J62 20/07/2017 Murhgab , l’étape improbable

Lever matinal, sensation de plénitude de pouvoir faire sa toilette tout nu à côté du K6, il n’y a personne à l’horizon sur 360°. Mais quelques minutes plus tard, nous constatons que sur la route au loin, les camions ont repris leur ronde.

Ce sont d’énormes camions à 3 ou 4 essieux et tirant une remorque. Les volumes sont très grands et probablement calculés au départ pour le transport de charges creuses, comme des voitures par exemple. Les Tadjiks les remplissent au maximum avec n’importe quoi et ils roulent en surcharge. Pas de problème avec la police qui contrôle les bascules réparties régulièrement le long de la route : ils doivent considérer cela comme un péage. Un petit billet et cela repart avec parfois 70T de poids total sur les ponts limités à 60, voire 40T. On comprend pourquoi des ponts sont effondrés et nous obligent à passer des gués, et pourquoi les routes sont défoncées. Nous repartons donc en petite vitesse, la route est parfois bonne, c’est à dire avec de profondes ondulations, mais sans trous, ce qui permet d’être un peu moins vigilant. Et hop, un premier couple de cyclistes, des Allemands partis depuis un an et qui vont jusqu’en Australie. Ils rêvent de parcourir la route stratégique du Tibet, mais ce ne sera pas possible, il leur faudrait payer un guide qui voyagerait avec eux dans une voiture avec un chauffeur. Ils rêvaient de passer la frontière entre Lhassa et Katmandou, ce qui ne peut se faire actuellement, elle est toujours fermée après le tremblement de terre d’il y a deux ans. Nous échangeons nos adresses de sites internet (le leur : www.von-hier-nach-da.de), et repartons à nos allures respectives. Plus loin, c’est un Roumain que nous croisons et qui s’arrête pour tailler une bavette et se reposer un peu du vent qu’il a de face. Il était parti de Bangkok pour visiter l’Asie du Sud-Est avec des copains, mais le voyage fini à Hanoï, il a décidé de continuer tout seul vers la Chine, le Kazakhstan, la route du Pamir et rentre à la maison de cette façon. Très sympa, le plus en forme de tous ceux que nous avons rencontrés jusqu’ici. Nous croisons plusieurs groupes de motos européennes reconnaissables à leur phare allumé. Et doublons un autre couple de cyclistes qui ne s’arrêtent pas, alors que nous les attendions au bord de la route.

Murghab. Il y a effectivement des pompes à essence, mais elles distribuent au seau tiré directement à la citerne. Il y a du gazole, et l’information était exacte, il coûte 7,5YJS/l. Nous en prenons 20l par sécurité, le K6 annonçant fièrement qu’il peut boucler la route avec le reste du réservoir jusqu’à Sary-Tash. S’il y a une chose à voir à Murghab, c’est le bazar. Rien à voir avec les bazars d’Ispahan et de Téhéran. Ici, il s’agit d’un double alignement de conteneurs à la réforme avec une allée de circulation au milieu. Seules la boucherie et la fromagerie font exception avec une yourte en métal.

Nous envisageons de faire une petite randonnée demain, alors nous cherchons un village en relation. Échec avec Ak Tal dans la vallée Madiyan, et les sources chaudes de Gumbezkul. La route est trop mauvaise, le K6 tremble de toutes ses roues et menace de tomber en ruines. Echec de nouveau avec le lac Shurkul (ici, il y a un pléonasme, car Kul veut dire lac). C’est pareil, les microbus que les Tadjiks utilisent pour transporter n’importe quoi sont très souvent en mauvais état et font vaillamment de la tôle ondulée. Nous ne pouvons pas rouler sur la tôle ondulée trop longtemps. Nous nous promenons un peu alentours, et ce faisant, le K6 décide que nous en avons fait assez, et éteint le voyant du filtre à particules. Petite balade à pied pour aller voir une bergerie inutilisée. On voit que les bergers viennent avec leur yourte.

Finalement, nous décidons que nous monterons au lac à pied, et ferons ce que nous pourrons en haut. Nous dressons le camp dans la plaine (3886m quand même) et pas trop près du ruisseau pour éviter les moustiques très agressifs.

