires acceptent de me faire des signes pour aller d’un guichet à un fonctionnaire, d’un fonctionnaire à un chef, dans un sens, dans l’autre. Au bout d’un moment, je découvre que le même homme me suit et parle pour moi. A la fin, il veut prendre les passeports, je refuse, mais tout va bien. Un chef vient vérifier le n° du châssis du K6, n’ouvre pas le capot, fait vaguement ouvrir les portes latérale et arrière, tamponne, et nous fait signe d’y aller. L’homme qui me suivait engage la conversation en anglais. Il est chef douanier en vacances, et fait ce service pour gagner un peu d’argent. Je n’ai rien demandé, a priori pas besoin d’aide non plus. Cela se termine par un chewing-gum dans la poche, ramadan…Un changeur se présente. Le chef douanier nous le recommande. Nous nous laissons faire pour 200€, et recevons en échange une liasse énorme de billets très usés. 78 billets de 100000 rials exactement, donc 7800000 rials. Je pense que le chef douanier touche sa commission dessus, tout va bien.

A 16h10 nous sommes libres. Premier achat : une carte SIM car je ne trouve pas l’ancienne dans la boîte dédiée aux cartes SIM. Je la rachète au même agent qu’il y a 2 ans.

Passage à la pompe, le K6 est vide. Nous mettons 78l de GO pour 475000 IR, soit environ 12€, même en recomptant 3 fois, cela ne fait décidément pas cher.

Nous avions pris l’habitude d’utiliser le tuyau des laveurs de voitures pour faire le plein d’eau. Mais on nous indique que cela ne convient pas, et nous vend 15 litres d’eau en bidon pour 10000 IR, soit 0,25€.

Dans l’atelier voisin, on nous lave le K6 à la lance sous pression, savonnage, brossabe, rinçage pour 100000 IR, soit 2,5€.

Quelques km plus loin, nous trouvons un endroit sans eau ni ombre, mais parfaitement calme dans un chemin agricole, avec une très belle vue sur le lac de la rivière Aras que nous suivrons le lendemain. Pas de moto, de voiture, de muezzin, TVB.

J26 14/06/2017 Après 42 ans, qu’allions-nous faire dans cette galère ?

14 juin, 42 ans de vie commune. Nous démarrons tôt le matin, peu soucieux de nous expliquer avec le gardien du camping que nous voyons évoluer sur son terrain sans nous voir. Merci la couleur discrète du K6 !

Et nous voilà en route pour ce fameux monastère qui nous coûte quelques 300km de détour. Faux départ, le sentier est barré d’une grille renforcée. Après hésitations raisonnables, nous considérons que le détour effectué justifie l’obstination d’atteindre le but. Nous passons donc la grille. La montée est raisonnablement raide comme prévu (le guide LP parle de 300m en 1/2h). Arrivés sous ce que nous pensons être le monastère, c’est un gros éboulement qui nous accueille, avec un chantier infranchissable sous une structure dont nous ne comprenons pas la nature. Nous nous échappons donc par un sentier naturel et montons pour contourner cet obstacle. Trop haut, trop loin. Après une bonne heure de pataugeage dans la forêt abrupte, nous devons admettre que nous sommes complètement à côté de la cible : nous aurions dû croiser une route et nous sommes bien plus haut que prévu. Demi-tour et retour au chantier. Les ouvriers sont maintenant au boulot, et nous nous faisons insulter. Rapidement les choses se calment, car, c’est le comble, un orage éclate et une pluie drue nous tombe dessus. Retour au K6 trempés, les pieds sales…Nous montons donc en voiture pour découvrir que le site est fermé. L’aqueduc d’approvisionnement (la structure que nous ne comprenions pas) s’est effondré juste au niveau de l’arrivée du sentier de montée au monastère, rendant l’accès impossible. Notre expédition est un fiasco complet. Tout juste si nous pouvons apercevoir le monastère dans un trou entre 2 nuages. Nous avons passé 5h aujourd’hui à courir dans la montagne, un peu d’exercice c’est tout (point positif n’est il pas !).

Nous reprenons la route, dans les travaux de construction de l’autoroute locale, et avec la pluie, la traversée de tous ces chantiers crépit le K6 lavé la veille…

Déjeuner d’anniversaire dans un restaurant de Gümüshane, avec des plats spéciaux très bons mais dont nous n’avons pas retenu le nom.

