Après cette nuit calme dans la campagne, nous filons vers Gökyurt, village troglodyte très ancien puisque le Pape Benoît XVI est venu célébrer là les 2000 ans du passage de St Paul. De la trace du saint, point, de la trace du Pape, quelques pavés, poubelles renversées et grilles de protection plus ou moins bien scellées. Mais le village, et les habitations troglodytes valent la visite.
C’est probablement bien plus vieux que 2000 ans, parce que les gens qui se sont installés là essayaient de se protéger des bêtes sauvages. Ils grimpaient dans leurs logements avec des cordes. Certaines ouvertures pourraient être atteintes en grimpant le long de la paroi, mais il aurait fallu que nous nous équipions pour y aller. Nous nous contentons d’une balade dans les falaises en imaginant la vie des gens de l’époque. Le site où le saint a séjourné, là où le Pape a dit la messe, est plus majestueux. Le village comporte un grand nombre de maisons très vieilles, avec des murs en pierre quasi sèche. Le fait que coexistent là des habitations troglodytes, des maisons en pierre sèche et des maisons modernes fait comprendre comment fonctionne l’urbanisation : on construit sur l’ancien, en récupérant ce qui est possible, et en agrandissant avec du moderne.
La démolition, c’est l’œuvre de la nature, après que l’homme soit venu récupérer les portes et les fenêtres, les poutres, la couverture et quelques pierres. Une vieille femme nous regarde passer du haut de sa terrasse où elle est montée par une échelle. Les toits sont plats.
Les étapes suivantes consistent à repérer et visiter les caravansérails de la série du Sultan. Le premier n’est pas mentionné dans notre guide, pourtant il en fait partie, Zazadin Hani.
Nous nous arrêtons pour déjeuner dans le champ d’en face, car il y a une clôture grillagée. Clôture qui n’empêche pas des gougnafiers turcs de sauter par dessus pour aller se prendre en photo devant la porte et s’en aller sans même avoir regardé de bâtiment. Un paysan passe à travers un trou du grillage pour aller voir les vaches qu’il a mises à paître. Nous l’arrêtons au retour et par gestes, il nous fait comprendre qu’il peut aller chercher la clef. Et nous voilà à l’intérieur. Le bâtiment a été restauré en 2008 et il est en relativement bon état. C’est un caravansérail mixte : il a une partie couverte, mais la cour est à ciel ouvert. Il pouvait donc être utilisé en hiver comme en été. Les fenêtres meurtrières sont en pierre noble et sculptées. La partie couverte a perdu sa coupole remplacée par un dôme transparent. M. Kursé (?) nous fait les honneurs, visiblement ravi de pouvoir montrer ce bâtiment à des étrangers. Il accepte d’être pris en photo avec JL, mais refuse tout argent. Il n’accepte un chewing-gum que pour le mettre dans sa poche (le ramadan…).
Un peu plus loin (30km), Sultan Hani un peu plus décoré, dans un village, bénéficie d’un gardien et donc fait payer la visite. Un curieux escalier en pierres saillantes du mur d’enceinte est interdit aux visiteurs. Le plan est approximativement le même que pour Zazadin, la construction et la conservation aussi.
Toujours dans le même espacement de lieu, un autre un peu écarté de la route est en cours de restauration, et l’on peut y voir des vestiges d’autres bâtiments en face dans la même rue.
Encore un autre, de restauration privée probablement, est utilisé comme restaurant et boutique à touristes. D’ailleurs au moment où nous descendons du K6 pour jeter un coup d’œil, un car d’Allemands débarque, avec le guide braillard habituel. Nous fuyons.
Nous atteignons Göreme où nous allons passer la nuit dans le camping « Panorama » d’où nous jouirons de la vue sur la ville au coucher du soleil pratiquement depuis le K6. Göreme, c’est le coeur de la Capadoce, de là partent toutes les vallées où l’on navigue entre les cheminées, les demoiselles plus ou moins coiffées, les habitations troglodytiques, les églises creusées dans la roche, et tous ces clichés que l’on trouve dans les guides touristiques. Mais cela vaut le voyage. Le paysage au coucher du soleil est vraiment unique.
Ali, le propriétaire du camping nous explique que depuis 2 ans, il n’y a plus de touristes, notamment français. Il attribue ce fait aux attentats d’Istamboul et Ankara. De fait, nous ne sommes pas nombreux. Le soir, nous faisons connaissance avec Martin, Allemand circulant avec son ami Australien dans un Land Cruiser espagnol. Il vont à Vladivostock et nous échangeons des tuyaux sur le CPD entre autres.