J61 19/07/2017 Le Pamir

En fait, la connection était assez bonne, quoique instable. JL a pu télécharger les photos des 2 jours et mettre à jour le blog. Par contre, pas de skype avec Tiphaine ou le n° qui a appelé JL dans la journée sur l’iPhone. Petite surprise, nous ne payons pas le WiFi. Nous partons à la recherche d’un DAB qui marche, et cela nous ramène près de l’hôtel, dans un bâtiment qui était fermé la veille et dont le DAB est à l’intérieur. Et il marche. Nous pensons fortement à ce problème de bruit à l’avant gauche du K6 et recherchons un mécanicien avant de nous lancer sur la route. Nous trouvons un Tadjik sympa (Chafkat?)qui nous emmène à 8km de Khorog, nous fait passer les barrages de police sans ralentir et fait dégager 3 micro bus pour que le JK6 passe sur la fosse. Inspection rigoureuse par le mécano et JL, de nouveau on ne voit rien. Et donc, nous pouvons repartir tranquilles, rien de grave n’est en jeu. Après 20km, le bruit étant quand même gênant, JL glisse la tête dans le passage de roue, et constate que le souffet de protection de la tige d’amortisseur est tassé sur le corps du vérin. Il y a eu un coup important qui a écrasé complètement et violemment la suspension, le soufflet s’est tassé, et il y a eu des dégâts dans le corps de l’amortisseur. Bilan : on peut rouler, mais la roue va rebondir sur les chaos, faisant vibrer l’arbre à cardans. Il faut donc éviter les chocs de ce côté-là et rouler doucement. En effet, il est hors de question de trouver un amortisseur compatible à Khorog, et nous ne voulons pas nous engager dans la procédure d’urgence en demandant à l’assistance de nous envoyer la pièce. Il paraît que le service est correct à Osh au Kirigizstan où nous allons, nous traiterons le problème là-bas. Et nous voilà repartis sur 700km de route défoncée avec un amortisseur HS.

Les premiers 50km sont impeccables, nous remontons la vallée du Donj, le temps est au beau, et le paysage de plus en plus sauvage, même si les cultures continuent le long de la rivière. Après, cela se gâte, la route se dégrade, et il faut ralentir. Nous avons une chance. Comme la route du sud est inondée, la police stoppe les gros camions aux barrages pour éviter un engorgement massif à l’endroit de l’inondation. Nous n’avons donc pas ces énormes bahuts sur la route en face de nous, et nous ne les verrons pas dans notre sens. Restent les 4×4 fous furieux des touristes et des taxis locaux.

Nous faisons une petite escapade pour visiter un hameau pour lequel une ONG suisse a payé une passerelle sur le torrent.

La route monte régulièrement et à midi, nous mangeons à 3200m d’altitude au bord du torrent. Les paysages traversés sont fantastiques, les montagnes alentours impressionnantes. Un peu plus loin, nous expérimentons la source chaude de Jelandy. Cela vaut la source chaude dans laquelle nous étions allés au Tibet. Pas très propre, c’est un euphémisme. Mais il y a un petit effort de présentation avec un chalet en bois et une baraque dans laquelle on peut manger et dormir.L’eau est très chaude (45°C?) et sent le souffre. 20mn dans le bain et nous sommes ravis. L’ascension se termine dans le champ de bosses de la route non asphaltée à 4272m d’altitude.

Tout va bien, il y a un grand soleil, du vent et nous ne ressentons pas de malaise particulier. Ce col ne présente aucun intérêt, pas de vue. Nous ne nous arrêtons pas, et allons planter le K6 à côté du lac Sasy, 300m plus bas. Il n’y a personne à l’horizon, le ciel est magnifique grâce à l’absence totale de pollution visuelle.

Seul petit problème : le K6 signale que puisque nous utilisons du gazole de mauvaise qualité, le filtre à particules est encrassé et doit être nettoyé par 15mn au moins de route à minimum 70km/h en 4e ! Ben voyons, nous ne dépassons pas 50km/h en pointe, et 15mn, c’est totalement illusoire. Ce ne sera pas avant longtemps…

Comme nous avons passé notre 100e nuit dans le K6, nous fêtons cela avec une bouteille de bière locale. Grandiose. Il a quand même fallu ressortir la couette et même une couverture supplémentaire pour ne pas avoir trop froid. F a quelques problèmes de maux de tête dus à l’altitude et doit se relever dans la nuit pour prendre de l’aspirine.