Et en haut d’un col, un orage de grêle éclate, les grêlons explosent littéralement sur le pare-brise, c’est très impressionnant, mais il n’y a pas de casse. Juste la boue accumulée sur la carrosserie devient une tenue léopard du plus bel effet.

Erzirum. Dernière grande étape avant l’Iran. Lessive dans un pressing, Courses alimentaires chez Migros, incroyable, mais très turc, pas très suisse. Et finalement hôtel parce que tout cela a pris du temps et qu’il est tard.

J25 13/06/2017 Encore des caravansérails et Sivas

Nous nous réveillons très tôt avec le soleil. Toujours personne en vue, il n’y a que le lac salé devant le soleil levant, réverbérant une lumière blanche étrange.

Nous levons le camp à 7h, record de matinalité. Au moment où le K6 démare, un troupeau de vaches venu de nulle part nous entoure, le berger ne fait pas du tout attention à nous. Deux tracteurs sont sur la chemin de la route, les paysans sont dans le champ et plantent des tomates.

Sur la route de Sivas, un autre caravansérail nommé Sultanhani nous arrête. Mais il est tôt, il faut qu’un gamin appelle le gardien via mon téléphone local. 45Mn de visite gratuite de ce monument très bien restauré, et dont on peut apprécier pleinement les fonctionnalités. On peut même monter sur le toit avec un escalier sans rambarde fait de pierres en saillie du mur. Facile à la montée, la descente fait peur.

Sivas, 1er arrêt pour une toilette succincte du K6 dans un tunnel de lavage (0,25€, on en a pour son argent). 2e arrêt : courses et visite de la grande place et des 2 monuments, la mosquée et une vieille école de médecine très intéressante et animée, car reprise par un marché pour les touristes, des bars, etc. Le plan ressemble étrangement à celui d’un caravansérail.

Erzican, nous faisons le tour au large, sur la route de Gümüshane, où nous pensons pouvoir visiter un vieux monastère chrétien abandonné par les moines grecs renvoyés chez eux. Ce monastère est accroché à une falaise, et l’accès en est très difficile.

Gümüshane. Arrêt pour examiner la cause d’un bruit de frottement de tôle, et démontage de la roue avant gauche. Un caillou entre le disque et la tôle de protection, problème qui s’était déjà posé le premier km après que nous ayons pris en main le K6, et qui là fait suite à une dizaine de km sur route fraîchement gravillonnée.

Grosse déception, les indications de départ étaient trop approximatives. Le monastère n’est pas à proximité de Gümüshane, et il faut faire un parcours additionnel de 50km pour s’y rendre. Nous arrivons donc trop tard pour tenter une randonnée.

Bivouac dans un camping sans utiliser les services, et pour cause : ils ne savent pas que nous sommes là, il n’y avait plus de gardien quand nous sommes arrivés. Nuit au bord du torrent.

J24 12/06/2017 Göreme et les habitations troglodytiques

Lever 5h pour JL qui veut voir les montgolfières au dessus de Göreme au lever du soleil. Spectacle magique, nous sommes 5 quand même à le contempler, et à retourner nous coucher.

 

 

 

 

 

Lever final à 8h. Petite discussion avec un prof allemand en vélo qui nous explique qu’il a un California à la maison, mais qu’il voyage essentiellement en vélo. Nous allons voir l’église troglodyte de Göreme, puis le musée en plein air. Affluence de touristes, toutes nationalités, les guides qui hurlent pour se faire entendre, cela nous change. Les fresques sont souvent belles, rarement entières, car martelées. Les musulmans ne tolèrent pas les images de Dieu. Il y a aussi beaucoup de fresques du premier âge des habitants, qui sont uniquement de couleur ocre et de facture très naïve. Parfois, on peut voir des fresques très belles laissant apparaître des fresques ocre par dessous.

L’après-midi, nous garons le K6 à l’ombre d’un arbre dans les collines à côté du bistrot d’Ali et partons à la découverte des monuments troglodytes éparpillés dans les collines et les forêts de demoiselles. Le spectacle est unique, surprenant et constamment renouvelé au cours de la promenade. Nous marchons quand même près de 4h.

