Mots-clefs : Turkménistan, Merv, Turmens, russe, histoire,
Dans la nuit, un tracteur a erré dans les plantations, probablement pour traiter quelque chose d’inaccessible de jour. Nous nous réveillons tôt, et avalons notre petit déjeuner, un jeune homme lave une voiture devant l’un des bâtiments. Quand nous nous décidons à partir, il vient vers nous et nous invite à prendre le thé. Nous acceptons, dans l’idée de peut-être pouvoir visiter les immeubles et comprendre où nous sommes. Perdu et gagné, cette petite invitation se déroule dehors, sur un tapis sous les arbres, mais Françoise peut revoir sa copine de la veille au soir, et la discussion s’anime autour des enfants, des voyages, etc, le tout sur base de « dictionnaire » franco-russe et du livre de photos que F a fait tirer avant notre départ.
Le jeune homme est surtout intéressé par le K6. J’échange la visite du K6 contre la visite de la maison, et nous voilà partis. En fait, ces trois bâtiments sont des maisons construites par le père que nous voyons à peine, pour lui celle du milieu, pour 2 de ses fils les autres. Le fils qui nous guide est le n°4 et dernier de la fratrie qui compte aussi 4 filles. Tatiana, la « mère » n’est que la nouvelle épouse du père. Elle a 58 ans, le père 64. Nous visitons la maison, extraordinaire par les dimensions des pièces, et les arrangements, l’entrée majestueuse avec un escalier central qui se dédouble à mi-hauteur, une cuisine complète, la pièce à vivre d’au moins 70m2 et une seule chambre. Au 2e étage, une pièce pour lire au centre de la terrasse qui permet de voir le site archéologique et toute la région (mais pas de livres à l’intérieur), et au dernier étage, la salle de prière surmontée d’un dôme en plexiglas vert. En fait, le fils et sa femme vivent avec les parents du fils. Eux couchent dans la chambre, et les parents sur la terrasse. Dommage que les finitions ne soient pas au niveau, la maison serait parfaite. Nous avons du mal à partir, il faut accepter des abricots, des pommes et des prunes, des conserves et des concombres. Nous échangeons les adresses. Et nous quittons cette famille très accueillante. Peut-être aurons-nous des nouvelles.
Le site de Merv est très ancien. Il a été détruit et reconstruit plusieurs fois. Il en reste peu de chose par rapport à la grandeur passée, mais on peut se rendre compte de la taille de la ville et des monuments par les ruines des murs croulants existants. Depuis le site, on peut apercevoir les maisons de Tatiana avec leur dôme vert.
Il y a plusieurs enceintes qui restent, et faire le tour prend du temps. Quelques mausolées sont encore debout, probablement parce qu’ils font l’objet d’un culte constant, notamment ceux de 2 compagnons du prophète.
En repartant, nous traversons un marché aux bestiaux. On y traite de chameaux (pardon, de dromadaires), de vaches, de moutons, de chèvres et de poules. Il y a un monde fou, les transactions vont bon train, on peut lire le stress des vendeurs, et l’agressivité des acquéreurs. Finalement, les animaux sont traînés par les cornes ou tout autre partie saisissable dans le véhicule de l’acquéreur. Nous avons surtout vu des chariots tirés par des mules, mais aussi un veau entre les sièges de la Toyota Camry standard ici. Les chameaux sont les seuls à repartir libres d’entraves.
Pour déjeuner, nous stoppons près d’un lac alors que nous ne sommes pas encore revenus sur notre itinéraire imposé. JL ne peut pas s’empêcher de se baigner, et au moment où il se rhabille, des policiers arrivent. Nous ne comprenons pas ce qu’ils demandent, les remercions pour leur aide et faisons signe que nous partons. On en reste là. En route pour Ashgabat, la route est bonne, et les contrôles routiers ne nous tracassent pas.
Ashgabat, c’est très curieux. Au premier abord, on a l’impression d’entrer dans un décor hollywoodien pour une série aseptisée et irréelle. Tout est blanc. Puis on se rend compte que chaque bâtiment a une fonction que nous avons de la peine à percevoir, les mots nous étant totalement inconnus. Et enfin, on voit le reste du décor, qui est constitué de vieux bâtiments soviétiques alignés et en mauvais état. Il y a peu de circulation, et pourtant des policiers à tous les carrefours. Les voitures respectent le code à la lettre.
Au bout d’une heure de visite en voiture de cet environnement, nous cherchons un hôtel, sachant que nous n’aurons pas de WiFi cette fois-ci. Le Dayan fait l’affaire à 40$ la nuit pour deux dans des lits crasseux séparés, avec une salle de bains indigne mais dont les WC et la douche sont utilisables.
Dîner dans le jardin de l’hôtel, un lieu branché où les femmes turkmènes si élégantes dans leurs robes traditionnelles sont habillées comme des occidentales, jupes courtes ou jeans. Étonnant. Ce restaurant a un WiFi mais il est utilisé uniquement par les serveuses pour transmettre les commandes. Dîner turkmène, avec des soupes et des boulettes de viande arrosées de bière locale dans une ambiance musicale disco où se succèdent Dylan, les Beatles, des locaux, et même Nathalie de Bécaud, 100dB au moins.
Nuit calme après avoir débranché l’air conditionné.