J60 18/07/2017 La frontière afghane

Nous repartons tôt ce matin, l’objectif étant de tester notre vitesse sur un parcours particulièrement difficile, la chaussée étant très dégradée. Les manilles n’y étaient pour rien, le bruit est toujours là, et c’est surprenant, car les attaches de la roue avant gauche sont toutes en parfait état. Dons, nous continuons comme cela, et voyons comment cela évolue. Il nous reste Khorog pour revoir le problème. La rivière que nous longeons est café au lait. Et maintenant nous savons pourquoi. La rive s’effondre toute seule dans le lit de la rivière, alimentant en permanence le limon qui la charge. Dans les endroits d’étiage, le limon se dépose et la rivière augmente de largeur. Dans les rapides, elle arrache de la terre à la rive, et cela recommence.

De temps en temps, les rives s’aplatissent et nous voyons de la vie de l’autre côté.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les Afghans construisent une nouvelle route. C’est très impressionnant car la paroi est généralement à-pic, et rocheuse. Les techniques employées sont extrêmement rustiques. Marteau-piqueur et barre à mine, ce chantier va durer des années. Mais il est réparti sur plusieurs km et progresse. Depuis l’autre côté, les Afghans qui nous ont vus prendre des photos nous font de grands signes. Nous les applaudissons, et pour nous remercier, l’un d’eux se met à danser. Il est sur un sentier creusé dans la falaise, au dessus du torrent très tumultueux à cet endroit.

 

 

 

 

Khorog n’est pas une ville très intéressante, mais on y fait des rencontres sympathiques. Un Allemand qui nous a vus sur la route bien à l’abri dans son Land-Cruiser nous offre un demi-melon pour le dîner. Ce couple est allé d’Allemagne à Khorog en scooter, à raison de 10 jours par an depuis 2008. L’aventure s’arrête là puisque le scooter a été détruit cet hiver par la chute d’un arbre. Ils repartent en avion, n’ayant aucune envie de repasser 16h dans une Toyota lancée à 70km/h dans les nids-de-poule.

J59 17/07/2017 La journée des Français

 

Les premiers véhicules passent vers 5h, mais le soleil se lève bien plus tard dans ce fond de vallée. Et nous aussi. Finalement, nous attaquons la montée vers le col. Dans la montée, Une autre jeune cycliste peine un peu, la chaussée est très dégradée. Nous nous arrêtons à sa hauteur, c’est une Française de Chambéry. Elle est partie en février de France et a suivi avec son copain le même itinéraire que nous. Un 3e larron les a rejoints à Samarcande et leur intention est de parcourir la route du Pamir et d’entrer en Chine par le col d’Irkeshtam pour rejoindre Pékin et rejoindre Hong-Kong en un mois. Les deux copains sont plus loin, et nous discutons un peu, le temps qu’elle les rejoigne. Quelques km plus loin, c’est un camion d’essence qui a failli partir dans le ravin en prenant un virage un peu court.

La chargeuse qui refait la route au dessus de lui pour le ressortir nous laisse gentiment passer. Impressionnant, et probablement plus encore pour le chauffeur. Plus haut, un 4×4 Toyota nous croise, avec une immatriculation dans la Loire. C’est un couple de notre âge qui vient du Pamir. Apparemment, la route du Pamir n’est pas pire que celle-ci. Bon, nous sommes rassurés, car le K6 a touché 2 fois, et c’était un peu juste dans 2 passages critiques. Nous passons le col à 3258m sans encombre. En bas de la descente, au barrage de police, nous rencontrons un autre couple de Français du Périgord qui voyage dans un Land-Rover avec cellule. Encore discussion sur l’état des routes, les solutions techniques adoptées, au point que les flics sont obligés de nous demander de dégager le barrage, d’autres voitures ayant la prétention de passer.

Nous nous arrêtons un peu plus avant Kalai Khum, dans un petit coin idyllique au bord du torrent. Toilette du K6, déjeuner et bain dans le torrent pour JL. L’eau est très froide évidemment, mais très propre.