 

 

 

 

 

Rencontres encore de Turcs curieux de notre périple (tous se plaignent de l’absence des touristes) ou voulant partager (un coach/consultant de l’âge de Fabien qui a organisé un séminaire dans un couvent troglodyte, on parle politique, religion), qui souhaitent pratiquer leur français (un prof turc ayant enseigné le turc à des enfants turcs en France et en Belgique). Des paysans sont installés dans les vallons entre les monuments, cultivent des fruits et vendent des tickets pour les visites, faisant ainsi le contrôle du comportement des touristes. Ce site vaut le voyage depuis la France à lui tout seul. C’est magique.

Nous quittons tard, après avoir taillé une bonne bavette avec Ali qui a appris le français avec les touristes. Il a 3 garçons, dont 2 jumeaux, et n’en veut pas d’autres. Sa femme est très intéressée par le livre de notre famille que Françoise lui montre. Nous allons chercher un couchage sur la route de Sivas. Un lac salé à quelques km de la route fait l’affaire. Nous sommes seuls face à ce paysage, et il y a très peu de lumières, on peut voir beaucoup d’étoiles. Pas de circulation, de muezzin, le calme parfait.

J21 09/06/2017 Safranbolu/Yoruk Koyu

 

La nuit a été très calme et confortable dans le lit de 200, sauf l’appel du muezzin à 3h08, depuis la mosquée dont le minaret est à 20m de nos fenêtres !

Matinée pluvieuse occupée à transmettre quelques 300 photos et écrire quelques pages dans les divers livres de voyage que nous remplissons. Les connections internet sont terriblement lentes pour envoyer et cette transmission nous a pris une partie de la nuit et la matinée.

Visite de Safranbolu en attendant, village ancien rempli de maisons ottomanes plus ou moins refaites, de boutiques d’articles pour les touristes turcs et de vie locale. Des touristes, à part nous, il n’y en a pas. Le village est à nous, et nous le sentons, les commerçants sont agressifs. Nous nous laissons faire pour une boîte de loukoums locaux, au safran et à la pistache.

Nous flânons le nez en l’air, les maisons sont soit habitées, soit transformées en hôtel, soit abandonnées et tombant en ruines. Les rues sont grossièrement pavées. L’ambiance est très agréable.

Ce qui nous intéresse la plus, c’est le caravansérail (kervan sarayi en turc) rénové, transformé en hôtel. Les boutiques du rez-de-chaussée sont les différents services de l’hôtel, les chambres, toutes petites, sont à l’étage. Il y a 2 verrues en hauteur qui bénéficient à 2 chambres d’exception ayant « vue » sur l’extérieur par des meutrières. Dans les chambres, pas de fenêtre donnant sur l’extérieur du caravansérail. Le tout avec le confort moderne. Le restaurant est installé dans un des côtés du cloître formant une salle voûtée du plus bel effet, on se croirait à Cluny…

Au départ, courte visite à l’aqueduc de Incekaya datant des Ottomans, qui amenait l’eau à Safranbolu. Il a une forme bizarre : il fait 2 coudes. Cela doit bien plaire aux Chinois.

Après quelques dizaines de km, arrêt déjeuner à Yörük Koyü, hameau de maisons ottomanes totalement habité par de nomades fixés là par le gouvernement afin de leur faire payer des impôts. C’était il y a quelques années, ne subsistent là que des personnes d’un certain âges, toutes très accueillantes et souriantes. Pas d’autres visiteurs que nous.

Et nous voilà embarqués pour Konia, lieu de la fondation de la secte des derviches tourneurs. Les cérémonies se déroulent le samedi.

Nous contournons Ankara, soucieux de ne pas perdre de temps dans les embouteillages.

Couchage en pleine campagne, loin de l’autoroute, près d’un petit village qui ne nous a sûrement pas vus et dont nous n’avons pas entendu le muezzin. Mais les chiens nous ont repérés. Nous avons rapidement un « gardien » qui vient quémander des câlins, il n’a pas l’air d’avoir ni faim ni soif. Et après que nous soyons couchés, il est rejoint par des congénères et tout ce beau monde se met à se battre violemment. Ils seront jusqu’à 5 au petit matin autour du K6, placidement couchés dans l’herbe des prés et champs alentour.