A Kalai Khum, nous revoyons nos Français cyclistes et 4X4 qui nous ont doublés lors de notre arrêt déjeuner. Nous partons directement sur la M41 qui doit nous emmener jusqu’à Osh au Kirghistan. A partir de là, et pour au moins 2 jours compte tenu de la qualité de la route, nous longeons la frontière avec l’Afghanistan. Un peu émus quand même au début, nous nous étonnons du manque de communication entre les deux rives de la rivière.

Une trentaine de km de chaos et nids de poule plus loin, dans un village, un camion Renault immatriculé en Gironde est arrêté capot ouvert. C’est un couple de jeunes qui voyage depuis quelques années avec leur 2 chiens. Ils espèrent aller jusqu’en Mongolie, mais très lentement, probablement l’an prochain. Leur problème actuel est le support du vérin de commande de l’embrayage dont les vis de fixation ont cassé et qui doit donc être soudé. Peut-être tout-à-l’heure, peut-être demain. Les 2 Français en 4×4 nous ayant rejoints, la discussion se fait alors à 6.

Il est 18h30 quand nous entrons dans Laksh et trouvons rapidement le mécanicien du village pour nous aider à traiter un problème de vilain bruit à l’avant gauche.

Après 1/2h de démontage et sondage du train avant, Françoise suggère que le bruit pourrait provenir des manilles attachées à la sangle de remorquage que JL a placée sur la batterie. Bon, nous nous en tirons avec 20TJS, environ 2€. Nous verrons bien demain si c’était la solution.

Comme nous avons terminé l’investigation à 20h30, le camp est dressé dans le village, sur la place principale et unique. Il y a pas mal de vent.

Nous avons fait 138km de route défoncée.

J58 16/07/2017 Le choix de la route Nord

Le soleil nous réveille tôt, la routine du matin est effectuée rapidement, il n’y a aucun point d’intérêt à considérer. Nous voilà donc partis à remonter le mauvais chemin qui nous a menés au bord du lac la veille. Reprise de la route en sens inverse jusqu’à Vahdat. Décision rapidement confirmée : nous filons sur la route dite du Nord, pour ne pas prendre le risque d’être bloqués dans le Sud à attendre les réparations suite aux inondations. C’est une grande route bien asphaltée et sans problème que nous suivons sur une trentaine de km. Peu avant Roghun, JL qui conduit est arrêté à un barrage de police. On lui reproche un excès de vitesse mesuré par radar portable. Il faut imaginer le flic avec une espèce de pistolet qu’il manœuvre comme Butch Cassidy et avec lequel il prétend viser et ajuster une voiture. Contestation vigoureuse de JL qui voit venir la demande d’argent. Et on va dans le bureau du chef. Lequel confisque le permis de conduire international de JL et réclame 120somonis. Réponse ferme : niet. Et JL retourne dans la voiture attendre que les choses évoluent. On commence à parler de déjeuner, mais il n’est que 11h30 et de toutes façons, le chef appelle JL, lui rend son permis et demande de l’argent. Réponse non moins ferme : niet. Et nous repartons sur la route qui maintenant n’est plus asphaltée et dons pleine de trous et de poussière. A un autre barrage, le flic fait signe de stopper, mais ne se déplace pas pour venir dire ce qu’il veut. JL redémarre et rien ne se passe.

Roghun, nous regardons ébahis les crassiers d’une mine et d’une carrière. Le chantier est énorme.

10km plus loin, un cycliste routard est arrêté à l’ombre d’un arbre. C’est Nigel Smith, un Australien de 60 ans qui sillonne le monde depuis 6 ans et a parcouru 65000km. Il a visiblement besoin de parler, on ne peut plus l’arrêter. Il nous donne l’info qui nous manquait : les crassiers sont dus au chantier du barrage de Roghun, qui va permettre de turbiner le Khingob et probablement d’en détourner le cours pour de l’irrigation et donc assécher encore plus l’Amou Darya et la mer d’Aral. Lui non plus n’a pas accepté de payer les flics. Il faut dire que nous sommes arrêtés au minimum tous les 50km, et qu’il y a encore plus de barrages qui ne nous stoppent pas. Les locaux sont véritablement ponctionnés. Déjeuner sur le lieu d’un marché abandonné, à l’ombre providentielle d’un arbre.

Un peu plus tard, nous doublons une jeune cycliste suisse qui peine un peu dans les chaos et la poussière. Partis de Suisse, elle et ses copains envisagent d’aller à Pékin et de retourner en Suisse avec le Transibérien. Nous doublons les copains un peu plus loin. Il y a quand même quelques passages un peu folklos quand même…

2 barrages de police plus loin, nous stoppons dans le lit très élargi du torrent pour la nuit. Un peu de circulation en début de nuit.

J57 15/07/2017 L’eau du Tadjikistan

 

Ce matin, c’est la frénésie afin de terminer les posts du blog pour que Corentin puisse les mettre en ligne. Nous allons partir sur la route du Pamir, et ne savons pas quand nous pourrons nous connecter de nouveau. Donc, piscine d’abord, petit déjeuner excellent ensuite, en compagnie d’un Allemand et d’un Chinois sismologues que nous n’avions pas remarqués au dîner la veille à la table voisine. Discussion très intéressante sur notre voyage et la route du Pamir. Confirmation nette que la route du Sud est coupée par des inondations et ne sera pas en état avant plusieurs jours. Confirmation aussi que la route de l’Est comprend une portion non asphaltée dangereuse en temps de pluie, car il y a alors des chutes de pierres en plusieurs endroits (fonds de vallées, d’après ce que nous avons compris). En, gros, sauf à faire un détour de plusieurs centaines de km -et encore- il n’y a qu’une alternative : prendre la route de l’Est ou abandonner le projet. L’Allemand, qui vient d’acheter le même véhicule que le nôtre, garantit que nous pouvons passer sans problème, avec précautions. L’Américain de la veille, rencontré sur la terrasse, reprend les mêmes discours. Au Sud, pas de passage pour l’instant, à l’Est c’est bon, mais il faut être prudent. Pour la suite, après Khorog, Il y a 2 pompes à essence à Murgob, mais personne ne sait si elles ont du gazole. Il faut demander à Khorog.

Après toilette et envoi à Corentin des posts à jour, chargement des photos à jour, et paiement de la note (CB), nous voilà repartis.

Petit tour à Auchan pour faire des courses nécessaires pour 2 jours et ce qu’on ne trouvera pas ailleurs (confiture). Le parking couvert est payant, dehors c’est gratuit. Et finalement il est midi, nous déjeunons dans une des cafeterias dans le centre commercial. Amusant de voir des parents arriver avec des enfants n’ayant jamais vu un escalator.

Un dernier tour des grandes avenues de Douchanbé pour prendre quelques photos, et nous voilà en train de chercher une pompe à essence. Nous payons nos 82 litres de gazole 6 TS/l, l’équivalent de 0,61€/l, 15 % plus cher que 100km plus au Nord. Combien paierons-nous dans le Pamir ?

Nous filons vers la retenue de Nourek, un peu en dehors de l’itinéraire, mais qui semble sympa. Arrivés dans le village de Nourek, c’est la déception, il y a bien un lac, mais sans grand intérêt et les maisons ex-soviétiques du village sont des repoussoirs. En regardant plus attentivement, nous voyons un geyser en amont du lac.

Il s’agit du déversoir du barrage. Quelle énergie perdue ! JL en revient tout trempé. Et nous découvrons qu’il y a un grand lac au dessus du petit. Au 3e essai, nous trouvons un chemin très poussiéreux qui descend jusqu’au lac, la vue est magnifique. Il y a là des pêcheurs, dont un parlant anglais parce qu’il a effectué une mission de 2 ans pour les Nations Unies dans le Darfour. Des troupeaux viennent s’abreuver et un berger vient nous parler avec sa mère. Anglais un peu hésitant, mais nous nous comprenons. Photo obligatoire avec un de ses amis de passage. La mère, 49 ans, n’a plus de dents de devant, et ne vient pas pour la photo.

Nuit calme, bercée par les grenouilles.

J56 14/07/2017 Les musées, pour une fois

Puisqu’il n’y a pas de réception à l’ambassade, nous regardons une partie du défilé à la télévision, sevrés que nous sommes depuis presque 2 mois, nous attrapons aussi une partie de la conférence de presse Trump-Macron, très intéressante pour le choix des termes de la langue de bois. Macron apprend vite…

Matinée dans le musée d’anthropologie de Douchanbé, guidé par une jeune femme parlant anglais et souhaitant pratiquer. Très intéressant, beaucoup d’originaux et surtout la discussion avec cette jeune femme montrant facilement le nationalisme dans le pays, l’aide de certains pays étrangers, l’histoire chahutée du siècle dernier.

 

 

 

 

 

 

 

Déjeuner dans une pizzeria ouvrière voisine tenue par Marcia, une Brésilienne très dynamique.

Après-midi repos au bord de la piscine (comment avons-nous pu faire sans durant tout ce temps?)

Dîner dans un restaurant de classe, très smart pour une fois.

Nuit calme sous la couette chez Marian.

J55 13/07/2017 Allons enfants…

 

Debout dès l’aube, nous sommes réveillés par les voitures qui montent la route pour le probable établissement de repos qui se trouve là-haut et que nous n’irons pas voir. Les camions sur la route dans la vallée se sont calmés, nous n’entendons plus rien. Nous redescendons et faisons faire une toilette au K6 crotté jusqu’au toit. Haha, très bien, il commence à pleuvoir, vous imaginez la suite, car il reste une bonne cinquantaine de km jusqu’à la capitale, et les camions qui transportent de la terre, cela fait de la boue. Douchanbé, quelques objectifs à remplir. Trouver l’ambassade pour s’enregistrer sur Ariane car nous n’avons pas pu le faire par téléphone. Nous enregistrer à l’OVIR et trouver du gazole dont le prix n’a pas cessé d’augmenter au fil des km de la veille. Trouver un hôtel acceptable pour 2 nuits que nous voulons passer ici, Françoise ayant besoin de repos (légère tourista). Ambassade (nous avions le secret espoir d’être invités pour la garden party du 14/07) : chou blanc. Il n’y a là que 2 Français, pas de réception le lendemain pour les Français, et pas de communauté française à laquelle se rattacher. Quant à Ariane, comme il n’y a plus de consulat, il faut simplement oublier. OVIR : chou blanc. Nos infos étaient erronées, puisque nous bénéficions d’un visa électronique, rien à faire avant 45 jours. Nous décidons de laisser le problème du gazole pour le départ et jetons notre dévolu sur la guesthouse Marian’s pour le séjour (piscine et lessive incluses dans le prix négocié de 75€/nuit, y compris wifi et petit déj). C’est les vacances, nous ne ressortons que pour les courses avant le dîner dans la chambre. Les courses à Auchan voisin (tout neuf, bizarre dans son environnement) pour une salade grecque et des yaourts, dîner rapide et nuit confortable dans un lit de 200 et l’air conditionné.

J54 12/07/2017 Douchanbé

Aujourd’hui, nous avons décidé de nous dégourdir les jambes, et de découvrir un peu plus le pays et les gens en profondeur. C’est parti de bon matin, nous allons voir le village en haut de la vallée. Et cela démarre très fort, juste à côté du K6, par une ancienne route abandonnée pour cause de glissements de terrain. Une jolie vue sur le lac Iskander, puis le passage du col nous amène à un curieux lotissement de bâtiments que l’on dirait militaires. En fait, il s’agit de baraquements pour le logement d’ouvriers à la mine qui était exploitée plus haut, beaucoup plus haut. Notre route remonte en effet haut dans la montagne et nous découvrons les crassiers en étage sur le flanc de la montagne. Tout est arrêté maintenant, et ne restent ici que deux paysans qui veulent nous vendre du miel. Nous continuons vers le village envisagé au départ, en franchissant le torrent sur un pont routier plus branlant encore que celui d’hier avec le K6. Au village, il y a quelques maisons pauvres, et un magasin paraît-il.

L’accueil est froid, voire hostile, sauf des gamins espérant quelque gain. JL donne ses habituels chewing-gums, et l’un de ces gamins se colle à lui, bricole sa montre et doit être repoussé vigoureusement pour comprendre qu’on ne veut pas de lui. Le retour vers le K6 se fait par la « route » normale. Il fait maintenant chaud et c’est l’heure du déjeuner. Nous nous décidons pour un restaurant, il faut donc redescendre dans la vallée.

Un restaurant au bord de la rivière fait l’affaire, le patron nous invite dans la cuisine et nous choisissons dans les gamelles sur le feu.

Quelques km plus loin, nous quittons de nouveau la route pour remonter une vallée vers Anzob où nous laissons le K6 de nouveau pour monter vers Margheb à pied.

Le paysage est magnifique, nous suivons par l’ancienne route de Douchanbé le torrent et nous rencontrons même des ponts de neige au pied des couloirs d’avalanche.

A Margheb, nous sommes accueillis par le patron de la guesthouse Veterok, très déçu que nous ne soyons pas des grimpeurs venus d’exercer sur la paroi de 1200m qui domine le village. Nous lui achetons une tasse de thé et des petits gâteaux et redescendons vers le K6 dans la poussière de la route. Nous aurons fait quand même une trentaine de km à pied aujourd’hui, cela nous manquait.

Direction Douchanbé par la nouvelle route. Il fait maintenant nuit, la route est ponctuée de tunnels mal chaussés et il y a énormément de camions mal éclairés qui se doublent sauvagement alors qu’ils roulent à 40km/h maximum. Les conducteurs des voitures s’impatientent et doublent aussi n’importe comment, ce serait un joyeux chaos si ce n’était pas si dangereux, la route n’ayant aucune protection contre les chutes dans les ravins. De plus, entre les tunnels, il y a des travaux sous forme de grands rectangles de revêtement enlevés, attendant 5cm plus bas que le reste de la route que quelqu’un vienne pour remettre du goudron, ce qui fait faire des écarts importants aux véhicules le tout dans le noir avec des véhicules pas ou trop éclairés, bref, l’enfer.

Nous abandonnons l’idée d’arriver à Douchanbé le même jour et quittons la grand route pour remonter vers un sanatorium (?) dans la montagne. Un virage avec un terre-plein plat nous accueille pour la nuit, calme et sans trafic, avec les étoiles dans le ciel.

J53 11/07/2017 Apprentissage du Tadjikistan

Réveil matinal, il semble qu’il y a du bruit alentour. Un coup d’œil à l’extérieur confirme que les lieux ne sont pas aussi inhabités qu’ils paraissaient la nuit. Cette zone est en fait un lotissement en cours de développement, et il y a des maisons en construction sur les terrains. Des ouvriers sont à l’œuvre dans une maison un peu plus loin et un camion arrive dans la maison voisine, il va nous falloir bouger. Nous prenons quand même le temps du petit déjeuner pendant que les voisins commencent à installer des fenêtres, et nous voilà partis. Les routes sont apparemment bien meilleures ici qu’en Ouzbékistan, et le K6 file. Nous revenons vers le sud pour accéder à la vallée du Zerafshan où nous comptons faire quelques balades dans la montagne.

Déjeuner dans un restaurant au bord de la route avant les grandes montées d’un col. Les clients de la table voisine qui voyagent dans une grande Mercedes (c’est un peu comme en Albanie ici, on trouve tout un tas de Mercedes assez âgées) et une grosse Nissan nous offrent de la viande, de la salade et de la pastèque. Il faut se laisser prendre en photos et accepter ces cadeaux, c’est un peu embarrassant. A la fin, ils semblent abandonner leur demande d’une lettre d’invitation pour un voyage en France, et nous pouvons repartir.

La route monte en grands virages avec un grand tunnel mal éclairé et très étroit. Nous pensons à nos amis cyclistes ou motards qui sont comme nous obligés d’emprunter cette route pour rejoindre Douchanbé.

Nous montons vers Iskander Kul, le lac envisagé pour la nuit qui est un lieu apprécié de l’élite Tadjik : la présidence y a une villa au bord de l’eau.

Nous nous demandons comment alors se fait-il que la route soit si mauvaise, jusqu’au moment de découvrir le site de la villa et son héliport…En tous cas, le site vaut le détour, car nous sommes à 2000m d’altitude, et les sommets avoisinants nous semblent très hauts, c’est impressionnant. Les montagnes sont désertiques et abruptes. Nous posons le K6 au bord du torrent pour la nuit, après avoir acquitté un péage pour entrer aux abords du lac.